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En 1974 un meurtre d'enfant secoue la ville de Marseille , des années plus tard le frère de la victime sera impliqué dans des affaires de meurtres .

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00:00En 1974, la petite Marie Dolores Rambla était assassinée.
00:05L'affaire tristement célèbre du pullover rouge.
00:0830 ans plus tard, son frère Jean-Baptiste Rambla est reconnu coupable du meurtre d'une femme en 2005.
00:14Hier victime, aujourd'hui coupable, c'est un cas exceptionnel dans les annales judiciaires.
00:22Il dit qu'il l'étrangle, ensuite comme il n'est pas sûr qu'elle soit morte à l'étranglement,
00:26il va lui mettre un sac en plastique pour qu'elle soit étouffée.
00:31L'empreinte du crime qui fait que le petit Rambla, adulte, passera à l'acte.
00:36Mais elle remonte à son enfance quand on enlève sa sœur.
00:39Je lui ai mis à ce moment-là la main sur l'épaule une dernière fois.
00:42Le coup aurait tombé.
00:46Vous sortez évidemment parce que le sang émerge de toutes parts.
00:51Pour Ranucci, il n'aurait jamais dû être condamné à mort.
00:57Et pour Rambla, on ne sait pas pourquoi il a tué.
01:02Cela aurait pu être un crime ordinaire si on peut dire.
01:05Ordinaire si le coupable n'avait pas été Jean-Baptiste Rambla,
01:08une victime, protagoniste d'un célèbre fait divers des années 70.
01:12Marseille, en février 2005.
01:14Dans le quartier de la Blancarde, une macabre découverte,
01:17celle d'un corps de femme brûlée et en décomposition.
01:20Il croupit dans un cabanon, au fond du jardin de la compagne de Jean-Baptiste Rambla.
01:24C'est elle qui prévient la police.
01:26Ce cadavre est celui de Corinne Bail.
01:28Tout de suite interpellé, Jean-Baptiste Rambla va avouer ce crime.
01:33Il dit qu'il l'étrangle.
01:35Ensuite, comme il n'est pas sûr qu'elle soit morte à l'étranglement,
01:38il va lui mettre un sac en plastique pour qu'elle soit étouffée.
01:42Il va lui mettre une espèce d'énorme sparadrap sur la bouche et sur le nez
01:47pour plus qu'elle respire.
01:49Donc je veux dire, on le pousse à la mort.
01:52Ensuite, il va se retrouver avec ce cadavre.
01:54Il va le mettre dans la baignoire.
01:56Il va lui mettre le feu pour essayer de faire disparaître le cadavre.
01:59Bien entendu, le cadavre ne disparaît pas.
02:01Et donc, à ce moment-là, il va la mettre dans un sac.
02:04Il va la porter chez sa maîtresse en disant, je mets au fond du jardin...
02:09Il raconte que c'est des histoires d'un animal nuisible qui l'a tué
02:12et que ça va sentir très mauvais, mais c'est pas très grave.
02:15Et donc, ce cadavre va rester dans une espèce de débarras effroyable
02:20pendant tout l'été, tout un été.
02:22Bien entendu, la chaleur fait tout ce qui se passe.
02:24Son amie ne supporte plus tout cela.
02:27Un beau jour, elle va voir.
02:29Elle ouvre et là, bien entendu, elle découvre un corps.
02:34Que s'est-il passé entre le jour où cette femme disparaît précipitamment de son domicile,
02:38en juillet 2004, et la découverte de son cadavre,
02:41huit mois plus tard au domicile de la compagne de Jean-Baptiste Remblat,
02:44la dernière personne à l'avoir contactée ?
02:48Le jour de la disparition de Corinne Bédel,
02:52il va envoyer, lui, Jean-Baptiste Remblat, des SMS à son fils,
02:56au fils de Corinne Bédel, pour lui faire croire que sa mère est partie à Ibiza.
03:01Puis, il lui en envoie un deuxième pour lui dire qu'elle est bien arrivée à Ibiza.
03:06Le compagnon de Corinne l'attend sur place.
03:08Mais les jours passent et Corinne n'apparaît pas.
03:13Là, c'est l'enfer.
03:15Parce que, vous ne savez pas, moi, je passe toutes mes nuits debout.
03:20Toutes les nuits, je suis debout. Je ne peux plus dormir, plus rien du tout.
03:26L'hypothèse de l'enlèvement n'est pas tout de suite envisagée par les enquêteurs.
03:30Et la police me dit, votre dame, elle a pété un câble, elle s'est barrée, voilà, c'est tout.
03:35Après, tu te poses plein de questions.
03:38Elle ne serait jamais partie sans son fils.
03:42Jamais de la vie, mais jamais.
03:44Jamais, elle n'aurait laissé rien.
03:48La dernière personne à avoir vu Corinne Belle vivante, c'est Jean-Baptiste Ramblas.
03:52Le jeune homme travaille pour le compagnon de la victime, Christian Chalençon.
03:56Il n'est que brièvement interrogé par la police.
04:00Les enquêteurs vont être les premiers à faire rentrer, malgré eux, l'affaire Ranucci dans cette affaire-là, dans l'affaire Bédel.
