Laurence Peyraut, directrice générale du LEEM, le syndicat professionnel des entreprises du médicament, conteste, mardi 19 novembre, le dérapage de 1,2 milliard d'euros sur les dépenses de médicaments annoncé par le gouvernement.
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00:00Bonsoir, je suis ce soir avec Laurence Perrault, vous êtes la directrice générale du LEM, bonsoir.
00:06Bonsoir.
00:06Le LEM, organisation professionnelle du médicament en France, la ministre de la Santé, Geneviève
00:12Darriussec annonce que les médicaments seront moins remboursés l'an prochain par la
00:16Sécurité Sociale.
00:17Le taux de remboursement sera abaissé de 5% pour faire des économies, une annonce
00:22qui a été faite alors que le budget de la Sécu commence tout juste à être examiné
00:28par le Sénat.
00:29Comment ça va inciter les fabricants de médicaments à baisser leur prix ?
00:32Alors merci de m'interroger sur ce budget de la Sécurité Sociale et donc notre budget
00:37en réalité pour le traitement des patients en France.
00:39Je ne vous cache pas qu'à l'heure où on se parle, nous sommes extrêmement préoccupés.
00:43En réalité, on est préoccupés par une annonce récente, il y a moins de quatre
00:47jours, où on nous annonce qu'il y aurait un dérapage qui conduirait à prendre des
00:52mesures, dont celles que vous mentionnez, sur le médicament.
00:56Effectivement, la ministre de la Santé justifie les annonces en disant qu'il y a eu un dérapage
01:01de l'ordre d'un milliard d'oeufs et effectivement, elle vous rend responsable de ce trou parce
01:05que selon le ministère de la Santé, vous n'avez pas effectué de remise, sorte de
01:09ristourne accordée à l'État, est-ce que vous comptez ça ?
01:12Deux choses.
01:13Un, il y a quatre jours, on apprend qu'il y a un dérapage d'un milliard d'oeufs.
01:18C'est un énorme dérapage que nous ne reconnaissons absolument pas dans les chiffres que nous
01:23mesurons chaque mois avec nos entreprises.
01:26Première chose.
01:27Vous ne l'avez pas vu ce dérapage ?
01:28On ne l'a pas vu et on ne le voit pas.
01:30Nous discutons chaque jour avec nos entreprises pour regarder au plus près des provisions
01:34que nous faisons.
01:35Nous ne le constatons pas, ce soir au moment où je vous parle.
01:38Donc déjà, vous êtes étonnée par le chiffre annoncé par le ministère de la Santé ?
01:43Absolument.
01:44Comment un chiffre d'un milliard d'oeufs peut sortir à ce moment-là de l'année ?
01:47À ce moment-là, parce qu'on a l'examen du projet de loi de financement de la sécurité
01:51sociale devant le Sénat.
01:52Vous avez raison.
01:53Mais c'est pour ça que, comme nous sommes une économie régulée, nous discutons chaque
01:57mois avec l'administration.
01:58Nous les avons rencontrés en juillet, en septembre, en octobre.
02:02Il n'y avait aucun dérapage.
02:04Voir même, il y avait même une maîtrise sur le budget du médicament.
02:08Donc ce que vous dites, c'est qu'il n'y a pas de dérapage concernant les dépenses
02:12de médicaments en France ?
02:13On ne le constate absolument pas.
02:14Nous avons réussi, après avoir réclamé tout le week-end, d'avoir les chiffres hier.
02:19Ces chiffres qui nous ont été annoncés, vous le mentionniez, sur des baisses de remise,
02:23des écarts de remise, voire des écarts de prévision pure.
02:27Pour que l'auditeur comprenne bien, effectivement, c'est un petit peu complexe.
02:30Mais en gros, le secteur du médicament doit accorder des ristournes, des remises à l'État.
02:38Et donc, c'est ce manque à gagner que l'État estime à 1,2 milliard aujourd'hui.
02:44Des remises que vous n'auriez pas effectuées.
