• il y a 2 mois
Michel Biero, vice-président de Lidl, était en direct chez "Tout le monde veut savoir" sur BFMTV ce jeudi.

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Transcription
00:00L'invité du jour est vice-président de Lidl, l'une des enseignes préférées des Français.
00:04Bonsoir Michel Birault.
00:05Bonsoir Benjamin Duhamel.
00:06Merci beaucoup d'être avec nous ce soir dans Tout le monde veut savoir.
00:10On va parler de la rentrée, bien sûr, du pouvoir d'achat, des fournitures scolaires.
00:14Ça intéresse ceux qui nous regardent, les parents, les enfants,
00:17mais pas que, de l'instabilité politique et de son impact sur le climat économique.
00:20Mais d'abord, on peut dire au fond que vos magasins,
00:23c'est un peu des thermomètres du moral des Français.
00:27Qu'est-ce que vous voyez ?
00:28Qu'est-ce que vous lisez de tout cela en cette rentrée ?
00:34C'est une rentrée qui est encore une fois compliquée pour les Français.
00:36Et c'est vrai que nos magasins, tous les Français passent dans nos magasins,
00:40plusieurs millions chaque semaine.
00:42Donc, c'est une rentrée compliquée parce que même si on est dans une déflation,
00:46aujourd'hui, le mois d'août, j'ai regardé les chiffres ce matin.
00:48Déflation, donc les prix baissent.
00:50Exactement, les prix baissent.
00:51Sur le marché global de l'alimentaire, on est à moins 1%, moins 0,9.
00:56Mais le consommateur, les Français, ne le voient pas
00:59parce qu'on est encore à plus 11 par rapport à il y a deux ans.
01:03Donc, les prix sont encore assez élevés.
01:07Et donc, c'est effectivement une rentrée compliquée.
01:09Et donc, qu'est-ce que font les Français dans ce cas-là ?
01:11Ils font des arbitrages.
01:13Et donc, il y a une déconsommation des produits plaisir,
01:16une déconsommation des produits frais, le poisson.
01:19Le poisson, c'est aujourd'hui assez catastrophique.
01:22C'est-à-dire qu'au fond, on se concentre sur l'essentiel, le minimum absolu.
01:25Tout ce qui faisait les petits plaisirs pour les enfants.
01:28Sur les alimentaires, on oublie.
01:29Dans nos rayons non alimentaires, par exemple, c'était l'achat plaisir, clairement.
01:33Aujourd'hui, l'achat plaisir, il n'y est plus trop.
01:36Donc, pareil, ils vont plutôt aller sur des produits de conserve
01:40plutôt que sur de la viande fraîche, sur du steak haché,
01:43plutôt que sur une entrecôte, etc.
01:44Donc, ils font des arbitrages et ils font attention à leur porte-monnaie.
01:49Vous le disiez, l'inflation a largement ralenti.
01:51Je lisais une phrase intéressante ce matin, c'était dans les colonnes du Figaro
01:53de votre collègue, homologue, PDG de Carrefour, Alexandre Bompard,
01:57qui avait cette phrase intéressante.
01:58Il disait que l'hyperinflation était un poison lent qu'elle avait laissé des traces.
02:02C'est-à-dire qu'au fond, même si les prix baissent,
02:04dans l'esprit des Français, il y a toujours cette idée
02:06qu'il y a presque une sorte de traumatisme des deux ans qu'on a passés
02:09où on avait une inflation à deux chiffres.
02:11Et donc, même si ça baisse, non seulement ils ne le voient pas tout de suite,
02:14et puis ça a un impact aussi sur même leurs habitudes de consommation
02:18dans les mois qui viennent.
02:19Bien sûr, et ça va durer des mois encore.
02:21Et donc, à nous, distributeurs, de leur redonner confiance
02:24en baissant les prix, en faisant le travail de négociation,
02:27des négociations sur les marques qui vont bientôt démarrer.
02:30Donc, c'est à nous de faire le job pour leur redonner confiance
02:33et que la consommation reprenne.
02:35Quand on parle de déconsommation, il faut que la consommation reparte dans le positif.
02:39Et donc, nous, on se bat tous les jours pour baisser les prix, baisser les prix.
