• il y a 3 mois
Transcription
00:00Le bateau le moins polluant du monde est Breton. Il est même malouin.
00:04Alors est-ce qu'il est plus malouin que Breton ?
00:06C'est ce qu'on va découvrir maintenant avec Victorien Erussard.
00:09Il va être question du bonheur sur l'eau, mais pour le plus grand nombre, vous l'aurez compris.
00:16Bonjour Victorien Erussard.
00:18Bonjour.
00:19Ça nous fait drôlement plaisir de vous retrouver parce qu'on s'était rencontrés il y a quelques temps de ça.
00:24Et à cette époque-là, vous étiez dans le Roche avec votre Energy Observer.
00:29Il y a eu le tout premier, qui semblait être un rêve fou.
00:33Ce bateau, parce que des bateaux, on aimerait bien qu'il y en ait beaucoup,
00:37mais c'est ce bateau qui a fait le plus de bien à la planète
00:41en prouvant qu'il était possible de naviguer sans mettre de carburant à l'intérieur.
00:45Il y a eu le cargo aussi, qui est la version numéro 2 de l'Energy Observer.
00:50Et là, je vous croise et vous avez encore un autre rêve encore plus fou.
00:54C'est-à-dire, après la plaisance, après les marchandises, là, qu'est-ce que vous allez faire ?
00:58C'est à nouveau la plaisance, on va dire la grande plaisance.
01:01Ah oui, parce que vous êtes quand même officier de marine à la base.
01:04Vous êtes un authentique malouin. Ce bateau, il a eu le jour ici.
01:08Enfin, presque en fait, l'observeur.
01:11Il a eu tellement de vie qu'il a vu le jour à droite à gauche.
01:14C'est-à-dire ?
01:15C'est un bateau Energy Observer qui était un bateau de course au large,
01:19qui était le plus rapide de la planète.
01:22Il a gagné le trophée Jules Verne avec Sir Peter Blake et l'équipage néo-zélandais.
01:27Il appartenait à Mike Birch qui a gagné la première édition de la Route du Rhum.
01:30Et ce bateau avait été construit pour lui au Canada par les chantiers canadaires.
01:35D'accord.
01:36Ensuite, il a été un petit peu transformé à Lorient et complètement transformé à Saint-Malo.
01:41Et donc, vous avez réussi à prouver qu'il était possible d'emmener des marchandises avec Observer 2,
01:48en faisant un gros cargo. Combien de tonnes de marchandises ?
01:52Pour l'instant, on essaie de le prouver sur papier.
01:56J'ai annoncé ce projet à Brest au One Ocean Summit en février 2022, depuis deux ans d'études.
02:04Et l'objectif, c'était la montée en puissance.
02:06Parce que souvent, quand je présentais Energy Observer 1, il symbolise un peu la plaisance, les petits navires.
02:12Et du coup, en tant qu'officier de marine marchande, un peu frustré, je me suis dit,
02:16on va faire un cargo, on va transporter de la marchandise.
02:19On va faire du sérieux.
02:20Et puis, la marchandise, quand on voit les milliards de tonnes de frais transportés à travers le monde,
02:25c'est ce qui fait fonctionner notre économie mondiale. C'est quelque chose de très sérieux.
02:28Et c'est 3% des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale.
02:33Donc, ce n'est pas rien.
02:35Donc, il faut trouver des solutions de décarbonation.
02:38L'Organisation maritime internationale impose de réduire de 70% les émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050.
02:45Pour cela, il y a plein de pistes.
02:46Mais nous, la piste que l'on souhaite proposer, c'est la pile à combustible et l'hydrogène liquide.
02:52Alors, la pile à combustible, pour rappel, un petit cours de techno.
02:56Oui, parce que c'est assez bizarre.
02:57On se dit, on sait que l'Energy Observer fonctionne grâce à l'eau
03:02et non pas grâce à du pétrole qu'on mettrait dans le réservoir.
03:05Enfin, c'est un peu schématique.
03:06Energy Observer, il fonctionne grâce à plusieurs sources d'énergie.
03:09C'est un mix énergétique.
03:10On a du solaire, de l'éolien, de l'hydrolien.
03:14On a un peu de batterie.
03:15Et puis, pour les longues traversées, pour l'autonomie, on a de l'hydrogène.
03:19L'hydrogène, n'ayant pas encore d'infrastructure portuaire, H2, on l'a fabriqué à partir de l'eau.
03:24C'est une expérience scientifique, mais que je ne conseille pas, parce que le bateau est très complexe.
