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Après 11 semaines d'audience, le parquet a requis la peine maximale contre Dominique Pélicot, 20 ans de réclusion. Il avait livré sa désormais ex-épouse, Gisèle Pélicot, préalablement sédatée aux anxiolytiques, à des dizaines d'hommes à leur domicile conjugal de Mazan, entre juillet 2011 et octobre 2020. Le verdict est attendu au plus tard le 20 décembre. Maître Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pélicot, est l'invitée de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 25 novembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h18, bonsoir maître Béatrice Zavarro, vous êtes l'avocate de Dominique Pellicot.
00:08Merci de nous rejoindre sur RTL.
00:09Vous venez de quitter à l'instant le palais de justice, je le précise.
00:13La peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle a donc été requise contre votre client
00:17pour les viols à répétition de son épouse Gisèle. Comment a-t-il réagi ?
00:22Bonsoir monsieur, il a réagi avec lucidité depuis le début de cette information judiciaire.
00:29J'indiquais à Dominique Pellicot que très certainement les 20 années seraient requises et elles le sont.
00:36Donc c'est avec une certaine lucidité qu'il a réagi à cela, bien sûr.
00:39Pour parler de votre client, la vice-procureure évoque, je cite,
00:43« une personnalité structurée sur un mode pervers à la recherche de son propre plaisir
00:48via la soumission, l'humiliation, voire l'avilissement de son épouse ».
00:51Qu'en pensez-vous ?
00:53Je pense que c'est quand même l'illustration de deux choses.
00:57C'est d'abord les conclusions des experts qui sont venus rencontrer Dominique Pellicot au sein de la détention
01:02et qui ont conclu à une personnalité perverse, effectivement.
01:06Et puis c'est aussi le fruit, malheureusement, de la lecture des vidéos
01:11avec parfois en son sonore ces insultes et cette façon de rabaisser son épouse.
01:18Oui, ça rentre dans le processus de la perversité.
01:20Donc la perversité n'est pas un phénomène nouveau, n'est pas un élément nouveau que nous avons entendu ce matin.
01:25Mais c'est davantage le fruit des conclusions expertales qui avaient déjà été reprises à l'audience au tout début de ces débats,
01:32c'est-à-dire au mois de septembre 2024.
01:34La représentante du Parquet a ajouté « 20 ans, c'est à la fois beaucoup, mais c'est aussi trop peu au regard de la gravité des faits ».
01:40Que lui répondez-vous ?
01:42Je pense qu'effectivement les 20 années sont lourdes dans le sens où c'est 20 ans pour un homme qui va avoir 72 ans
01:55et sont aussi le maximum légal encouru par rapport au Code pénal.
02:00Il n'y a pas de surprise.
02:02Je peux supposer que si le maximum encouru avait été supérieur, le supérieur aurait été demandé.
02:08Là, nous sommes sur le maximum, donc voilà, ça a été demandé.
02:12Effectivement, dans l'esprit de chacun, ça peut paraître pas beaucoup ou peu par rapport à la gravité des faits.
02:18Et dans notre esprit à nous, c'est le maximum encouru.
02:21Je ne veux pas dire que c'est beaucoup, je dis simplement que ce n'est pas de surprise.
02:25Comment vous préparez-vous, maître, à défendre cet homme qui passe, je suis désolé du terme que je vais employer,
02:30mais pour un monstre dans beaucoup de foyers français aujourd'hui ?
02:34Je dirais que cet homme, on s'y est fait un peu à ce qualificatif.
02:44On passe pour un monstre, pour le diable.
02:48Là aussi, je le prends un petit peu avec fatalisme.
02:52Comment l'opinion peut le juger différemment au regard de ce qui s'est passé et au regard des faits commis ?
02:58Comment l'opinion peut le juger différemment, effectivement ?
03:01Tout le monde est contre vous, j'ai envie de vous dire, mais vous avez un rôle très particulier,
03:05vous essayez de l'accompagner sur le chemin de la vérité, c'est bien cela ?
03:08J'ai essayé, dans les débats, jusqu'à la dernière prise de parole,
03:12j'ai essayé de lui dire qu'il fallait absolument qu'on se retrouve lui et moi dans un box du parleur avocat
03:18sans prendre en considération ce qui pouvait nous entourer
03:21parce qu'on est tous les deux depuis 4 ans dans un rapport de confiance
03:24et je voulais qu'il parle au maximum de ce qu'il pouvait dans le cadre de cette affaire.
03:30Il a répondu aux questions, il a dit sa vérité, il a dit le mobile qu'il pensait,
03:37qui était à son esprit, les raisons pour lesquelles il est passé à l'acte.