02:43Et quand je vous disais que la déflation sur le mois d'août,
02:47sur le seul mois d'août, était à moins 0,9,
02:49chez Lidl, elle est à moins 3, moins 4.
02:51Donc, on essaye de baisser plus que nos concurrents
02:54pour dire aux consommateurs, c'est chez nous que c'est le plus intéressant.
02:57Michel Birault, je le disais, on est à quelques jours de la rentrée des classes.
03:01Qui dit rentrée des classes, dit fourniture scolaire,
03:03une question de pouvoir d'achat pour les parents.
03:05Et vous allez voir, ce n'est pas récent.
03:10Vous voyez la liste, là ?
03:13Elle est un peu...
03:15Il faut chercher moins cher.
03:16Moi, c'est une taille plate, graduée de 30 centimètres.
03:20Les cahiers, les stylos et tout.
03:23Même des cartables et tout.
03:25Tout a augmenté, en fait.
03:29Pour vous, comment se présente la rentrée scolaire ?
03:31Je vous ai dit, pas trop bien, parce que tout coûte cher.
03:35Quand j'avais acheté des blouses il y a 2 ans, 50 francs.
03:38Maintenant, je les trouve à 70 francs, les mêmes blouses.
03:41Il faut calculer, parce que chez les ouvriers, c'est toujours pareil,
03:44c'est toujours un peu compliqué.
03:46La question de rentrée scolaire.
03:49Des cahiers grands charreaux.
03:50Des pochettes transparentes.
03:51Des cahiers multicolores.
03:52Des cahiers en couleur.
03:54On va essayer de regarder des prix,
03:56et essayer de surtout foncer sur des promotions
03:58pour faire baisser la facture.
04:0010% sur une gomme à 1 euro,
04:03je ne sais pas si on le ressent vraiment.
04:04Les affaires scolaires, ça ne devrait pas être aussi cher.
04:07Il y a 400 pages.
04:086,33 euros, on peut s'acheter un sandwich avec ça.
04:11Voilà des images compilées avec un sourire par Yvcon et Sophie Herbet.
04:16Alors, qu'est-ce que vous dites justement à ceux qui nous regardent,
04:19les parents qui sont en train de suivre les recommandations ?
04:22Il faut trouver le bon A4, le petit cahier avec les spirales.
04:27Et qui, surtout, se disent que c'est chaque année plus cher.
04:31Cette année, la tendance est un peu moins vraie.
04:32Dans vos magasins, qu'est-ce qu'on constate ?
04:34Déjà, le petit dossier a été super bien fait.
04:38Les années passent et finalement, pas grand-chose change.
04:41Les fournitures scolaires, c'est une dépense contrainte.
04:44Chaque année, il faut acheter.
04:45On reçoit une liste de l'école.
04:47Il faut acheter les fournitures.
04:49Par contre, on est en septembre.
04:52Le 29 août, c'est fini pour nous.
04:54Les fournitures scolaires chez Lidl,
04:57en tout cas, déjà, on n'est pas le spécialiste des fournitures scolaires,
04:59mais c'était plutôt au mois de juillet, mi-juillet, fin juillet
05:03et tout début août où on les a vendues.
05:06Mais là aussi, les gens font des arbitrages.
05:09Ils font attention à leurs dépenses.
05:11Et donc, là où peut-être l'an dernier ou il y a deux ans,
05:13parce que l'inflation n'était pas à ce niveau-là,
05:15ils achetaient deux stylos d'une grande marque.
05:19Cette année, ils vont acheter deux stylos d'une marque de distributeurs
05:22parce que les marques de distributeurs, on le vend en poupe
05:25et n'arrêtent pas.
05:27Encore sur le mois d'août, ils sont montés en flèche.
05:29Mais est-ce que cette année, les prix des fournitures scolaires ont baissé ?
05:34Très peu.
05:35Parce qu'il faut savoir que les fournitures scolaires qu'on a vendues au mois de juillet,
05:39vous les aviez achetées avant.
05:40On les a achetées il y a plus d'un an.
05:41Donc, on n'avait pas encore cette déflation qu'on a aujourd'hui.
05:44Donc, l'année prochaine, ils seront moins chers.