03:28Cet hydrogène, il faut le produire, non pas avec de l'eau de mer si possible,
03:32mais de l'eau douce à terre, en grande quantité, avec l'aide d'industriels.
03:39Donc ça, effectivement, c'est complexe.
03:40Et pour le cargo, vous avez carrément fait appel à de la cryogénie, c'est-à-dire de la glace.
03:47La cryogénie, on est sur le monde du grand froid.
03:54Les avantages de l'hydrogène, on le connaît.
03:58C'est peu d'émissions de CO2.
04:01Ça dépend de son processus de fabrication.
04:04Ce n'est pas de particules fines, par contre.
04:06C'est bien pour la santé.
04:09Par contre, cet hydrogène, il prend de la place.
04:11Quand il est à l'état gazeux, à 700 bar, ce sont les pressions que l'on peut voir dans des véhicules automobiles à hydrogène.
04:19Ça prend à peu près 7 fois plus de place que le diesel, pour la même quantité d'énergie.
04:23À 350 bar, comme sur notre navire, c'est plus ce genre de pression fait pour le secteur maritime.
04:33Là, ça prend 12 fois plus de place.
04:35Donc, ce n'est pas rien.
04:36Attention, la batterie, je le répète, ça prend, avec les technologies que l'on voit actuellement dans les voitures électriques,
04:43ça prend 64 fois plus de place à peu près que le diesel.
04:47C'était le champion, le diesel.
04:48Outre les problématiques d'émissions de gaz à effet de serre et de particules fines,
04:52en termes de capacité de transport, de distribution, c'est extrêmement efficace.
04:56Donc, pourquoi la cryogénie ?
04:58Parce que si vous liquéfiez l'hydrogène, comme on fait pour le méthane,
05:03quand on entend parler de GNL, c'est du gaz naturel liquéfié, c'est pour qu'il prenne moins de place.
05:07Et donc, en l'occurrence, le méthane liquéfié, le GNL, on est à moins 150.
05:12Par contre, l'hydrogène, on est à moins 253 degrés.
05:15On est proche du zéro absolu.
05:17Donc, ça en fait de l'hydrogène liquide cryogénique.
05:20Et ça prend 4 fois plus de place que le diesel.
05:23Donc, ça, c'est acceptable pour les armateurs, pour le transport de marchandises.
05:29Parce qu'on ne vient pas sacrifier des volumes trop importants pour transporter de l'énergie,
05:34pour restreindre la capacité d'emporte commerciale.
05:36Voilà la question que j'allais vous poser.
05:38Parce qu'effectivement, on pouvait se demander où était la logique dans tout ça,
05:42si ça prend trop de place, alors qu'on est là justement pour faire de la place,
05:44pour transporter des marchandises. Est-ce qu'il y avait un intérêt ?
05:47Plus vous décarbonez les carburants, plus ça prend de la place.
05:53Le champion, c'est le diesel.
05:55Ensuite, vous avez le GNL.
05:57Ça prend environ 1,6 fois plus de place.
06:00Ensuite, vous avez le méthanol.
06:01C'est 2,1 fois plus de place.
06:03Ensuite, vous avez l'ammoniaque.
06:043 fois plus de place.
06:05L'hydrogène liquide, 4 fois plus.
06:07Et après, il y a les contenants.
06:08Enfin bref, je ne vais pas rentrer dans les détails.
06:10Et donc le prochain, l'étape 3 ?
06:13Même si l'Energy Observer 2 n'est pas encore celui qu'on voit sur tous les flots
06:19pour transporter des marchandises ?
06:21Déjà, Energy Observer 2, c'est un énorme projet.
06:24Qui dit énorme projet, dit participation des institutions publiques.
06:32On a besoin de subventions européennes, françaises.
06:35Donc, ce n'est pas encore bouclé.
06:36Moi, je croyais que c'était déjà bien.
06:37Non, toujours pas.
06:38Par contre, les études sont…
06:40Terminées, oui.
06:41Non, pas complètement terminées, mais c'est très bien avancé.
06:44Et en fait, le sujet sur Energy Observer 2, c'est le coût de l'hydrogène liquide.
06:48C'est ça.
06:49Ce fameux hydrogène liquide qui doit être acceptable économiquement pour les armateurs.
06:55Donc, pour cela, on doit réorganiser un consortium actuellement
06:59et puis qu'il y ait tous les paramètres pour faire en sorte que cet hydrogène soit accessible.
07:03La problématique, c'est que tant qu'il n'y a pas un effet spirale, massification, volume,
07:09les coûts ne vont pas tomber.