04:08En étant extrêmement, au fond, ils vont être très polis avec Jean-Baptiste Ramblas.
04:13Ils vont lui demander son emploi du temps, il va donner son emploi du temps.
04:16Et ils ne vont pas aller chercher plus loin.
04:18Alors qu'a priori, on peut se dire quand même que dès le début, ils vont se dire c'est étrange.
04:22Ils vont faire une petite enquête de personnalité.
04:24Ils vont voir que ce garçon a peut-être une relation assez proche avec son employeur.
04:29Qu'ils vont essayer de savoir un peu plus ce qu'il a fait.
04:32En tout cas, quand l'enquête sera menée, on va s'apercevoir qu'il y a quand même un certain nombre de mystères dans l'emploi du temps de Jean-Baptiste Ramblas.
04:37Mais non, ça, ça ne va pas être fait.
04:39Ça ne va pas être fait.
04:41Parce qu'il faut faire attention.
04:43Parce que les Ramblas, c'est de la nitroglycérine.
04:45On fait attention.
04:47Ils ont tellement mal.
04:49Ils ont eu tellement mal.
04:51Tout Marseille connaît ces gens et leur histoire.
04:54Jean-Baptiste Ramblas, c'est le petit frère de Marie Dolores.
04:58L'unique témoin de son enlèvement en mars 1974 dans l'affaire Ranucci.
05:03Jean-Baptiste Ramblas, devenu un criminel ?
05:06Personne ici ne peut l'imaginer.
05:08Et le compagnon de la victime, encore moins qu'un autre.
05:11Jamais de la vie, je l'ai soupçonné.
05:13Jamais de la vie.
05:14Retour sur les huit mois qui viennent de s'écouler.
05:16Le comportement de Jean-Baptiste Ramblas apparaît comme celui d'un monstre.
05:20Il a gardé huit mois.
05:22C'est un calculateur, c'est un calculateur, le gars.
05:25Il pense à tout ça.
05:28Il vient me demander.
05:29Je vous dis, il me pose des questions.
05:31Il est venu chez moi au mois de novembre.
05:33Il avait tué Corinne.
05:34Il est venu chez moi fin novembre pour me dire.
05:36Il faut que tu me donnes une augmentation.
05:38Au restaurant, je ne gagnais pas assez, il me dit.
05:44La police a très vite assez d'éléments pour arrêter Jean-Baptiste Ramblas.
05:48Lorsqu'il est jugé pour le meurtre de Corinne, on espère mieux comprendre ce qui s'est passé.
05:53Ce qu'on souhaitait, c'était, dites-nous, Monsieur Ramblas, dites-nous comment vous en arrivez là.
05:59Comment vous en arrivez à une telle violence.
06:03Dites-nous comment elle a souffert.
06:05Dites-nous comment elle vient à votre domicile.
06:07C'est ce qu'on voulait savoir.
06:09Il a posé une question à Andréen.
06:11Il a eu plus de courage que moi puisqu'il a demandé.
06:16Il a demandé pourquoi il avait fait ça.
06:18Il n'a pas voulu répondre.
06:19Il ne veut pas répondre.
06:21Moi, je voulais des réponses.
06:23Je suis animé par ça.
06:24Je veux savoir ce qui est arrivé vraiment à ma mère, comment.
06:26Et ça, je ne le sais pas.
06:28Comment vous voulez que j'aille bien pour plus tard.
06:31Je ne sais pas.
06:32C'est une frustration terrible pour les victimes.
06:35Jean-Baptiste Ramblas, dès le début, ne se pose absolument pas en accusé.
06:42Mais immédiatement, il se pose en victime.
06:46Toute son affaire à lui, c'est-à-dire l'affaire de sa sœur, prend le dessus.
06:50Un jeu de miroir accentué par cette unité de lieu et par les protagonistes du drame de 1974.
06:56En 2008, les mêmes sont dans le prétoire.
06:59Il y a cette présence du père.
07:01Encore une fois, au premier rang.
07:03C'est-à-dire qu'on pouvait tous imaginer qu'il était exactement à la même place 32 ans plus tard.
07:08Il y a la ville, il y a Aix-en-Provence.
07:10L'affaire se passe à Marseille, dans une cité de Marseille.
07:12Tout ce monde-là se connaît.
07:14Corinne, quand elle était enfant, allait s'amuser avec la petite Maria Dolores.
07:19C'était sa copine.
07:20Ils allaient à l'école ensemble.
07:21Ils avaient approximativement le même âge.
07:27Le frère et la sœur de Corinne Bédel, ce sera rappelé à l'audience,
07:31font partie de ces gosses qui étaient dans la même école que Maria Dolores Rambla
07:35et qui vont aller au cimetière accompagner Maria Dolores Rambla.
07:39Et qui plus tard vont être assis au banc des partis civils
07:43parce que Jean-Baptiste Rambla a tué leur sœur.
07:47Incontournable pour aborder les faits et l'examen de la personnalité du criminel,
07:51l'affaire Ranucci a été jointe au dossier d'instruction de l'affaire Rambla.
07:55Elle plane sur la salle d'audience.
07:59Le président Jean-Pierre Deschamps, le président de la cour d'assises, va lui dire
08:02« Nous savons tous, ici, ce qui vous est arrivé.