05:47Michel Biraud, qu'est-ce que vous,
05:49est-ce que dans les mois qui viennent, dans les semaines qui viennent,
05:52je pense à ceux qui peut-être font leurs courses dans vos anciennes lignes,
05:54qu'est-ce que vous avez prévu pour apporter ce coup de pouce aux Français,
05:58précisément ces Français frappés par la déconsommation
06:00qui s'empêchent parfois ces achats plaisir ?
06:03Est-ce qu'il y a des dispositifs à venir pour précisément leur donner un coup de pouce ?
06:06Alors, je le disais tout à l'heure,
06:08là où la déflation est de 0,9%, chez Lidl, elle est de 3, 4%.
06:13Donc, on va continuer dans ce sens-là.
06:15On va continuer à baisser les prix,
06:17continuer à faire des offres promotionnelles.
06:19C'est ce que le client attend.
06:20Et là, en septembre, on a pris une décision qui est assez historique chez Lidl,
06:25c'est d'accepter les titres restaurant,
06:27ce qu'on ne faisait pas jusqu'à présent, ce qu'on n'a jamais fait en 35 ans.
06:30Et ça, forcément, ça va amener un flux de clients
06:32parce qu'aujourd'hui, il y a énormément de clients
06:35qui utilisent ces titres restaurant pour des dépenses alimentaires.
06:38Et en plus, pendant tout le mois de septembre,
06:41on va leur dire, si vous avez la carte de fidélité Lidl+,
06:45vos titres restaurant vaudront 10% de plus.
06:49Donc, si vous achetez pour 50 euros une partie en titres restaurant,
06:53vous aurez un bon d'achat de 5 euros.
06:55D'accord. Donc, ça, c'est la nouveauté, la possibilité d'utiliser la carte ticket restaurant.
06:59Avant de parler du climat et un peu de politique,
07:03c'est toujours difficile de demander aux patrons de grandes distributions
07:06de faire des pronostics sur l'évolution des prix dans les mois qui viennent.
07:11Est-ce qu'on peut se retrouver avec une situation
07:13comme ce qu'on a vécu ces deux dernières années,
07:14où globalement, il y a quand même des raisons de se dire
07:17qu'on va vers quelque chose de plus stable ?
07:19Non, non. Non seulement, on va vers quelque chose de plus stable,
07:21mais on va vers des baisses.
07:22Les baisses vont continuer.
07:24Bien sûr, les baisses vont continuer.
07:25Et encore une fois, c'est notre métier de distributeur.
07:28Les négo des marques nationales vont démarrer.
07:30Les négo des marques de distributeurs, c'est tous les jours.
07:33Et on le voit, les prix vont continuer à baisser.
07:35Est-ce que vous êtes inquiet de l'instabilité politique ?
07:38On avait la rentrée du MEDEF,
07:41on a vu des patrons faire des interviews dans la presse en disant
07:44on a des carnets de commandes qui sont moins remplis.
07:47Certains craignaient l'arrivée au pouvoir du nouveau Front populaire
07:51avec un programme et des mesures sociales
07:53qui étaient conspués par un certain nombre de grands patrons.
07:56Est-ce que cette instabilité politique-là, elle a un impact sur vos affaires ?
08:01Non, elle n'a pas d'impact économique sur notre business.
08:05Par contre, effectivement, notre rôle aussi,
08:09et vous le savez, Lidl défend depuis des années le monde agricole.
08:12Là, par contre, il y a un problème.
08:14On sent un flottement total.
08:16Il y a une espèce de flou artistique.
08:18On ne sait plus à qui s'adresser.
08:20On n'a plus de réponse quand on appelle dans les ministères.
08:22Enfin, c'est assez complexe.
08:24Ça, c'est les effets concrets d'un gouvernement démissionnaire ?
08:27Oui, c'est compliqué.
08:28Là où je...
08:30Et encore une fois, peu importe, vous en avez parlé dans le sujet d'avant,
08:33peu importe qui sera demain Premier ministre,
08:35je ne suis pas politicien et je ne suis pas là pour commenter la politique.
08:38Par contre, qui que ce soit, nous, on reviendra au charbon.
08:42Parce que, rappelez-vous, en janvier,
08:44les agriculteurs étaient dans la rue pour manifester leur mécontentement.
08:48Le gouvernement précédent a pris des engagements, a fait des promesses.