07:11Donc, il faut qu'il y ait des armateurs à se lancer le plus rapidement possible
07:16pour que ces technologies puissent être développées pour être accessibles économiquement.
07:21Donc, ça, c'est l'énorme projet, j'ai envie de dire.
07:26Mais mon Odyssée vient de se terminer après 7 ans autour du monde.
07:30Et là, je viens de vous dévoiler tout de suite que je travaillais sur un autre projet
07:34qui est Energy Observer 3.
07:363, oui.
07:37Alors, c'est quoi Energy Observer 3 ?
07:39Alors, c'est là.
07:40Ça va être quoi ce défi-là ?
07:41Alors, en gros, l'objectif, c'est de rester sur un petit navire démonstrateur,
07:47à peu près similaire en termes de taille par rapport à notre premier navire Energy Observer.
07:51Energy Observer va servir la formation.
07:53On va finir par le sortir de l'eau.
07:55Il va servir la pédagogie.
07:57Là, on a étudié la batterie, on avait étudié l'hydrogène gazeux.
08:00Le 2, on étudie la montée en puissance des piles à combustible et l'hydrogène cryogénique liquide.
08:07Et le 3, on va s'orienter vers les carburants de synthèse
08:10parce que tout le monde parle de ces fameux carburants,
08:12que ce soit le méthanol, l'ammoniaque, etc.,
08:15tous ces e-carburants.
08:17Et donc, on a pas mal de choses à explorer en termes d'ingénierie
08:24avec une douzaine de briques technologiques que l'on va intégrer dans le navire.
08:29Je ne peux pas tout dévoiler pour l'instant,
08:31mais l'objectif, c'est de mettre le bateau à l'eau en 2027.
08:36L'avantage d'être sur un petit bateau,
08:37c'est que les moyens d'investissement sont bien moins importants que sur le 2,
08:43donc ça peut se réaliser rapidement.
08:44Et c'est intéressant pour beaucoup de monde d'avoir ce retour d'expérience
08:48comme on a pu le faire avec le premier navire.
08:49Il y a beaucoup de salons professionnels,
08:51comme celui où on se trouve en ce moment même,
08:53où il est question du bonheur.
08:54Pour vous, il est où le bonheur ?
08:56Il est toujours sur l'eau.
08:58Forcément.
08:59Pour moi, il est où le bonheur ?
09:01Alors, c'est une bonne question.
09:05Quand je dis toujours sur l'eau, je ne rigole pas au final,
09:10parce que c'est là que je me sens le mieux.
09:11Ce qui est génial dans ce projet Energy Observer,
09:15c'est que j'ai pu fusionner ce que j'aimais à l'époque,
09:19c'est la course au large, la compétition.
09:23Le fait d'innover sur ce genre de navire,
09:26ça me rappelait un peu l'innovation qu'on avait sur nos bateaux de course.
09:29Ça permet de fusionner avec ces nouveaux projets,
09:31avec ce que je faisais, la marine marchande,
09:33de travailler sur l'eau dans un contexte que j'adore.
09:36J'ai arrêté la compétition il y a dix ans.
09:40J'ai repris, parce que le bonheur, c'est aussi pour moi…
09:44Se challenger.
09:45Se challenger sur des bateaux de course.
09:48Mais j'ai repris sur des bateaux beaucoup plus simples,
09:50parce qu'à l'époque, j'étais plus sur la course au large,
09:52qui nécessitent des gros bateaux, des gros moyens, etc.
09:54Là, je suis revenu à mes premiers amours.
09:57J'ai vraiment beaucoup de bonheur quand je navigue sur des petits catamarans légers,
10:01des petits catamarans de sport, on appelle ça des formules 18.
10:04Je me suis entraîné pendant un an.
10:06Je suis allé faire les championnats du monde à Barcelone.
10:08135 équipages, 23 nations présentées.
10:11Et j'ai fini sixième.
10:13Donc je suis quand même content, après dix ans d'absence,
10:15d'être remonté comme ça…
10:17Il n'est pas foutu le vieux, c'est ça ?
10:19À ce niveau.
10:20Et du coup, je vais continuer.
10:21Là, je ne vais plus lâcher.
10:22Donc mon bonheur, à moi, il est sur l'eau.
10:24Mais pas que.
10:25C'est normal.
10:26Quand on s'appelle Victorien Russard, on se doute bien que ce sera la réponse.
10:29Quel breton êtes-vous ?
10:30C'est le questionnaire maintenant.
10:32Il y a trois questions qui ont été préparées.
