• il y a 3 mois
Transcription
00:00:00Bonsoir tout le monde, on est en direct avec Tom Benoît et Philippe Béchade.
00:00:05En 48 heures, la situation a considérablement évolué,
00:00:08puis ça valait le coup d'en faire un petit résumé en matière de vulgarisation,
00:00:13à savoir toujours formé et informé, parce que de ce qu'il apparaît pour l'instant,
00:00:18vous avez eu un rendez-vous de la FED, une réunion de la FED très rapidement,
00:00:21une réunion de la Bank of Japan aussi rapide,
00:00:23et pour l'instant, de ce qu'il en ressort, c'est une sorte de côter sur une jambe de bois,
00:00:28c'est-à-dire qu'essentiellement, les yens carry trades, dont on va vous réexpliquer de quoi il s'agit,
00:00:33ont repris de plus belle.
00:00:35La Bank of Japan n'a pas annoncé qu'elle allait maintenir une politique de taux élevé,
00:00:40ce qu'on appelle donc une politique hawkish ou fauconnière,
00:00:43et donc en fait, tout redevient comme avant,
00:00:47c'est-à-dire que la finance a cette curieuse attitude de demander des réformes structurelles au pays et au peuple,
00:00:54que ce soit la retraite à 70 ans ou d'autres choses,
00:00:57mais par contre, elle ne se réforme jamais elle-même,
00:01:02et quand elle fait d'énormes conneries comme les dérivés de crédit en 2008,
00:01:08ou comme le LIBOR, ou comme aujourd'hui les yens carry trades,
00:01:12et bien systématiquement, elle remet ça.
00:01:15Alors, Tom Benoît et Philippe Béchade, merci beaucoup d'être avec nous ce soir.
00:01:19Avec plaisir, et bonsoir à tous.
00:01:22Bonsoir à tous.
00:01:23Philippe, qui est un de nos experts attitrés pour la chaîne,
00:01:27et qui a d'ailleurs commis une excellente masterclass chez Scanderia,
00:01:30avait vu venir dans cette masterclass la crise des carry trades,
00:01:34dont tu nous disais à l'époque que c'était le gros machin qui nous pendait à la truffe,
00:01:39et que ça faisait à peu près 40 ans que ça durait.
00:01:41Alors là, comme ça, qu'est-ce que tu peux nous en dire ?
00:01:43Donc déjà, comment ça fonctionne ?
00:01:45Et puis surtout, pourquoi on a l'impression qu'ils sont en train de revenir exactement au statu quo hanté en 48 heures ?
00:01:53Parce que les enjeux sont trop énormes.
00:01:55Alors, on parle là non plus de 3 000 ou 4 000 milliards comme pour les subprimes,
00:02:01là on parle de stratégies qui portent sur 20 000 milliards de dollars.
00:02:08Comme tu disais, le carry trade date d'il y a une quarantaine d'années,
00:02:13puisque c'est à partir de 1993-1994 que les Japonais adoptent,
00:02:17un, la politique des taux zéro,
00:02:19deux, monétisent leurs dettes.
00:02:22Et comme ils n'ont plus de rendement chez eux,
00:02:24eh bien, avec cet argent gratuit en fait,
00:02:27ils empruntent pour aller l'investir, notamment aux États-Unis sur les T-bombs.
00:02:33C'est pour ça que le Japon est resté très longtemps un des plus gros détenteurs de T-bombs américains,
00:02:37puisque ça payait en fait la retraite des Japonais.
00:02:40Puisqu'il n'y avait pas de rendement sur les placements obligataires,
00:02:44ils allaient donc investir aux États-Unis en Europe.
00:02:48En fait, le yent carry trade, c'est la corne d'abondance de la finance globale depuis 40 ans également,
00:02:57parce qu'on n'a jamais trouvé de l'argent aussi peu cher qu'au Japon dès le milieu des années 90.
00:03:04Et à l'époque, il y avait un fonds américain géré par deux prix Nobel,
00:03:10Merton Scholes et M. Stokes,
00:03:13et qui avait très très bien vu la combine.
00:03:14Un truc qui gagne à tous les coups,
00:03:16emprunter à zéro, emprunter du Yen, donc emprunter en Yen,
00:03:21puis vendre ce Yen à découvert pour acheter des actifs dans d'autres devises,
00:03:25et notamment des T-bombs américains que j'ai déjà cités.
00:03:29Mais comme ça ne leur suffisait pas et qu'ils étaient prix Nobel,
00:03:32ils avaient décidé de mettre en place des stratégies qui rapportaient beaucoup mieux que 5 ou 6%.
00:03:40Ils sont allés chercher des émissions obligataires thaïlandaises, indonésiennes,
00:03:47et surtout à l'époque, des emprunts russes qui rapportaient du 8, 9, 10%.
00:03:55Et puis le jour où les emprunts russes ont commencé à dégringoler
00:03:59et où les devises des pays d'Asie du Sud-Est,
00:04:02notamment la Thaïlande et la Ménésie, ont commencé à dégringoler,
00:04:06ça gagnait à tous les coups et d'un seul coup ils se retrouvaient avec des positions très lourdement perdantes.
00:04:14La Russie donc faisait faillite et d'un coup il fallait qu'ils fassent face aux pertes
00:04:20qu'ils subissaient sur les emprunts russes et les autres actifs,
00:04:24mais également qu'ils remboursent d'un coup les Yens qu'ils avaient empruntés.
00:04:28Or comme l'anticipation était que la banque centrale japonaise ne remonterait jamais ses taux,
00:04:33le Yen allait continuer de chuter éternellement.
00:04:36On gagnait donc sur les deux tableaux.
00:04:38On empruntait en Yen, mettons par exemple à 150,
00:04:41pour citer une parité qui est à peu près celle qu'on a en moyenne depuis un mois,
00:04:45et ils étaient à peu près sûrs dans 6 mois, 9 mois,
00:04:49de rembourser du Yen qui aurait perdu 3, 4%, voire 10%, voire 40% comme c'est le cas par exemple depuis 2016.
00:05:00Extraordinaire, on gagnait à tous les coups sur les deux tableaux.
00:05:05Alors je vais laisser la parole très rapidement pour que vous complétiez,
00:05:09mais les principaux usagers du carry trade ce sont d'abord effectivement les japonais,
00:05:14c'est pourquoi ça a pété chez eux et qu'on s'est retrouvé avec moins 18 sur le Nikkei en 48h,
00:05:19moins 20 sur le Top X, c'est eux les principaux usagers.
00:05:25Rappelons le contexte, au début c'était le plus gros krach depuis 87,
00:05:29maintenant c'est officiellement le plus gros krach du Nikkei depuis que la cotation existe,
00:05:33et pourtant, est-ce qu'on a l'impression, rapidement avant de donner la parole à Tom Benoit,
00:05:37est-ce qu'on a l'impression que c'est le plus gros krach de l'histoire japonaise qui vient d'arriver là ?
00:05:42C'est ça aussi le truc étrange.
00:05:45En termes de valeur détruite, oui c'est de loin le plus gros krach,
00:05:48c'est le plus gros krach certes en pourcentage, moins 18, c'est pire qu'octobre 87,
00:05:54mais depuis les sommes mises en jeu, comme j'évoquais, c'est 20 000 milliards,
00:06:01là on est sur des pertes fantastiques.
00:06:04Pour Wall Street, c'est moins 7 000 milliards en 72 heures,
00:06:11pour le Japon c'est juste énorme.
00:06:14Mais les seuls qui vont vraiment manger la feuille de match,
00:06:19ce sont ceux qui avaient les positions avec les effets de levier les plus forts,
00:06:24en vente à découvert, de yens.
00:06:26Il y en a beaucoup pour qui ce krach sera en fait une opportunité d'achat.
00:06:31Mais pour tous ceux qui...
00:06:32Tu penses qu'il va y avoir des short squeeze comme beaucoup de gens le disent,
00:06:34parce que c'est une question qui revient très souvent, en particulier sur X,
00:06:37où comme tu le sais on a beaucoup d'investisseurs activistes,
00:06:40je pense à Wall Street Silver, Wall Street Bet, comme sur Reddit,
00:06:45qui attendent depuis des années les fameux grands short squeeze.
00:06:50Là tu penses qu'il va y avoir des short squeeze,
00:06:52pas forcément comme celui de Volkswagen en 2007,
00:06:54on rappelle rapidement ce que c'est qu'un short squeeze,
00:06:56quand vous avez beaucoup de gens qui sont short conspéculés à la baisse,
00:06:58et qui se retrouvent sans liquidité,
00:07:01ils sont obligés de bazarder leur position à la baisse,
00:07:03et donc ils rachètent comme des malades,
00:07:05et ça fait grimper le prix de certaines actions, un short squeeze.
00:07:08C'est tellement aujourd'hui en tendance sur X,
00:07:11que j'aimerais juste avoir très rapidement ton avis,
00:07:13est-ce que certains short squeeze vont arriver ?
00:07:16Sans forcément dire évidemment sur quelles actions,
00:07:18mais est-ce que tu penses que c'est quelque chose qui a déjà eu lieu,
00:07:21ou qui va arriver dans les prochains jours ?
00:07:23C'est bien sûr que c'est arrivé,
00:07:24et l'effondrement du Nikkei prouve que des gens ont vendu à tout prix,
00:07:30des actifs qu'ils ne pouvaient plus porter,
00:07:32parce qu'ils avaient tellement de pertes,
00:07:35tellement d'appels de marge sur leur short yen,
00:07:37qu'ils étaient obligés de tout vendre,
00:07:38y compris d'ailleurs, on l'a vu, ça a même fait chuter les mines d'or,
00:07:42ça fait chuter le bitcoin, etc.
00:07:45Ce short squeeze s'est traduit aussi, on l'a vu à Wall Street,
00:07:51par une envolée du VIX sans précédent,
00:07:54puisqu'on est passé de 16 à 62 en 48 heures,
00:07:59alors on avait vu plus que 62 en 2008,
00:08:02mais on n'avait pas fait 16-62 en 3 jours.
00:08:06Là, ça a été la rapidité du débouclement des positions,
00:08:11je le répète, des débouclements forcés et dans les pires conditions,
00:08:16et à tout prix, pour racheter notamment les poutes,
00:08:22puisqu'on y reviendra tout à l'heure,
00:08:24parce que c'est très important aussi comme mécanisme,
00:08:25il faut savoir que les institutionnels aux Etats-Unis
00:08:27sont vendeurs systématiques des calls et des poutes,
00:08:30on va dire qu'en gros, ils vendent le straddle,
00:08:33c'est-à-dire qu'ils parient sur une relative stabilité des cours
00:08:37sur les 3 prochains mois,
00:08:39en espérant par exemple que la volatilité ne dépassera pas 5%
00:08:43à la hausse ou à la baisse sur les indices US.
00:08:45Et tant que ça reste dans cette banque de fluctuation,
00:08:48quand on vend les calls et les poutes,
00:08:49à la limite, on est gagnant sur les deux tableaux,
00:08:51puisque généralement, on encaisse les deux.
00:08:53Ça ne monte pas assez pour qu'on soit obligé de racheter ses calls,
00:08:57et ça monte suffisamment pour que les poutes expirent à zéro.
00:09:00Et là, vous avez évidemment beaucoup de positions de vente systématiques
00:09:04ou systémiques sur les poutes
00:09:06qui se sont rachetées face, d'un seul coup,
00:09:09à des vagues de ventes venues du Japon.