02:46Mais si on ne fait pas de remises, ça veut dire qu'il n'y a pas de croissance de la
02:49dépense, puisqu'elles sont liées, ces remises, à de la dépense.
02:52Donc il n'y a pas de dérapage.
02:53Donc on ne comprend pas ce qui se passe.
02:55Est-ce que vous avez une explication depuis ces quatre jours ?
02:58Nous n'avons toujours pas d'explication.
02:59Les explications qui nous ont été données hier sont très incertaines.
03:02D'ailleurs, sur l'ensemble des explications, il y avait marqué niveau d'incertitude.
03:06Donc finalement, ce que l'on demande, c'est qu'il y ait urgence à regarder ces chiffres
03:10et en responsabilité, de les comprendre avec l'administration.
03:13Est-ce que vous voyez un dérapage de votre côté ? S'il n'est pas d'un milliard d'euros,
03:15il serait de combien, Laurent ?
03:16Il n'y a pas de dérapage au moment où nous nous parlons.
03:19Des dépenses de médicaments ?
03:20Il n'y a pas de dérapage, l'affirme ce soir, sur ce que nous constatons avec nos entreprises.
03:26Ce que l'on demande au gouvernement au moment où l'on se parle, c'est de se poser, car
03:31au moment où nous discutons, il y a le Sénat à qui on va produire un texte sur lequel
03:37il va voter.
03:38Et à lequel on demande de faire un texte dans lequel est prévu un taux de remboursement
03:43abaissé de 5%.
03:45Notamment parce qu'il y a ce taux de baisse de remboursement qui va peser sur les Français,
03:49mais il y aura aussi une augmentation de la taxe spécifique de la pharmacie et qui va
03:55peser très lourdement.
03:56Alors oui, effectivement, parce qu'il y a une taxe qui est prévue sur votre secteur
04:00qui s'appelle une clause de sauvegarde.
04:03La fameuse clause de sauvegarde.
04:05Et alors, de ce que j'ai lu, vous allez me dire si c'est vrai, c'est que vous aviez
04:09obtenu un plafonnement de cette taxe à 1,6 milliard.
04:13C'est ce que vous avez payé l'an dernier, enfin cette année, en 2023.
04:17Et vous dites, c'est déjà énorme, on ne devrait pas aller au-delà.
04:20Qu'en est-il aujourd'hui concrètement ? Et pour que tout le monde comprenne.
04:25Alors concrètement, les entreprises payent des taxes, ce sont la taxation générale
04:29et la pharma a une taxe supplémentaire qui est aujourd'hui à 1,6 milliard.
04:33Il faut que vos auditeurs comprennent que cette taxe est la taxe la plus importante
04:38en Europe.
04:39On a un effet ciseau.
04:40Les prix les plus bas d'Europe et la taxe la plus haute d'Europe.
04:43Donc, nous avions eu des engagements des trois derniers ministres concernés pour plafonner
04:48cette taxe à 1,6 milliard.
04:51Mais mieux, nous avions un engagement de notre ancienne première ministre à faire baisser
04:55cette clause de sauvegarde.
04:56Elisabeth Borne.
04:57Un rapport interministériel, ce n'est pas uniquement nous, les entreprises du médicament
05:01qui avons posé ce constat, où il faut refonder cette politique du médicament.
05:06Pourquoi ? Parce que les Français ont besoin d'avoir accès à leur traitement.
05:09Mais ce que ça veut dire, Laurence Perrault, c'est qu'aujourd'hui vous pensez que vous
05:13allez payer une taxe encore plus importante, c'est 1,6 milliard ?
05:16Si il y a ce dérapage d'y constater que nous ne constatons pas, alors il va y avoir
05:22des mesures pour pénaliser encore plus les entreprises.
05:24Et là, on le conteste parce que nous ne voyons pas ce dérapage.
05:28Mais si, dérapage, il y a, même s'il est moins important que ce milliard d'eux, qu'est-ce
05:33que vous préconisez, vous, les industriels du médicament, pour faire baisser la dépense
05:39de médicaments en France ?
05:40Ça, c'est un très bon point.
