Le "8.30 franceinfo" de Marylise Léon

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Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, estime qu'il "est urgent plus que jamais d'avoir déjà un Premier ministre". Elle répond aux questions de Salhia Brakhlia et de Jérôme Chapuis.

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00:00Bonjour Marie-Lyselay, bonjour, on va évidemment parler avec vous de la situation politique actuelle et ses conséquences sur les urgences sociales et économiques.
00:11Mais d'abord, au milieu de ce brouillard, un homme a trouvé son chemin, celui de la présidentielle, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe s'est déclaré candidat pour 2027.
00:20Quelle est votre réaction ?
00:22Ma réaction c'est que les problématiques des travailleurs et des travailleuses que je représente, elle n'est pas à échange de 2027, elle est tout de suite là maintenant.
00:28La question c'est septembre 2024, il est urgent plus que jamais d'avoir déjà un Premier ministre et de pouvoir mener les réformes pour répondre aux attentes sociales.
00:37On parle beaucoup d'économie, on parle beaucoup de budget, moi aujourd'hui, ce matin, je veux vous parler de ce qui intéresse les gens au quotidien, de façon concrète, sur leur lieu de travail.
00:46Il joue sa carte politique, moi je suis syndicaliste, qu'il annonce se présenter aujourd'hui, ça mérite d'être clair.
00:54Je pense que le timing il n'est pas neutre dans le fait qu'on est dans l'attente d'avoir un Premier ministre, peut-être que c'est aussi un homme politique qui se dit que son tour viendra avant 2027.
01:07Mais aujourd'hui, vous évoquez un brouillard et moi quand je parle avec des travailleurs et des travailleuses, des salariés que je vais rencontrer,
01:14un, ils me disent, nous on a pris nos responsabilités, on est allé voter, on attend que les politiques prennent leurs responsabilités, arrêtent de se regarder le nombril et de ne parler que d'appareils politiques et de candidatures.
01:24Est-ce que vous trouvez cette démarche indécente ?
01:26Non, il joue sa carte, je pense que ça n'est pas facilitant pour comprendre ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
01:36Et je pense que ça ne répond pas aux attentes des travailleurs et des travailleuses qui aujourd'hui nous disent, on veut être respecté au travail, on veut vivre dignement de notre travail, on veut être reconnu dans notre travail.
01:46Donc il y a une véritable urgence sociale, il y a besoin d'avoir des réformes, besoin de prendre des mesures, il y a besoin que les employeurs prennent leurs responsabilités.
01:54Il y a des accords qui ont été signés, je pense par exemple à l'hospitalisation privée.
01:58Depuis 2023, les personnes qui travaillent dans ces secteurs attendent des revalorisations, les employeurs ne respectent pas leurs engagements.
02:05J'ai fait quelques visites d'entreprise, quand on est peintre en bâtiment, qu'on a le dos en compote et qu'on n'arrive pas à se projeter et de se dire quel va être mon déroulement de carrière, comment on répond concrètement à ces questions ?
02:16Et tout ça donc un gouvernement démissionnaire, puisque c'est le cas depuis 50 jours aujourd'hui, ne peut pas régler ces problèmes.
02:22Non, c'est stand-by, tout est congelé, tout le monde nous dit qu'on attend. Donc affaires courantes, c'est extrêmement léger.
02:29C'est qui tout le monde vous dit qu'on attend ? Par exemple, quelle est votre relation là aujourd'hui avec les ministres démissionnaires ?
02:32Aucun, on n'a pas de relation. On n'a pas de relation, les affaires courantes c'est vraiment le minimum du minimum.
02:39Et ce qui est attendu aujourd'hui, par exemple, on a un gouvernement qui a souhaité mener une conférence sociale en octobre 2023.
02:47Aujourd'hui c'est point mort. On avait eu des engagements sur l'égalité salariale entre les hommes et les femmes.
02:52La question elle est autant posée aujourd'hui en septembre 2024 qu'en octobre 2023.
02:57Mais vous ne leur parlez pas parce qu'ils ne veulent pas vous parler ?
03:01Parce qu'ils nous disent qu'ils ne sont pas en capacité de répondre à nos attentes aujourd'hui.
03:05Donc c'est urgent qu'il y ait un nouveau Premier ministre ou une nouvelle Première ministre.