10:34Je vais vous demander d'en choisir deux, sans savoir de quelles questions il s'agit.
10:39Comment les trouver ?
10:40Il va falloir que sur B, Z et H, vous me donniez la lettre que vous voulez.
10:45Et puis on va voir ce qui se cache derrière chacune de ces lettres.
10:48Enfin, sur deux des trois.
10:50Parce qu'il y en a trois, mais vous n'en aurez que deux à trouver.
10:54Alors, quelle lettre entre B, Z et H, s'il vous plaît ?
10:57Alors Z, pour moi, c'est zéro émission.
11:00Et H, c'est hydrogène.
11:02Je ne vais pas choisir B.
11:04Par rapport au symbole, par rapport à ce navire hydrogène, je vais dire H.
11:08Allez, H.
11:10Allez, faites-moi la lecture.
11:12Vous êtes tombé donc sur cette lettre H.
11:17Quels sont pour vous les ingrédients au plat typiquement breton ?
11:21Alors, tout de suite, c'est dingue, mais bon, c'est un peu cliché,
11:28mais je vais dire galette et kouign-amann.
11:31Mais non, mais oui, mais oui.
11:32Mais c'est ça en fait.
11:33Mais personne ne va vous en vouloir.
11:34Voilà.
11:35Ça, ça doit manquer quand on est comme vous, skipper,
11:39enfin, obligé de vivre tout seul sur un bateau
11:42et obligé de rationner un peu ce qu'on fait.
11:44Quand on a fait de la course comme vous, il faut tout quantifier.
11:46Ça a dû être des frustrations terribles, non ?
11:48Alors, sur les bateaux de course, oui.
11:50Mais par contre, c'était génial parce que ça me permettait,
11:52à chaque fois que je faisais une transat, de perdre mes quelques kilos de trop
11:56pris au cours de l'hiver.
11:58Par contre, sur Energy Observer, malheureusement non,
12:00parce que tout est automatisé.
12:02Donc, on a beaucoup moins d'efforts à faire.
12:04Vous savez, j'ai des ailes de propulsion Vélik.
12:06C'est comme des ailes d'avion, un peu plus efficaces que des voiles traditionnelles,
12:10mais elles sont automatisées.
12:11Mais par contre, non, ça ne me manquait pas trop
12:15parce qu'avant de partir, j'ai eu quelques personnalités de la gastronomie
12:22qui nous avaient laissé quelques petits souvenirs.
12:24J'avais Bordier qui nous avait rempli notre congèle de ses fromages et beurre, etc.
12:31On ne maigrit pas sur les bateaux.
12:34J'avais Olivier Rolinger qui nous avait mis plein d'épices formidables.
12:40Et j'ai aussi Bertrand Larcher, vous savez, Brace Café.
12:44Ah oui, du Brace Café.
12:45Qui nous avait offert le fameux Bilik qu'on a mis à bord.
12:49Vous avez bien vécu.
12:51J'ai fait une petite formation à l'école internationale de la crêpe qui est juste à côté.
12:54Donc, je sais bien faire les vraies galettes.
12:57Sauf que le Bilik, il consomme 3800 watts, je crois.
13:03Et notre onduleur à bord n'aimait pas trop.
13:08Donc, on a débarqué le Bilik et maintenant, je l'avoue,
13:10je vois Bertrand Larcher, il est chez moi.
13:15Vous êtes terrible.
13:16Il faut surtout que ça consomme le moins de possible.
13:18Bon, allez, Z comme zéro.
13:20Émission de Cerf, c'est ce qu'on m'avait dit.
13:23Allez, sur la lettre Z, quelle est la question ?
13:25Dites-le à voix haute.
13:29Quelle chanson bretonne êtes-vous capable de chanter ?
13:31Ou de fredonner ?
13:32De fredonner.
13:36C'est une chanson qui avait été reprise par Nolwenn Leroy, la Trimartolo.
13:42Trimartolo, bon ben ça va.
13:44Merci beaucoup d'avoir joué le jeu.
13:48Il n'y aura donc pas de troisième question, vous êtes tranquille.
13:50Vous avez fait déjà deux questions sur trois et c'est très bien comme ça.
13:53Nous, on va penser très fort à vous.
13:55On se tient au courant, comme toujours.
13:57Rendez-vous dans deux, trois ans, à nouveau ?
14:00Non, avant ça, parce qu'on va dévoiler cette nouvelle expédition début d'année 2025.
14:08Donc, je reviendrai avec grand plaisir.
14:10Merci beaucoup, Victorien Erussa.
14:11Merci.

Recommandations