Procès des viols de Mazan: "C'est un homme avec un parcours de vie un petit peu cabossé", affirme l'avocate de Dominique P.
Dominique P. est jugé par la cour criminelle départementale du Vaucluse pour avoir drogué sa femme avant de la livrer à des inconnus. 50 hommes de tout âge, de toutes professions, comparaissent à ses côtés.
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00:00Oui, parce que Dominique Pellicot, il a été interpellé en 2020 et ce sont finalement les policiers qui ont appris à son épouse tout ce qu'elle avait enduré pendant une dizaine d'années parce qu'elle ne se souvenait de rien.
00:12Et effectivement, depuis, il a bien sûr été placé en détention à l'isolement. C'est leur première confrontation qui s'est déroulée ce matin ici, dans cette salle d'audience que vous voyez derrière moi.
00:21C'est elle, Gisèle Pellicot, qui est arrivée en premier. Une dame avec des petites lunettes de soleil, entourée de ses trois enfants.
00:29Tous se sont assis dignement sur le banc des partis civils sans dire un mot. Et lui, le mari, Dominique Pellicot, a fait son entrée quelques minutes plus tard.
00:37Un homme de 72 ans également, cheveux blancs, coupé court, t-shirt bleu. Il a longuement cherché son épouse du regard pendant plusieurs minutes et ils vont devoir se faire face pendant ces 4 mois d'audience.
00:48Un mari et la personnalité de ce mari qui va être au cœur de ce procès, à la fois un retraité sans histoire jusqu'en 2020. En tout cas, c'était sa façade.
00:57Et en même temps, un homme, vous le disiez, qui a livré son épouse à des faits atroces pendant une dizaine d'années.
01:03On a demandé à son avocate comment il s'était préparé à ce premier jour d'audience. On l'écoute.
01:09C'est un homme avec un parcours de vie un petit peu cabossé qui, bon an, mal an, a continué à vivre, qui a construit sa famille.
01:19Et puis, à un moment donné, quelque chose s'est passé au moment de la retraite, je suppose, avec des journées beaucoup moins remplies.
01:25Et puis, il y a une enfance qui remonte à la surface. Je pense qu'on est un petit peu dans ce contexte-là.
01:30C'est des hommes qui sont bien sous tout rapport, que tout le monde, tout l'entourage apprécie, qui sont des bons papas, des bons maris, des bons grands-pères parfois.
01:39Et ensuite, les gens sont démunis de voir la prévention qui leur est reprochée et les raisons pour lesquelles ils se retrouvent aujourd'hui à comparaître devant une cour criminelle.
01:47Je pense qu'effectivement, il l'expliquera. Il aura une explication à donner à la cour, tout à fait.
01:53— Mélanie Bertrand, comment se défendent les 50 co-accusés de Dominique Pellicot ?
02:01— Alors certains vont sans doute à la barre minimiser les faits, comme ils l'ont fait devant le juge d'instruction.
02:06D'autres vont peut-être, comme ça a déjà été le cas, remettre la faute sur le mari en disant que c'est lui qui leur a en quelque sorte forcé la main,
02:13qu'il leur avait dit que son épouse était consentante, qu'il participait à un scénario, à un jeu sexuel.
02:18On verra quelle sera leur position pendant ces longs mois d'audience.
02:21Ce que je peux vous dire, c'est que ce qui nous a marqués ce matin, c'est ce défilé des accusés à la barre ou dans le box pendant des dizaines de minutes.
02:29Ces 50 accusés – imaginez bien ce nombre – se sont succédés pour décliner leur identité.
02:36Et il y a vraiment des hommes de tous les milieux, de tous les styles, des hommes âgés de 26 à 73 ans aux professions très variées.
02:43Il y a un chauffeur poids lourd, un électricien, un gardien de prison, un ambulancier.
02:48C'est vraiment ça qui nous a marqués ce matin, 50 accusés, plus le mari, face à une seule et même victime, tous en cours 20 ans de réclusion criminelle.