00:09:13Car il faut bien le préciser,
00:09:15ce sont aussi des opérateurs japonais
00:09:17qui ont été obligés de liquider à Wall Street.
00:09:19— Oui, c'est ça, exactement.
00:09:20Alors, Tom Benoît, quelle est ton opinion là-dessus ?
00:09:24— Alors, tout ce qu'a dit Philippe est exact.
00:09:26Il faut rappeler une chose,
00:09:27c'est que tout le monde ne peut pas faire du carry trade,
00:09:29premièrement, ça, c'est le premier point.
00:09:31Et qu'on ne peut pas le faire dans toutes les devises.
00:09:32Ça, c'est un peu comme créer Facebook ou Wikipédia,
00:09:35où on peut être un jeune étudiant, avoir une idée,
00:09:38se dire, je crée en registre des faces,
00:09:41on appelle ça Facebook,
00:09:42mais faut-il avoir la possibilité technique et politique de le déployer ?
00:09:46Sur le carry trade, c'est un peu la même chose,
00:09:48c'est quelque chose qui est réservé à des fonds d'investissement
00:09:52et pas à des particuliers.
00:09:53Et si vous êtes un particulier
00:09:55et que vous essayez de convertir,
00:09:57je ne sais pas, 10 millions de yens en dollars,
00:10:01Philippe le sait peut-être mieux que moi techniquement,
00:10:04mais vous allez rencontrer quelques contraintes,
00:10:07ça ne va pas se faire très facilement.
00:10:09Et effectivement, c'est quelque chose qui est réservé aux yens,
00:10:12aux dollars, à l'euro, aux francs suisses,
00:10:15mais à quelques monnaies.
00:10:16Et comme ça, les gros profiteurs de yens carry trade, c'est qui ?
00:10:21C'est Goldman, c'est JP Morgan Chase, c'est la Deutsche Bank ?
00:10:25Oui, c'est la Deutsche Bank, ce sont des groupes bancaires américains
00:10:30et des fonds, mais il y a beaucoup d'opacité à ce niveau-là,
00:10:32parce que comme je le disais précédemment,
00:10:34en réalité, ça devrait être fondamentalement interdit.
00:10:37Le carry trade, c'est tout seul.
00:10:39Au moins ouvert, au minimum, les journaux devraient en parler.
00:10:42Par exemple, personne n'a aujourd'hui informé en France
00:10:45des positions éventuelles,
00:10:47même après une enquête, parce que c'est censé être confidentiel,
00:10:49tu l'as rappelé,
00:10:50mais normalement, un bon journaliste, il aurait essayé de nous dire
00:10:53dans quelle mesure la SOGEN ou BNP Paribas
00:10:58avait des encours, des engagements sur du carry trade.
00:11:04Voilà, parce que si tu regardes, il y avait un papier des échos,
00:11:06j'ai fait une émission sur une chaîne qui s'appelle Offre,
00:11:09que vous connaissez peut-être assez récemment,
00:11:10sur le shadow banking,
00:11:12donc ce qu'on appelle la finance non bancaire.
00:11:14Auparavant, on appelait ça le shadow banking,
00:11:16et au départ, la finance criminelle.
00:11:18Shadow banking, c'est la finance de l'ombre.
00:11:21Et finalement, on avait fait mise un petit peu de l'ombre,
00:11:23on appelle ça maintenant intermédiation non bancaire.
00:11:26Parce que si on appelle finance criminelle
00:11:29une finance qui représente la moitié de la finance mondiale,
00:11:32des actifs financiers mondiaux,
00:11:34le babelès, ça commence à faire mal,
00:11:36parce que le shadow banking aujourd'hui,
00:11:38c'est 48% de la totalité des actifs mondiaux.
00:11:43C'est-à-dire que des actifs financiers,
00:11:45mondiaux, pas des actifs immobiliers,
00:11:46c'est-à-dire que sur toute la finance,
00:11:48donc dans le monde de la finance mondiale,
00:11:50vous avez 48% d'actifs financiers,
00:11:53donc toute la finance qui proviennent d'une finance de l'ombre.
00:11:56La finance de l'ombre, elle a une typicité,
00:11:58c'est qu'elle n'est pas régulée,
00:12:00elle passe au travers des régulations.
00:12:02C'est-à-dire que si vous êtes une banque...
00:12:04Les cryptos, je veux vraiment souligner ça,
00:12:05à chaque fois qu'il y a un krach,
00:12:06on nous reparle des cryptos
00:12:08qui pourtant là, en l'occurrence,
00:12:11bâtissent du Yen carry trade
00:12:13parce que beaucoup ont emprunté en Yen
00:12:15pour investir dans les cryptos.
00:12:16Mais à chaque fois, on nous reparle de la régulation,
00:12:19on a CZ de Binance
00:12:23qui a failli faire, qui va faire de la prison d'ailleurs
00:12:25dans un plea deal aux Etats-Unis.
00:12:27Et ça, on est d'accord que ce dont tu nous parles,
00:12:30c'est foissant en termes de volume
00:12:33par rapport à tout le monde.
00:12:35Surtout que c'est plus que foissant,
00:12:36c'est-à-dire que la crypto, pour le moment,
00:12:38je ne connais pas d'État qui se finance
00:12:40avec de la crypto ou qui place...
00:12:42Il n'y a pas de fonds souverains en crypto, si tu veux.
00:12:44Il n'y a pas de Norvège qui dise
00:12:46bon, on va tout placer en Bitcoin,
00:12:48on a beaucoup d'argent, on le place en Bitcoin.
00:12:50Par contre, il y a beaucoup d'États,
00:12:52notamment européens,
00:12:53qui se financent via des fonds
00:12:55qui sont des fonds qui travaillent étroitement
00:12:58et dont l'argent provient essentiellement
00:13:00de cette finance non bancaire.
00:13:02Deuxième point, pourtant, par rapport
00:13:04au Carry Trade et au Yen Carry Trade,
00:13:06parce qu'on pourrait se dire finalement,
00:13:08il y a beaucoup de monnaies peuples qui ne valent rien.
00:13:10On pourrait s'endetter en Libye.
00:13:12Je parle de la Libye parce que je connais un peu
00:13:14la situation pour une affaire professionnelle et personnelle.
00:13:17Je vais faire une affaire d'import-export en Libye
00:13:19qui a été modifiée,
00:13:23dont on a modifié le pays d'acquisition
00:13:27des matières premières qui devaient être exportées
00:13:29parce que si vous vous retrouvez
00:13:31avec de la devise libyenne,
00:13:33vous ne pouvez plus en sortir.
00:13:35Vous n'allez pas sortir votre devise libyenne en dollars.
00:13:37Vous n'allez pas sur le forex, sur le marché des changes
00:13:39en disant voilà,
00:13:41j'ai la possibilité de récupérer
00:13:43tant de millions de dollars,
00:13:45je vais les récupérer. Vous ne pouvez pas.
00:13:47Idem pour la devise marocaine par exemple
00:13:49ou pour la devise algérienne
00:13:51ou au Nigeria, pour la plupart des pays d'Afrique.
00:13:53Donc vous avez pour ces pays
00:13:55beaucoup de marchés noirs.
00:13:57Pour le Japon, ce n'est pas le cas.
00:13:59Vous pouvez théoriquement, et même en pratique,
00:14:01si vous êtes un fonds d'investissement
00:14:03professionnel,
00:14:05convertir votre devise.
00:14:07Alors que si vous êtes dans les pays que je viens de citer,
00:14:09la seule possibilité si vous avez de la devise,
00:14:11c'est soit de sortir du liquide,
00:14:13soit d'aller sur le marché noir,
00:14:15soit d'acheter des matières premières,
00:14:17de les exporter dans un pays qui a une autre devise,
00:14:19par exemple en euro,
00:14:21dans Libye, vous envoyez
00:14:23de la matière première en Europe, vous la revendez
00:14:25en Europe et vous récupérez de l'euro.
00:14:27C'est une porte de sortie. Pour le Yen, ce n'est pas le cas.
00:14:29Vous avez une interconnection entre
00:14:31le Japon et tout le système
00:14:33occidental puisque c'est un pays occidental
00:14:35mais surtout toute la finance occidentale
00:14:37et les banques centrales occidentales.
00:14:39Voilà pourquoi quand on parle des grandes banques centrales
00:14:41du monde, on parle
00:14:43de la fédérale réserve qui est
00:14:45la patronne du système,
00:14:47la banque centrale européenne qui représente
00:14:49beaucoup aujourd'hui et qui est un suppôt
00:14:51de la fédérale réserve
00:14:53parce qu'il y a une notoriété aujourd'hui
00:14:55que ce n'est pas seulement Christine Lagarde,
00:14:57mais ça s'est accru depuis l'ère Draghi,
00:14:59les présidents de la banque centrale européenne
00:15:01prennent leurs ordres,
00:15:03c'est beaucoup dire, mais leurs informations, leurs directives
00:15:05à la fédérale réserve et puis après
00:15:07vous avez la banque d'Angleterre
00:15:09et la banque du Japon. La banque de Chine, c'est très différent.
00:15:11Ce n'est pas la même chose, ce n'est pas le même
00:15:13mode opératoire. La bourge chinoise d'ailleurs...
00:15:15Juste, explique-nous
00:15:17pourquoi les BRICS ne semblent
00:15:19avoir quasiment pas pâti
00:15:21du krach des yen
00:15:23carry trade ? Ou alors, Philippe, je te vois froncer
00:15:25les sourcils, ils en ont pâti en fait
00:15:27selon toi, alors
00:15:29qu'est-ce que les BRICS ?
00:15:31Ce qu'il faut rappeler, c'est que le système
00:15:33boursier, premièrement, c'est un système occidental
00:15:35et américain. 66%,
00:15:37si mes souvenirs sont bons, des capitalisations
00:15:39mondiales sont logées aux Etats-Unis.
00:15:41La capitalisation
00:15:43des valeurs indiennes,
00:15:45ça doit être, je ne sais pas, 5%
00:15:47ou 10% à peu près. Même les valeurs
00:15:49européennes, c'est 10% environ.
00:15:51Donc les pays du BRICS sont beaucoup moins
00:15:53enclins et jusqu'à présent,
00:15:55les Chinois, il y a une raison
00:15:57assez précise, c'est que les Chinois sont à peine
00:15:59en train de se mettre à la mode américaine
00:16:01au niveau de la bourse, parce qu'ils veulent
00:16:03profiter de la bourse comme d'un levier, ce qu'ils n'avaient
00:16:05pas fait jusqu'à présent. Ils étaient très
00:16:07dictatoriaux vis-à-vis même des grosses sociétés.
00:16:09On s'en est aperçu avec Alibaba et d'autres sociétés.
00:16:11Et là, ça fait à peine
00:16:13quelques mois, quelques années qu'ils ont changé
00:16:15de politique et qu'ils se mettent un petit peu à la mode américaine.
00:16:17Mais la bourse chinoise n'est pas
00:16:19suffisamment et les bourses des BRICS pas suffisamment
00:16:21institutionnalisées à l'américaine
00:16:23pour qu'il y ait ces répercussions. Idem, en termes
00:16:25de devises, en Inde, on a
00:16:27une roupie qui n'a rien à voir avec
00:16:29les monnaies Yen, Euro et Dollar.
00:16:31On a une monnaie qui est difficilement
00:16:33convertible, qui n'est pas du tout dans
00:16:35les mêmes critères et des bourses qui ne sont pas du tout dans
00:16:37les mêmes critères que les bourses occidentales.
00:16:39Voilà pourquoi...