08:06Nous connaissons l'histoire Ranucci.
08:08Nous sommes ici pour juger du meurtre de Corinne Bédel. »
08:12Il a dit « Monsieur Rambla, ici on ne juge pas votre passé.
08:16On ne juge pas votre passé.
08:20Vous souffrez et vous souffrirez toujours.
08:24Mais on ne juge pas votre passé à vous.
08:28On juge ça, ça.
08:30Que ça veut dire ça ? »
08:32Tenir à distance l'affaire Ranucci,
08:34comme pour conjurer le sort et juger uniquement l'affaire Rambla,
08:38c'est toute la difficulté de ce procès qui s'achève sur un verdict
08:41de 18 ans de réclusion criminelle.
08:44« Quand j'apprends que le président de la cour d'assises
08:48n'aurait pas voulu qu'on évoque l'affaire Ranucci,
08:52je suis consterné.
08:58La marque du crime, l'empreinte du crime
09:03qui fait que le petit Rambla, adulte, passera à l'acte
09:07dans un crime horrible,
09:10elle remonte à son enfance quand on enlève sa soeur.
09:14Ce garçon aurait dû être aidé, accompagné
09:17alors qu'il a été baigné dans le sang de sa soeur.
09:23Il tue qui ?
09:25On ne s'est pas posé la question de savoir qui il va tuer
09:27quand il commet son crime.
09:29Il est victime de Christian Ranucci, quelque part, lui.
09:33Et cela, on n'a pas voulu le plaider.
09:36Mais pourquoi ? »
09:38Retour sur l'affaire Ranucci.
09:40Le 3 juin 1974, Jean-Baptiste Rambla, 6 ans,
09:44joue avec sa soeur Marie Dolorès, 8 ans,
09:47au bas de leur immeuble à Marseille.
09:49Un homme prétendant avoir perdu son chien
09:51leur demande de l'aide.
09:53Le garçon part d'un côté, à pied,
09:55tandis que l'inconnu s'éloigne dans une direction opposée
09:57avec la fillette, qu'il fait monter dans sa voiture.
10:00On ne reverra jamais la petite Dolorès Rambla.
10:03« Ma fille s'est jouée là,
10:05il y avait un rendez-vous avec l'amant et c'est tout.
10:07Moi je l'avais dit à ma femme,
10:09attention, ne me laissez pas sortir les enfants
10:11parce que Jean n'est pas venu la nuit.
10:15Et voilà, comme c'était le lendemain de Pentecôte,
10:19il n'y avait personne et voilà. »
10:22« C'est là où j'ai interviewé M. Rambla la première fois,
10:26c'est là que j'ai interviewé Jean-Baptiste Rambla
10:30et c'est là qu'est né déjà le premier problème
10:33car dans l'interview, je le dis, je le répète, je le maintiens,
10:38Jean-Baptiste Rambla parle d'une Simca grise
10:41et non pas d'une Peugeot. »
10:44Lorsqu'on trouvera un coupable au volant d'un coupé 304 Peugeot,
10:47la Simca grise dont a parlé le jeune frère de Marie Dolorès
10:50sera vite oubliée.
10:52Marseille vient de connaître une série de kidnappings
10:55et de crimes d'enfants.
10:58La ville est en émoi.
11:00Elle veut un coupable.
11:02Et vite.
11:04« D'emblée, l'opinion publique se saisit du fait divers
11:07et pousse la police,
11:10pousse les journalistes que nous étions tous
11:13dans le même sens.
11:15Il faut trouver le ravisseur,
11:17il faut trouver cet individu
11:19et le mettre hors d'état de nuire le plus vite possible. »
11:22Malheureusement, les événements se précipitent.
11:25La fille a été retrouvée, tuée, lardée de coups de couteau
11:29et semble-t-il frappée au crâne avec une pierre.
11:34« On va découvrir le corps à l'endroit où des témoins
11:39ont assisté à un accident
11:43avec la voiture qui se révèlera être celle de Christian Ranucci. »
11:48Christian Ranucci,
11:50un représentant de commerce de 20 ans,
11:52domicilié à Nice.
11:56Impliqué dans un banal accident de la route
11:58tout près du lieu où est découvert le corps de l'enfant
12:01qui est retrouvé le lendemain dans le cadre de ce délit de fuite.
12:04C'est ce jeune homme qui devient, quelques heures plus tard à peine,
12:07suspect numéro un dans l'enlèvement et l'assassinat
12:10de la petite Marie-Dolores Rambla.
12:14« Quand je le vois la première fois, c'est dans le couloir de l'hôtel de police.
12:18Pour moi, c'est un jeune homme bien habillé, bien mis,
12:22calme.
12:24Il est entre deux policiers, mais il est calme.
12:27Jamais, jamais, on imaginerait qu'il est l'assassin.
12:31Bon, on a des doutes à ce moment-là.
12:33On se demande.
12:35Après, il y a les aveux.
12:37Quelques heures après, une nuit passe d'interrogateur
12:41et puis le lendemain, il avoue. »
12:43Un couple, les Auberts,
12:45s'apprêtent à délivrer une nouvelle version de l'accident
12:47dont ils ont été témoins.
