L’hôpital public au bord du gouffre

  • la semaine dernière
Avec Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital public, membre du collectif inter-hôpitaux et co-auteur avec le Pr André Grimaldi, du "Guide des intox sur notre système de santé" (Editions Textuel)

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##LA_VERITE_EN_FACE-2024-09-05##

Category

🗞
News
Transcript
00:00Mais que se passe-t-il donc dans les hôpitaux ? C'est une crise sans précédent.
00:04L'hôpital public n'arrive plus à fonctionner correctement.
00:07Les blouses blanches réclament une nouvelle augmentation du budget hospitalier.
00:11Nous ne sommes plus en mesure de mener correctement nos missions.
00:16Un lit de fer tout blanc est sur la table de nuit.
00:21Oui, vous avez entendu tous ces sujets, tous ces reportages, les blouses blanches,
00:28les hôpitaux ceinturés, etc.
00:30Et pourtant, rien ne change.
00:33Olivier Milron, bonjour.
00:34Bonjour.
00:35Vous êtes cardiologue, vous faites partie aussi de ce collectif
00:39qui avait beaucoup occupé le devant de la scène avant le Covid,
00:43le collectif interhôpitaux.
00:45Il y avait eu des promesses qui avaient été engagées même pendant le Covid
00:48et puis depuis, ça n'avance pas, c'est ça ?
00:51Non, c'est même pas que ça n'avance pas,
00:53c'est que nous on a eu l'impression qu'il y a eu une mobilisation exceptionnelle
00:56en 2019 parce qu'on voyait que de nouveau,
00:58le budget de l'hôpital allait être voté de façon insuffisante
01:01et qu'on voyait qu'on arrivait mal à traiter nos patients.
01:04Et puis, comme vous l'avez dit, le Covid est arrivé là-dessus
01:08et quand même, l'hôpital public s'est réorganisé de façon très importante.
01:13On a l'impression qu'on a fait le travail.
01:15Les soignants ont été applaudis par le pays à 20 heures tous les jours.
01:19Il y a eu des discours d'Emmanuel Macron au cœur du Covid
01:24et on avait pensé qu'il avait compris qu'il fallait que la santé soit retirée du marché,
01:28qu'il fallait un grand plan pour l'hôpital public
01:30et la déception a été très très importante.
01:33Et donc, aujourd'hui, on est dans une situation où on a du mal à se mobiliser
01:38parce que les gens fuient l'hôpital.
01:40Oui, mais pourtant, alors fuient l'hôpital, je ne sais pas,
01:43mais en tout cas, ils fuient ou parfois on ne leur ouvre pas aussi
01:46parce qu'il y a des urgences, il y a des hôpitaux qui sont fermés,
01:49vous y allez à 19h, 20h, on vous dit non, non, c'est pas la peine,
01:53on est saturé, vous allez voir ailleurs.
01:55Oui, mais on est fermé parce qu'il n'y a pas de personnel.
01:58Parce qu'il n'y a pas de personnel, oui.
01:59Et pourquoi il n'y a pas de personnel ?
02:01Parce que j'ai cru comprendre quand même que dans les hôpitaux,
02:03on avait recruté ces dernières années beaucoup, non ?
02:07Alors, est-ce que ce n'est pas les 35 heures qui ont fait mal à l'hôpital ?
02:10Alors, les 35 heures, c'est le début des complications d'une idéologie en fait.
02:16Donc, les 35 heures en soi, c'est une mesure sociale.
02:19Ce que vous écrivez dans le guide des intox sur notre système de santé.
02:22On essaye dans ce livre d'expliquer aux gens qui sont des non-initiés
02:25comment ça fonctionne et l'étonnant et les aboutissants du système
02:28et pourquoi il faut avoir un débat démocratique sur le sujet de la santé
02:31qu'on n'a pas eu.
02:32On nous a présenté comme technique des décisions qui sont éminemment politiques.
02:36Aujourd'hui, le système va très mal.
02:37Donc, c'est le moment de prendre des décisions
02:39et il faut prendre des décisions avec un cap politique clair.