00:16:41Je veux que tu nous expliques
00:16:43dans quelle mesure tu penses qu'on a
00:16:45mis un coter sur une jambe de bois.
00:16:47Et dans quelle mesure tu penses qu'on est
00:16:49entièrement revenu au statu quo ante
00:16:51alors que des gens devraient être
00:16:53au minimum audités, au maximum en prison
00:16:55un peu comme pour la crise des subprimes.
00:16:57Philippe,
00:16:59est-ce que les 5R
00:17:01Roupy, Rand, Renminbi,
00:17:03Rouble et Real
00:17:05ont-ils moins
00:17:07subi cette crise des
00:17:09Yen carry trade ?
00:17:11Oui ou non ? Et dans les deux cas, pourquoi ?
00:17:13Alors,
00:17:15il y a une raison
00:17:17qu'on a déjà évoquée qui est que
00:17:19la fluidité est presque
00:17:21parfaite avec ce qu'on appelle les monnaies de
00:17:23réserve. Donc Dollar, Euro,
00:17:25Livre et franc suisse
00:17:27accessoirement.
00:17:29Il y a une question de profondeur de marché.
00:17:31Je vous parlais d'un encours de 20 000 milliards.
00:17:33La grosse erreur de
00:17:35LTCM en 1996-1998,
00:17:37c'était de supposer
00:17:39que la profondeur de marché
00:17:41et notamment de la paire Yen-Dollar
00:17:43était infinie. C'est-à-dire que si d'un seul coup,
00:17:45on commence à avoir des problèmes...
00:17:47Reprends-nous cette crise, s'il te plaît, la crise LTCM.
00:17:49Si tu peux nous expliquer, parce qu'en effet,
00:17:51elle est parfaitement évocatoire et prophétique
00:17:53par rapport à l'actuel. Alors si tu peux nous la revulgariser
00:17:55et nous l'expliquer en détail.
00:17:57Bien.
00:17:59Le mécanisme du Yen carry trade
00:18:01emprunté en Yen
00:18:03à zéro, placé sur des actifs qui rapportent
00:18:05un peu plus. Et puis, on est de plus en plus gourmand.
00:18:07On ne se contente plus des 6-7% que rapportaient à l'époque
00:18:09les types anglais-américains
00:18:11ou les 5,5-6% que rapportaient
00:18:13les bounes d'Allemands.
00:18:15Et on se dit d'un seul coup, tiens,
00:18:17il y a peut-être un truc à faire sur, par exemple,
00:18:19les emprunts brésiliens.
00:18:21Peut-être qu'ils rapportent 8-9%.
00:18:23Et les emprunts russes, on est à
00:18:2510-11%.
00:18:27C'est parfait. Et en plus de ça,
00:18:29on sait se couvrir. Nous, on est des prix Nobel.
00:18:31On a des modèles
00:18:33qui fonctionnent très, très bien.
00:18:35Donc, si jamais on a un problème
00:18:37sur l'emprunt russe,
00:18:39on s'arbitrera
00:18:41très vite. On reviendra sur des actifs
00:18:43plus sûrs comme les tibondes.
00:18:45Le problème, c'est qu'il y a eu à la fois
00:18:47les emprunts russes et puis il y a eu
00:18:49la chute du bas thaïlandais,
00:18:53de la monnaie malaisienne, etc.
00:18:55Donc, il y a eu une tempête parfaite. Et il a fallu
00:18:57se déboucler. Et ce qu'il n'avait pas prévu,
00:18:59c'est qu'à un moment, il n'y aurait pas la profondeur de marché
00:19:01pour racheter des positions
00:19:03vendues en yène.
00:19:05Et la profondeur du marché n'était pas
00:19:07du tout infinie. Alors que les modèles, eux,
00:19:09s'inspiraient des mouvements sur les devises
00:19:11observées sur les 15 dernières années.
00:19:13Et il n'y avait jamais eu de décalage
00:19:15de 3-4%
00:19:17sur le yène en 24 heures.
00:19:19Et encore moins 10%
00:19:21en 48 heures.
00:19:23En fait, les couvertures fonctionnent
00:19:25tant qu'on est sur des niveaux de
00:19:27volatilité relativement gérables.
00:19:29C'est-à-dire que si le yène perd
00:19:312-3% dans la semaine, c'est déjà une secousse,
00:19:33mais ça se gère.
00:19:35Quand le yène reprend 4%
00:19:37en 24 heures, 8%
00:19:39en 72 heures, et vient
00:19:41de reprendre 12% en même
00:19:43pas un mois, là,
00:19:45les modèles ne fonctionnent pas. Et d'abord,
00:19:47parce qu'il n'y avait pas d'antériorité. Ou alors si,
00:19:49il fallait remonter à LTCM en 98,
00:19:51où le yène a connu des volatilités
00:19:53de 10% en quelques
00:19:55heures. Et là, on s'est retrouvé dans
00:19:57le même cas de figure. C'est-à-dire que
00:19:59le décalage du yène était beaucoup trop
00:20:01rapide, et plus il décalait
00:20:03vite, plus il fallait solder
00:20:05les positions, parce que les appels de marge, eux,
00:20:07ils sont calculés en temps réel, et il
00:20:09fallait déboucler, déboucler. Et plus le yène
00:20:11remontait face au dollar, plus il
00:20:13fallait solder ces positions
00:20:15qui généraient des pertes immenses.
00:20:17Alors, on va se dire, tiens,
00:20:19la Banque Centrale du Japon décide de monter
00:20:21les taux de 25 points. Mais c'est
00:20:23epsilon. Mais
00:20:25le problème, c'est que 25 points, quand vous avez
00:20:27un levier 40 ou 50,
00:20:29vous imaginez ce que ça représente.
00:20:31Si sur le yène, vous êtes vendeur
00:20:3310 fois votre couverture,
00:20:35un décalage de 4%
00:20:37sur le yène en 48 heures,
00:20:39c'est 40% avec le levier.
00:20:41Et c'est une histoire
00:20:43de levier aussi.
00:20:45Ça nous amène une question qui revient tout le temps.
00:20:47Dans quelle mesure c'était de la connerie ou c'était
00:20:49intentionnel ? Parce que
00:20:51relever les taux quand on sait que
00:20:53les yènes carry trade se sont accumulés
00:20:55et comme ils sont gagnants depuis
00:20:5740 ans, à quelques exceptions près
00:20:59comme LTCM, et puis de toute
00:21:01façon, on sait très bien que les financiers n'apprennent
00:21:03jamais de leurs erreurs puisqu'ils ne payent
00:21:05pas leurs erreurs, en tout cas pas tous.
00:21:07Eh bien, ça a continué. Et ce que
00:21:09tu nous dis, c'est qu'on est sur du 20 000 milliards
00:21:11aujourd'hui sur les yènes carry trade. On est bien d'accord ?
00:21:13Il y avait une décision qui était
00:21:15plus monétaire que financière aussi de la part
00:21:17de la Banque
00:21:19Centrale japonaise.
00:21:21Ils avaient un peu renoué, je sens,
00:21:23avec une situation professionnelle, sociale,
00:21:25entrepreneuriale plus classique,
00:21:27on va dire plus standard. Il y avait un petit peu d'inflation
00:21:29en nouveau alors qu'il n'y avait plus d'inflation.
00:21:31La sous-question à laquelle il faut que tu répondes
00:21:33Tom ou Philippe, c'est dans quelle
00:21:35mesure ils ne l'ont pas vu venir ?
00:21:37Je comprends que quand on fixe les taux d'intérêt
00:21:39à la Banque of Japan, on n'a pas que les yènes
00:21:41carry trade en tête, évidemment.
00:21:43Mais quand on a une tique géante
00:21:45sur le dos qui s'est gonflée
00:21:47de sang pendant 40 ans, on sait très bien
00:21:49que si on fait un tour de tête, il va se passer quelque chose.
00:21:51Alors la vraie question,
00:21:53en quelle mesure ils l'avaient vu ou pas ?
00:21:55Ils ne l'ont pas vu et on est tous d'accord.
00:21:57On sait que c'est un des secrets les mieux gardés.
00:21:59Là aujourd'hui, le chiffre
00:22:01des encours...
00:22:03Je voulais savoir si
00:22:05Tom pensait la même chose.
00:22:07Ce que je pense surtout, c'est qu'on est à
00:22:0920 minutes d'émission. Ce qui est intéressant, c'est que j'ai l'impression
00:22:11qu'on est d'accord tous les trois et que cette
00:22:13crise, c'est la crise des yènes carry trade
00:22:15et ça n'est pas la crise
00:22:17de l'appréhension de la crainte
00:22:19de la récession aux Etats-Unis.
00:22:21Le narratif aujourd'hui, c'est quand même
00:22:23qu'il y a un rapport sur l'économie américaine
00:22:25et que ça a causé ce vent de panique sur les marchés.
00:22:27Alors on connaît vraiment sur la crise du yène carry trade.
00:22:29Je l'avais interprété, mais après
00:22:31tu reviendras, mais donc vous êtes, pour bien vulgariser,
00:22:33vous êtes tous les deux d'accord sur le fait qu'à priori
00:22:35à la Bank of Japan, ce que beaucoup de gens parlent
00:22:37d'un krach provoqué, ou en tout cas se poser
00:22:39la question, là vous êtes complètement au clair
00:22:41avec le fait que c'est juste, ils se sont dit
00:22:43bon, ça serait peut-être pas mal qu'on sorte de la stagflation,
00:22:45qu'on remette l'entrepreneuriat
00:22:47et la rémunération du yène, et que bon, après
00:22:49c'est pas avec la population jeune qu'ils vont y arriver,
00:22:51mais bref, on relance l'économie
00:22:53japonaise, on est des foufous, et ils ont
00:22:55juste oublié les 20 milliards
00:22:57de carry trade qui portaient autour d'eux.
00:22:59Alors, aujourd'hui c'est le chiffre
00:23:01qui circule, mais la Banque centrale du Japon
00:23:03ne la connaît pas, et personne
00:23:05ne connaît exactement les encours,
00:23:07et surtout, personne ne connaît réellement
00:23:09les leviers, c'est le secret le mieux gardé
00:23:11du monde. À la fois,
00:23:13la division banque d'affaires, de nos grandes
00:23:15banques, et
00:23:17toutes les institutions, hedge funds
00:23:19notamment, qui ont accès
00:23:21à ce marché du carry trade, alors le ticket d'entrée, il est
00:23:23de 100 millions de dollars, c'est pas inaccessible, mais il faut
00:23:25déjà avoir un peu l'air insolide, donc
00:23:27on est entre des gros joueurs,
00:23:29mais il est évident qu'aucun de ces joueurs ne vous dit
00:23:31qu'est-ce qu'il a
00:23:33sur la table, on sait pas s'ils ont
00:23:35une paire de dons, une paire d'armes,
00:23:37c'est...