12:49Peu qui n'auraient pas au départ reconnu Ranucci
12:51et parlé d'un homme s'enfuyant avec un paquet
12:54vont cette fois l'identifier formellement.
12:56Ils précisent même l'avoir vu tirer un enfant.
12:59Très peu de temps s'écoule entre cette déclaration
13:02et le moment où Ranucci va, comme il est écrit,
13:05« libérer sa conscience ».
13:07Une conférence de presse est immédiatement organisée.
13:10« Il s'est trouvé que dans la matinée,
13:12nous avons pu identifier et entendre
13:14deux automobilistes, deux personnes
13:16qui venaient spécialement de Toulon
13:18et qui ont pu apporter leur témoignage
13:20au terme duquel il s'avérait que ces personnes
13:22avaient aperçu le mis en cause, n'est-ce pas,
13:25quitter son véhicule et s'enfuir dans les collines
13:28en traînant avec lui une fillette, n'est-ce pas ?
13:31Donc ce témoignage était extrêmement important.
13:33Nous avons recueilli ce témoignage,
13:35nous avons confronté les intéressés
13:37avec le mis en cause,
13:39et après quatre heures d'interrogatoire,
13:41il a finalement consenti à avouer la vérité,
13:44à savoir qu'il était bien l'auteur
13:46du meurtre de la petite fille. »
13:48« C'est l'assassin, il a indiqué où était le couteau,
13:51il a fait le dessin de l'enlèvement. »
13:54Ces aveux obtenus très rapidement
13:56et dans des circonstances troublantes
13:58contentent les enquêteurs
14:00qui vont pouvoir boucler leur dossier.
14:02Le coupable est sous les verrous.
14:04Entre-temps, sa mère, Héloïse Maton,
14:06a été conduite chez Maître Lombard.
14:08Le célèbre avocat marseillais
14:10hésite à engager directement sa réputation
14:12dans la défense d'un assassin d'enfant
14:14et confie l'affaire à son stagiaire.
14:16« Ranucci a 22 ans, j'en ai 24.
14:19Je suis en deuxième année de stage.
14:23C'est sûr que je débarque dans ce métier
14:27sans en avoir l'expérience.
14:30Et alors, bon, il faut une prise de contact.
14:33Donc la première question que je lui pose,
14:35que n'importe quel avocat lui aurait posée,
14:37c'est de lui dire, « Bon ben, confie en moi et moi bien
14:40qu'il n'y a pas de doute et qu'il est admis,
14:43reconnu par vous,
14:45que vous êtes le meurtrier de cet enfant. »
14:48Et c'est là où il a cette phrase très mystérieuse
14:51et qu'il me dit, « C'est obligatoirement moi. »
14:54Et vous sentez bien que ce « obligatoirement »
14:57sonne en l'occurrence comme une réserve.
15:00Je lui dis, « Comment obligatoirement ?
15:02C'est vous ou c'est pas vous ? »
15:04Il me dit, « Non, c'est obligatoirement moi
15:06parce qu'on me l'a démontré.
15:08Des témoins m'ont dit qu'il m'avait reconnu.
15:11Donc je n'ai pas de souvenir de ces événements.
15:14Donc c'est moi, voilà. »
15:17Christian Ranucci revient ensuite sur ses aveux
15:20et se dit innocent.
15:22Mais il est trop tard.
15:24Convaincu de sa culpabilité,
15:26la juge Di Marino mènera une instruction à charge.
15:30Madame Di Marino, c'était sa première affaire aussi,
15:33en fait, de cette envergure.
15:36On la sentait humainement extrêmement ébranlée
15:39par cette affaire.
15:41On l'aurait été à moins.
15:43Elle était jeune juge d'instruction,
15:45j'étais jeune avocat.
15:47On l'a fait à la va-vite,
15:49avec une presse absolument hystérique
15:52qui appelait à la peine de mort.
15:56Lorsque le procès s'ouvre,
15:58Christian Ranucci continue à clamer son innocence,
16:01alors que personne n'y croit.
16:03Ce qui ne fait que grandir la haine de l'opinion.
16:07Son troisième avocat, maître Fraticcelli,
16:09aurait lui préféré plaider coupable.
16:11Les images et le calvaire vécu par les Remblas
16:14sont restées gravées dans le cœur des Marseillais.
16:16Comme l'écrira plus tard Gilles Perrault
16:18avec les parents de Marie Dolores,
16:20c'est un million de Marseillais qui vont se constituer
16:22partie civile lors du procès qui s'ouvre le 9 mars 1976.
16:25Quand on est arrivé au procès, on était effrayés.
16:27C'était des pancartes, des graffitis.
16:30L'hostilité de la salle, celle des jurés,
16:32n'est que renforcée par le comportement agressif
16:34de Christian Ranucci.
16:36Lui va se défendre d'une façon maladroite
16:40dont on le croyait incapable.
16:42C'est un tout autre Christian Ranucci
16:44qu'on a vu arriver dans le boxe.
16:47Je vous le dis, très très élégant,
16:51avec cette grande croix sur le poitrail
16:55et arrogant, arrogant du début à la fin.
16:59Face à face, un accusé profondément antipathique
17:03et une famille ravagée par la douleur.
