A tout juste 21 ans, elle irradie le nouveau film de Thierry de Peretti, "A son image", en salles demain. Pour son tout premier rôle au cinéma, Clara Maria Laredo est ce matin l'invitée de Marie Misset.
Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Marie Misset sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00Place aux nouvelles têtes avec vous, Marie Mycée, ce matin votre invitée n'avait pas
00:04prévu d'être actrice et pourtant elle tient le rôle principal dans À son image, le nouveau
00:09film de Thierry de Péretti, Clara Maria Laredo est dans notre studio.
00:16Salut à toi le Yugoslame, salut à toi le Moïse, salut à toi le Salvador, salut à toi le Molotoï, salut à toi le Chinois, salut à toi le Zahiroua, salut à toi l'Espagnol, salut à toi le Ravachol.
00:31Ce titre des beruriers noirs, on l'entend dans À son image, c'est le nouveau film de Thierry de Péretti qui est une adaptation du prix Goncourt Jérôme Ferrari, un écrivain et un réalisateur à haute concentration corse comme vous, Clara Maria Laredo.
00:45Je ne me risquerai pas d'ailleurs à prononcer leur nom aussi bien que vous le faites.
00:49Vous y tenez le rôle principal dans ce film, celui d'Antonia, jeune femme amoureuse, photographe mêlée de près au soubresaut fratricide de la politique corse des années 80 et 90.
01:00Antonia qui pour tromper l'ennui ou pour trouver du sens à son travail part aussi documenter la guerre en Yougoslavie.
01:07Salut à toi le Yougoslave, c'est comme ça qu'on a commencé cet extrait du titre des beruriers noirs qui est aussi celui d'une époque où l'engagement se déclinait en musique et dans les charts.
01:17C'est vous, Clara Maria Laredo, l'engagement c'est ce qui est venu en tout premier.
01:20Vous avez créé votre première association sous le seuil de pauvreté, vous aviez 16 ans, bien avant que vous commenciez ce jeune métier d'actrice qui est si j'en crois la légende qui est en train de s'écrire purement accidentelle.
01:30Alors vous qui vouliez être chirurgienne, femme politique, archéologue, espionne et qui étudiez en ce moment à Bruxelles pour votre bachelor en géopolitique.
01:38Comment ça se fait que vous soyez là ce matin en face de moi pour défendre un film ?
01:42Ecoutez, je ne sais pas, c'était un peu un coup de hasard.
01:47Je travaillais au Parlement européen pour un député qui s'appelle François Alphonse.
01:52Et puis j'ai commencé à écrire pour un journal qui s'appelle A Rich, qui est un journal autonomiste corse.
01:58Et j'ai décidé d'écrire sur le dernier film de Thierry Depéret en cas de scandale d'état.
02:04C'est grave mieux que moi.
02:05Oui, apparemment.
02:06Et puis voilà, je suis allée le voir en salle à Paris puisqu'il n'était pas en salle à Bruxelles.
02:11J'y suis allée avec un ami et trois mois plus tard ou deux mois plus tard, cet ami m'a parlé d'un casting sauvage pour le prochain film de Thierry.
02:19Et il m'a dit, si tu le fais, je le fais. Et il ne l'a pas fait.
02:24C'est l'histoire d'un cap ou pas cap.
02:28Il a retweeté d'ailleurs votre chronique sur son film Thierry Depéret dit, donc il avait peut-être remarqué un petit peu.
02:33Le fait que vous soyez la fille d'un homme engagé politiquement en Corse, qui était le premier élu écologiste et nationaliste,
02:39que vous soyez aussi vous-même profondément engagé, ça a eu une incidence sur le casting ?
02:43C'est des questions qu'on vous a posées ? Ce que vous pensiez de la Corse ?
02:46Ce qu'il fallait faire ?
02:47Les castings qui étaient menés par Julia Lyon étaient surtout, à mon sens, des entretiens quasi sociologiques.
02:53C'était quasiment des enquêtes en fait.
02:55Donc quelque part, on était dans un premier temps interrogés sur notre perception des événements de mars et la mort d'Yvan Cologne.
03:04Et puis sur notre perception du nationalisme, de la politique en Corse, notre rapport à la terre, à la famille.
03:11Et puis de nombreuses choses qui forcément se liaient un petit peu à mon engagement.
03:17Et puis moi, ça m'intéressait en soi.
03:21C'est-à-dire qu'à l'origine, ça part d'un pari.
03:24Mais finalement, ces castings, je les trouvais vraiment intéressants.
03:28Vous vous êtes prise au jeu des questions-réponses et vous vous êtes retrouvée dans un film.
03:31C'est un peu ça.
03:32Dans un autre film de Thierry Depéretti, Une vie violente, qui parle aussi de violences politiques en Corse.
03:37Qui parle aussi d'une génération perdue et de la trajectoire d'un militant en particulier, Stéphane.
03:41Il y avait déjà cette scène super frappante avec quatre femmes qui discutaient de ce que le conflit fait à leur vie.
03:47Dans A son image, Une amie d'Antonia.
03:50Donc vous jouez Yvan beaucoup plus franchement.
03:52Bon et nous, on fait quoi ? On fait quoi ? C'est quoi nos vies ?
03:56On porte le deuil ? On subit ? On fait le café ? On élève seuls vos enfants ?
04:01C'est ça ? Vous croyez que c'est ça dont j'ai envie ?