00:23:39On a souvent l'impression
00:23:41de se dire, tout le monde pourrait finalement accéder
00:23:43à ce système-là, et c'est le
00:23:45conglomérat de beaucoup d'actions individuelles, de petits
00:23:47entrepreneurs, pas du tout, c'est réellement des
00:23:49fonds d'investissement bien déterminés,
00:23:51très opaques, qui participent,
00:23:53c'était la même chose pour les CDS,
00:23:55qui sont chers à notre ami Pierre
00:23:57Jovanovic, qui représentaient
00:23:5949% du PIB mondial
00:24:01en 2011, juste après la crise qu'ils
00:24:03avaient provoqué, et là aussi, on se retrouve
00:24:05avec des bombes à retardement,
00:24:07pour ainsi dire, qui peuvent plus être gérées
00:24:09par les banquiers centraux, qui sont obligés
00:24:11quand même de gérer les affaires courantes. Si vous êtes
00:24:13banquier central aujourd'hui, soit vous abandonnez
00:24:15finalement totalement la connexion
00:24:17avec l'économie réelle, mais alors là, c'est le
00:24:19système monétaire global qui s'effondre,
00:24:21le système de banque commerciale qui s'effondre,
00:24:23soit vous êtes obligés quand même de prendre
00:24:25certaines décisions par rapport à votre inflation,
00:24:27votre stagflation ou déflation,
00:24:29votre économie, vos récessions, vos croissances,
00:24:31et je pense effectivement que c'est
00:24:33ce qu'a fait la Banque centrale du Japon.
00:24:35– Alors la Banque centrale du Japon a été
00:24:37confrontée depuis fin mai, début juin,
00:24:39à un cash burning rate énorme,
00:24:43c'est-à-dire que pour défendre le Yen
00:24:45et l'empêcher d'aller en dessous de 160,
00:24:47qui était son plus bas niveau
00:24:49depuis 38 ans, ils ont commencé
00:24:51à taper dans leurs réserves de change,
00:24:53c'est-à-dire qu'ils ont vendu
00:24:55du dollar, racheté du Yen,
00:24:57ils ont cramé une bonne partie
00:24:59de leurs réserves de change.
00:25:01– Une seconde,
00:25:03quand on parle des réserves de change,
00:25:05la Banque centrale du Japon,
00:25:07c'est de la dette américaine,
00:25:09pour que tout le monde comprenne bien,
00:25:11ce n'est pas du cash, c'est de la dette américaine.
00:25:13– Philippe, pourquoi ça embêtait tant
00:25:15les Japonais qui ont aujourd'hui
00:25:17des gros problèmes de compétitivité
00:25:19à l'export, d'avoir un Yen qui se dévalue ?
00:25:21– C'était au contraire,
00:25:23la martingale pour rester presque
00:25:25en relatif plus compétitif
00:25:27que les Chinois, parce que le Yen
00:25:29s'est replié plus profondément
00:25:31que le renminbi
00:25:33depuis 2016.
00:25:35Donc, pour revenir
00:25:37à la chronologie des faits,
00:25:39la Banque centrale du Japon est confrontée…
00:25:41– Pourquoi ils défendaient le Yen ?
00:25:43C'est ça la question.
00:25:45– Parce qu'il y a un moment, les Américains ont commencé
00:25:47à envoyer des signaux en disant, là, c'est plus possible,
00:25:49vous n'allez pas envoyer le Yen à 200
00:25:51contre un dollar, là, ça ne tient plus.
00:25:53Déjà, vous êtes au plus bas
00:25:55de l'histoire, là, il y a un moment
00:25:57où il faut que les choses s'arrêtent.
00:25:59– On est d'accord, parce que je n'avais pas compris.
00:26:01On avait l'impression qu'ils le défendaient à la hausse,
00:26:03mais en fait, ils le défendaient à la baisse.
00:26:05Et les Américains ont…
00:26:07– Ils ont, d'ailleurs,
00:26:09dès le mois de mai, dès début mai,
00:26:11lorsqu'on a atteint, pour la première fois,
00:26:13157 face au dollar, qui était aussi
00:26:15un plus bas, non pas de 38 ans, mais de 30 ans,
00:26:17tout le monde s'est dit, là,
00:26:19ils vont peut-être commencer à réagir, parce que
00:26:21si ça pète 157, voire
00:26:23160, tous les chartistes
00:26:25le savent, à ce moment-là, les vendeurs
00:26:27ont découvert, ils vont envoyer le Yen
00:26:29de 100 contre un dollar. Donc, on a compris.
00:26:31Et la Banque centrale du Japon avait déjà donné
00:26:33quelques signaux en disant
00:26:35on va défendre probablement une parité
00:26:37entre 157 et 160.
00:26:39Ce qu'ils ont fait. Mais ils l'ont défendu,
00:26:41certes, mais à grands frais.
00:26:43Et ça n'a pas suffi. Et le Yen
00:26:45est reparti à la baisse
00:26:47face au dollar, face à l'euro, face à toutes les devises.
00:26:49Et on a revu 160.
00:26:51Et là, ils ont vu que
00:26:53au rythme où ils
00:26:55employaient leurs avoirs en dollars
00:26:57pour défendre leur devise,
00:26:59ils savaient qu'ils n'allaient pas tenir au-delà de septembre.
00:27:01Donc, il y a un moment
00:27:03où il faut utiliser le levier monétaire.
00:27:05Et ce qu'eux ne savaient pas,
00:27:07la Banque centrale, c'est que ces 25 points
00:27:09qui étaient quand même hautement prévisibles,
00:27:11ils ne savaient pas quel
00:27:13impact ça aurait, parce qu'on n'a pas idée
00:27:15des leviers. Je le répète,
00:27:17quand vous avez 4% de variation sur le Yen
00:27:19et que vous avez un levier
00:27:2125, vous perdez 100%
00:27:23dans la journée.
00:27:25Donc, il faut bien regarder ça.
00:27:27C'est complètement mécanique. 4%
00:27:29sur le Yen, avec un levier
00:27:31de 25, c'est 100% perdu.
00:27:33Appel de marge, etc. Donc, ça va
00:27:35quand même très, très vite.
00:27:37Et j'ai employé une analogie. Là, aujourd'hui,
00:27:39on a l'impression que tout va bien. Mais en fait,
00:27:41cette histoire de relèvement
00:27:43des taux de 25 points, c'est un petit peu
00:27:45comme si la Banque centrale du Japon avait
00:27:47largué une grosse bombe sous-marine.
00:27:49Mais on pouvait se douter qu'à un moment, ils allaient la larguer
00:27:51parce qu'ils devaient supposer
00:27:53qu'il y avait quelques sous-marins dans le secteur.
00:27:55La bombe sous-marine
00:27:57a explosé et on ne sait pas combien de
00:27:59sous-marins aujourd'hui sont détruits.
00:28:01Les sous-marins, ce sont tous les fonds
00:28:03qui étaient
00:28:05chargés à mort
00:28:09en Yen carry trade, donc
00:28:11vendeurs de Yen à la fois
00:28:13et vendeurs de volatilité aussi.
00:28:15Il y avait aussi des fonds qui étaient vendeurs de
00:28:17volat et qui sont aussi un nouveau métier.
00:28:19On pourra en reparler si vous voulez. Je connais assez bien ça.
00:28:21Vendeurs de volat,
00:28:23il y a un moment, d'un seul coup, quand le VIX
00:28:25fait, comme je le dis, de 16 à 62,
00:28:27vous avez bien compris qu'il y a aussi des gens qui ont volé
00:28:29en éclat. Mais là, comme c'est une bombe
00:28:31sous-marine, personne ne sait
00:28:33combien de sous-marins sont coulés.
00:28:35S'il y en a deux ou trois petits,
00:28:37ce n'est pas grave. Mais s'il y avait,
00:28:39si j'ose dire, une véritable
00:28:41formation de sous-marins
00:28:43pesant, je ne sais combien, 500 millions
00:28:45à un milliard et qui sont détruits,
00:28:47le temps que l'huile remonte à la surface,
00:28:49ça va prendre 10 jours, 15 jours,
00:28:51mais on ne va pas savoir tout de suite
00:28:53combien sont détruits.
00:28:55Il y a certains de nos banquiers,
00:28:57je ne soupçonne pas, si vous voulez,
00:28:59la Générale, la BNP,
00:29:01Deutsche Bank ou Goldman Sachs,
00:29:03d'être les victimes principales
00:29:05du débouclement du yen carry trade.
00:29:07Mais par contre, là où il faut
00:29:09qu'on se pose la question, c'est combien
00:29:11Goldman, Deutsche Bank,
00:29:13Société Générale ont financé de fonds
00:29:15qui, eux, faisaient du carry trade.
00:29:17Et si ceux-là ont coulé
00:29:19lorsque la mine des 25 points
00:29:21de la Banque Centrale du Japon a explosé,
00:29:23si ceux-là sont détruits,
00:29:25eh bien, ça ne va pas prendre
00:29:27énormément de temps avant qu'on sache
00:29:29à combien se monte l'ardoise. C'est-à-dire des gens
00:29:31qui ont coulé, qui ont été
00:29:33obligés de tout liquider et qui,
00:29:35même en liquidant tout, vont encore
00:29:37devoir de l'argent. On ne le sait pas encore.
00:29:39Il n'y a que les banquiers qui peuvent
00:29:41savoir combien il y avait de sous-marins dans la zone
00:29:43où ça a pété. Et de
00:29:45combien les sous-marins étaient chargés
00:29:47justement de ces yens carry trade.
00:29:49Donc, très belle analogie. L'autre, bien sûr,
00:29:51que tu nous partages à SURIX, c'était
00:29:53le Titanic qui coule pendant qu'on continue à jouer
00:29:55de l'orchestre, puisque là, à l'heure où on parle,
00:29:5748 heures plus tard, débriefing, on a l'impression
00:29:59que c'était juste un dodan. Certes,
00:30:01un dodan à 7000 milliards, mais
00:30:03bon, il n'y a pas de sang dans les rues encore,
00:30:05comme dirait Warren Buffett. Et pour parler
00:30:07de lui, je voulais poser la question à Tom,
00:30:09à savoir, ok, la
00:30:11BOJ, peut-être qu'elle est un peu bébête
00:30:13parce qu'elle n'avait pas tout prévu, elle n'avait pas vu
00:30:15ça venir, et Philippe nous a donné des arguments
00:30:17qui sont tout à fait recevables,
00:30:19à savoir, de toute façon, personne ne connait
00:30:21les effets de levier. Alors,
00:30:23j'aurais opposé, entre guillemets, à cet argument,
00:30:25oui, mais j'imagine qu'un mec qui bosse à la BOJ,
00:30:27il connaît au minimum 2 ou 3 gens
00:30:29dans des hedge funds qui peuvent lui dire
00:30:31discrètement, bon, allez,
00:30:33entre nous, vous en êtes au moins...
00:30:35Du délit d'initié, oui.
00:30:37Voilà, bon, mais même juste comme ça, même pas du délit
00:30:39d'initié encore. Moi, je parle juste que
00:30:41j'ai l'impression de lui dire,
00:30:43lui dire, écoute, il y a un an,
00:30:45on avait tant d'effets de levier,
00:30:47donc faites gaffe quand même quand vous allez relever les taux.
00:30:49Bon, ok. La question
00:30:51qu'on m'a beaucoup posée, et que je dois donc poser
00:30:53dans cette émission, Tom, c'est, ok,
00:30:55si la BOJ était trop bête pour savoir,
00:30:57grosso modo, j'exagère bien sûr,
00:30:59pourquoi l'oracle d'Omaha,
00:31:01lui, avait donné
00:31:03tous les signes de savoir,
00:31:05donc à savoir Warren Buffett,
00:31:07qui avait débouclé 50% de ses Apples,
00:31:09qui, à l'heure où on parle, est l'individu
00:31:11qui a le plus de cash at hand
00:31:13au monde, alors il a sans doute déjà
00:31:15300 milliards de dollars à peu près.
00:31:17Voilà, 300 milliards de bons du trésor en toute simplicité.
00:31:19Tu l'as déjà bien rappelé,
00:31:21les bons du trésor, c'est l'argent des grandes personnes.