17:06Une famille qui, même si elle l'ignore encore,
17:09vient d'entrer dans les annales de l'histoire judiciaire du pays.
17:15J'ai vu M. Rambla,
17:17qui était un homme plein de douleurs,
17:21très digne, très discret,
17:24vraiment quelqu'un qui faisait vraiment peine à voir.
17:30C'était la douleur personnifiée, cet homme.
17:34Deux journées d'audience seulement
17:36pour reconstruire le puzzle du crime
17:38et examiner la personnalité de son auteur,
17:40que tous jugent déjà coupables.
17:42Tous, sauf Mme Maton,
17:44pour qui son fils reste bien sûr innocent.
17:49On n'a pas fait le procès de l'accusé.
17:52On a fait la démonstration qu'il était coupable
17:56avec des éléments qui, sur le moment,
18:00m'ont semblé absolument inutiles.
18:03Par exemple, pourquoi faire circuler parmi les jurés
18:07le couteau taché de sang qui avait tué cette petite victime.
18:11Pourquoi donner les photos de la victime
18:14telles qu'on l'avait trouvée.
18:16Tout ça apportait de l'émotion
18:21et c'était très difficile à supporter.
18:24Dans cette salle d'audience, le choc des images,
18:27mais aussi le poids des mots.
18:29Ce notamment de l'avocat général, Henri Vialla,
18:32qui veut la peine de mort.
18:35Il a eu une phrase terrible,
18:37qui a résonné énormément dans la cour d'assises.
18:40Il a dit « Dieu vous assiste, Ranucci,
18:43vous vous êtes placé au-delà de la pitié des hommes. »
18:46Quand vous finissez un réquisitoire là-dessus,
18:49je vous assure que ça tombe comme une masse de plomb
18:52et que ça fait son effet.
18:54Sans ces mots, sans ce réquisitoire impressionnant
18:57pour les jurés, au moment où ils se retirent pour délibérer,
19:00le procès Ranucci serait sans doute resté un procès ordinaire.
19:03Et la famille Rambla, une simple famille de victimes.
19:06Le verdict de la condamnation de Christian Ranucci
19:09est que la capitale tombe, inéluctable et irréversible.
19:13Rien n'a pu arrêter la marche de la justice.
19:18Et là, je me souviendrai de la réaction de la foule,
19:21qui était obscène.
19:23Il y a eu comme une espèce de...
19:25Il n'y a pas d'autre mot, de feulement,
19:28de satisfaction.
19:32S'adressant au président de la République,
19:34Christian Ranucci clame de nouveau,
19:36une dernière fois, son innocence.
19:38Mais Valéry Giscard d'Estaing décide de laisser la justice
19:41poursuivre son cours.
19:43Cet ultime recours de la grâce présidentielle ayant été refusé,
19:46l'exécution se prépare.
19:48Elle aura lieu dès le lendemain,
19:50le 27 juillet 1976.
19:53Il est 4h15, lorsqu'on vient chercher Christian Ranucci,
19:56alors âgé de 22 ans, pour l'emmener vers son supplice.
20:02Vous arrivez au stade où il est assis sur un tabouret,
20:05on le ligote, on le fait pirouter sur lui-même,
20:08il y a une porte qui s'ouvre,
20:10il se trouve dans une petite cour avec l'échafaud,
20:12les hauts bois qui sont soulevés devant,
20:14il est culbuté sur une planche qui avance,
20:17on tire, je lui ai mis à ce moment-là la main sur l'épaule,
20:21une dernière fois, le coupuret tombe,
20:24vous sortez évidemment parce que le sang émerge de toutes parts,
20:28vous croisez le médecin qui était le docteur Tosti,
20:31qui vient constater effectivement le décès,
20:34et puis après tout s'enchaîne, si vous voulez,
20:37dans la tristesse, dans la désespérance.
20:40Il est évident que les magistrats apportent une responsabilité
20:43parce qu'on ne peut pas prononcer l'irréversible
20:46dans une situation où on n'a pas de pleine certitude.
20:49Pour la famille Rambla, cette exécution est la conclusion logique de son propre drame.
20:56Donc l'affaire Ranucci, elle est finie,
20:59c'était bien lui le criminel, c'est tout.
21:03Point à la ligne.
21:05Mais l'affaire n'en reste pas là,
21:07car deux ans après le procès et l'exécution de Christian Ranucci,
21:10un élément nouveau apparaît.
21:12Cet élément, c'est le livre de Gilles Perrault,
21:15Le pullover rouge.
21:17Paru en septembre 1978,
21:19cet ouvrage impose l'idée d'un innocent guillotiné.
21:22Livre culte pour les uns,
21:24ramassis de mensonges pour les autres,
21:26la polémique ouverte ne se refermera en tout cas jamais plus.
21:31Perrault est très fort, c'est Alexandre Dumas.
21:33Alexandre Dumas, au château d'If,
21:35on a des milliers de visiteurs tous les ans
21:37qui viennent voir la cellule du conte de Monte Cristo.
21:39Et qu'est-ce qu'il nous a fait, Perrault ?
21:41Il a fait dans l'imaginaire des gens,
21:43il vous a reproduit exactement la même chose,
21:45on cherche le criminel au pullover rouge.
