Les groupes pharmaceutiques ont identifié une centaine de molécules vendues librement ailleurs en Europe. À la clé : 200 millions d'euros d'économies minimum pour la Sécurité sociale. On en parle avec Luc Besançon, délégué général de Nères, l'association professionnelle qui regroupe les laboratoires pharmaceutiques fabricant et commercialisant des produits de santé et de prévention de premier recours, disponibles en pharmacie sans ordonnance.
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00:00RTL soir, Yves Calvi et Agnès Bonfiore. RTL, il est 18h43, bonsoir Luc Besançon.
00:06Bonsoir. Vous dirigez l'ANRS, l'association professionnelle qui regroupe les laboratoires
00:13pharmaceutiques, des labos qui souhaitent aujourd'hui élargir la liste des médicaments
00:16vendus sans ordonnance. Est-ce vraiment nécessaire et si oui, pourquoi ? En fait,
00:23c'est nécessaire parce que, je ne sais pas si vous avez essayé de prendre un rendez-vous chez
00:26votre médecin, ce n'est pas toujours le plus simple et ça prend parfois plusieurs jours
00:30avant d'obtenir. Et en fait, on voit aussi que pour beaucoup de Français, notamment en milieu
00:35rural, l'accès aux soins est de plus en plus compliqué, en particulier pour les modes du
00:40quotidien, la bobologie. Et donc, l'enjeu, c'est d'améliorer l'accès aux soins et aussi de faire
00:45des économies pour l'assurance maladie. Il va falloir nous expliquer tout ça. Il faut préciser
00:49que ces médicaments sont remboursés quand ils sont prescrits par un médecin. Le problème,
00:53c'est de voir ce dernier, on est bien d'accord. En tout cas, c'est l'origine des difficultés
00:56que vous soulevez. Exactement. En fait, ce qu'on voit, c'est que dans quelques pays européens,
01:03on en a étudié cinq, on a presque 100 molécules qui sont disponibles sans ordonnance. Et donc,
01:08ça veut dire que quand vous allez en officine, vous pouvez y accéder. A l'inverse, vous pouvez
01:13toujours continuer à aller chez votre médecin et les voir rembourser. Mais 100 molécules chez
01:19nos voisins, chez nous, combien sont en libre service en France ? Alors, on en a une petite
01:26centaine qui sont actuellement en accès sans ordonnance. Donc, ça vous permettrait de presque
01:30doubler la quantité avec à la fois un meilleur accès aux soins et aussi des économies qu'on
01:36estime entre 200 et 370 millions d'euros pour l'assurance maladie. Vous estimez qu'on fera des
01:44économies ? Je vous ai bien compris. Tout à fait, exactement. Actuellement, déjà, les médicaments
01:50qui sont disponibles sans ordonnance génèrent des grandes économies pour l'assurance maladie,
01:55à peu près 3,1 milliards d'euros. Et en rajoutant ces 99 médicaments et en laissant toujours le
02:01choix aux patients d'aller voir son médecin ou de passer directement en pharmacie pour les
02:06obtenir, on pourra dégager encore plus d'économies, presque 377 millions d'euros chaque année.
02:1350% des Français renonceraient aux soins à cause de la complexité et la difficulté de
02:17l'accès aux soins. C'est un des résultats de votre étude. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?
02:21Oui. En fait, ce qu'on voit, c'est qu'on a un système de santé qui est de moins en moins bien
02:29compris par les patients. Quand on ne sait pas forcément où se rendre et quand on voit aussi
02:35qu'on a 24% des Français qui ont déjà été aux urgences pour des mois du quotidien, alors même
02:41que ces urgences sont saturées, on voit qu'on a besoin de fluidifier ces éléments. Et en fait,
02:48ce qu'on a un avantage, c'est que le réseau des pharmacies est accessible qu'on soit à la ville
02:53ou à la campagne et que ça permettrait sans doute d'améliorer la confiance des Français dans le
02:58système de santé et éviter qu'ils renoncent aux soins puisque le soin serait beaucoup plus
03:02accessible à côté de chez eux. Je n'ai pas voulu vous interrompre, mais je voudrais que vous le
03:07faire confirmer. On va donc en France aux urgences, dans notre pays, pour obtenir une prescription et
03:13avoir accès à un certain nombre de médicaments qui par ailleurs seront remboursés. Je vous ai
03:18bien compris. Exactement. Alors, on a 24% des Français qui nous ont dit qu'au cours des 12
03:23derniers mois, ils ont été aux urgences tout en sachant que c'était une labobologie, des mois
03:29du quotidien. Et donc, en fait, ce qu'on voit, c'est que finalement, les Français n'ont pas
03:32forcément une idée des parcours de soins optimaux qu'ils pourraient avoir, qui peuvent être soit
03:39leurs médecins ou leurs pharmaciens au quotidien. Alors, j'avais envie de vous dire que ce n'est
03:43quand même pas très compliqué d'aller chez le docteur. Nos généralistes sont les moins chers
03:46d'Europe. 26,50 euros, ça doit passer d'ailleurs à 30 euros, je le précise, au mois de décembre.