03:09Moi les questions de casting, c'est pas mon sujet. Je veux quelqu'un qui soit nommé, quel que soit le profil politique, société civile.
03:16C'est pas le rôle d'un syndicat d'expliquer comment le Président de la République doit procéder pour nommer un Premier ministre.
03:23C'est de son ressort et il n'y aura pas de Premier ministre CFDT. Il y aura un Premier ministre vers lequel la CFDT...
03:29Il y a eu une tentative quand même puisque la proposition a été faite à Laurent Berger qui était votre prédécesseur.
03:33Qui n'est plus secrétaire général de la CFDT.
03:35Oui c'était votre prédécesseur, il a décliné.
03:37Il a décliné, c'est son droit, c'est une décision personnelle, ça le regarde.
03:41La France Insoumise, elle réclame toujours la nomination de Lucie Casté.
03:45Vous dites, je veux que quelqu'un soit nommé de droite ou de gauche. Vous n'avez pas de préférence ?
03:53Moi j'ai ma préférence personnelle mais ça n'intéresse personne. Je suis secrétaire général de la CFDT.
03:58Je fais du syndicalisme, pas de la politique.
04:01Donc la CFDT peut travailler avec un Premier ministre de droite aussi ?
04:04La CFDT, elle est engagée en politique dans le sens de, on est intéressé à la vie de la cité.
04:09On contribue à notre niveau, à l'intérêt général.
04:13Mais la question des castings, des partis, c'est pas mon sujet.
04:16Et c'est pour cette raison que vous n'appelez pas à manifester le 7 octobre, le 7 septembre ?
04:21Le 7 septembre, c'est une initiative d'un parti politique.
04:23Les choses ont toujours été extrêmement claires.
04:25Les organisations syndicales ne sont pas les courroies de transmission des partis politiques.
04:30Donc il n'y aura pas la savine.
04:32Mais quand même, Marilyse Léon, vous dites, ça commence à ressembler à un manque de respect des citoyens.
04:37Ça prend du temps, on a dit 50 jours.
04:39Ça prend trop de temps. Je suis absolument d'accord.
04:41Et j'insiste sur le fait qu'on a l'impression d'avoir des responsables politiques qui ont la mémoire courte,
04:46qui donnent l'impression que tout le monde a oublié qu'on a eu le Front National et le Rassemblement National aux portes du pouvoir.
04:54Moi, je n'oublie pas.
04:56J'ai engagé ma responsabilité de secrétaire générale de la CFDT dans la lutte contre l'extrême droite.
05:00Dans la lutte contre les idées d'extrême droite.
05:02Les citoyens ont voté massivement en disant, on fait front républicain.
05:06On est contre le repli sur soi.
05:08On est contre la stigmatisation.
05:10On est pour vivre ensemble d'une façon que les politiques doivent pouvoir nous proposer.
05:17Vous pointez les responsables politiques.
05:19Vous mettez tout le monde dans le même sac ?
05:21Ou Emmanuel Macron a une responsabilité éminente ?
05:24Il a une responsabilité première qui est la nomination d'un Premier ministre.
05:28Et c'est urgent aujourd'hui.
05:29Il est extrêmement urgent de répondre aux urgences sociales.
05:32Lui, il dit, je ne peux pas nommer un Premier ministre qui va se faire censurer demain.
05:35Donc est-ce que là-dedans, vous mettez en responsabilité les partis politiques ?
05:39Je ne dis pas que la tâche est facile.
05:42Je pointe que c'est lui qui a décidé de la dissolution.
05:45Et c'est lui qui doit assumer les résultats de l'élection.
05:47Et qu'en appelant à voter massivement, on a notamment les jeunes,
05:51qu'on a beaucoup stigmatisé ces derniers temps en expliquant qu'ils cassaient, ils salissaient,
05:56ils ne respectaient pas l'autorité, etc.
05:58Les jeunes se sont déplacés pour aller voter.
06:01Moi, j'en croise beaucoup qui me disent, Marie-Elise, c'était sympa, tu m'as demandé d'aller voter.
06:04Pourquoi ? Qu'est-ce que ça produit comme résultat ?
06:07Donc il y a de la déception.
06:09Donc il y a une urgence sociale.
06:11Il y a des attentes des citoyens.
06:12Chacun doit prendre ses responsabilités.
06:14Pardon, je vous repose la question, mais justement, chacun doit prendre ses responsabilités.