02:41Si on revient sur les 35 heures,
02:43décision de gauche, on va travailler moins, très bien.
02:47Mais sauf que, comme c'est au moment où on commence à dire
02:50oui, mais l'hôpital, ça coûte trop cher.
02:52Et quand on veut faire des économies à l'hôpital,
02:53c'est sur le personnel qu'on le fait
02:55parce que c'est à peu près 70% du budget de l'hôpital.
02:58On a dit, vous allez passer en 35 heures,
03:00mais on va augmenter la productivité.
03:02On n'a pas beaucoup augmenté le nombre d'infirmières et de personnel.
03:07Et donc, on a dit aux gens, vous allez travailler,
03:11je crois qu'à la PHP, c'était 7h29 par jour.
03:13Et si vous dépassez, de toute façon, on ne vous payera pas
03:15et vous ne pourrez pas récupérer.
03:17On a commencé à faire des pôles.
03:19On a rassemblé des services en disant aux infirmières,
03:21vous devez être flexible et être capable d'aller travailler
03:24dans n'importe quel service.
03:25Mais bien sûr, il n'y a pas eu la formation adéquate.
03:27Donc, quand vous passez d'un service de cardiologie
03:29à un service de dialyse et que vous n'avez pas été formé,
03:31c'est très déstabilisant pour les personnels
03:33parce que les gens ne supportent pas de mal faire leur travail
03:35à l'hôpital public.
03:37Et puis, petit à petit,
03:40les personnels sont partis dans certains services
03:43parce qu'ils ont été maltraités.
03:45Et donc, on a commencé à faire appel à des intérimaires.
03:49Et les intérimaires, par définition,
03:51c'est des gens qui décident s'ils viennent travailler ou non.
03:53— Intérimaires en quoi ?
03:54Par exemple, vous ne pouvez pas être intérimaire en infirmier.
03:58— Ah ben bien sûr.
03:59— Si.
04:00C'est-à-dire que vous êtes formé.
04:02Vous n'êtes plus titulaire dans l'établissement.
04:04Ce que je veux dire, ce n'est pas quelqu'un comme ça
04:06qui passe dans la rue.
04:07— Non, mais si vous avez un infirmier qui a juste son diplôme
04:09d'infirmier qui a été formé dans une école d'infirmières,
04:11il est tamponné infirmier.
04:13Mais s'il arrive dans un bloc opératoire
04:15où on fait des gestes très techniques
04:16et qu'il n'a pas été formé,
04:18il n'est pas d'une aide folle.
04:20Et on a d'ailleurs une étude anglaise qui vient de sortir
04:23qui montre que dans les hôpitaux,
04:25nous on milite beaucoup pour qu'il y ait un nombre maximum
04:28de patients par infirmière,
04:29et que ce soit inscrit dans la loi,
04:30qu'on voit dans chaque spécialité ce qui est nécessaire.
04:32Donc ça, c'est important.
04:34Mais il montre aussi que le fait d'avoir recours
04:36à des intérimaires augmente la mortalité.
04:38C'est-à-dire que le fait d'avoir des gens qui viennent...
04:40— Ils s'en occupent moins bien.
04:42— Oui, parce qu'ils ne sont pas formés,
04:43ils ne connaissent pas les protocoles du service,
04:44ils ne savent pas où est le matériel.
04:45Et donc au moment où ça chauffe, ça ne va pas.
04:48Donc pour avoir un hôpital qui fonctionne bien,
04:50il faut avoir des équipes bien formées,
04:52stables, qui ont le temps de bien travailler
04:55et de faire pas que des actes techniques,
04:57mais aussi de s'occuper des patients.
04:58— Bon, alors manque d'infirmières,
04:59on dit aussi manque de médecins.
05:01— Oui, oui.
05:02— Parce qu'on dit, oui, pour l'opération,
05:04vous allez attendre un petit bout de temps,
05:06ou là, on ferme des urgences.
05:08Parce que justement, il faut des infirmières,
05:11mais il faut aussi des médecins, des internes.