00:31:23Et donc,
00:31:25du coup, bon, lui, il est en train de racheter
00:31:27à tout va. Alors, explique-nous, là,
00:31:29comment, pourquoi... Alors, effectivement, il n'y a pas
00:31:31que Warren Buffett et d'autres
00:31:33initiés, pour ainsi dire,
00:31:35qui ont vendu beaucoup d'actions
00:31:37ces dernières semaines.
00:31:39Pardonne-moi, Tom, mais c'est le principe de diriger une émission.
00:31:41Tu dis des initiés. Bon sang.
00:31:43Comment il aurait pu être initié pour la
00:31:45BOJ si même eux ne le savaient pas ?
00:31:47Ah oui, ça, c'est une réalité. Non, mais ça, je vais répondre
00:31:49très directement à ta question. Je veux dire, on peut lever un voile
00:31:51très directement, et moi, j'ai participé à
00:31:53beaucoup de soirées, si je puis dire,
00:31:55mais je ne trahis pas de secret, ou alors peut-être
00:31:57un secret bien gardé, ou presque une partie
00:31:59de la population, mais il y a une amitié, évidemment,
00:32:01ou un lien, une connivence, disons,
00:32:03plutôt, entre banquier centraux,
00:32:05milliardaire, puisque si vous êtes milliardaire,
00:32:07vous travaillez avec des milliards, si vous êtes banquier
00:32:09central, vous dirigez les milliards, et
00:32:11politique, président des grandes puissances,
00:32:13premier ministre, ministre des Finances. Pardonne-moi,
00:32:15mais tu comprends la contradiction, qui est de dire
00:32:17que la BOJ n'avait pas anticipé
00:32:19que ça ferait aussi mal, d'un côté,
00:32:21et que, de l'autre, elle aurait pu initier Warren Buffett
00:32:23en lui disant que ça ferait aussi mal.
00:32:25Il y en a un des deux qui ment.
00:32:27Alors, il y en a forcément un des deux qui ment.
00:32:29Ce qu'il faut noter sur Warren Buffett, c'est qu'il
00:32:31n'était pas, au départ, très
00:32:33tenté par les actions européennes de 2015-2016.
00:32:35Il en a acheté, effectivement, pour,
00:32:37je crois qu'il a mis 100 millions d'actions
00:32:39pour 160
00:32:41milliards de dollars, à peu près.
00:32:43Il a vendu, effectivement, la moitié de ses positions.
00:32:45Et...
00:32:47Il achète quoi, Buffett,
00:32:49quand il vend la moitié de ses actions ?
00:32:51Pour le moment, la déclaration qu'il a faite, c'est
00:32:53nous n'achèterons rien,
00:32:55sauf si nous avons la possibilité de gagner
00:32:57beaucoup, beaucoup d'argent. Mais,
00:32:59sans cette possibilité-là, nous ne prendrons pas de position.
00:33:01Donc, si on part dans le fait,
00:33:03je sais que beaucoup de personnes scrutent
00:33:05les attitudes du son,
00:33:07les positions de l'oracle, on peut se dire que
00:33:09si Warren Buffett garde du cash,
00:33:11c'est que le cash ne va pas perdre trop de valeur.
00:33:13Ça, c'est la supposition, en quelque sorte,
00:33:15ou la tentation de l'estimation.
00:33:17Si Warren Buffett sort de là,
00:33:19j'ai entendu une vidéo, d'ailleurs, sur Scandaria
00:33:21qu'il a faite il y a peu de temps,
00:33:23Warren Buffett vend
00:33:25la moitié de ses positions à Apple, vous sortez
00:33:27totalement comme petit
00:33:29déposant, petit actionnaire
00:33:31et détenteur d'actions. Et effectivement,
00:33:33ça, c'est assez logique. Donc,
00:33:35dans la même logique, si Warren Buffett garde
00:33:37du cash, ça veut dire que le cash va garder,
00:33:39va conserver de la valeur durant les mois qui
00:33:41viennent. Il y a un principe de vase communicant.
00:33:43Si on part du principe que
00:33:45le marché boursier, mondial,
00:33:47va entrer en crise,
00:33:49ce que je pense profondément, personnellement,
00:33:51pour plusieurs raisons. Parce qu'il y a des bulles
00:33:53spéculatives qui se sont formées
00:33:55et que ça ne peut pas durer éternellement.
00:33:57C'est une réalité.
00:33:59Ça s'est fait sur la tech principalement, sur le luxe.
00:34:01Donc, il y a toute une catégorie d'actions
00:34:03de valeur. On ne va
00:34:05pas s'attarder sur cette fiction-là
00:34:07parce que l'avenir nous le dira, mais qui vont
00:34:09probablement s'effondrer ou qui vont
00:34:11revenir à leur juste prix. Ça peut être
00:34:13LVMH ici, par exemple, qui est largement
00:34:15surestimé, qui a une capitalisation
00:34:17qui est démesurée. Ça peut être
00:34:19Apple également, parce qu'il va y avoir une accalmie
00:34:21mondiale sur le marché du luxe
00:34:23et du premium. Ça veut dire
00:34:25que le luxe et le premium occidental
00:34:27ne va plus rien valoir pour les autres pays
00:34:29parce qu'ils vont se mettre à faire du luxe.
00:34:31J'ai été invité à Bordeaux dans une grande
00:34:33propriété viticole il n'y a pas longtemps. Il y avait des Chinois
00:34:35qui venaient pour acheter cette propriété, d'ailleurs.
00:34:37Ils tiennent déjà 60% des châteaux
00:34:39bordelais. Ils faisaient une petite présentation
00:34:41vidéo en disant « ça fait 100 ans que nous
00:34:43faisons du vin pour vous prouver notre
00:34:45gage de qualité ». C'est assez
00:34:47ironique de dire ça à Bordeaux, mais ça veut dire quoi en filigrane ?
00:34:49Ça veut dire que les Chinois
00:34:51n'ont plus la même soumission
00:34:53en quelque sorte vis-à-vis du luxe
00:34:55et de la cherté du luxe occidental
00:34:57et qu'ils vont se le faire eux-mêmes
00:34:59sur place, sur les voitures, sur
00:35:01le vin, sur les technologies,
00:35:03sur les systèmes de paiement, sur les banques,
00:35:05sur le système boursier, sur le système
00:35:07obligataire également entre
00:35:09Indiens, Russes, Chinois,
00:35:11Russes. Ça c'est quelque chose qui va se passer.
00:35:13On s'est aperçu d'ailleurs qu'il y avait beaucoup
00:35:15par rapport à cette crise,
00:35:17il y avait un prélude qui avait démarré
00:35:19parce qu'il y avait une fuite
00:35:21des investisseurs chinois
00:35:23envers la dette américaine depuis le début d'année.
00:35:25Si on regarde 2023, les Chinois
00:35:27achèrent encore énormément de dette américaine.
00:35:292024, ils ont arrêté.
00:35:31Enfin, ils n'ont pas arrêté, mais il y a
00:35:33une grosse frilosité sur les achats de dette
00:35:35et qui c'est qui a acheté de la dette américaine ?
00:35:37Ce sont les Japonais. C'est les Japonais
00:35:39qui sont devenus les financiers de la dette américaine
00:35:41depuis ce premier semestre. Donc là aussi,
00:35:43il y a un système
00:35:45quand même un peu
00:35:47occidental à prendre en compte vis-à-vis du système
00:35:49du reste du monde. On s'aperçoit que les Japonais
00:35:51sont, comme toujours,
00:35:53xénophobes, mais font partie de l'Asie sans faire partie
00:35:55de l'Asie. Ils sont plus occidentaux
00:35:57sur la dimension
00:35:59financière qu'asiatiques.
00:36:01On s'est aperçu également
00:36:03qu'il y avait beaucoup d'investisseurs qui voulaient quitter la Chine
00:36:05et qui partaient en Inde
00:36:07ou au Japon parce qu'ils voulaient rester
00:36:09en Asie, parce qu'ils s'apercevaient que c'est là-bas
00:36:11que ça se passait, qu'il valait mieux rester dans cette partie
00:36:13du monde plutôt que de revenir en Occident,
00:36:15mais qu'ils ne voulaient plus rester en Chine.
00:36:17C'est des pays comme ça qui sont un peu entre les deux
00:36:19et l'Inde et le Japon
00:36:21en font partie. Donc je dis ça pour dire que
00:36:23dans cette crise, ce qu'il faut prendre en compte
00:36:25c'est qu'on a une crise d'une bourse
00:36:27qui est occidentale, mais qu'on n'a
00:36:29pas une crise mondiale de la bourse
00:36:31des valeurs,
00:36:33sur la Chine ou l'Inde,
00:36:35on s'en aperçoit. Dernier point qui est
00:36:37discuté avec un gestionnaire de patrimoine
00:36:39il n'y a pas si longtemps, il y a peut-être 4 ou 5 mois,
00:36:41et on parlait de cette possibilité
00:36:43par rapport au carry trade,
00:36:45c'était au mois de janvier
00:36:47pour la première fois
00:36:49depuis de nombreuses années,
00:36:51la banque centrale japonaise avait remonté
00:36:53ses tours en disant qu'il fluctuait
00:36:55entre 0 et 0,10,
00:36:57donc il venait de repasser en territoire positif.
00:36:59Et je parlais avec un gestionnaire de patrimoine
00:37:01que je n'nommerai pas, mais il n'est pas connu,
00:37:03qui me disait qu'il peut y avoir un effondrement
00:37:05sur le Nikkei, mais par contre le top X
00:37:07se maintiendra, parce que ce sont
00:37:09des valeurs domestiques, donc
00:37:11il ne se passera rien sur le top X.
00:37:13Bon, par la force des choses,
00:37:15on s'aperçoit que ça n'a pas été le cas
00:37:17avec le top X, qui a pris
00:37:19aussi cher et a perdu tout autant.
00:37:21C'est toujours une erreur de croire
00:37:23que ce n'est pas systémique.
00:37:25Je l'ai bien compris, ce que tu nous rappelles
00:37:27sur les comportements d'investissement des japonais,
00:37:29c'est qu'ils ont le cœur en Asie mais le portefeuille en Amérique,
00:37:31et ça c'est encore plus vrai depuis
00:37:33les 6 derniers mois.
00:37:35Philippe, là-dessus, parce qu'en gros on parlait
00:37:37de caractère systémique,
00:37:39de systémicité, Philippe nous disait
00:37:41que concrètement, il y a
00:37:43des fonds de pension ou des petits fonds spéculatifs
00:37:45qui ont explosé et on ne le sait pas encore.
00:37:47Et le problème,
00:37:49c'est que la finance étant systémique,
00:37:51ces fonds, les conséquences
00:37:53de leur explosion peuvent durer
00:37:5510 ans dans certaines comptabilités d'entreprise.
00:37:57On se rappelle de l'affaire Olympus,
00:37:59qui avait perdu des fortunes en bourse
00:38:01et qui avait mis plus de 10 ans
00:38:03à les dissimuler comme pertes
00:38:05dans une double comptabilité
00:38:07en passant par les Bahamas et Liechtenstein.
00:38:09A la fin, ça a fini par péter,
00:38:11mais le cas Olympus nous montre
00:38:13à quel point quand on a
00:38:15des start-up ou des fonds spéculatifs
00:38:17ou des trucs comme ça qui pètent,
00:38:19ça peut avoir une conséquence comptable sur 10 ans,
00:38:21sans qu'on le sache.