06:16Qu'est-ce que vous entendez par là ?
06:17Ça veut dire que pour vous, des partis politiques qui ne s'entendent sur rien ou presque aujourd'hui
06:22doivent quand même collaborer au sein d'un même gouvernement ?
06:25Qui a la majorité absolue ? Personne.
06:28Donc les choses, elles vont se jouer aujourd'hui au Parlement.
06:30Ça veut dire qu'il faut réussir à faire en sorte que des partis s'entendent
06:34ou des groupes politiques s'entendent pour pouvoir faire passer des textes.
06:37Soit ils jouent le blocage, soit ils jouent le fait de dialoguer, d'avoir des vrais compromis.
06:44Aujourd'hui, qu'est-ce que l'on voit ?
06:46Vous les appelez, vous, les partis politiques ? Vous les appelez les chefs ?
06:48Oui, j'ai les responsables de partis, j'ai les responsables de groupes.
06:52Mais vous leur dites quoi ?
06:54Mais chacun son rôle.
06:55Mais vous leur mettez un peu près la cantinière syndicale des partis politiques.
06:58Je leur dis, moi, mon rôle, je suis la voix et les travailleurs qui votent pour la CFDT,
07:05ils font confiance à la CFDT pour qu'on porte leurs attentes.
07:08Non mais par exemple, il y a certaines attentes de la CFDT qui peuvent figurer,
07:12par exemple, dans le programme du nouveau Front populaire.
07:16Et d'autres partis politiques ?
07:18Non mais ça veut dire que quand, par exemple, Jean-Luc Mélenchon dit
07:21notre programme, rien que ce programme,
07:23pour vous, est-ce que vous dites, comme d'autres responsables socialistes par exemple,
07:27on ne peut pas tout appliquer ?
07:29Moi, je parle en syndicaliste.
07:31Quand je décide d'une ouverture et d'avoir la construction d'un compromis,
07:36je ne commence pas par bâtir des murs en disant, c'est toutes mes propositions, rien que mes propositions.
07:42Moi, je suis une pratiquante du dialogue social, de la négociation.
07:47C'est mon quotidien, c'est la marque de fabrique de mon organisation syndicale.
07:50Et donc, je n'ai pas de leçons à donner à qui que ce soit.
07:53Ça nous renvoie juste au sujet précédent, parce que vous disiez dans le casting,
07:56c'est mon problème, on parlait de Laurent Berger, qui était lui aussi responsable syndical jusqu'à il y a peu,
08:01et à qui on a donc proposé ce poste de Premier ministre.
08:04Un pro de la politique, il réussirait mieux ou moins bien que quelqu'un issu de la société civile,
08:10du monde syndical par exemple ?
08:12Il y a deux choses. Tout dépend de son profil et de son expérience.
08:15Et tout dépend de la façon dont il voit sa responsabilité aujourd'hui.
08:19Sa responsabilité, c'est de savoir qu'il y a un changement de méthode qui est nécessaire,
08:24qu'on ne peut pas continuer avec des responsables politiques qui font semblant de nous écouter et qui déroulent quoi qu'il arrive.
08:29Ça a été le cas, je prends l'exemple des retraites.
08:32On a eu de cesse pendant des mois d'expliquer qu'il fallait une concertation,
08:35qu'il fallait commencer par parler des seniors.
08:37Et on nous dit, ça sera 64 ans ou rien.
08:39On voit ce que ça a donné. 14 journées de mobilisation.
08:42Et c'est là que je réinsiste.
08:45Moi, je me souviens de ce que m'ont dit les salariés à ce moment-là.
08:48On veut être respecté au travail.
08:50On veut que notre dignité soit préservée.
08:53Qu'elle soit physique ou morale.
08:55On veut être reconnu dans notre travail.
08:57Donc c'est ça que je continue de porter.
08:59Marie-Eliséon, la question de la réforme des retraites est au cœur des négociations
09:02entre Emmanuel Macron et les différents partis pour choisir un Premier ministre.
09:05C'est la ligne rouge pour Emmanuel Macron.
09:08La gauche, le RN, veulent l'abrogation de la réforme.
09:13Vous, vous dites quoi à la CFDT ?
09:15Moi, je dis que ces 64 ans, ça a été non.
09:17C'était non pendant tout le conflit.
09:20C'est toujours non.
