• il y a 3 mois
Avec Olivier Barbarin, maire du Portel (Pas-de-Calais), dont la plage est sans cesse ciblée par les passeurs

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-09-04##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:037h12 déjà, deux disparus, plusieurs blessés et douze morts.
00:09Le canot a fait naufrage au large du Cap Grinet, dans la Manche, hier en fin de matinée.
00:15A bord, plus de 70 personnes.
00:18Des bateaux de pêcheurs, des hélicoptères, des pompiers, de la marine,
00:21des navires militaires se sont portés au secours des naufragés.
00:25Avec nous, Olivier Barbarin, maire du Portel, dans le Pas-de-Calais.
00:29Bonjour Olivier Barbarin.
00:31Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:32Merci d'être avec nous.
00:33Ces migrants, partis vers la Grande-Bretagne, vers l'Angleterre,
00:41ont quitté les côtes françaises, près du Portel, c'est cela ?
00:46Oui, c'est bien cela. Hier matin, au petit matin, en prenant des risques inconsidérés,
00:51parce que, bien entendu, la mer, je ne vais pas dire qu'elle était déchimée,
00:54mais elle était tout sauf calme.
00:55Mais je comprends ces migrants qui, après avoir traversé des milliers et des milliers de kilomètres,
01:00voient, à partir de nos plages, les côtes anglaises.
01:03Et moi, j'en veux énormément à tous ces passeurs qui leur font prendre des risques inconsidérés,
01:07des passeurs que je traite de salopards, de meurtriers,
01:10parce qu'ils sont à 80, à l'intérieur d'une embarcation qui doit pouvoir contenir 25 ou 30 personnes,
01:16et qui, bien entendu, il y arrive souvent des accidents,
01:19et on s'aperçoit qu'on va avoir, cette année encore, une année très très meurtrière.
01:23– Oui, 37 morts depuis le mois de janvier.
01:25Olivier Barbarin, vous disiez, ils s'entassent.
01:29Là, hier, c'était sur un bateau de 7, 8 mètres, pas plus.
01:34– Oui, c'est ça, ils étaient trois par mètre carré.
01:36Donc vous imaginez, avec des femmes, bien entendu, qu'il faut mettre en plein milieu pour essayer de les sécuriser.
01:41Mais quand le bateau, à un moment, bien entendu, s'est cassé,
01:45les femmes ont été prises dans un certain étau, et ce sont elles qui sont décédées,
01:48puisque je rappelle que parmi ces 12 victimes, il y a 10 femmes et 6 mineurs.
01:53Donc c'est un drame vraiment catastrophique pour cette région du Boulogne,
01:58et nous, les maires du littoral, on n'est pas prêts à tout cela,
02:02parce qu'on voit que ces passeurs, aujourd'hui, essayent de partir de nos plages,
02:04parfois bondés, dès l'après-midi, avec 70 ou 80 personnes à l'intérieur,
02:09qui arrivent, qui courent sur nos plages, devant des enfants,
02:11qui sont parfois effarés devant un tel spectacle.
02:14– Oui, Olivier Barbarin, ces passeurs sont identifiés ?
02:17– Oui, certains sont identifiés, mais pas tous, puisque vous imaginez,
02:21les forces de l'ordre, au nombre de 1 700, entre la frontière belge et la côte Picarde,
02:26travaillent 24 heures sur 24, et donc il y a des passeurs qui viennent,
02:29bien entendu, qui ne sont pas là sous Boulogne,
02:30mais qui essayent de trouver de nouveaux endroits pour passer.
02:34Et donc, il y a des passages quasiment au quotidien,
02:37beaucoup de passages avortés, de par la présence des forces de l'ordre,
02:41mais certains réussissent, heureusement, à arriver en Angleterre,
02:44parce que quand je vois le bateau partir, je peux vous assurer,
02:46moi qui suis un humaniste, j'espère qu'il va aller au bout,
02:49parce que je suis toujours peiné quand je suis appelé, bien sûr, par le 6, par les forces de l'ordre.
02:56– Olivier Barbarin, vous les voyez partir, ces bateaux, pour traverser la Manche ?