05:13— Voilà, alors là, ça, c'est aussi un processus très long,
05:16avec les idées, toujours, qu'on dépensait trop pour notre santé.
05:19— On dépense beaucoup, quand même.
05:21— Non, on dépense comme les autres.
05:22C'est-à-dire que si on regarde...
05:23— Ah bon ? Pas plus ?
05:24— Ah non, pas plus.
05:25Si on regarde par rapport aux autres pays européens équivalents,
05:27là, on est sur les dernières années, 2019,
05:29on regarde en pourcentage de PIB,
05:31c'est une façon de regarder.
05:32L'Allemagne, elle était à 12,7,
05:34et nous, on était à 12,1.
05:35Donc je pense qu'on n'est pas...
05:36Voilà.
05:37Et si on regarde des autres systèmes,
05:38parce que c'est ça qu'il faut...
05:39Voilà.
05:40La Suisse et les Etats-Unis, qui ont un système privé,
05:42où ils n'ont pas la sécurité sociale,
05:44ils sont à des chiffres beaucoup plus importants.
05:46Aux Etats-Unis, c'est 17% de leur richesse produite,
05:48du PIB, qui est mis pour la santé,
05:50avec un système très inégalitaire,
05:52où l'espérance de vie aux Etats-Unis
05:54est en train de diminuer,
05:56ce qui est quand même inédit.
05:57— Il ne faut pas tomber malade aux Etats-Unis,
05:59parce que vous allez à l'hôpital,
06:00en France, ça ne vous coûte pas grand-chose,
06:03quand vous allez à l'hôpital.
06:05Vous allez aux Etats-Unis pour un petit bobo à l'hôpital,
06:07parce que vous avez du mal à avoir un médecin,
06:09vous en avez tout de suite pour 1 000 à 1 500 euros
06:12pour deux consultations.
06:14— Non, mais c'est plus que ça.
06:15C'est-à-dire qu'il y a des gens qui meurent
06:16parce qu'ils n'ont pas l'argent pour payer.
06:18C'est la première cause de faillite personnelle
06:20les soins de santé.
06:22Et on considère qu'il y avait un sondage,
06:24les gens maintenant font des crowfunding,
06:26des appels à argent pour soigner leurs enfants
06:28ou leurs familles sur les réseaux sociaux.
06:30Il y a un Américain sur cinq
06:32qui a déjà participé à ce type de financement
06:35pour soigner des gens.
06:36Donc quand on dit en France
06:38qu'on paye trop de cotisations sociales,
06:40qu'on paye trop d'impôts,
06:42réfléchissons à l'alternative.
06:44Est-ce qu'on veut un système à l'américaine
06:46où quand on n'a pas d'argent,
06:48on fait un crowfunding pour soigner ses enfants ?
06:50— On disait justement qu'on avait le meilleur système
06:52de santé au monde.
06:53On l'a dit pendant des années.
06:55Et c'est vrai, il faut le reconnaître, Olivier Miron.
06:57Peut-être aussi vous.
06:59Je ne vais pas donner votre âge,
07:01mais quand vous avez commencé comme médecin,
07:03il y a une trentaine d'années,
07:06franchement, ça allait plutôt bien quand même,
07:08le système de santé.
07:09— On était très fiers de travailler à l'hôpital public
07:11à ce moment-là.
07:12Et il y avait un compagnonnage.
07:15Les gens qui étaient les plus doués
07:17restaient à l'hôpital public.
07:19Et puis certains partaient dans le privé
07:21où ils allaient gagner un peu plus d'argent
07:23que dans le public.
07:25Mais on était tellement fiers
07:27de travailler dans le public
07:28que le différentiel de salaire
07:30ne posait pas tellement de questions.
07:32Oui, on était classé dans les très bons...
07:34— Et c'est vrai !
07:36— Et on soignait bien les gens.
07:38On soignait tout le monde.
07:40— Et puis c'était facile d'avoir un médecin.
07:42— Et c'était facile d'avoir un médecin.
07:44— Bien sûr, de famille, entre guillemets.
07:46Aujourd'hui, c'est la croix et la bannière.