21:47J'ai adoré l'écriture,
21:49mais c'est un livre spécieux.
21:52Il a l'air de dire la vérité,
21:54et il dit tout le contraire.
21:56Il ne veut pas démontrer l'innocence,
21:58il veut instiller le doute chez le lecteur.
22:04On pourra parler dix heures ensemble,
22:06vous partirez en croyant la thèse de Perrault.
22:08L'élément le plus fort,
22:10mis en avant par Gilles Perrault,
22:12et qui donne son nom au livre,
22:14c'est ce pullover rouge,
22:16retrouvé dans la champignonnière
22:18à côté de la voiture de Ranucci.
22:20C'est en suivant sa piste,
22:22après l'avoir flairé,
22:24que les chiens policiers ont découvert
22:26l'enlèvement d'environ un kilomètre.
22:28Il existe donc un lien
22:30entre le propriétaire de ce vêtement
22:32et le crime de Marie Dolores.
22:34Or Christian Ranucci,
22:36qui a pourtant tout avoué,
22:38nie jusqu'au bout avoir détenu ce pull.
22:42L'autre élément troublant,
22:44mis en évidence par Perrault,
22:46est l'existence d'un homme
22:48portant un pullover rouge
22:50qui n'est pas Ranucci,
22:52et qui a tenté d'importuner
22:54l'enlèvement de Marie Dolores.
22:56Cet homme, circulant au volant d'une Simca grise,
22:58a approché les enfants,
23:00selon le même scénario que celui raconté par le petit Rambla,
23:02en leur demandant de l'aider
23:04à retrouver son chien.
23:08Il faut se mettre à la place de la police
23:10lorsque, revenus au commissariat,
23:12ils font essayer le pullover rouge
23:14à Christian Ranucci,
23:16et la déception qui a dû être la leur,
23:18lorsqu'ils se sont rendus compte
23:20que ce pull ne lui allait pas,
23:22dont ils ont tenté de le remettre
23:24à la mère de Christian Ranucci,
23:26et qu'elle leur déclare
23:28« Mais ce n'est pas à mon fils,
23:30je ne sais pas ce que c'est,
23:32il n'a jamais porté ça,
23:34il déteste le rouge,
23:36il n'en a jamais eu,
23:38il n'a même pas un tee-shirt rouge,
23:40une couleur qui l'aborde,
23:42il ne peut même pas la voir ! »
23:44Et Christian Ranucci lui-même,
23:46voyant ce pull, leur disant
23:48« Mais ce n'est pas à moi ! »
23:50Ils se rendent compte que Christian Ranucci
23:52ne peut pas, et c'est impossible,
23:54être l'homme des agressions du 31 mai.
23:56Ceux qui croient la thèse de Gilles Perrault
23:58estiment dès lors que la police a donc
24:00volontairement dissimulé des pièces majeures.
24:02A la fois les plaintes déposées
24:04contre cet agresseur,
24:06mais aussi la mention d'une Simca grise.
24:08Celle dont parle le premier jour
24:10Jean-Baptiste Rambla,
24:12et qui devient une voiture de couleur grise.
24:14Pire, à leurs yeux,
24:16un autre coupable serait resté en liberté
24:18tandis que Ranucci était guillotiné.
24:22« C'est par ce livre
24:24que le malheur de la famille Rambla
24:26est arrivé,
24:28que tout est arrivé.
24:30Ça fait déjà 4 ans
24:32que journalistes, avocats,
24:34hommes politiques,
24:36se succèdent chez les Ramblas.
24:38Et à partir de ce moment-là,
24:40ça va être l'engrenage. »
24:42Dès le départ,
24:44le père de Marie Dolorès part en croisade
24:46et juge maintenant être la cause de son malheur.
24:48Ce livre qu'il ne supporte pas.
25:00Un peu plus tard,
25:02il convoquera même la presse
25:04pour assister à un véritable auto-da-fé.
25:06La mise à feu de toute une pile du livre maudit.
25:08Sous les yeux de la bonne mère,
25:10la vierge à l'enfant qui domine Marseille.
25:16« Si vous étiez content, ça va.
25:18Si vous n'étiez pas content, je m'en fous. »
25:22Pierre Rambla n'est maintenant plus seul à se battre.
25:24Son combat se politise,
25:26se radicalise autour de la question
25:28de l'abolition de la peine de mort.
25:30Ses soutiens se multiplient en 1981,
25:32à l'arrivée de la gauche au pouvoir
25:34et juste après la décision de Robert Badinter
25:36de supprimer la peine de mort.
25:38Et tout ça par la faute de Perrault,
25:40prétendent encore tous ceux qui lui reprochent
25:42d'avoir permis cette décision
25:44un innocent guillotiné.
25:48« Personne ne s'est jamais intéressé
25:50de savoir les dommages collatéraux
25:52qu'il y a eu en 1981,
25:54la peine de mort.
25:56Parce que Badinter, quand il monte,
25:58il descend un jeune bien sous tout rapport
26:00qui vient de sortir des jupes de sa mère. »
26:02Avoir fait de Ranucci un enfant de cœur
26:04revient pour les amis de Pierre Rambla
26:06à imputer à cette famille l'assassinat d'un innocent.