03:50Mais ils sont insuffisamment présents sur le territoire, c'est ça ? Alors, ils sont surtout
03:57saturés puisqu'en fait, on a une population qui vieillit. On a aussi beaucoup de demandes. Et
04:02donc, l'enjeu, c'est de permettre d'alléger un petit peu leur charge de travail pour justement
04:08que l'accès à ces médecins soit important. En moyenne, on a vu que pour presque 20% des
04:14Français, c'est une semaine entière pour avoir un rendez-vous chez son médecin généraliste. Donc,
04:20l'objet, c'est comment on permet de réduire cette charge sur les médecins généralistes. Et une des
04:25solutions, c'est justement de permettre à ce que davantage de molécules soient disponibles sans
04:29ordonnance. On parle de médicaments à quel prix ? Alors, on a des médicaments qui sont en France,
04:36parmi les plus bons marchés d'Europe. On est en moyenne à 4,68 euros. Et seuls les Pays-Bas sont
04:44à un prix inférieur au prix français d'après nos études. En fait, ce que vous nous expliquez
04:48depuis le début de votre intervention, et c'est ce qui en fait l'intérêt, c'est que vous nous
04:52dites que les pharmaciens devraient être habilités en quelque sorte à permettre de délivrer comme un
04:56médecin sur un certain nombre de médicaments. C'est cela ? Exactement. C'est de pouvoir permettre
05:02d'offrir le choix aux patients, soit d'aller voir leur médecin, et c'est toujours la possibilité,
05:06soit d'aller directement en officine et de gagner un temps précieux, puisqu'on peut s'y rendre à la
05:12sortie du travail, ou tout simplement à tout moment de la journée. Car dans un cas, ils sont
05:16remboursés, et dans l'autre, ils payent. C'est quand même la différence ? Alors, dans un cas,
05:20ils sont remboursés, et dans l'autre, ils perdent. Mais ce qu'il faut, n'oublions pas qu'à partir de
05:25décembre, il y aura deux euros qui ne seront plus remboursés sur la consultation médicale. Et pour
05:31chaque boîte qui est vendue en officine remboursée, il y a un euro qui n'est pas remboursé par la
05:36sécurité sociale. Donc, on est déjà à trois euros qui ne sont pas remboursés par rapport à ces quatre
05:41euros soixante-huit. Alors, je résume votre propos depuis le début de notre entretien. Le vrai
05:45problème, c'est clairement à la fois les déserts médicaux et les médecins surchargés de patients.
05:49Est-ce qu'il y a des pays que vous trouvez exemplaires, et si oui, lesquels ? Il y a des
05:55pays pour lesquels on a eu, malheureusement peut-être pour eux, des pénuries de médecins
06:00qui sont encore plus avancés. Je pense par exemple à l'Allemagne ou en Angleterre. Et ils ont
06:06justement été parmi les plus en avance pour essayer de s'appuyer sur le pharmacien à travers
06:11un nombre plus élevé de médicaments disponibles sans ordonnance. Avant de nous séparer ? A partir
06:16de ces quelques pays, nous on a eu... Oui, pas de souci. Excusez-moi, je vous ai interrompu
06:21involontairement. C'est à travers ces pays, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni où
06:27les patients y vont. Et par exemple, en France, on a 23% des Français qui vont se rendre directement
06:32en officine pour les maux du quotidien, alors qu'en Allemagne, on est à 47% et au Royaume-Uni à 27%.
06:38Merci beaucoup Luc Besançon. Vous dirigez l'ANRS, c'est l'association professionnelle qui regroupe
06:42les laboratoires pharmaceutiques. Très bonne soirée à vous et vous souhaitez que nous ayons accès plus
06:47facilement à un certain nombre de médicaments. Merci beaucoup.