09:21Je n'ai pas besoin de référendum pour savoir si les Français seraient prêts à accepter 64 ans.
09:25Donc le Premier ministre qui arrive doit abroger la réforme des retraites.
09:28Il doit abroger la question de l'âge légal.
09:30C'est ce qu'il y a de plus injuste dans une réforme des retraites.
09:34C'est de bouger le curseur.
09:36Et de faire reposer des enjeux de solidarité et de justice sociale
09:40sur ceux qui n'ont pas la possibilité de travailler jusqu'à 64 ans.
09:44Il y a un article très bien fait de France Info TV
09:48qui explique l'impact et la brutalité de la mise en oeuvre de la retraite.
09:52Il y a des témoignages flagrants,
09:54Nathalie, Jean-Marc, Magazinier et Carriz,
09:56qui disent que cette réforme a bouleversé leur vie.
09:58Et aujourd'hui, je ne sais pas plus, maintenant qu'il y a un an,
10:02comment je vais pouvoir aller jusqu'à 64 ans.
10:05Mais vous entendez quand même, Marie-Elise Léon,
10:08les proches d'Emmanuel Macron, comme François Bayrou,
10:11qui se disent prêts à réécrire en partie la réforme des retraites,
10:14sans toucher aux 64 ans.
10:16Parce qu'il faut garder l'équilibre financier,
10:18sans toucher la durée de cotisation.
10:21Vous n'êtes pas prête à discuter ?
10:23Les 64 ans, c'est la ligne rouge.
10:26C'est l'élément central d'une réforme profondément injuste.
10:31Donc s'il n'y a pas de bouger sur les 64 ans,
10:34ce n'est même pas la peine d'en parler.
10:36Si je dis ça, c'est qu'il y a la question des 64 ans.
10:39La CFDT a deux objectifs, toujours dans une réforme.
10:43Garantir des éléments de justice sociale.
10:46Et nous, la réforme que l'on voulait, c'était celle de 2019.
10:50Une réforme avec un régime universel.
10:52Et on est extrêmement responsables.
10:54Nous avons conscience qu'il y a un enjeu de pérennité financière
10:58du régime des retraites, comme de l'assurance chômage.
11:01On pourra en parler aussi, parce que ça concerne aussi directement les gens.
11:06Donc sur cette base-là, ouvrons les concertations.
11:09Mais arrêtez de grandir des totems en expliquant,
11:12si je discute, c'est à ces conditions.
11:14Ce n'est pas comme ça que ça marche.
11:16Marie-Lise Léon, début octobre, il y a 850 000 personnes
11:19qui ont des petites retraites et qui vont toucher en moyenne 600 euros
11:22pour les 12 derniers mois, ensuite 50 euros par mois.
11:25Et ça, c'est le résultat de la réforme des retraites de l'an dernier.
11:30Si elle était abrogée, qu'est-ce qui se passe ?
11:35Je vous parle d'abrogation des 64 ans,
11:37c'est-à-dire qu'il y a des éléments dans la réforme qui étaient positifs,
11:40mais largement insuffisants au regard des efforts qui étaient demandés
11:44à ceux qui devaient travailler deux ans de plus
11:47ou qui avaient prévu de partir et qui n'avaient pas du tout
11:50le niveau de pension de retraite attendu.
11:53La question qui est posée aujourd'hui, c'est de dire
11:58est-ce que c'est juste qu'une auxiliaire de vie qui a le dos bloqué
12:03et qui ne peut plus travailler, qui doit continuer pendant deux ans de plus,
12:07c'est à elle de payer la revalorisation de ses petites pensions ?
12:11Mais si on agit davantage sur la pénibilité,
12:13je te dis François Bayrou, il y a la pénibilité, on peut travailler dessus.
12:16Mais oui, mais ça fait 20 ans qu'on nous dit qu'on va travailler dessus.
12:21Ça date de 2003.
12:23Et là, les employeurs doivent prendre leurs responsabilités
12:26parce qu'ils ne peuvent pas expliquer qu'il faut une réforme des retraites,
12:30mais qu'en ce qui concerne les seniors ou la prise en compte de la pénibilité,
12:33c'est circulé, il n'y a rien à voir.
12:35Marie-Elise Léon, la secrétaire générale de la CFDD, est avec nous jusqu'à 9h sur France Info.
12:39On laisse passer le Fil Info, il est 8h45. Maureen Fignard.
