Avec Sabine Duflo, psychologue clinicienne rattachée à l’hôpital Georges-Daumézon (Fleury-les-Aubrais, Loiret), responsable d’une consultation Addictions Ados Ecrans au sein d’une unité d’expertise
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##L_INVITE_DU_GRAND_MATIN-2024-08-28##
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NewsTranscription
00:00Allez, retour dans un bon vieux pays sans gouvernement, parfois ça a du bon quand vous
00:07entendez ce qu'on vient d'entendre.
00:08On parle de la rentrée des classes tout de suite avec notre invitée Sabine Duflo.
00:12Bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Bienvenue sur Sud Radio.
00:15Vous êtes psychologue clinicienne, vous êtes rattachée à l'hôpital Georges d'Eaumaison,
00:19c'est à Fleury-les-Aubrais près d'Orléans dans le Loiret, responsable d'une consultation
00:23addiction à dos écran au sein d'une unité d'expertise.
00:27Évidemment, nous parlons de cette expérimentation.
00:31Dès cette rentrée dans quelques jours, 200 collèges interdiront aux collégiens l'utilisation
00:36du smartphone.
00:37C'était demandé par beaucoup de vos confrères et de vos consoeurs.
00:40Sabine Duflo, pourquoi ?
00:41En fait, là, c'est un peu un effet d'annonce parce que de toute façon, cette interdiction
00:48d'utilisation des smartphones dans l'enceinte d'école, du collège, elle existe depuis
00:542018, depuis la loi Blanquer.
00:56Donc là, ce qui est nouveau, ce qui serait nouveau, et encore c'est à titre d'expérimentation,
01:02ça serait de mettre des casiers à l'entrée des collèges où les élèves déposeraient
01:07leur smartphone avant d'aller en cours.
01:11Pourquoi pas ? Parce que comme c'est un objet extrêmement addictif, plus on l'éloigne,
01:18on met des difficultés à y avoir accès.
01:21Voilà, mieux c'est, parce qu'actuellement, s'ils ne sont pas tellement consultés,
01:27puisqu'ils sont interdits au sein des collèges, c'est surtout dans les WC, dans les toilettes
01:32qu'on voit le plus de consultations, mais le temps d'exposition des ados et puis des
01:39enfants, il est surtout à la maison.
01:41C'est à la maison, sans beaucoup d'encadrement parental, qu'ils consultent la nuit.
01:47Voilà, c'est pour ça qu'on a des temps d'exposition très importants.
01:50Vous êtes en train de dire, en gros, que ce n'est pas si important de ça d'empêcher
01:54d'utiliser les smartphones au collège, parce que la priorité, c'est la maison ?
01:58De toute façon, les temps d'exposition sont relatifs au temps passé sur le smartphone,
02:06sur les écrans, à la maison, pas au collège, puisque c'est interdit.
02:08Donc, elle annonce qu'elle va interdire quelque chose qui est déjà interdit.
02:11Oui, sauf que l'interdiction n'est pas respectée.
02:13Enfin, si on va sur les réseaux sociaux...
02:16Non, dans les faits, quand même, les enfants ne sont pas sur leur téléphone dans les
02:20cours, ni dans la cour tout le temps.
02:22Je vous dis, c'est au moment d'aller aux toilettes, on voit souvent qu'il y a ça,
02:27mais c'est vraiment à la maison, où ils consultent beaucoup.
02:29Alors après, de les mettre dans un casier à l'entrée, pourquoi pas, mais je ne veux
02:35pas critiquer une annonce qui n'est pas si mal.
02:39C'est ce que vous faites pourtant.
02:40Non, mais il y aurait quelque chose de plus.
02:41C'est pour ça qu'on vous a invité, justement, que vous donniez votre avis.
02:45Donc, dites-le.
02:46Non, mais il y a quelque chose, ça va coûter assez cher à la collectivité, de mettre
02:51des casiers partout.
02:52Des casiers, bon, pourquoi pas.
02:54Mais il y aurait quelque chose de beaucoup plus simple, c'est de ne pas équiper d'un
02:59smartphone un petit enfant, un adolescent, et de lui remettre simplement un téléphone
03:03pour téléphoner.
