• il y a 3 mois
La militante féministe Anna Toumazoff a publié une tribune intitulée "La banalité du mâle" dans Politis dans laquelle elle critique le fait de dépeindre en "monstres" les hommes accusés dans le procès des viols de Mazan.

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Transcription
00:00Vous avez signé un papier dans Politis qui nous a interpellés, on va le voir, le titre
00:08« Les 83 violeurs, la banalité du mal ». Alors je précise juste sur les 83 violeurs,
00:1383 parce qu'en réalité il y a 83 hommes qui ont été repérés par les enquêteurs
00:17mais il n'y en a que 50 qui ont été identifiés et qui comparaissent aujourd'hui lors de
00:21ce procès donc je précise juste le chiffre.
00:22Il y a deux idées principales dans votre texte, la première qui est celle qui nous
00:28a tous et toutes choqués, c'est la banalité, la banalité des profils, des profils ultra-ordinaires.
00:34Quand on regarde les âges, on a tous les âges, des jeunes, des plus âgés, les catégories
00:40socio-professionnelles, on va avoir des militaires, des pompiers, des informaticiens, des employés,
00:44des recrétés.
00:45Les pieds mobiles, il y a toutes les catégories vraiment.
00:47Oui c'est ça, vous le dites d'ailleurs dans votre papier, en fait on a l'impression
00:50que c'est représentatif de la société française et ça renvoie en fait ce que vous
00:56dites de votre tribune au concept d'Anna Arendt, la banalité du mal, mais sur ce
01:02point précis, vous dites, il faut arrêter avec les monstres qui sont sous le lit en
01:06fait.
01:07Et tant qu'on pensera que ce sont des monstres, on n'arrivera pas à combattre les violences
01:11sexistes et sexuelles.
01:12C'est contre-intuitif de se dire que ce n'est pas des monstres, c'est compliqué.
01:16Et c'est pour ça qu'on est tous choqués aussi par ce procès.
01:18Bien sûr, bien sûr en fait, alors ce que je dis aussi dans ce papier et dans la tribune
01:23aussi qu'on a signé hier dans l'IB, c'est qu'en fait c'est de gaieté de coeur pour
01:28personne de se faire ce constat que le mal est partout, qu'il est rampant, qu'il est
01:33banal et qu'il est incarné par tout type de visage finalement.
01:36Ce serait plus simple de se dire, bouh, le méchant violeur, le monstre, ce qu'il a
01:42fait est extraordinaire, sort de l'ordinaire, donc ça ne peut pas arriver près de chez
01:46nous.
01:47Et en fait si, dans le procès Mazan, on se rend compte que c'est des pères, des voisins,
01:51des potes, des fils, enfin des maris aimants et c'est très très compliqué.
01:56Mais en même temps, ça permet aussi d'avancer et de se rendre compte que, comme pendant
02:00Me Too, quand on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de profil type de la victime,
02:04et bien là on se rend compte qu'il n'y a pas de profil type du violeur.
02:06Et c'est assez inconfortable pour les hommes je pense, c'est évidemment bien pire pour
02:10les femmes.
02:11Mais c'est inconfortable pour la société d'une façon générale.
02:12Exactement.
02:13Et là, la société en fait doit prendre acte de ça et il doit y avoir de réelles réponses
02:17politiques notamment.

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