12:43L'avocat des deux rugbymen français accusés de viol
12:46estime avoir gagné la bataille juridique.
12:48Il faut maintenant gagner la bataille médiatique,
12:50dit Antoine Vey sur France Info.
12:52Hugo Auradou et Oscar Gégou, les deux joueurs du 15 de France,
12:55ont quitté l'Argentine pour rentrer en France.
12:57Ils restent tout de même mis en examen.
12:59Il est urgent d'avoir un Premier ministre pour répondre aux attentes sociales.
13:03Presse Marie-Elise Léon sur France Info.
13:05La secrétaire générale de la CFDD estime que tout est mis en attente
13:08avec un gouvernement démissionnaire.
13:10Emmanuel Macron n'a toujours pas de nouveau gouvernement
13:13près de deux mois après les élections législatives.
13:16Le bilan humain s'aggrave.
13:18À Lviv, sept morts, dont trois enfants, dans cette ville ukrainienne proche de la Pologne.
13:22Une frappe russe la nuit dernière.
13:24Hier, c'est la ville de Poltava qui a été touchée.
13:27Un institut militaire a été partiellement détruit.
13:2951 personnes tuées et 271 blessées.
13:32Par ailleurs, on apprend à l'instant que le chef de la diplomatie ukrainienne démissionne.
13:37Des pluies très abondantes, de la grêle et des bourrasques ce soir.
13:41Le Var et les Alpes-Maritimes sont placés en vigilance orange par Météo France.
13:51Le 8.30, France Info, Jérôme Chapuis, Salia Braklia.
13:55Et Marie-Lise Léon, la secrétaire générale de la CFDT.
13:58On parlait de l'urgence 50 jours après la démission du gouvernement de Gabriel Attal.
14:01Elle est toujours en l'absence d'un nouveau Premier ministre.
14:04Et parmi les urgences, il y a évidemment la construction de ce budget 2025.
14:08Dans un contexte économique très difficile, avec un déficit qui se creuse encore,
14:11même avec 30 milliards d'économies l'année prochaine,
14:14le déficit public stagnerait.
14:17Il faudrait faire 100 milliards d'économies en quatre ans.
14:19C'est une note du Trésor qui a été rendue publique hier soir.
14:22Il faut donc se préparer, Marie-Lise Léon, à l'austérité ?
14:25Je ne suis pas sûre que ce soit la seule solution.
14:28C'est ce que propose le gouvernement actuel qui nous dit que,
14:31d'un point de vue budgétaire, il faut régler un certain nombre de sujets.
14:34Ce n'est pas qu'une question comptable ni de tableur Excel.
14:37Quand on fait un budget, le budget, par principe,
14:40c'est la concrétisation financière d'un projet pour la société, pour la France.
14:45Mais à un moment, quand il manque 30 milliards, il manque 30 milliards.
14:47Il manque 30 milliards, mais est-ce que la question est uniquement du côté des dépenses
14:51ou est-ce qu'on ne peut pas regarder aussi du côté des recettes ?
14:53C'est un enjeu éminemment important.
14:56C'est extrêmement important pour ça qu'on ait un Premier ministre
14:59et que les débats puissent être lancés au 1er octobre,
15:03au moment de l'ouverture des discussions, en tout cas des débats à l'Assemblée nationale.
15:08C'est un enjeu de société, c'est un enjeu démocratique.
15:11C'est extrêmement important que, pour l'avenir,
15:14ce ne soit pas le gouvernement actuel qui décide de tout.
15:17Et moi, je redis, comme je l'ai dit il y a plusieurs mois,
15:20il faut une conférence des finances publiques
15:23qui intègre le fait qu'on puisse balayer à la fois les dépenses et les recettes.
15:28Vous parlez des recettes ?
15:29Oui.
15:30Vous parlez des recettes, est-ce que ça veut dire que le prochain gouvernement
15:35va devoir augmenter les recettes fiscales ?
15:38Est-ce qu'il va falloir augmenter les impôts ?
15:39Pour moi, les impôts, ce n'est pas un gros mot.
15:43Le consentement à l'impôt, c'est consentir à contribuer,
15:46chacun en fonction de ses moyens, à faire vivre nos services publics,
15:50l'action publique et tout ce qu'on fait société.
15:53Donc c'est quelque chose d'extrêmement important
15:55pour le ciment de notre République et de notre démocratie.