26:08« Ils ont été crucifiés toute leur vie
26:10par une affaire qui les a dépassés.
26:12Ils ne sont coupables de rien. »
26:14Ce n'est donc pas seulement
26:16avec le terrible malheur
26:18de la disparition de sa sœur
26:20qu'a vécu son petit frère Jean-Baptiste Rambla.
26:22C'est aussi avec ce second drame,
26:24le livre de Gilles Perrault.
26:26En outre, en 1982,
26:28le professeur de français de Jean-Baptiste
26:30soumet pour étude à sa classe
26:32un passage du livre.
26:34« Alors mon fils,
26:36il a vu qu'il y avait sa sœur,
26:38les criminels de sa sœur,
26:40avec les flics,
26:42il pleurait comme un gosse.
26:44Il vient à mon papa, regarde, regarde papa.
26:46Alors je sialais comme un fou. »
26:48« Alors ça va provoquer une pétition
26:50des parents
26:52qui ne comprennent pas
26:54comment on a pu mettre
26:56dans un manuel de français
26:58ce texte.
27:00Il y a tellement d'autres textes
27:02sur lesquels on peut travailler
27:04sans travailler là-dessus.
27:06Et surtout contre
27:08le professeur
27:10qui, sachant qu'il a dans sa
27:12classe un petit qui s'appelle
27:14Rambla, fait étudier
27:16un texte sur
27:18la mort de Marie Dolorès Rambla.
27:20Je veux dire,
27:22c'est incompréhensible qu'un enseignant
27:24fasse ça. » En octobre 2008,
27:26lors de son procès,
27:28on s'est longuement apesantis sur cet incident
27:30qui illustre bien la douloureuse adolescence
27:32de Jean-Baptiste Rambla.
27:34Dans la salle d'audience, les observateurs
27:36se sont émus et interrogés.
27:38« Peut-être que là on est dans une déclé
27:40de compréhension de ce que vit
27:42la famille Rambla et de cette espèce
27:44d'enfermement dans laquelle elle est.
27:46On est en 1982
27:48et le père de Marie Dolorès
27:50et de Jean-Baptiste Rambla n'est plus vécu,
27:52n'est plus vu comme le père
27:54d'une enfant morte qui a vécu un drame.
27:56Il est vécu comme celui
27:58qui s'oppose le plus farouchement à l'abolition
28:00de mort. Donc il est vécu comme
28:02un espèce de fasciste
28:04et sa douleur, plus personne
28:06ne la voit. » « Il faut savoir
28:08qu'à l'école, il était insulté des fois
28:10par ses camarades de classe.
28:12« Ton père c'est un assassin, il a fait guillotiner
28:14un innocent, etc.
28:16Je suis certain, et le commissaire Alessandra
28:18l'a dit au procès, que s'il n'y avait pas eu
28:20le pull au verre rouge de Gilles Perrault,
28:22cet enfant aurait quand même
28:24pu grandir plus tranquillement. »
28:26« Quel secours il a eu ce gosse
28:28qui porte finalement sur ses épaules
28:30depuis le premier jour
28:32le poids de la responsabilité.
28:34Il était là,
28:36on a enlevé sa soeur sous ses yeux,
28:38toute sa vie il va porter cette culpabilité.
28:40Et quand on le juge,
28:42des années et des années et des années après,
28:44alors qu'on s'est posé tant de questions
28:46sur Christian Ranucci,
28:48sur lui on s'en pose pas,
28:50alors qu'on s'est mobilisés
28:52pour Christian Ranucci,
28:54on ne se mobilise pas
28:56pour lui.
28:58C'est quand même tout à fait paradoxal. »
29:00L'histoire de Jean-Baptiste Remblat
29:02est terrifiante.
29:04« Je n'ai été toute ma vie
29:06que le fils d'eux, le frère d'eux,
29:08le témoin d'eux », a-t-il rappelé devant ses juges.
29:10Au fardeau de sa responsabilité
29:12s'ajoute une indicible culpabilité.
29:14« Jean-Baptiste Remblat
29:16va vivre non seulement le drame
29:18de n'importe quel enfant,
29:20enfin déjà un drame monstrueux
29:22d'avoir perdu sa soeur,
29:24au fond on a fait de moi
29:26le principal témoin à décharge
29:28du meurtrier de ma soeur. »
29:30« Et ça il n'a pas supporté qu'on se serve de lui
29:32en lui faisant dire des choses fausses
29:34pour innocenter
29:36le meurtrier de sa soeur. »
29:38« On n'a pas voulu comprendre
29:40qu'il était l'otage
29:42de Christian Ranucci,
29:44que Christian Ranucci habite en lui.
29:46On n'a pas voulu le comprendre. »
29:48Un autre démon hante peut-être
29:50Jean-Baptiste Remblat.
29:52C'est cet énigme laissé par Christian Ranucci
29:54qui n'a pu expliquer pourquoi
29:56il a préféré emmener la fillette
29:58plutôt que le petit garçon.
30:00Il va grandir et vivre avec ça,
30:02à côté de l'assiette vide de sa soeur défunte,
30:04dressée chaque jour sur la table
30:06d'E. Remblat.