00:38:23Et donc là, une question pour toi,
00:38:25Philippe, il avait été relevé
00:38:27par un commentateur sur X,
00:38:29que Aladin, l'intelligence artificielle
00:38:31qui fait les placements de BlackRock,
00:38:33qui fait le stock picking
00:38:35pour BlackRock notamment,
00:38:37a passé son temps
00:38:39dans les dernières 24h
00:38:41à tabasser le VIX.
00:38:43Et donc,
00:38:45la conclusion de ça,
00:38:47c'est ce qu'on appelle
00:38:49un hammer candlestick,
00:38:51essayer de faire redescendre
00:38:53un wedge,
00:38:55un triangle baissier
00:38:57sur le VIX,
00:38:59qui signifie d'essayer de limiter la volatilité.
00:39:01C'est une hypothèse
00:39:03qui est partagée par un commentateur financier sur X.
00:39:05Enfin, il observe
00:39:07ce qui s'est passé sur Aladin et il en conclut
00:39:09si Aladin tabasse le VIX à la baisse,
00:39:11donc réduit la volatilité au maximum,
00:39:13sa conclusion c'est
00:39:15ils ne vont pas laisser les marchés s'effondrer
00:39:17avant que les très riches
00:39:19ne soient prêts.
00:39:21Qu'est-ce que tu penses de cette conclusion ?
00:39:23Alors,
00:39:25je vais essayer de développer un peu ce sujet,
00:39:27je vais être un petit peu
00:39:29technique et
00:39:31je vais prendre 3 minutes.
00:39:33Alors,
00:39:35Aladin, qu'est-ce que c'est ?
00:39:37C'est le plus gros aspirateur de data
00:39:39financière,
00:39:41même géopolitique au monde.
00:39:43A tel point d'ailleurs que
00:39:45BlackRock gagne beaucoup d'argent
00:39:47en louant cette base
00:39:49de données Aladin à tous les fonds.
00:39:51Et ce qui fait que, on se dit
00:39:53tiens, c'est quand même bizarre que tout le monde fasse la même chose au même moment.
00:39:55Et bien oui, parce qu'en fait, pratiquement tous les fonds
00:39:57Hedge Fund,
00:39:59Family Office, etc.
00:40:01moulinent
00:40:03à partir des données d'Aladin.
00:40:05Donc c'est vraiment
00:40:07le chef d'orchestre
00:40:09quelque part, c'est la boussole
00:40:11absolue des marchés.
00:40:13Alors, en préambule,
00:40:15et lorsqu'on a commencé cette émission,
00:40:17je vous parlais
00:40:19des institutionnels
00:40:21qui sont des vendeurs systématiques
00:40:23de volatilité ou de valeur temps.
00:40:25Eux, ils ont une couverture
00:40:27illimitée, ils peuvent donc être
00:40:29vendeurs à découvert.
00:40:31Ils jouent en fait les teneurs de marché.
00:40:33Ceux qui veulent se couvrir,
00:40:35quand ils ont besoin, par exemple, de racheter des calls,
00:40:37s'ils croient qu'il va y avoir un super rebond
00:40:39sur l'indice SOX des
00:40:41semi-conducteurs après la torchée qu'on vient de se prendre
00:40:43qui est de l'ordre de 15%.
00:40:45Il y en a qui croient que ça va monter.
00:40:47Donc s'ils veulent trouver
00:40:49des calls, ils vont aller trouver le grand
00:40:51teneur de marché qui est BlackRock.
00:40:53Numéro 1 planétaire
00:40:55des ETF. Numéro 1
00:40:57planétaire
00:40:59sur les options. Donc c'est le
00:41:01grand teneur de marché. Et je disais
00:41:03pour les institutionnels qui, eux, finalement
00:41:05se disent, c'est beaucoup plus confortable de ne pas
00:41:07avoir d'opinion sur le marché.
00:41:09Comme ça, pas d'opinion, pas
00:41:11d'affect. On est
00:41:13neutre et nous, on reste très technique.
00:41:15Donc on vend des calls avec
00:41:1718, 19 de volat. S'ils offrent
00:41:19plus que 15 de volat, c'est plus très intéressant
00:41:21de les vendre. Mais globalement, on vend
00:41:23les calls au début
00:41:25d'une nouvelle échéance. Et on voit
00:41:27ce qui se passe. Et on essaie de faire en sorte
00:41:29que, comme je le disais,
00:41:31le marché reste
00:41:33inscrit dans une bande de
00:41:35fluctuation d'environ 5%. Quelque part,
00:41:37les bandes de Bollinger, intuitivement, c'est quelque
00:41:39chose de très pertinent.
00:41:41Et puis des fois, on perce la
00:41:43bande de Bollinger par le haut. Et là, ce sont des excès
00:41:45de volatilité. Et là, c'est là qu'il faut,
00:41:47comme on dit, être très réactif.
00:41:49Donc, qu'est-ce que font
00:41:51les institutionnels ?
00:41:53Eh bien, je vais vous dire, ils gagnent presque à tous les coups.
00:41:55Puisqu'ils sont vendeurs, en début
00:41:57d'échéance trimestrielle, des calls et des puts.
00:41:59Si le VIX
00:42:01prend un petit peu de volat, parce qu'il y a
00:42:03une mauvaise nouvelle partie,
00:42:05une tension géopolitique par là, et je sais
00:42:07qu'on en a en ce moment, eh bien, qu'est-ce qu'ils vont
00:42:09faire ? Eh bien, ils sont
00:42:11vendeurs de puts, et du
00:42:13coup, eh bien, ils vont les
00:42:15racheter. Ou,
00:42:17s'ils avaient des calls,
00:42:19et qu'ils souhaitaient
00:42:21faire remonter le marché,
00:42:23eh bien, comme ils étaient vendeurs de calls, ils vont les racheter.
00:42:25En rachetant les calls, ils font varier
00:42:27le ratio call-put.
00:42:29Le VIX, ce n'est que ça.
00:42:31Je lis les commentaires, juste un peu de vulgarisation.
00:42:33Donc, les calls, c'est à la hausse, les puts,
00:42:35c'est à la baisse. Donc, quand on veut shorter
00:42:37une action, on prend des puts, des paris à la baisse.
00:42:39Un indice. Voilà, un indice.
00:42:41Donc, le VIX est juste quelque chose de très mécanique.
00:42:43Ça mesure juste
00:42:45la balance call-put.
00:42:47Donc, quand un institutionnel
00:42:49se dit, tiens, le marché est un petit peu mésmine,
00:42:51eh bien, moi, en rachetant mes calls,
00:42:53je vais faire basculer le VIX
00:42:55du bon côté, et je vais faire reculer
00:42:57la volatilité.
00:42:59Là, tu nous as parlé d'aspect technique, mais évidemment,
00:43:01ce que la personne sur X supposait,
00:43:03c'était vraiment une
00:43:05malveillance. C'est-à-dire, le gars
00:43:07conclut, ils ne vont pas
00:43:09laisser les marchés s'effondrer
00:43:11avant que les riches et les puissants soient prêts.
00:43:13Je suis justement en train de vous expliquer
00:43:15ça. C'est que quand vous avez la position
00:43:17d'un black rock, d'un très,
00:43:19très gros institutionnel type
00:43:21JP Morgan, etc., et que vous avez
00:43:23tous la même stratégie qui consiste à vendre
00:43:25et les calls et les putes,
00:43:27vous savez qu'en rachetant les calls,
00:43:29vous faites retomber le VIX et
00:43:31on va dire le stress apparent,
00:43:33c'est pas le stress réel, parce que quand vous voyez ce qui se passe
00:43:35au prochain rien, si vous n'êtes pas stressé,
00:43:37c'est que vraiment, le monde vous indiffère
00:43:39au dernier degré.
00:43:41C'est un doliprane. Ils ont fait baisser la fièvre,
00:43:43mais c'est pour pouvoir se barrer de l'hôpital avant
00:43:45que le patient monte à 40.
00:43:47En gros, c'est ça,
00:43:49ou si vous voulez, ils ont mis le thermomètre
00:43:51dans un seau d'eau froide parce qu'on était
00:43:53en train de dépasser les 40.
00:43:55Alors là, le VIX a dépassé les 40, il était à 62.
00:43:57Mais ils ont les moyens
00:43:59de remettre le thermomètre dans
00:44:01le seau
00:44:03à Champagne. Et ça,
00:44:05c'est parfait. Et ils peuvent
00:44:07comme ça vraiment piloter
00:44:09le marché. Je rachète des calls,
00:44:11je fais baisser la volatilité. Le marché
00:44:13s'emballe. Il est trop complaisant.
00:44:15Ça risque de déboucher
00:44:17sur des spirales haussières
00:44:19qui sont dangereuses à un moment. Elles deviennent instables.
00:44:21Qu'est-ce que je fais ? Je rachète mes poutres.
00:44:23Et je les rachète
00:44:25en gagnant de l'argent puisque comme je les ai vendues
00:44:27et que le marché a monté, j'ai racheté pratiquement zéro.
00:44:29Donc, d'une pierre deux coups, je gagne de l'argent
00:44:31parce que j'encaisse la valeur temps
00:44:33que j'ai vendue. Et deuxièmement, je mets
00:44:35le VIX dans le sens qui me va bien
00:44:37et qui calme tout le monde.
00:44:39Bon, là, évidemment,
00:44:41passé de 16 à 62,
00:44:43il a fallu probablement que,
00:44:45d'un seul coup, on ait des gros
00:44:47rachats de calls.
00:44:49Et ça a permis de faire retomber
00:44:51le VIX. Alors, les rachats de calls, c'était
00:44:53gagnant puisque le marché baissait.
00:44:55Puisqu'on vient perdre 5%
00:44:57en une semaine sur le S&P,
00:44:59le Nasdaq. Donc, tous mes calls, ils valaient zéro.
00:45:01Je les rachète.
00:45:03Je remets ma position à zéro.
00:45:05Et je gagne de l'argent.
00:45:07Et en plus de ça, je mets le VIX
00:45:09dans le bon sens. Avec ce genre
00:45:11de stratégie, ça ne peut pas perdre.
00:45:13Donc, pour répondre à ta question,
00:45:15oui, bien sûr,
00:45:17qu'ils ne veulent pas voir le marché
00:45:19partir en vrille.
00:45:21Et pour l'instant, ils gardent, si j'ose dire,
00:45:23des freins
00:45:25ou des airbags
00:45:27suffisamment épais,
00:45:29des freins suffisamment efficaces
00:45:31pour éviter que le VIX
00:45:33ne contamine le reste.
00:45:35Mais moi, j'ai regardé, bien sûr, non pas que le VIX
00:45:37sur l'échéance septembre.
00:45:39J'ai regardé le VIX décembre
00:45:41et mars 2025.
00:45:43Et là, on n'a jamais atteint les 62.
00:45:45Ce qui prouve bien que ceux qui se rachetaient,
00:45:47ce sont ceux qui étaient short-squeezés
00:45:49sur du très court terme.
00:45:51Mais à moyen terme, quand j'ai vu le VIX
00:45:53décembre ne pas dépasser les 30,
00:45:55je dois dire que
00:45:57sur mes interventions
00:45:59ou dans mes écrits, je n'y ai jamais écrit. On va au crack.
00:46:01Pour moi,
00:46:03le VIX
00:46:05sur les prochaines échéances
00:46:07me rassurait déjà plus ou moins.
00:46:09Et je pense...
00:46:11Si tu veux me permettre de vulgariser ce que tu viens de dire,
00:46:13concrètement, la plupart
00:46:15des très gros joueurs, comme BlackRock,
00:46:17comme Vanguard et peut-être même comme Amundi,
00:46:19qui est petit par rapport à eux, mais qui reste
00:46:21dans leur secteur,
00:46:23n'avaient pas à gagner de la volatilité,
00:46:25n'en voulaient pas.