15:59La question aujourd'hui, c'est des recettes qui pourraient être cherchées
16:04auprès de ceux qui le peuvent le plus.
16:07Il y a un sujet dont on ne parle plus du tout et qui m'inquiète beaucoup,
16:10c'est la question de la transition écologique juste.
16:13La transformation écologique, elle est devant nous.
16:15Le changement climatique, il ne s'est pas arrêté.
16:17Il y a des économies qui sont prévues, en tout cas, dans le pré-projet.
16:22Dans le projet de société, dans l'avenir, dans la façon de se projeter,
16:25il faut absolument pouvoir intégrer ces enjeux de transition écologique.
16:29Là, vous parlez d'avenir marginal, sauf que c'est maintenant,
16:31on parle d'une urgence, il y a 30 milliards d'économies à faire.
16:33Je ne veux pas être condamnée au court terme.
16:35Ce n'est pas possible d'avoir...
16:37C'est la réalité.
16:39Ça fait 50 ans que la France n'a pas de budget équilibré.
16:42C'est le choix des partis politiques et des responsables politiques
16:45de nous dire qu'on regarde au jour le jour, tous les matins,
16:47on se réveille et vous êtes condamnée à savoir
16:49si on va avoir un premier ministre ou une nouvelle première ministre.
16:52Je ne veux pas fonctionner comme ça.
16:54Pour vous, à la CFDT, la rigueur budgétaire, les 3 %, ça compte ou pas ?
16:58Oui, ça compte.
17:003 % ou un autre montant, ok.
17:02La question, c'est la responsabilité dans les équilibres budgétaires.
17:07Moi, ma responsabilité, c'est que les efforts ne soient pas
17:10toujours demandés aux mêmes, aux plus précaires.
17:13Et si aujourd'hui, on a toujours en suspens une réforme de l'assurance chômage,
17:16c'est bien qu'on veut aller faire les poches des chômeurs
17:18pour payer d'autres choses.
17:20Et ça, c'est profondément injuste.
17:22Moi, je dis qu'il faut une conférence des finances publiques
17:24qui permettent de tout mettre à plat
17:26et de pouvoir nous exprimer.
17:28On n'est pas décideurs.
17:30Ce n'est pas la CFDT qui va faire le budget 2025.
17:32J'essaie de traduire ce que vous dites là.
17:34Clairement, l'augmentation des impôts pour certains,
17:37ce n'est pas un tabou.
17:38Ce n'est pas un tabou.
17:39Revoir les questions de progressivité,
17:41voir la taxation des patrimoines, les impôts de succession.
17:43Nous, on est prêts à ouvrir tous ces sujets-là.
17:45Vous parliez du projet de l'assurance chômage
17:49qui prévoyait de resserrer les conditions d'indemnisation.
17:53La dissolution a empêché ce projet.
17:57Qu'est-ce que vous attendez du nouveau gouvernement sur ce sujet ?
18:01Il ne faut pas que la réforme telle qu'elle a été présentée par Gabriel Attal
18:04entre en vigueur.
18:06Elle est extrêmement dure.
18:08C'est énormément d'économies sur le dos des chômeurs.
18:10Mais le décret prend fin le 31 octobre.
18:12Il y a un accord signé par les trois organisations syndicales
18:15et les organisations patronales
18:17qui date de novembre 2023
18:19qui prévoit, on prend nos responsabilités,
18:21on prévoit des modifications de règles
18:23et on prévoit notamment un sujet qui est extrêmement important
18:26pour la CFDT, c'est les conditions d'entrée dans le régime.
18:28Aujourd'hui, c'est six mois.
18:30Nous, on dit que ça doit être cinq mois,
18:32notamment pour que les jeunes puissent bénéficier
18:34de cette assurance chômage.
18:36On travaille cinq mois pour avoir le droit ensuite de bénéficier.
18:38C'était quatre mois.
18:40Le gouvernement souhaite passer à six mois.
18:42C'est six mois déjà aujourd'hui.
18:44On dit que ça ne doit pas être six mois.
18:46Il y a des avancées dans cet accord.
18:50Il est suspendu parce qu'on n'a pas réussi à conclure.
18:53Le patronat n'a pas pris ses responsabilités.
18:55Il n'y a pas eu d'accord.
18:57Il y a un accord qui existe.