05:41Et d'ailleurs, depuis plusieurs mois, nous avons sur la table de négociation des mesures
05:46d'économie.
05:47Et d'ailleurs, nous avons déjà anticipé, puisque nous avons lancé il y a quelques
05:50mois maintenant, une grande campagne à destination des Français pour réduire la consommation
05:55de médicaments.
05:56C'est une campagne qui s'appelle « Réduisons le volume », notamment pour les personnes
05:59âgées.
06:00Ça passe par moins de prescriptions ?
06:01C'est moins de prescriptions, moins de consommation.
06:04Si je vous prends un exemple, sur les personnes âgées de plus de 65 ans, elles consomment
06:08plus de 9 médicaments par jour.
06:10On sait qu'au-delà de 5, il peut y avoir des effets délétères.
06:14Donc, nous encourageons les Français d'aller voir leur médecin, leur professionnel de
06:18santé, et nous encourageons également les médecins à moins prescrire.
06:22Et pour cela même, on a fait ce qu'on appelle un logiciel d'aide à la prescription.
06:26Donc ça, ça pourrait faire baisser les dépenses de médicaments.
06:29Mais pour l'instant, ce qui est sur la table, c'est un taux de remboursement de 5%.
06:36Un taux de remboursement abaissé de 5%, qui n'a pas été négocié.
06:39Mais qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Est-ce que ça veut dire que le prix du
06:43médicament va baisser ? Est-ce que c'est vous qui allez baisser le prix du médicament ?
06:48Est-ce que c'est à la Mutuelle de le prendre en charge ? Qu'est-ce qui va se passer concrètement ?
06:51Ce qui va se passer, c'est sorti hier, sorti de façon non négociée.
06:55Déjà, le président de la mutualité française s'en est ému.
06:58Nous, ce que l'on dit, c'est qu'il faut absolument travailler en co-construction avec
07:01les acteurs qui sont concernés.
07:02On ne peut pas apprendre, nous, par la presse, la semaine dernière, hier, par la presse
07:07à nouveau, ou au banc, qu'on va faire des mesures d'économie sur les Français, alors
07:12que nous n'avons pas...
07:13Sauf si vous baissez le prix des médicaments ?
07:15Sauf si l'on baisse le prix des médicaments, qui est aujourd'hui, les prix en France sont
07:20les prix les moins chers en Europe.
07:22Ils sont déjà extrêmement bas.
07:24Fiscalité la plus haute, les prix les plus bas.
07:26Nous devons sécuriser deux choses essentielles.
07:28L'innovation et l'attractivité de la France pour l'innovation.
07:32Et nous devons aussi se battre pour la relocalisation, la production en Europe et en France.
07:38Parce qu'aujourd'hui, vous dites que si l'industrie du médicament est davantage taxée, ça peut
07:44inciter les fabricants de médicaments à quitter la France.
07:48On a vu que Doliprane était vendue à un fonds d'investissement américain, ça ne
07:53veut pas dire que la production de Doliprane demain va partir, mais vous dites, le signal
07:56est mauvais aujourd'hui.
07:57Il faut un signal qui donne envie à toutes les entreprises du monde entier à choisir
08:02la France.
08:03C'est pour ça qu'on a d'ailleurs un très joli événement, Choose France, où les entreprises
08:06s'engagent.
08:07On a besoin d'une Europe, une souveraineté au niveau européenne, pour qu'elle attire
08:12des capitaux, pour que ces capitaux soient au service de l'innovation et de la production
08:16pour que les Français aient accès à leur traitement.
08:18C'est notre obsession tous les jours.
08:20Et donc, si je comprends bien ce que vous dites, Laurence Perrault, ce que vous voulez,
08:24c'est que les sénateurs ne votent pas ce taux de remboursement, abaissé de 5% sur
08:29les médicaments notamment.
08:31Merci beaucoup.
08:32Vous êtes la directrice générale du LEM, Industrie du Médicament en France.
08:37Invitée.
08:38Écho de France Info ce soir.
08:39Merci madame.