00:46:27On a cette décision de la Bank of Japan
00:46:29qui a créé une crise, une quinte de tout,
00:46:31de volatilité, tous azimuts,
00:46:33à cause des carry trades.
00:46:35Ils se sont dit, hop, hop, hop, nous, pour l'instant,
00:46:37pendant 48h, 72h, on ne veut pas de volatilité
00:46:39ou pas trop, parce que, pour l'instant,
00:46:41nos positions ne sont pas
00:46:43gagnantes si le VIX passe
00:46:45les 50 ou les 60.
00:46:47Et donc, aujourd'hui, ils sont en train de sauter
00:46:49sur le VIX à pieds joints pour le garder
00:46:51correctement bas. Ils rachètent des calls
00:46:53pour faire baisser le VIX. Ils rachètent leurs calls vendus.
00:46:55Mais la vraie question, c'est
00:46:57si jamais c'est systémique
00:46:59et c'est un problème, toujours le problème
00:47:01des symptômes versus la maladie.
00:47:03On a parlé du Moyen-Orient,
00:47:05on est quand même dans un climat
00:47:07de Troisième Guerre Mondiale. Tranquillement,
00:47:09t'as la Russie qui est en train d'armer l'Iran
00:47:11pour que, ce qui paradoxalement réduit
00:47:13les risques de Troisième Guerre Mondiale, puisque ça veut dire
00:47:15que si un bateau américain est tapé,
00:47:17ça sera par l'Iran, pas par la Russie.
00:47:19C'est des petits détails comme ça,
00:47:21mais bon, bref. L'Oakyde Martin explose,
00:47:23on l'a bien vu, ce qui veut quand même dire
00:47:25que les gens misent sur une guerre.
00:47:27Il y a des observateurs dans le désert du Nevada
00:47:29qui ont vu passer des trains entiers
00:47:31de blindés américains.
00:47:33Donc, on n'est pas dans la blague.
00:47:35Donc, OK,
00:47:37le VIX aujourd'hui, on a pu lui mettre un doliprane.
00:47:39Mais au bout d'un moment,
00:47:41la réalité
00:47:43de la santé des marchés financiers
00:47:45mondiaux va se faire voir.
00:47:47Je veux dire, on est bien d'accord,
00:47:49Philippe, ou Tom, d'ailleurs.
00:47:51Moi, je suis en train de regarder
00:47:53le VIX, il continue de l'écraser.
00:47:55Il est retombé à 24-30.
00:47:57Donc pour l'instant, ils ont
00:47:59et ils gardent le contrôle.
00:48:01Mais jusqu'au moment...
00:48:03Le VIX est manipulé, point barre.
00:48:05Il est absolument manipulé
00:48:07et c'est grâce au VIX, c'est par le VIX
00:48:09que les marchés sont manipulés en général
00:48:11puisque
00:48:13la synthèse des data
00:48:15d'Aladin
00:48:17permet ensuite d'évaluer
00:48:19le risque et donc de
00:48:21faire qu'on est plus ou moins
00:48:23acheteur de coal ou de poutre,
00:48:25en fonction des éléments qu'on retire
00:48:27de la conjoncture du
00:48:29climat géopolitique, etc.
00:48:31Donc Aladin et la base,
00:48:33toutes les données viennent d'Aladin,
00:48:35elles sont analysées, ensuite elles se traduisent
00:48:37par des décisions qui impactent
00:48:39le VIX et le VIX impacte
00:48:41des milliers de gérants
00:48:43qui ne se posent pas toutes les questions géopolitiques,
00:48:45etc. Ils ne veulent pas passer des heures
00:48:47à éplucher la presse
00:48:49et tous les
00:48:51fils de news du monde.
00:48:53Le VIX te donne
00:48:55exactement quelle est
00:48:57l'opinion du marché,
00:48:59mais ce n'est pas une opinion, c'est quelque chose qui est
00:49:01fabriqué, donc c'est la queue qui
00:49:03remue le chien. Si j'ai envie que le marché
00:49:05se calme, je
00:49:07fais retomber le VIX avec des
00:49:09instruments techniques très
00:49:11précis et très
00:49:13efficients. Très bien.
00:49:15Tom, qu'est-ce que tu en penses ? Le VIX est manipulé,
00:49:17est-ce que, la vraie question,
00:49:19de toute façon, tôt ou tard, la manipulation
00:49:21va imploser
00:49:23et la réalité financière
00:49:25va devenir encore plus dégueulasse
00:49:27puisque quand ça pète, quand on n'arrive plus à
00:49:29le contrôler, à le manipuler,
00:49:31ça explose pour de vrai. Est-ce que, d'autres
00:49:33raisons, si au fond, on a un problème de
00:49:35volatilité systémique et que
00:49:37la Bank of Japan n'a fait que le révéler
00:49:39parce qu'en plus on avait les gars qui se gavaient sur
00:49:41le yen carry trade, est-ce que demain
00:49:43ça ne va pas être une autre raison
00:49:45qui va donner la même chose qu'on a envie ?
00:49:47Oui, à mon avis, il y aura une autre
00:49:49raison. L'autre raison, ce sera
00:49:51une crise obligataire du
00:49:53financement des États qui découlera
00:49:55sur une crise des marchés actions.
00:49:57C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a un marché
00:49:59obligataire qui est
00:50:01le plus grand marché du monde qui représente
00:50:03à peu près 130 000 milliards
00:50:05de capitalisation,
00:50:07on pourrait dire. Et vous avez
00:50:0968%,
00:50:11si mes souvenirs sont bons, donc 2
00:50:13bon tiers de ce marché obligataire
00:50:15qui comprend le financement
00:50:17public, le financement des États.
00:50:19Et seulement un petit tiers,
00:50:2132%, qui concerne des titres
00:50:23obligataires émis par des
00:50:25sociétés, bien souvent des grosses sociétés ou alors
00:50:27des petites sociétés pour quelques millions d'euros
00:50:29et qui émettent donc des titres obligataires
00:50:31qui sont achetés pour se financer
00:50:33en dehors des marchés boursiers mais via
00:50:35des prêts obligataires.
00:50:37Ce à quoi on assiste
00:50:39depuis quelques années, on s'en est aperçu
00:50:41depuis la crise des subprimes qui a quand même été
00:50:43le premier gros
00:50:45crash, énorme crash, depuis
00:50:47l'instauration de la nouvelle finance mondiale.
00:50:49La nouvelle finance mondiale, c'est celle des
00:50:51années 90. C'est la finance
00:50:53post-convertibilité
00:50:55du dollar à l'or qui est
00:50:57à la fois avec un système de change
00:50:59flottant, mais en même temps avec des économies
00:51:01numériques. Parce que c'est bien beau,
00:51:03mais tout ce à quoi nous faisons référence aujourd'hui est possible
00:51:05uniquement par rapport à la numérisation
00:51:07et l'ultra-connectivité, l'ultra-numérisation
00:51:09de la société. Et ça, c'était pas
00:51:11possible en 1975,
00:51:13même s'il y avait déjà,
00:51:15on avait déjà mis fin à la convertibilité
00:51:17du dollar à l'or. Donc le premier gros
00:51:19crash, c'est 2008, et on s'est aperçu
00:51:21de quoi en 2008, que comme tu le
00:51:23soulignais ici justement, Idriss,
00:51:25lorsqu'il y a des crises, il y a des dépossessions.
00:51:27C'est le principe de la crise. Parce que
00:51:29là aussi, il y a un principe de base communiquant,
00:51:31si on perd, il faut bien
00:51:33matérialiser cette perte. Généralement,
00:51:35les plus pauvres payent avec de la
00:51:37monnaie liquide, les plus riches
00:51:39trouvent des portes de sortie, ou alors
00:51:41font des transactions
00:51:43également avec de la dette ou des actions.
00:51:45Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a une particularité,
00:51:47une première dans l'histoire monétaire
00:51:49et l'histoire économique du monde,
00:51:51c'est qu'il y a réellement deux catégories de monnaie.
00:51:53Il y a la monnaie traditionnelle,
00:51:55la monnaie liquide, les 90 000
00:51:57milliards, comme je dis souvent, de monnaie
00:51:59circulante, donc c'est-à-dire rien
00:52:01du tout à l'échelle de
00:52:03toutes les ventes et toutes les sessions qui sont faites.
00:52:05Vous avez 90 000 milliards de dollars
00:52:07si on libère en dollars de monnaie qui circule,
00:52:09et puis après, vous avez
00:52:11tous les produits
00:52:13dérivés qui représentent des encours
00:52:15énormes dans cette finance numérisée.
00:52:17Donc, effectivement,
00:52:19ce à quoi on assiste, c'est qu'il y a des pays,
00:52:21comme la Chine justement, qui n'achètent
00:52:23plus de la dette américaine.
00:52:25Donc ça, c'est très important dans le fait que
00:52:27cette monnaie, qui est la monnaie
00:52:29de réserve du monde entier,
00:52:31la principale monnaie de réserve qui est le dollar,
00:52:33va perdre sa qualité
00:52:35de monnaie de réserve et va entraîner
00:52:37dans son abîme surtout la fin du
00:52:39principe de monnaie de réserve qui pouvait
00:52:41fonctionner uniquement parce qu'il y avait
00:52:43ce moteur américain. De même qu'il y avait
00:52:45ce principe de bourse qui fonctionnait, comme je le
00:52:47disais, uniquement parce que c'était un système qui était
00:52:49créé par les Américains et que les
00:52:51Chinois commencent à peine à instaurer.
00:52:53Mais ce qu'il faut noter, c'est que vous avez depuis
00:52:552008 des banques centrales, généralement,
00:52:57qui font
00:52:59la sourde oreille en termes de régulation,
00:53:01qui ont laissé émerger
00:53:03ce qu'on appelle le shadow banking,
00:53:05sans rien dire, et dès lors qu'il y a des
00:53:07cracks, là le crack c'est sur le
00:53:09carry trade, vous avez des banques centrales
00:53:11qui volent au secours de la finance pour
00:53:13ainsi dire en disant mais si on ne réagissait pas
00:53:15le système s'effondrait,
00:53:17il allait mieux venir. On parlait des
00:53:19banques qui pourraient faire faillite et on parlait des
00:53:21encours, on ne sait pas exactement sur le carry trade
00:53:23les engagements des banques, si
00:53:25c'est la Société Générale par exemple ici.
00:53:27On va s'en rendre compte assez rapidement parce qu'ils
00:53:29n'ont plus d'argent, ils n'ont plus de capitaux propres,
00:53:31ils ont même licencié 900 personnes
00:53:33parce qu'ils ont besoin de faire des économies et dites-vous bien
00:53:35que quand, j'en veux pas la Société Générale,
00:53:37je n'ai pas de conflit particulier
00:53:39mais je veux dire, si vous êtes une banque
00:53:41et que vous en arrivez à licencier
00:53:43du personnel pour faire
00:53:45des économies, c'est
00:53:47très très mauvais signe, c'est un mauvais présage.
00:53:49Donc on va savoir rapidement après les
00:53:51banques qui vont souffrir de la crise et surtout
00:53:53si elles s'accroissent à cette crise des
00:53:55carry trade. Mais la question c'est de savoir
00:53:57de quelle façon, direct, indirect,
00:53:59détourné, avoué, inavoué, les
00:54:01banquiers centraux occidentaux vont
00:54:03voler au secours des marchés financiers.
