Le procès des viols de Mazan a été suspendu jusqu'à lundi matin, dans l'attente du retour de Dominique Pelicot, le principal accusé dans ce dossier, malade depuis lundi et dispensé d'audiences, a annoncé jeudi le président de la cour criminelle de Vaucluse, Roger Arata.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 13 septembre 2024.
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00:00RTL soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon. RTL 18h18, bienvenue à vous qui nous rejoignez et bonsoir maître Béatrice Zavarro.
00:09Bonsoir monsieur. Vous êtes l'avocate de Dominique Pellicot accusée d'avoir drogué son épouse Gisèle et recruté des dizaines d'inconnues
00:15sur internet pour la violer pendant près de dix ans au domicile du couple.
00:19Votre client fait l'objet d'un procès extrêmement rude, procès interrompu à cause de ses problèmes de santé.
00:24Comment va-t-il et quand pourra-t-il à nouveau faire acte de présence ?
00:29Écoutez, j'ose espérer qu'il pourra être là dès lundi matin.
00:35Comme la cour l'a préconisé, je reste dans l'attente d'un médecin médical qui pourra nous éclairer pleinement sur sa situation
00:43et je pense pouvoir le rencontrer avant la fin du week-end pour avoir de ses nouvelles.
00:48Oui, mais quels sont exactement ses problèmes de santé ?
00:50Et puis surtout, des médecins indépendants ont-ils confirmé les difficultés qui sont les siennes pour l'instant ?
00:55Écoutez, d'après ce que le président a indiqué à la barre jeudi soir, il s'agissait d'un état préoccupant
01:04parce que c'était une infection voire une surinfection.
01:07Au-delà de ça, je ne sais pas quel est le traitement qui a été adapté à sa situation
01:14et je ne sais pas quels sont les effets de ce traitement.
01:17Je n'ai pas de retour pour l'heure, j'ai accepté des payes en conséquence et j'attends les retours.
01:23Oui, quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?
01:27Pour la dernière fois, je l'ai vu mercredi matin.
01:32Quand il s'était agi lundi matin, il n'était pas bien, il a été dispensé pendant 48 heures
01:38et mercredi matin, quand il s'agissait de reprendre l'audience, je l'ai trouvé dans la geôle du palais de justice en très mauvais état.
01:46J'ai alerté le président qui a ordonné cette expertise médicale qui nous a éclairé pleinement sur sa situation
01:53qu'on a estimé préoccupante pour le dispenser à nouveau et qu'il puisse recevoir les soins adaptés.
01:59Après, au-delà de ça, pour répondre à votre question, pardonnez-moi, je l'ai vu pour la dernière fois mercredi matin.
02:04Vous percevez l'incompréhension des partis civils qui entendent que ce procès se poursuive ?
02:10Non seulement les partis civils, monsieur, mais tout le monde.
02:13Tout le monde a intérêt à ce que ce procès se poursuive, et Dominique Pellicot le premier.
02:18Les partis civils, l'accusation, la cour bien évidemment,
02:21et puis les 50 personnes qui sont dans le box des accusés, certains sont libres, d'autres détenus.
02:27Mais chacun de nous, on a tout intérêt à ce que ce procès se poursuive.
02:32Et un renvoi serait quand même catastrophique parce qu'un procès tel qu'il est là nécessite des moyens matériels
02:39et que la justice a entamé ce processus judiciaire et il faut qu'il aille jusqu'au bout.
02:44J'entends bien ce que vous nous expliquez, maître.
02:46Au moment où nous parlons, est-ce qu'il vous semble envisageable que ce procès soit interrompu
02:50et de façon définitive, justement pour des raisons de santé ?
02:54Non. Alors, si effectivement le bulletin médical nous dit que son état est préoccupant
03:00et qu'il est sur un temps durable, je n'invente rien.
03:05Le président a effectivement envisagé que ce dossier puisse être fait l'objet d'un report.
03:10Si en revanche, la préoccupation médicale nécessite encore 24 ou 48 heures de repos pour Dominique Pellicot,
03:19à ce moment-là, ce sera une suspension d'autant.
03:21Mais je pense qu'on est plus sur cette hypothèse-là que l'hypothèse d'un renvoi définitif s'inédier
03:28qui va induire manifestement à nouveau une grande organisation, une mobilisation d'intervenants
03:34et puis pour nos agendas respectifs, ça ne serait pas possible.
03:39Bien entendu. Alors, j'ai bien compris que votre dernier échange avec lui datait de mercredi.
03:43Que vous a-t-il dit que vous puissiez nous expliquer ce soir sur RTL ?
03:47Sur son état d'esprit, en plus de son état de santé, bien entendu.
03:51Il regrettait amèrement de devoir quitter l'audience,
03:56mais en même temps, il avait bien l'objectivité d'esprit de comprendre qu'il n'était absolument pas en état
04:00de pouvoir répondre aux questions que la Cour doit lui poser, que tous les intervenants doivent lui poser.
04:05Je sais que sa parole est très attendue. Il le sait également. Il sait qu'il doit répondre aux questions.
04:11Encore une fois, pas question de se dérober ou de vouloir contourner cette obligation-là.
04:16Il y fera face, mais je veux, moi, personnellement, qu'il le fasse dans de bonnes conditions
04:23et qu'il ait l'état d'esprit correct pour répondre aux questions.