07:48— Il faut bien se rappeler que quand on a commencé
07:50à réformer le système,
07:51on ne l'a pas réformé parce qu'il marchait mal,
07:53on l'a réformé parce qu'on a considéré
07:55qu'il coûtait trop cher.
07:56Et ça, c'est sous la loi politique
07:58de dire où on met l'argent public.
08:01La première chose qui a été faite,
08:03c'est de dire que plus on met de médecins,
08:05plus ils dépensent, plus ils prescrivent,
08:07plus ils dépensent, donc on va former moins de médecins.
08:09Donc ça, c'est une des parties des explications
08:11de pourquoi aujourd'hui on n'a pas assez de médecins.
08:13La deuxième chose, c'est aussi parce qu'on forme
08:15des médecins à l'université publique,
08:17avec de l'argent public,
08:19et on n'a pas du tout de régulation
08:21de leur installation
08:23et de savoir ce qu'ils doivent faire
08:25en fonction de l'intérêt général.
08:27Et donc ça, c'est une grosse question,
08:29c'est une grosse bagarre.
08:31Mais il va bien falloir se la poser
08:33et donc il faut commencer à se poser
08:35la question de la régulation, au moins
08:37dans les zones où il y a trop de docteurs.
08:39Oui, c'est ça.
08:41Et probablement en commençant par les médecins
08:43qui sont dans le privé et qui font
08:45des dépassements d'honneur.
08:46Mais est-ce que vous êtes favorable, vous,
08:47à la proposition, vous savez, on en a beaucoup débattu
08:49il y a quelques temps, d'imposer
08:51à un jeune médecin d'aller
08:53travailler, de commencer
08:55dans un endroit, dans une zone
08:57en flux tendu,
08:59qui manque de médecins, plus dans
09:01les campagnes ou dans
09:03des villes moyennes.
09:04Ça va être très difficile de dire
09:06c'est les jeunes qui vont pâtir
09:08et donc il n'y a que les jeunes.
09:10Il faut qu'on revienne, pour la prise
09:12en charge de notre système de santé, sur une idéologie
09:14où on dit c'est le problème de tout le monde, en fait.
09:16Et aujourd'hui, on est dans un système où
09:18il y a des déserts médicaux.
09:20C'est la faute
09:22des politiques depuis de nombreuses années.
09:24C'est pas la faute des médecins qui osent
09:26se battre. – Vous l'avez dit quand même aussi un petit peu, parce que
09:28certains vont préférer aller au soleil, grosso modo,
09:30dans des villes plutôt que dans d'autres endroits.
09:32Il y a cette responsabilité, au lieu.
09:34La vérité est en face. – Non mais bien sûr,
09:36on regarde, donc ça, je pense que
09:38il faut réguler l'installation
09:40dans les zones surdotées.
09:42Après, la question c'est de dire c'est la faute de tout le monde
09:44et je pense que
09:46quand il y a des vrais déserts médicaux
09:48et qu'il n'y a pas de médecins qui s'organisent
09:50pour gérer ça, il faut que l'État
09:52prenne la main et nous on pense que de plus en plus, il faut
09:54organiser des centres de santé, gérés par l'État,
09:56plus ou moins adossés sur les hôpitaux.
09:58Il y a un exemple à Marseille, où le CHU de Marseille
10:00y crée des centres de santé dans les quartiers
10:02nord, qui sont des déserts médicaux,
10:04et il y a les médecins des hôpitaux,
10:06les médecins de la médecine libérale. – Et qui doit prendre en charge ?
10:08C'est l'État, les collectivités ?
10:10C'est un peu les deux. – Il faut que ça soit
10:12qu'il y ait une politique du territoire, c'est l'aménagement
10:14du territoire, donc il faut qu'avec les collectivités
10:16territoriales, il faut qu'il y ait
10:18une responsabilité populationnelle.
10:20En Allemagne, c'est comme ça que ça se passe, les médecins sont responsables
10:22de l'installation des médecins par territoire,
10:24et c'est eux qui régulent. On doit pouvoir le faire ici.