19:01On peut reprendre les discussions avec le patronat
19:04sur l'emploi des seniors
19:06et on peut aller au bout de cette réforme.
19:09C'est une réforme que nous porterons
19:11parce qu'elle est juste socialement.
19:13Le SMIC a 1600 euros promis,
19:15proposés par le nouveau Front populaire.
19:17Vous y avez cru ?
19:19Pour vous, c'était possible ?
19:21Ce n'est pas une revendication de la CFDT.
19:24Il faut une revalorisation du SMIC
19:26parce que force est de constater
19:28qu'aujourd'hui, avec 1400 euros,
19:30on ne vit pas dignement de son travail.
19:32Il y a une augmentation des dépenses contraintes
19:34de logements, de transports,
19:36des problématiques de garde d'enfants
19:38qui font que le reste à vivre
19:40est amenuisé,
19:42les dépenses alimentaires également.
19:44Il faut une revalorisation du SMIC.
19:46Moi, ce que je dis aujourd'hui,
19:48c'est qu'il faut surtout faire en sorte
19:50qu'on n'ait pas une majorité de Français
19:52qui soient au SMIC.
19:54Là aussi, la responsabilité des employeurs
19:56est extrêmement importante.
19:58Passer sa vie au SMIC,
20:00ce n'est pas possible.
20:02Le SMIC, c'est un salaire d'entrée dans la vie active
20:04quand on n'a pas de qualification.
20:06Et il y a un sujet sur les effets de seuil.
20:08Depuis 20 ans, on n'a jamais eu autant
20:10de personnes au SMIC.
20:12Il y a un tassement.
20:14Moi, ce que je dis, il faut que les employeurs
20:16jouent le jeu des déroulements de carrière,
20:18des évolutions de carrière
20:20et qu'il y ait des négociations
20:22dans les branches professionnelles.
20:24Vous entendez ce qu'ils disent ?
20:26Les augmentations leur coûtent beaucoup trop cher
20:28en termes de charges.
20:30Parce qu'ils sont totalement addicts,
20:32biberonnés à des exonérations de cotisations
20:34et à des aides publiques.
20:36C'est un vrai sujet qu'il faudrait qu'on puisse regarder
20:38dans la conférence des finances publiques
20:40avec une remise à plat.
20:42Aujourd'hui, il y a un poste de dépense
20:44de l'État en aides directes
20:46et des moindres recettes
20:48Mais ces exonérations, c'est aussi
20:50un levier des politiques publiques
20:52pour inciter les employeurs à recruter
20:54telle ou telle catégorie selon les besoins.
20:56Est-ce que c'est suffisant ? Je ne pense pas.
20:58Aujourd'hui, la responsabilité des employeurs
21:00c'est d'embaucher, mais c'est aussi de permettre
21:02à des salariés d'avoir des perspectives
21:04de carrière. Et ça, c'est valable pour l'État
21:06employeur aussi. Je vous rappelle que
21:08dans les fonctions publiques, il doit y avoir
21:10des discussions sur les évolutions de carrière,
21:12les parcours professionnels,
21:14sur la formation professionnelle.
21:16C'est tout ce qui est autour des enjeux
21:18de qualité de l'emploi. Et aujourd'hui,
21:20je pense qu'il faut changer de logiciel,
21:22arrêter de se dire qu'on bénéficie d'aide
21:24et qu'on déploie une politique sociale low cost.
21:26Il faut aujourd'hui travailler
21:28sur la qualité de l'emploi, ce qui va
21:30tout à fait avec les attentes de reconnaissance.
21:32Là encore, c'est une histoire de comptabilité.
21:34Les chefs d'entreprise disent
21:36« Ok, moi j'ai un salarié qui est au SMIC,
21:38si je me le mets à l'augmenter
21:40et lui donner 2000 euros, ça va me coûter
21:42trois fois plus cher, en fait.
21:44C'est juste impossible.
21:46Pensez au TPE, au PME.
21:48Est-ce que la solution ne passe pas par
21:50une régularisation,
21:52que ce soit beaucoup plus simple
21:54dans les exonérations sociales ?
21:56Qu'on regarde la simplicité,
21:58le fait qu'il n'y ait pas d'effet de seuil,
22:00moi je suis tout à fait ouverte.
22:02C'est un sujet qu'on a posé en octobre 2023
22:04au moment de la conférence sociale.