03:04Ça s'appelle, voilà, c'est ce qu'on avait avant, maintenant ça s'appelle un Dumphone,
03:08par opposition au smartphone, et ça, ça coûterait beaucoup moins cher à tout le monde et surtout
03:12ça protégerait mieux les collégiens.
03:15Mais sauf que, pardon Sabine Duflo, mais ça c'est pas du ressort du collège ou de l'éducation
03:19nationale, c'est du ressort des parents, c'est eux qui choisissent ce qu'ils achètent à
03:22leurs enfants.
03:23À partir de là, il faut bien commencer quelque part et on a le contrôle.
03:26Non, on pourrait tout à fait interdire l'achat pour un mineur d'un téléphone, de même
03:30qu'un mineur n'a pas le droit d'aller acheter un téléphone.
03:32Alors, bien sûr, c'est les parents qui prennent et qui mettent ensuite l'abonnement, mais
03:36si déjà c'était interdit de mettre un abonnement au nom d'un mineur, moi je trouve que ça
03:43serait plus cohérent.
03:47Carrément pour un mineur, ça c'est important ce que vous dites parce que vous êtes psychologue
03:50clinicienne et spécialiste notamment des addictions.
03:53J'ai une dernière question pour vous Sabine Duflo, histoire d'avancer malgré tout, beaucoup
03:57de parents qui nous écoutent peut-être ont déjà fait regarder des écrans des vidéos
04:01à leurs petits-enfants, parfois en très bas âge parce que ça a tendance à les calmer.
04:05À partir de quel âge on doit laisser des enfants regarder des écrans ?
04:11Alors, il y a la question de l'âge, il y a la question du contenu si vous voulez.
04:15Le problème c'est essentiellement le contenu parce qu'à partir d'un moment où l'enfant,
04:22l'adolescent possède un écran nomade, que ce soit un téléphone ou une tablette, il
04:28a accès à des choses qu'il ne devrait jamais voir, aux contenus les plus violents, les
04:32plus trashs ou hyper sexualisés et ça crée de véritables traumatismes si vous voulez.
04:37Mais à côté de ça, évidemment, il y a des contenus de très grande qualité mais
04:42on ne peut pas faire de la grande qualité en chaîne, ce n'est pas possible.
04:44Donc globalement, ce que regardent majoritairement les enfants sont des écrans distractifs,
04:49des contenus distractifs de mauvaise qualité, c'est-à-dire concrètement, ils vont aller
04:54sur Youtube regarder des shorts à l'infini, aller sur Gulli, scroller sur TikTok.
05:00À partir de là, qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:02À partir de là, ce qu'il faut c'est mettre en place des règles déjà à l'échelle
05:05de la famille.
05:06Alors moi, j'étais à l'origine d'une règle qui reprise beaucoup maintenant qui
05:11est de sanctuariser des temps et des espaces sans les écrans et pour toute la famille
05:15parce qu'on ne peut pas donner une règle si on ne s'applique pas à soi-même.
05:17Donc il faut que l'on se prive d'écrans, on fait une pause numérique à la maison,
05:20à partir de quelle heure ? C'est juste ma dernière question assez concrète.
05:23On n'en met pas dans la chambre de l'enfant parce que ce moment-là, on n'a pas de contrôle
05:27sur le temps et le contenu, on n'en met pas pendant les repas et on n'en met pas aussi
05:32le matin avant de partir à l'école parce que c'est vraiment là où la tension est
05:35la plus forte et juste avant de se coucher, une heure avant de se coucher, on débranche
05:39tout.
05:40Et c'est ça pour toute la famille, c'est déjà beaucoup.
05:42Et à partir de quel âge ? En un mot, un chiffre plutôt ?
05:43À partir de quel âge ? Dès le début ! Dès le début, on met en place ces quatre pas
05:48bien sûr.
05:49Merci Sabine Duflo.
05:50Je rappelle que vous êtes psychologue clinicienne rattachée à l'hôpital Georges Domaison,
05:55responsable d'une consultation addiction à dos-écran.
05:577h42 sur Sud Radio, restez avec nous, on se retrouve dans un instant.
06:02Le blocage politique continue, c'est ce qu'on verra avec notre éditorialiste politique
06:06Eric Revelle.
06:07Toujours pas de gouvernement et toujours pas de solution pour en trouver un a priori.
06:11Et puis on retrouvera ensuite Guy Carlier qui nous racontera une chanson.
06:13A tout de suite.