08:52Il faut que le nouvel gouvernement soit dans la continuité,
08:55surtout pour tenir ses promesses,
08:56et changer le cours des négociations aussi.
08:59Parce qu'on ne peut pas continuer comme ça.
09:00Il y a les questions agricoles, mais il y a aussi la question de la rémunération des salariés.
09:04Vous êtes chef d'entreprise, vice-président de Lidl.
09:06L'idée qui est dans le débat est de passer le SMIC à 1 600 euros.
09:09Est-ce que c'est une bonne chose pour améliorer le pouvoir d'achat des Français ?
09:13Alors...
09:15Non, bien sûr, je ne pense pas que ce soit une bonne chose.
09:18Vous vous rendez compte, le nombre d'entreprises qui, demain, mettent la clé sous la porte,
09:20si on passe du jour au lendemain, le SMIC à 1 600 euros,
09:24ce n'est juste pas possible.
09:25Nous, on travaille depuis des années main dans la main avec les partenaires sociaux,
09:30et on essaie d'avancer.
09:31Les petites entreprises peut-être, mais vous, chez Lidl,
09:33vous pourriez peut-être vous permettre...
09:35Non, non, pas plus, non.
09:37On a 46 000 salariés.
09:39Aujourd'hui, on ne les paye pas au SMIC.
09:41On est déjà au-dessus du SMIC.
09:43Donc, on fait les efforts qu'il faut,
09:46chaque année, encore une fois, en discussion avec les partenaires.
09:48Mais non, je pense que ça serait très dangereux.
09:51Très dangereux.
09:52Une dernière question, Michel Biraud.
09:54Vous parliez juste avant de la situation politique.
09:56On va continuer à en parler tout à l'heure.
09:58Certains évoquaient, alors là, c'est l'hypothèse Bernard Cazeneuve qui agite,
10:00mais certains disaient pourquoi pas un chef d'entreprise ?
10:03Quelqu'un qui serait pragmatique, qui ne viendrait pas du monde politique.
10:07Ce serait une bonne idée ou pas ?
10:08Pourquoi pas ?
10:08Ça pourrait peut-être remuer un petit peu dans les ménages,
10:12mais encore une fois, nous, on est distributeurs.
10:16On n'est pas politiciens.
10:17J'ai le souvenir d'avoir entendu votre collègue Michel-Édouard Leclerc
10:20dire que la politique lui donnait un peu envie.
10:22Je ne suis pas Michel-Édouard Leclerc, je suis un autre Michel,
10:26mais en tout cas, encore une fois, il faut de la continuité.
10:29Peu importe qui prendra le poste de Premier ministre,
10:32il faut de la continuité.
10:33Est-ce que les Français ont voté pour de la continuité ?
10:35Si vous voulez, dans mon domaine,
10:38ça fait des années qu'on se bat pour changer le cours des négociations.
10:41Aujourd'hui, il y a des négociations qui sont dans l'opacité la plus totale.
10:44Donc, il faut que le nouvel gouvernement prenne ça à bras-le-corps
10:47et que l'Assemblée nationale travaille sur une nouvelle loi
10:51parce qu'on parlait juste avant la dissolution,
10:54on parlait quand même d'égalime 4.
10:56Egalime 1 date de 2019.
10:58Donc, il faut travailler à égalime 4,
11:00mais que ce soit la dernière et pas à égalime 25.
11:02Et vous dites, Michel Biraud, stabilité,
11:03ça veut dire qu'un gouvernement nouveau Front populaire,
11:06ce ne serait pas une bonne idée pour vous ?
11:07Je ne suis pas commentateur de la vie politique.
11:11Moi, qui que ce soit, peu importe, je travaillerai avec
11:15et on reprendra notre bâton de pèlerin
11:16pour défendre le pouvoir d'achat des consommateurs
11:19et pour que la consommation reprenne.
11:21Merci beaucoup, Michel Biraud, vice-président de Lidl,
11:23d'être venu sur le plateau de Tout le monde veut savoir.
11:26On fait une très courte pause
11:28et on continue à parler de la situation politique
11:30dans le duel du jeudi.
11:31Deux fortes têtes face à face.
11:33Raquel Garudeau, l'ex-députée insoumise
11:35et l'éditorialiste Frantz-Olivier Gisbert.

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