00:54:05Parce que si effectivement il y a des bulles
00:54:07spéculatives mais des bulles qui
00:54:09se sont constituées sur les marchés actions,
00:54:11c'est par rapport aux liquidités qui ont été injectées
00:54:13par les banques centrales. Tout simplement
00:54:15il n'y aurait pas eu ces bulles-là sur les marchés actions
00:54:17s'il n'y avait pas eu de telles
00:54:19décisions prises, appliquées par
00:54:21les banques centrales, BCE et
00:54:23réserves fédérales. Donc à mon avis, le chemin
00:54:25vers lequel on se dirige, c'est une
00:54:27forme d'accalmie sur la
00:54:29crise purement boursière, et une
00:54:31crise boursière qui revient réellement
00:54:33par rapport à
00:54:35le manque de capacité
00:54:37nouveau des États à
00:54:39se financer via
00:54:41cette finance plutôt opaque
00:54:43et ce tour de passe-passe
00:54:45de devise entre
00:54:47pays émergents, gros pays exportateurs,
00:54:49principalement les pays du BRICS, vers l'Occident.
00:54:51Ce qu'il faut noter également, c'est que
00:54:53jusqu'à présent, si vous avez des banques centrales
00:54:55qui font leur travail correctement,
00:54:57c'est-à-dire qui régulent le système
00:54:59de banques commerciales
00:55:01qui, elles, injectent des liquidités dans
00:55:03l'économie. Généralement,
00:55:05vous avez des liquidités qui vont être
00:55:07employées à bon escient,
00:55:09c'est-à-dire qui vont répondre à une demande
00:55:11économique et politique. Et à
00:55:13partir de là, vous allez avoir également des liquidités
00:55:15qui vont, sur motivation personnelle
00:55:17ou entrepreneuriale, entrer dans le marché
00:55:19actions. Or, aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
00:55:21Dans des pays où vous avez 60%
00:55:23de dépenses publiques, vous n'avez pas
00:55:25le PIB de la monnaie
00:55:27circulante, pour ainsi dire, qui pourrait se retrouver
00:55:29dans le marché actions d'une façon tout à fait naturelle.
00:55:31Les États n'agissent pas sur le marché actions,
00:55:33ou très peu. Les Chinois le font,
00:55:35mais parce qu'ils sont dans un système très dirigiste,
00:55:37justement. Et ils le font sur des entreprises
00:55:39sur lesquelles ils peuvent reprendre la main d'une façon
00:55:41qui est illibérale. Alors, que ce
00:55:43soit bien ou pas bien, parce que j'ai moins
00:55:45d'a priori négatifs sur les Chinois
00:55:47que la plupart des, on va dire, des
00:55:49acteurs des médias mainstream aujourd'hui qui ont
00:55:51déclaré que les Chinois étaient le nouveau Grand Satan,
00:55:53en quelque sorte. Mais je veux dire, par là, qu'ils sont
00:55:55quand même très dirigistes et pas spécifiquement libéraux.
00:55:57Mais les États-Unis, par exemple, qui sont le grand
00:55:59pays de la bourse par excellence,
00:56:01l'État américain n'investit pas en bourse.
00:56:03Vous avez des fonds de pension qui investissent
00:56:05en bourse, beaucoup en Californie
00:56:07particulièrement, mais vous n'avez pas un État
00:56:09qui investit en bourse. Donc, si vous voulez
00:56:11avoir une stabilité sur
00:56:13les marchés financiers, faut-il
00:56:15encore que les injections de liquidités ne se fassent
00:56:17pas uniquement en période de crise
00:56:19par les banquiers centraux, et que ça ne se fasse
00:56:21pas uniquement via des manœuvres
00:56:23ultra financiarisées,
00:56:25qui s'inscrivent dans cette financiarisation
00:56:27néfaste qui a gangréné
00:56:29le système monétaire,
00:56:31notamment la finance de l'ombre avec
00:56:33des pratiques comme le carry trade et
00:56:35ces pratiques-là. — Alors, on va justement
00:56:37parler de la financiarisation parce que
00:56:39bien sûr, on a le grand sujet
00:56:41de l'arrêt du Glass-Steagall Act
00:56:43aux États-Unis, l'équivalent en France
00:56:45qui, je crois, avait été voulu par Jacques Delors.
00:56:47Donc, rappelons, le Glass-Steagall Act,
00:56:49c'était quoi ? C'était la séparation des banques
00:56:51de dépôts et des banques d'affaires. On ne pouvait
00:56:53pas, normalement, jouer avec votre épargne
00:56:55en bourse, je dis bien normalement parce qu'il y avait toujours
00:56:57millé une façon de le faire, mais au moins, sur le
00:56:59papier, c'était illégal. En Europe,
00:57:01on n'avait pas exactement le Glass-Steagall Act,
00:57:03mais on avait d'autres
00:57:05arsenaux législatifs
00:57:07qui donnaient à peu près le même résultat. Jacques Delors
00:57:09les a débouclés pour faire plaisir
00:57:11à ses amis de la finance. Pourtant, c'était un grand
00:57:13homme de gauche, en tout cas, c'est ce qu'on m'a dit.
00:57:15Alors, maintenant, ça nous amène forcément à la question
00:57:17suivante qui est la confiscation
00:57:19de l'épargne, dont vous êtes tous les deux des spécialistes.
00:57:21Aujourd'hui,
00:57:23ce qui semble être éminent, puisque tu viens
00:57:25de nous faire part, Tom, d'un schéma
00:57:27général qui est la financiarisation de
00:57:29tout. Il y avait même des gens qui parlaient de financiariser
00:57:31les humains à la naissance, de faire que
00:57:33quand un humain naisse, on puisse miser sur lui.
00:57:35Est-ce qu'il deviendra un sportif ?
00:57:37Est-ce qu'on pourrait faire un panier d'action humain ?
00:57:39Le Human Stock Exchange, il y avait même une bande dessinée
00:57:41là-dessus. On voyait des gens qui avaient
00:57:43une cotation.
00:57:45C'est Black Mirror.
00:57:47C'est Black Mirror,
00:57:49mais il y a une bande dessinée aussi, c'était le Human Stock Exchange
00:57:51ou Human Stock Index, je ne sais plus.
00:57:53Très bonne bande dessinée que je vous recommande,
00:57:55où on voit vraiment l'idée de quelqu'un qui dit
00:57:57voilà, moi j'ai mon petit bracelet qui dit
00:57:59si demain je deviens PDG
00:58:01ou si je deviens joueur de foot,
00:58:03l'investissement à ma naissance, évidemment,
00:58:05qui aura été pris sur moi, vaudra davantage.
00:58:07Donc on va titriser l'humain, c'est inévitable.
00:58:09On va le tokeniser.
00:58:11On va le tokeniser.
00:58:13Exactement. Alors, du coup,
00:58:15aujourd'hui, on parle de saisir l'épargne,
00:58:17pas de la saisir, alors c'est toujours
00:58:19les bons éléments de langage, dites-vous bien.
00:58:21De l'orienter. Non, mobiliser,
00:58:23pas orienter, mobiliser. La revitaliser.
00:58:25Voilà, la revitaliser.
00:58:27La revitaliser.
00:58:29La militariser, ce que vous voulez, bon pas militariser,
00:58:31mais en tout cas mobiliser l'épargne, comme mobiliser
00:58:33des réarmements démographiques. On va mobiliser
00:58:35l'épargne, dites-le vous bien. Alors,
00:58:37une des questions qui revient beaucoup,
00:58:39c'est à savoir est-ce que cette crise est
00:58:41fondamentalisable politiquement,
00:58:43notamment pour faire arriver de la monnaie de banque centrale
00:58:45ou pour aller mobiliser notre épargne ?
00:58:47Oui, totalement.
00:58:49Oui.
00:58:51Non, d'abord, pardon,
00:58:53Philippe, ensuite.
00:58:55Ce qu'il faut noter, surtout, sur la mobilisation
00:58:57de l'épargne, c'est que les Américains le font
00:58:59depuis toujours. Ils mobilisent l'épargne
00:59:01du monde entier pour se financer.
00:59:03Et nous, on va faire comme les Américains
00:59:05aujourd'hui, sauf qu'étant donné qu'on est
00:59:07dirigé par des personnes qui sont
00:59:09un peu moins favorables aux nations européennes
00:59:11que ce que les dirigeants américains sont favorables
00:59:13à la nation américaine, on va mobiliser
00:59:15notre propre épargne pour financer des dépenses
00:59:17dont nous-mêmes ne voulons pas.
00:59:19C'est la différence entre l'Europe et les États-Unis.
00:59:21Notamment des dépenses de guerre.
00:59:23Tu veux dire des dépenses dont nous ne voulons pas ?
00:59:25Pas seulement des dépenses de guerre.
00:59:27Ça peut être nettoyer le Rhône
00:59:29demain si on a envie de mettre un pied dedans
00:59:31sans s'infecter, comme on a nettoyé la Seine,
00:59:33ou ça peut être
00:59:35quelques festivités, quelques sorties.
00:59:37Si on a envie d'entendre une chanson,
00:59:39on peut faire venir Céline Dion, on peut la payer en frais de production
00:59:41pour ne pas payer des cachets parce que
00:59:43ça ferait trop si on mettait 2 millions en cachet
00:59:45et qu'on les maquait en frais de production.
00:59:47Ça peut être toutes ces dépenses-là, donc il y en a beaucoup.
00:59:49Et les Américains, lorsqu'ils font
00:59:51par exemple l'Inflation Reduction Act
00:59:53de Biden,
00:59:55on se dirait
00:59:57pourquoi nous, si on est libéral
00:59:59en France, on ne peut pas le faire ?
01:00:01On est dans le même état d'esprit. Si, mais moi je voudrais bien
01:00:03le faire si on le prenait avec l'argent d'autres pays.
01:00:05C'est formidable, mais c'est ce que font les Américains.
01:00:07Les Américains profitent de l'épargne du monde
01:00:09entier, dont des Japonais ces derniers mois
01:00:11pour se financer, pour distribuer,
01:00:13pour faire des lachets de billets ensuite
01:00:15pour leur société, pour leur économie.
01:00:17Là, c'est très bien. Mais nous, ce n'est pas du tout la même chose.
01:00:19Nous, on veut fonctionner dans l'épargne
01:00:21privée, c'est-à-dire qu'on veut bloquer
01:00:23l'épargne des déposants
01:00:25en leur disant, finalement, plutôt que
01:00:27vous l'investissiez dans votre pays vous-même,
01:00:29on va l'investir à votre place, dans votre pays
01:00:31ou ailleurs et on va entraîner des fuites de capitaux,
01:00:33pourquoi pas. Donc, c'est ça le grand drame
01:00:35de la mobilisation de l'épargne.
01:00:37C'est inévitable.
01:00:39C'est inéluctable et ça va se faire à l'échelle européenne
01:00:41parce que pendant qu'on n'a pas de gouvernement ici, vous avez
01:00:43quand même des commissaires européens comme Thierry Breton
01:00:45qui ont été reconduits pour leur candidature
01:00:47par Emmanuel Macron, vous avez le PPE qui maintient
01:00:49ses positions et tous les plans,
01:00:51union des marchés de capitaux, tout ça, ça continue
01:00:53à l'Union Européenne comme en 40
01:00:55et on n'a pas le droit de regarder dessus
01:00:57et nous, on est en période de travaux olympiques.
01:00:59Ici, au Nouveau France Info, on entend parler
01:01:01des JO du matin au soir.