04:28Est-il au courant des manifestations de soutien à son épouse Gisèle ? Comment réagit-il ?
04:33Je ne pense pas. Je pense qu'il a la télévision.
04:38Mais en revanche, bien évidemment, vous le savez certainement, il n'y a pas de connexion Internet en détention.
04:43Il n'y a pas de journaux ni autre qui puissent lui être remis.
04:49Je ne suis pas certaine qu'il soit avisé de toutes ces manifestations.
04:53Bien évidemment, je lui en ferai part, mais je pense, le connaissant un petit peu maintenant,
04:58qu'il ne va pas contredire ou émettre une quelconque opposition à ces manifestations.
05:04Maître, je vous propose d'écouter cette prise de parole de femme manifestant devant le palais de justice d'Avignon,
05:09où se tient le procès, et nous en débattrons ensuite ensemble.
05:12Pendant des années, et encore aujourd'hui, est très ancrée l'idée qu'en fait, le violeur, c'est un monstre.
05:17C'est quelqu'un d'anormal, d'atypique, ou quelqu'un qui a une pathologie ou un trouble psychologique ou psychiatrique quelconque.
05:22Alors que non, en fait, à chaque fois qu'il y a une histoire de ce type,
05:25on s'aperçoit qu'en fait, c'était soit le père, soit le petit copain, l'ex-petit copain, un ami de la famille.
05:31La plupart du temps, le violeur, il est connu.
05:33Et en général, tout ce qu'on entend, c'est c'était un bon père de famille, c'était un ami sympa, etc.
05:37Et donc, il y a aussi ce regard-là qu'il faut changer.
05:40Les femmes ne sont pas des objets mis à disposition pour les hommes.
05:43Des propos recueillis par Étienne Bauduc, qu'avez-vous envie de répondre ?
05:47Je réponds que cette femme a raison.
05:50Je réponds que les femmes ne sont pas des objets et que l'homme ne doit pas en disposer librement.
05:56Je sais que ce que je suis en train de dire va à contre-courant de ce qui s'est passé dans cette affaire,
06:01mais il faut aussi prendre la personnalité de Dominique Pellicot,
06:05qui a été expliquée par les experts psychiatres et psychologues à la barre de la cour criminelle,
06:11et qui explique bien qu'il y a dans sa personnalité à lui, comme chez certains autres,
06:17peut-être même dans cette cour criminelle, mais ça c'est la cour qui l'examinera plus tard,
06:21il y a deux personnalités qui sont ce qu'on appelle clivantes,
06:25c'est-à-dire qu'il y a une personnalité telle que cette dame le dénonce,
06:28c'est-à-dire un bon père de famille, un bon mari, un bon grand-père,
06:32et puis de l'autre, il y a une part sombre de sa personnalité que personne ne connaît
06:36et qui se révèle le soir derrière un écran.
06:39C'est ça aussi le personnage de Dominique Pellicot,
06:42et c'est peut-être aussi le personnage de certains encore d'entre eux.
06:45N'oublions pas quand même que sur les 50 accusés qui comparaissent devant la cour criminelle,
06:5035 contestent les faits de viol, mais 15 à peu près considèrent que ces faits existent,
06:56qu'ils sont caractérisés, et ils viennent répondre oui à la question de la reconnaissance des faits.
07:01Est-ce qu'on examinera également leur personnalité,
07:04mais de ce que j'ai pu en entendre jusqu'à présent,
07:07des quelques cas qui ont été examinés sur le terrain psychiatrique et psychologique.
07:11Nous sommes écoutement dans le même cas de figure que Dominique Pellicot,
07:14c'est-à-dire que ce sont des hommes qui sont bien sous tout rapport,
07:17que tout le monde apprécie, qui sont serviles, qui sont aimés, qui sont respectés,
07:21et puis de l'autre, qui viennent dans cette chambre
07:24et qui sont capables d'avoir un rapport sexuel avec Madame Pellicot dans les conditions que nous connaissons.
07:31Maître Zavarro, avant de nous séparer, ses deux fils devraient intervenir lundi si le procès reprend.
07:35Comment affronte-t-il le regard de sa famille qui est en face de lui tous les jours ?
07:40Il est... Dominique Pellicot est très peiné, bien évidemment.
07:45Il a déjà pu écouter son épouse qui est venue à la barre expliquer son préjudice et traumatisme,
07:52de fait, et très légitime.
07:54Il était effondré après la déposition de son épouse et celle de sa fille qui s'en est suivie,
08:02qui étaient toutes les deux dans la mesure et dans la dignité, ce qu'il a reconnu.
08:07Mais bien évidemment, ça lui a fait très très mal et il a énormément pleuré, bien sûr.
08:11Merci beaucoup, Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pellicot.
08:14On saura donc lundi si le procès peut reprendre et si les problèmes de santé de votre client le permettent.
08:19Merci beaucoup d'avoir pris la parole en direct dans cette édition d'RTL.
08:22Dans un instant, l'essentiel de l'actualité et on vous emmène à la fête de l'humain qui démarre aujourd'hui.
08:27La guerre Ruffin-Mélenchon peut-elle gâcher le grand rendez-vous annuel populaire de la gauche ?
08:32Réponse dans quelques minutes.
08:34RTL Soir