10:26– On continue d'en discuter, de se dire les choses,
10:28en face à face, la vérité en face,
10:30Olivier Milleron, jusqu'à 10h.
10:32Et vous, au 0826 300 300,
10:34qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que
10:36les médecins eux-mêmes sont responsables un petit peu,
10:38comme on venait de l'évoquer tout à l'heure ?
10:40Est-ce qu'on travaille
10:42bien à l'hôpital ? Est-ce qu'on ne travaille pas
10:44suffisamment ? Vous avez peut-être
10:46des exemples vous-mêmes,
10:48autour de vous, et bien vous nous appelez
10:500826 300 300, vous avez la parole,
10:52n'hésitez pas, évidemment.
10:54– Sud Radio.
10:569h10, Sud Radio,
10:58la vérité en face,
11:00Patrick Roger. – Il est 9h49,
11:02jusqu'à 10h, la vérité en face,
11:04est-ce qu'on sera bien soigné demain ?
11:06C'est la question que se posent
11:08beaucoup de gens quand ils voient que des urgences
11:10ferment, qu'ils ne trouvent plus de médecins
11:12autour de chez eux,
11:14ou que parfois il faut 2, 3,
11:164 mois pour avoir des spécialistes,
11:18alors qu'il y a urgences,
11:20ou pour passer des IRM, des scanners,
11:22moi je pensais qu'aujourd'hui c'était
11:24un peu systématique, on avait un besoin,
11:26on pouvait le faire, eh bien non,
11:28il faut attendre du temps et évidemment
11:30quand il y a des maladies, elles se développent
11:32et il faut essayer de raccourcir ces délais.
11:34Nous sommes avec Olivier Milron
11:36qui publie ce guide des intox
11:38sur notre système de santé,
11:40on l'a évoqué tout à l'heure sur
11:42beaucoup des raisons,
11:44et on se projette quand même,
11:46est-ce qu'aujourd'hui vous avez le sentiment
11:48que la médecine continue
11:50d'attirer les jeunes, ou est-ce que
11:52au contraire les jeunes ne viennent plus
11:54vers ces métiers ?
11:56On est dans une situation où il n'y a jamais eu autant
11:58de jeunes qui ont demandé d'avoir accès au métier de la santé,
12:00que ce soit aux écoles d'infirmières
12:02ou sur les écoles de médecine,
12:04on voit sur Parcoursup que c'est énormément demandé,
12:06par contre on a l'impression que les accès sont difficiles,
12:08en médecine on a l'impression que c'est très compliqué
12:10d'arriver à s'inscrire en première année,
12:12et une fois que c'est en première année, il y a encore
12:14une sélection qui est importante,
12:16on a dit qu'on supprimait le numéro exclusif,
12:18mais en fait c'est les facultés qui décident,
12:20et comme on n'a pas donné énormément de moyens aux facultés
12:22pour accueillir plus d'étudiants,
12:24c'est difficile d'augmenter très vite les capacités
12:26de formation,
12:28et puis pour les infirmières, apparemment il y a un gros
12:30souci d'adéquation
12:32avec la sélection Parcoursup,
12:34et il y a beaucoup d'élèves infirmières
12:36qui abandonnent en cours
12:38de route, on parle de 50% d'abandon
12:40avant la fin des études,
12:42et donc là aussi on a probablement
12:44un problème de sélection
12:46des gens qui y sont, alors qu'il y a plein
12:48de gens très motivés.