30:08De l'autre côté du miroir de l'affaire Ranucci,
30:10c'est cette dimension presque dérangeante
30:12de la vie de cette famille qui va soudain
30:14faire irruption dans le prétoire.
30:16« L'affaire Ranucci
30:18est devenue une cause,
30:20quelque chose qui a fait partie de notre histoire nationale.
30:22C'est-à-dire que ce qui est troublant
30:24dans cette affaire-là,
30:26c'est qu'elle est pour nous totalement désincarnée.
30:28Elle est pour nous
30:30l'affaire qui va permettre
30:32finalement le combat,
30:34le dernier combat
30:36pour l'abolition de la peine de mort.
30:38Et c'est ça qu'on va se prendre en pleine figure
30:40au procès. C'est-à-dire que
30:42tout d'un coup, on va s'apercevoir que
30:44tout ce qui a été écrit, tout ce qui a été dit,
30:46il y a au milieu de cette espèce de
30:48tourbillon, une famille qui depuis
30:5032 ans, comme ça, part en vrille.
30:52Eux vivent dans « Christian Ranucci
30:54a tué notre fille ».
30:56Les journalistes, la presse,
30:58on a une part de responsabilité.
31:00Pendant 30 ans,
31:02on a vendu du papier,
31:04on a vendu des titres. Et tout ça
31:06sans beaucoup se préoccuper du
31:08malheur, non seulement
31:10de Mme Maton, mais aussi
31:12de M. Rambla et de l'affaire Rambla.
31:15Pierre Rambla, lui, depuis 30 ans,
31:17subit toujours avec la même violence
31:19le choc des exploitations,
31:21diffusion et rediffusion du
31:23visage de sa fille.
31:26Et d'un coup,
31:28dans la télévision, pof !
31:30Toutes les photos de ma femme-enfant.
31:32Ils prennent
31:34tous les cadres de télévision.
31:36D'un coup,
31:38j'ai pris une malaise et je suis tombé par terre.
31:43Et cette douloureuse situation dans laquelle
31:45la victime s'estime dépossédée de son
31:47statut de victime, c'est très précisément
31:49ce que Jean-Baptiste Rambla fait
31:51revivre à la famille de Corinne Bayle.
31:56Ce qu'il dira tout le long
31:58de cette affaire, c'est
32:00on m'a dépossédé de mon statut de victime.
32:02On nous a jamais considéré comme des victimes.
32:06Et c'est un petit peu ce que
32:08le discours que tient, a tenu
32:10pendant toute l'instruction M. Chalençon.
32:12Il dit, mais moi c'est terrible,
32:14j'ai vécu pendant 8 mois l'enfer
32:16sans comprendre ce qu'a pu devenir
32:18ma femme. Et partout, je n'entends
32:20parler, à travers les médias, la presse,
32:22que de l'affaire Ranucci
32:24et de ce jeune Rambla qui devrait apparaître
32:26aujourd'hui comme une victime.
32:28Cette dilution de l'affaire Rambla dans l'affaire Ranucci,
32:30Christian Chalençon la supporte
32:32moins qu'un autre.
32:34Un élément qui va ajouter au sentiment de frustration
32:36laissé par ce procès.
32:38Il juge l'affaire Rambla,
32:40il juge l'affaire Ranucci encore une fois,
32:42et Corinne,
32:44bon, il la juge,
32:46mais bon, je crois
32:48qu'ils sont passés à côté, à côté.
32:50On a eu,
32:52à l'issue de ces deux procès,
32:54un sentiment d'inachevé,
32:56un goût amer d'inachevé.
32:58Pour Ranucci,
33:00il n'aurait jamais dû être condamné
33:02à mort, et encore moins exécuté,
33:04bien sûr. Et pour
33:06Rambla, eh bien,
33:08on ne sait pas.
33:10On ne sait pas pourquoi il a tué.
33:12Et il n'a pas donné d'explication.
33:14Autre dimension troublante
33:16de cette stratégie de défense utilisée
33:18par Jean-Baptiste Rambla,
33:20un message implicite adressé à Adrien Bell,
33:22le fils de la victime.
33:24Jean-Baptiste Rambla
33:26était dans un... ne se rendait pas compte
33:28que par son histoire,
33:30il s'adressait à un
33:32jeune garçon, aujourd'hui,
33:34dans la douleur d'avoir perdu sa mère,
33:36en lui disant, au fond,
33:38ta vie va être terrible, parce que,
33:40voilà, parce qu'il y a une fatalité
33:42qui a pesé sur mes épaules, et qu'il y a une fatalité
33:44qui va peser sur tes épaules.
33:46Et Adrien, il s'est dit tout de suite,
33:48c'est quelqu'un, alors à ce moment-là,
33:50il a raison.
33:54Il faut arrêter.
33:56Il faut arrêter.
33:58Il faut arrêter cette chaîne
34:00dramatique
34:02d'enfants
34:04qui va de Marie-Dolores,
34:06Ranucci,
34:08Jean-Baptiste Rambla,
34:10et maintenant Adrien,
34:12le fils de Corinne Bell,
34:14et aussi Thomas,
34:16Jean-Baptiste Rambla.

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