03:00– Bien sûr qu'on en voit, parce qu'on est appelés, nous les maires,
03:02à quelque soit l'heure du jour et de la nuit, et donc parfois on les voit,
03:05mais parfois il est trop tard, quand les gens sont dans l'eau,
03:08c'est très très difficile pour les forces de l'ordre de les faire revenir à la raison,
03:13et donc on a parfois des bateaux qui sont vraiment avec parfois une centaine de personnes sur un bateau
03:19qui doit pouvoir contenir 30 personnes, donc on voit des scènes d'horreur se multiplier.
03:23– Oui, comment faire ? – Et ce, maintenant depuis plusieurs années.
03:25– Oui, comment faire ? Comment faire pour empêcher que ces bateaux ne quittent le rivage ?
03:30Surveiller les plages, toutes les plages, tout le littoral, 24h sur 24, sans cesse, paraît impossible.
03:38– C'est complètement impossible, moi je ne veux pas que nos plages,
03:40qui sont aujourd'hui extraordinaires, on ait des fils barbelés un peu partout,
03:44on ne doit pas avoir un bunker, on doit avoir cette partie sauvage qui fait le charme de la France,
03:48mais moi je ne suis qu'un modeste maire, moi j'appelle bien entendu les gouvernements,
03:52les gouvernements bien sûr des pays européens, à se remettre autour de la table de discussion avec l'Angleterre,
03:58parce que ce traité du Touquet qu'il y a maintenant près de 4 décennies doit être caduque,
04:02donc à nous à essayer maintenant, aux pays européens,
04:06à se retrouver dans une discussion avec les Anglais pour trouver des solutions,
04:10c'est ce que je leur demande et c'est ce que demandent tous les maires du littoral.
04:14– Oui, que dit Gérald Darmanin qui était hier soir sur place,
04:17ces gens veulent partir en Grande-Bretagne et ce ne sont pas les dizaines de millions d'euros
04:22que nous négocions chaque année avec nos amis britanniques,
04:25et qui ne paient qu'un tiers de ce que nous dépensons nous,
04:28qui feront cesser les départs clandestins.
04:30– Il a raison, il a raison, vous l'imaginez bien,
04:33quand on voit toutes ces personnes qui vivent souvent dans des conditions très précaires,
04:38dans des tentes sur le calaisie, n'ont qu'une envie,
04:40ce n'est pas de rester en France, ils ont envie d'aller en Angleterre,
04:43où il y a déjà leur famille, où ils maîtrisent souvent la langue,
04:46et donc pour eux aujourd'hui c'est un peu leur Eldorado,
04:48pour gagner parfois quelques centaines d'euros uniquement,
04:50parce qu'on sait très bien que là-bas il y a du travail pour tous ceux qui n'ont pas de papier,
04:55donc je pense qu'il y a une législation à revoir, il y a des conditions à revoir,
04:59mais bien sûr ça nous dépasse, nous, les modestes élus locaux.
05:02– Oui, d'où venaient les naufragés d'hier ?
05:05– C'était des érythréens pour la plupart,
05:07donc je crois que sur les 12 décès il doit y avoir 10 érythréens,
05:11et donc on s'aperçoit que de plus en plus,
05:13on a ce pays qui subit bien entendu beaucoup de problématiques qui arrivent ici sur nos côtes,
05:19et malheureusement ce sont des femmes en plus qui en payent.
05:22– Et combien ont-ils payé pour passer, pour traverser la Manche ?
05:26– Personne ne sait, ça va parfois entre plusieurs centaines d'euros,
05:29parfois plusieurs milliers d'euros,
05:31et parfois ils font ça bien entendu plusieurs fois dans le mois,
05:35parce que souvent ce n'est pas la première tentative qu'ils n'arrivent à arriver sur les côtes anglaises,
05:39donc bien entendu c'est un coût important pour toutes ces populations,
05:42mais qui ont fui la misère, qui ont fui la guerre,
05:44et qui veulent à tout prix rejoindre les côtes anglaises.
05:47– Merci Olivier Barbarin, merci.
05:49– Merci Joël Bourdin, bonne journée.
05:50– Merci beaucoup, maire du Portel, bonne journée.
05:52Maire du Portel dans le Pas-de-Calais, ça vous fait réagir ?
05:55Ce n'est pas compliqué 0826 300 300.
05:58Il est 7h18, Sud Radio.

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