22:06La première ministre de l'époque, Elisabeth Borne,
22:08a reconnu, c'est extrêmement
22:10important, qu'il y avait, oui,
22:12un employeur pauvre en France.
22:14On est un an après, rien n'a bougé.
22:16On parle des solutions.
22:18Vous n'êtes pas, on est bien d'accord, pour supprimer
22:20les exonérations.
22:22L'idée c'est de les lisser ?
22:24C'est de les conditionner peut-être un peu plus
22:26à des critères de qualité d'emploi
22:28et qu'à un moment, les employeurs
22:30assument que le travail,
22:32c'est à eux de le payer.
22:34Et ce n'est pas forcément de toujours compter sur des aides aux entreprises.
22:36Ils vous diront qu'ils payent déjà beaucoup, notamment
22:38sur les charges patronales.
22:40Marie-Eliséon, vous avez prévu
22:42de vous retrouver prochainement
22:44avec les autres syndicats pour évoquer
22:46la lutte contre le racisme et l'antisémitisme
22:48sur les lieux de travail.
22:50C'est parce que la situation s'est aggravée ?
22:52La situation s'est aggravée
22:54et j'ai été très frappée
22:56par une libération de la parole sur les lieux de travail.
22:58C'est pour ça que je
23:00pointe le fait que
23:02la question de la lutte contre les idées d'extrême-droite
23:04ce n'est pas qu'un sujet politique, c'est aussi
23:06un sujet syndical parce que ces questions-là
23:08elles s'invitent sur les lieux de travail.
23:10On a une libération des paroles racistes.
23:12J'ai eu beaucoup de délégués syndicaux qui m'ont
23:14dit avoir été effarées
23:16d'entendre des salariés parler d'autres salariés
23:18qui, par leur couleur de peau,
23:20les menaçaient de dire
23:22au deuxième tour, tu verras quand ce sera Jordan Banela,
23:24tu devras faire tes valises.
23:26Des propos extrêmement violents
23:28et je pense qu'il y a un travail à faire
23:30sur les lieux de travail, sur le fait que
23:32le racisme et l'antisémitisme,
23:34ce n'est pas une opinion, c'est un délit.
23:36C'est déjà un délit, alors qu'est-ce qu'on peut faire
23:38de plus sur les lieux de travail à part le signaler à la police ?
23:40Il faut le signaler,
23:42nous on a notre part aussi
23:44sur les lieux de travail de pouvoir
23:46ouvrir des espaces de discussion,
23:48de pouvoir avoir des... alors la question
23:50ne va pas être de discuter racistes
23:52ou pas racistes, la question c'est aussi de dire
23:54ces enjeux-là, ils s'invitent
23:56sur les lieux de travail et c'est aussi
23:58je pense qu'on a besoin de travailler
24:00syndicats,
24:02représentants du personnel
24:04et DRH
24:06responsables
24:08du personnel
24:10de pouvoir se dire comment on traite ces questions,
24:12on voit qu'il y a une
24:14libération de la parole,
24:16comment on fait en sorte
24:18de prévenir ces situations,
24:20comment on permet aux victimes
24:22de se sentir
24:24libres de s'exprimer
24:26et de pouvoir être défendus, c'est extrêmement
24:28important. Et ce rendez-vous il est quand ?
24:30On a un rendez-vous en visio
24:32le 9 septembre, lundi prochain
24:34donc on va
24:36faire un point de situation
24:38parce qu'on continue de se parler,
24:40on n'est pas d'accord sur tout, on ne fait pas tout ensemble
24:42il y a des choses qu'il faut qu'on mène
24:44ensemble et je pense que c'est important pour les travailleurs.
24:46Marie-Lise Léon, secrétaire générale
24:48de la CFDT, merci d'avoir été avec nous
24:50ce matin sur France Info. Je vous laisse en compagnie
24:52de Saliha Braklia, le programme des informés
24:54dans 5 minutes. On en a parlé,
24:56les macronistes ont fait d'elle une ligne rouge
24:58mais le prochain Premier Ministre
25:00pourra-t-il quand même revenir sur la réforme
25:02des retraites ? Elle rassemble du monde
25:04contre elle, on l'a vu, les syndicats, la gauche
25:06comme le RN. On en parle dans un instant
25:08avec Renaud Dely et ses informés. A tout de suite
25:10sur France Info.

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