12:50On a besoin
12:52nous de réformer le pays
12:54vite en ce qui concerne la santé,
12:56c'est un vrai problème démocratique,
12:58personne n'a eu le mandat de détruire
13:00l'hôpital public ou de détruire le système solidaire,
13:02personne n'a été élu là-dessus,
13:04et pourtant c'est ce qui est en train de se passer,
13:06on a un système qui a été basé ces dernières années
13:08sur la concurrence entre les acteurs,
13:10entre le privé et le public,
13:12mais même entre hôpitaux publics,
13:14c'est-à-dire que nous on nous explique que sur des secteurs
13:16il y a des parts de marché et qu'il faut gagner des parts de marché,
13:18il faut être rentable,
13:20et il y a des malades rentables
13:22et il y a des malades pas rentables,
13:24et les malades rentables c'est les malades chez qui ont fait des actes techniques,
13:26les actes techniques sont très
13:28valorisés par la tarification à l'activité,
13:30alors que la prise en charge des patients
13:32âgés, polypathologiques,
13:34qui nécessitent pas forcément beaucoup d'actes,
13:36et du temps de la technicité
13:38et de l'intelligence, ça c'est pas valorisé,
13:40donc c'est aussi une des
13:42raisons pourquoi les personnes
13:44âgées restent sur des brancards
13:46aux urgences, c'est que les services
13:48qui soient publics ou privés n'ont pas intérêt à
13:50les prendre dans leur lit parce qu'ils considèrent qu'ils vont bloquer
13:52longtemps un lit, et qu'on va pas faire
13:54des actes techniques, et c'est ça en fait,
13:56et donc on a un système
13:58d'EOW,
14:00et que vous devez aller à l'hôpital, il faut bien choisir son
14:02hôpital alors,
14:04ils vont aller vers le privé peut-être ?
14:06C'est la même chose dans le privé en fait,
14:08le privé ils ont aussi
14:10encore plus que nous, nous on
14:12devrait pas avoir de notion de rentabilité à l'hôpital public,
14:14c'est un service public, la notion de rentabilité pour
14:16le service public n'a pas de sens,
14:18les cliniques privées sont des
14:20organismes à but lucratif,
14:22donc eux ils doivent gagner de l'argent, et donc
14:24bien sûr qu'ils vont sélectionner les activités
14:26qui rapportent de l'argent,
14:28le problème c'est que là
14:30on est dans un système où on maltraite la population
14:32et on maltraite les personnels, en fait si vous regardez
14:34dans le système aujourd'hui, il n'y a pas grand monde qui est heureux en fait,
14:36que ce soit au niveau des soignants ou au niveau des
14:38usagers, donc il faut réformer ça,
14:40il faut réformer ça en changeant
14:42l'idée que la santé est un marché
14:44et que l'hôpital est une entreprise.
14:46Faut un juste milieu quand même quoi !
14:48Non mais il faut surtout que les acteurs aient intérêt à
14:50travailler ensemble, voilà donc
14:52qu'un patient qui a une maladie
14:54chronique décompensée soit aux
14:56urgences, c'est une anomalie du système,
14:58il devrait y avoir une filière,
15:00c'est rarement une urgence dans les deux heures.
15:02Dites-moi, il y a du boulot, il faut tout réorganiser.
15:04Il faut réorganiser mais il faut surtout sortir
15:06de paradigme, il faut changer de paradigme.
15:08L'idée qu'on va
15:10gagner beaucoup d'argent avec la santé
15:12et qu'on laisse les acteurs faire,
15:14ça ne marche pas, on l'a vu, d'accord ?
15:1620 ans de politique basée
15:18sur l'idée que la concurrence
15:20entre les acteurs va
15:22améliorer les choses, c'est une catastrophe.
15:24Et pourtant, attendez, la santé, il faut se dire
15:26les choses, la vérité en face,
15:28beaucoup choisissaient aussi médecine
15:30pour ensuite avoir
15:32des spécialités parce qu'ils se disaient
15:34je gagne beaucoup d'argent en médecine en ayant
15:36une spécialité, il y en a qui brassent
15:38beaucoup d'argent quand même.
15:40Pas forcément
15:42à l'hôpital public, mais d'ailleurs ils ont
15:44des consultations
15:46et puis après ils vont dans le privé.
