Une enquête préliminaire a été ouverte après la diffusion d'une vidéo dans laquelle une enseignante de petite section de maternelle brutalise une élève de trois ans en larmes au lendemain de la rentrée scolaire. La famille a porté plainte et le rectorat a suspendu la professeure des écoles, affirmant toutefois que l'institutrice n'avait "aucun antécédent" dans son dossier.
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00:00C'est insupportable, et comme j'ai eu à gérer l'enseignement scolaire puis j'étais ministre de l'enfance,
00:07dans son malheur, finalement, cette petite fille a une grande chance, c'est que ça a été filmé.
00:11Parce que que vaut la parole de l'enfant face à la parole de l'adulte,
00:15ou d'autres types de maltraitance, les maltraitances d'autres élèves ?
00:19Je pense en particulier aux faits de harcèlement.
00:21Ça me permet de rappeler ce qu'on dit à un enfant qui se confie à vous,
00:27et qui se confie à vous pour avoir subi des violences.
00:30On lui dit premièrement, je te crois, quel que soit son âge, je te crois.
00:34Deuxièmement, tu as bien fait de parler, parce que tu vas protéger d'autres enfants potentiellement victimes.
00:40Tu as bien fait de parler.
00:42Troisièmement, on va s'en occuper, et on va te protéger.
00:46Et donc, par rapport à la parole d'un enfant, par rapport au poids de la parole de l'adulte,
00:52c'est très difficile pour un enfant de parler.
00:54Parce que la petite fille avait parlé à sa maman la veille, le soir, en rentrant de l'école,
00:59et la maman avait dit, bon, elle exagère.
01:01C'est ça, non seulement...
01:02Et la vidéo confirme ce que la petite fille avait dit à sa maman la veille.
01:05C'est ça, c'est pour ça que je vous dis, il faut croire l'enfant,
01:08car le monde des adultes va chercher à se protéger.
01:11C'est tellement compliqué de mettre un enseignant en cause, ou un autre élève en cause,
01:15qu'on se dit, bon, ça va passer, etc.
01:17Non, ça ne va pas passer.
01:19Donc, je te crois, tu as bien fait de parler.
01:21La vidéo est utile dans ce cas-là.
01:23La vidéo est très utile.
01:24D'abord, la vidéo va être utile à l'égard de tout le service public de l'éducation nationale,
01:29où, par définition, sur 12 millions d'élèves, forcément, il y a des violences marginales,
01:34mais il y en a.
01:35Donc, il faut qu'elles soient éradiquées, ces violences.
01:37Plus les violences entre élèves.
01:39Et ça va aussi servir de leçon aux parents.
01:41Parce qu'il y a des parents qui frappent aussi leurs enfants.
01:43Il y a beaucoup d'enfants victimes de maltraitance dans les familles.
01:46Et ce que je trouve très positif dans cette histoire,
01:48c'est la réprobation de tout le monde par rapport à ce qui se passe.
01:52Parce que ça pourrait être banalisé.
01:54On pourrait dire qu'un enfant, on peut lui taper dessus, etc.
01:57Ce qui me permet de dire une seconde chose.
01:59Qu'est-ce que c'est que le langage d'un enfant ?
02:01Pourquoi est-ce qu'un enfant pleure, crie, voire est agressif ?
02:06Même un enfant qui tape les autres, c'est une forme de langage.
02:09C'est-à-dire que l'enfant n'a pas les mots à poser sur son angoisse,
02:13sur sa peur, sur les violences qu'il subit par ailleurs.
02:16Et en particulier, les enfants qui tapent les autres enfants,
02:19souvent, on les punit tout de suite.
02:21Mais non, il faut regarder pourquoi un enfant tape un autre enfant.
02:25C'est peut-être parce qu'il est tapé chez lui ou tapé par d'autres enfants.
02:29Et donc la patience qu'il faut avoir par rapport au mode d'expression de l'enfant,
02:33ce qui ne sont pas les nôtres, parce qu'ils n'ont pas les mots à poser
02:37sur leur douleur, sur leur tristesse, sur leurs angoisses,
02:40demande du temps et de la patience.