04:06Ça apporte quoi l'histoire de votre île de décentrer comme ça le récit ?
04:09De le regarder à travers les femmes et même en l'occurrence à travers l'objectif d'une femme ?
04:13Ça c'est deux choses en plus tout à fait différentes mais qui s'entrechoquent.
04:18Déjà de parler des femmes et de donner la parole à une femme à cette époque-là, c'est quelque chose à mon sens de très important.
04:24Ça n'avait pas été véritablement fait jusqu'alors.
04:27Donc c'est quelque chose de bien et puis je pense que c'est bien pour les Corses et pour ceux qui ne le sont pas.
04:32D'entendre justement cette espèce de contre-champ de l'histoire.
04:35Cette partie-là, cette histoire qu'on n'a pas entendue de ce point de vue-là.
04:40Et puis au-delà de ça, oui le film c'est aussi un espèce de female gaze, de male gaze inversé.
04:46Dans le sens où cette scène d'ailleurs avec les berruyers noirs, c'est Antonia, une photographe, qui va objectiver le corps d'un homme.
04:55Oui je me permets, écoutez j'y vais.
05:00Il faut le dire.
05:02Mais voilà, donc il y a quelque chose de très beau.
05:06Et puis je suis filmée par une femme aussi.
05:09Même si c'est un homme qui met en scène.
05:11Donc ça a quelque chose de très nouveau je trouve dans la façon d'observer et de parler d'Antonia qui n'est jamais objectivée elle pour le coup.
05:20Et qui n'est que sujet.
05:21La première fois que vous avez pris la parole pour vous défendre, pour vous imposer, je crois que c'était à 6 ans, face à votre instinct, face à votre mère.
05:27Vous vous rappelez de la sensation que ça a été ça ?
05:29Oui, j'étais hyper stressée et puis je trouvais ça génial.
05:32J'avais l'impression d'avoir un auditoire fou.
05:36Alors qu'il y avait deux personnes, c'était quelque chose de fou.
05:39Vous parcouriez la classe en faisant des grands gestes.
05:42Je sais pas, c'était comme une révélation quelque part.
05:48Pour moi-même.
05:49D'ailleurs vous vous engagez aujourd'hui pour les femmes migrantes, pour les demandeurs d'asile au sein de votre association.
05:53Sous le seuil de pauvreté créée très jeune.
05:55Vous aviez déjà cette préoccupation forte d'agir.
05:58Ça me donne envie de vous poser cette question qui irrigue un peu tout le film.
06:01Et qui est même franchement posée à un moment.
06:03Alors, en politique, vous pensez que ça sert à rien d'être radical ?
06:09Je pense qu'il y a des façons bien plus efficaces de faire avancer les choses.
06:15Alors, Clara-Maria Laredo, qu'est-ce que vous en pensez ?
06:19Ça sert à rien d'être radical en politique ?
06:22Je pense que je répondrai la suite de cette réplique de Simon qui est « Rien ne justifie la mort d'un homme ».
06:29La vie d'Antonia que vous incarnez, ça donne l'impression d'une vie qui tarde à commencer, qui tarde à prendre du sens.
06:35Elle va jusqu'en zone de guerre pour trouver ce sens.
06:37Ça marche pas tellement.
06:38Est-ce que c'est quelque chose qui vous préoccupe à 21 ans de donner du sens tout de suite ?
06:42Je pense qu'il faut donner du sens.
06:44Et puis le film traite d'engagement aussi.
06:46Et l'engagement c'est donner du sens.
06:47Donc oui, bien sûr, ça me préoccupe.
06:49Je pense que ça préoccupe beaucoup de gens de donner du sens.
06:51Et on donne du sens à bien des endroits.
06:53Pas tous de la même façon.
06:54On peut en donner en politique, en termes militants, et puis dans l'art.
06:58Parce que moi je me disais que vous deviez aimer le chaos et le néant.
07:00Parce que quand on vous a demandé de choisir un rire qui vous représente, vous avez choisi ça.
07:06Le rire de Voldemort.
07:07C'est le rire de Voldemort, le grand méchant dont on ne doit pas prononcer le nom dans Harry Potter.
07:11Qu'est-ce qui s'est passé, Clara-Maria Laredo ?
07:13Je ne sais pas.
07:14On m'a demandé à quel rire, si j'étais un rire, lequel je serais.
07:18Le seul qui m'est venu, c'est celui de Voldemort.
07:20J'adore Harry Potter.
07:21Ce n'est pas celui-là qui est sorti, Charline.
07:24Je ne sais pas faire le rire de Bernard Cazeneuve, Nancy.
07:27Vous êtes arrivée au cinéma un peu par hasard.
07:29Par providence, on choisira le mot qu'on veut.
07:31Vous comptez continuer d'être actrice ?
07:33Ou vous envisagez ça comme une façon de s'exprimer parmi d'autres ?
07:36Non, j'aime beaucoup ça.
07:38J'ai vraiment beaucoup aimé jouer.
07:40Donc oui, j'aimerais beaucoup.
07:42On espère vous retrouver bientôt.
07:44Mais avant ça, il faut aller voir à son image dans laquelle vous jouez, Clara-Maria Laredo.
07:48C'est le nouveau film de Thierry Deperetti qui sera demain en salle.
07:51Merci beaucoup d'être venu ce matin.
07:53Merci à vous, Marie-Mie.
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