15:48Que les choses soient claires, quand on
15:50fait médecine, dès qu'on est en deuxième année
15:52on est sûr d'avoir un métier toute sa vie,
15:54il n'y a pas de médecin chômeur, et on va
15:56bien gagner sa vie, il n'y a pas de
15:58médecin pauvre, et
16:00quand on regarde dans l'échelle des salaires en France
16:02les médecins, on est très bien
16:04traités. Donc, à partir du moment où
16:06on dit ça, il faut qu'on
16:08accepte qu'il y a une responsabilité
16:10de la profession
16:12dans son ensemble, et que
16:14oui, il y a un débat aussi qu'on devrait avoir,
16:16c'est que l'argent
16:18des médecins, et c'est largement de l'argent
16:20socialisé, des cotisations sociales,
16:22combien on pense qu'un médecin doit gagner
16:24dans ce pays, et donc
16:26pourquoi un médecin généraliste
16:28ou un gériatre gagnerait trois fois moins
16:30qu'un chirurgien ?
16:32On doit se poser la question
16:34et on ne se la pose jamais !
16:36Vous avez raison de la poser en tout cas,
16:38on va conclure avec Marie-Alice
16:40parce qu'au 0826 300 300
16:42vous voulez réagir, et puis
16:44souvent on termine l'émission avec vos appels.
16:46Vous êtes infirmière libérale
16:48du côté d'Agin, ma chère Marie-Alice,
16:50c'est ça, bonjour !
16:52Bonjour, c'est exactement ça.
16:54Alors nous, j'ai bien entendu
16:56ce qu'a dit
16:58Olivier Mizeron, oui pardon,
17:00excusez-moi,
17:02effectivement il y a une maltraitance des
17:04professionnels de santé, nous à
17:06domicile, on a énormément
17:08de prise en charge,
17:10on a des patients complètement
17:12démunis, qui ne
17:14trouvent pas de médecin, et ils se tournent
17:16donc évidemment vers
17:18l'infirmière du secteur,
17:20l'infirmière familiale,
17:22l'infirmière référence,
17:24les pharmaciens s'équipent de
17:26bornes qu'ils payent
17:28pour essayer de
17:30limiter justement
17:32l'accès aux urgences,
17:34mais ça ne résout pas
17:36tous les problèmes.
17:38Dites précisément,
17:40sur les pharmacies, des bornes de
17:42téléconsultation, oui c'est vrai.
17:44Je dirais que c'est plutôt pour
17:46la bombologie.
17:48C'est plutôt pas mal ça je trouve, non ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
17:50Oui parce que je pense
17:52que ça permet un accès
17:54et
17:56ça va permettre aussi
17:58de, ça permet
18:00d'orienter les gens.
18:02Par contre sur le chronique,
18:04ou sur les patients à domicile,
18:06sur les patients de
18:0880, moi j'ai des patients
18:10qui ont 100 ans et 9 mois,
18:12pour en écouter.
18:14On vit de plus en plus vieux, bien sûr.
18:16Et le
18:18souci,
18:20c'est que nous, en fait,
18:22à domicile, c'est la course
18:24à la prescription,
18:26c'est la course pour trouver
18:28un prescripteur,
18:30pour orienter un patient.
18:32Moi j'ai une
18:34jeune femme, diabétique,
18:36insulinodépendante avec une pompe,
18:38qui a des soucis d'oreille
18:40interne et qui, pour avoir un
18:42ORL spécialisé,
18:44doit
18:46à une consultation, je crois, en décembre
18:48à Narbonne. On est dans le Lot de Varonne.
18:50Oui, c'est ce que je disais tout à l'heure.
18:52Merci beaucoup pour votre témoignage, Marie-Alice.
18:54Merci Olivier Milleron. On pourrait continuer,
18:56mais on vous réinvitera évidemment.
18:58Je signale donc
19:00votre livre guide des intox sur notre
19:02système de santé. C'est aux
19:04éditions textuelles, il y aurait beaucoup à dire.
19:06Et notamment sur... Vous n'êtes pas
19:08d'accord avec ces cabines,
19:10ces télécabines chez les pharmaciens.
19:12Pour des petites choses...
19:14On a besoin
19:16de prendre en charge nos personnes âgées qui ont des maladies
19:18chroniques et il faut tourner le système vers ça.
19:20Merci. Dans un instant, Valérie Expert,
19:22Gilles Gansman.

Recommandée