03:40Comme je l'ai dit un peu à vos confrères quand on m'a interrogé,
03:44ça a eu le mérite d'être dit, si c'est cru c'est tant mieux,
03:47si ce n'est pas cru, on ne peut pas aller plus loin malheureusement.
03:50Jusqu'à 10 ans de prison ferme ont été requis contre les premiers co-accusés de Dominique Pellicot,
03:55on a visiblement rarement vu cela, un pareil procès et des peines aussi lourdes.
04:00Comment analysez-vous la situation ?
04:03Je l'analyse de la même façon, c'est-à-dire qu'on est quand même sur des faits qui sont graves.
04:08Après, dans le lot de ce qui a été réclamé, certains accusés reconnaissent les faits, d'autres pas.
04:15Chaque avocat prendra la parole pour chacun de ses clients.
04:21En revanche, n'oublions pas quand même qu'en droit français,
04:23nous avons un principe de la personnalisation de la peine,
04:25et je peux supposer que le parquet a répondu à ce principe
04:28en réclamant les peines qui ont été réclamées à l'audience.
04:35J'ai bien compris votre réponse il y a quelques instants sur sa capacité à aller sur le chemin de la vérité.
04:41Vous nous dites qu'il est allé au maximum de ce qu'il pouvait dire et de ce qu'il pouvait faire ?
04:47Oui, parce qu'au départ, rappelons-nous quand même qu'au départ de cette instruction,
04:52le mobile de Dominique Pellicot restait très flou,
04:55que les trois années d'instruction n'ont pas forcément permis une piste,
05:00je ne dirais pas sérieuse, mais une piste valable.
05:03Et puis, toutes les pistes ont été aigrénées lors de l'audience,
05:06et nous en sommes arrivés à ce que lui a déclaré,
05:09à savoir qu'il préférait plutôt soumettre une femme qui n'était pas soumise,
05:16et qu'il avait trouvé, Madame Pellicot dira à la barre le 18 novembre 1924,
05:21que manifestement il avait trouvé la parade.
05:24Maître Zavarro, la fille de Dominique Pellicot est convaincue d'avoir été droguée et violée comme sa mère.
05:31Ce n'était pas l'objet du procès, bien sûr, je le rappelle.
05:34Est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir des suites à cette affaire ?
05:38Elles n'appartiennent qu'à Caroline Pellicot, elles n'appartiennent qu'à elle.
05:43Malheureusement, j'ai toujours dit à cette femme dans la salle d'audience,
05:48et au travers de ces débats, je lui ai toujours dit que je respectais sa souffrance,
05:52parce qu'elle ne savait pas que pour autant elle a une conviction,
05:55que le juge d'instruction a été avisé de sa réclamation, entre guillemets,
05:59en tout cas de ses convictions,
06:01et que le juge d'instruction n'a pas cru devoir envoyer Dominique Pellicot
06:04devant la juridiction de jugement de ce chef-là.
06:07Donc après, si Caroline Pellicot veut investiguer davantage, elle le fera, je suppose.
06:12Mais pour l'heure, on en est là.
06:14Et comment réagit Dominique Pellicot aux accusations de sa fille ?
06:18Dominique Pellicot, on est un peu tous les deux à se dire,
06:23mais on est face à des convictions,
06:25et comment aller lui faire comprendre que rien n'a été fait,
06:29qu'il n'a pas sédaté, qu'il n'a pas violé sa fille,
06:34qu'il assume pleinement la responsabilité sur des faits relativement à son épouse,
06:40et qu'il n'a rien commis sur sa fille.
06:43Ce sont ses mots, c'est sa sincérité.
06:46Je suis désolée, mais malheureusement je suis bien impuissante
06:50pour aller au-delà de ces mots à lui.
06:52Comment personnellement avez-vous vécu ce procès hors normes ?
06:57Je l'ai vécu avec beaucoup de tension,
07:00beaucoup d'intensité, beaucoup de pression.
07:03Et puis je le vis, je sais que c'est un procès qui restera dans l'histoire,
07:10que je pense qu'il fallait y être,
07:13donc il m'a demandé de lui accorder ma confiance,
07:16et j'ai répondu présente.
07:18Mais c'est un procès qui a beaucoup mobilisé d'intensité et de pression, oui.
07:25Pensez-vous que Dominique Pellicot a encore des choses à nous dire ?
07:29Ce sera ma dernière question.
07:31Je ne suis pas sûre.
07:32Je pense qu'on a eu deux mois et demi d'audience
07:34par lesquelles il a pu s'exprimer pleinement.
07:36Je ne suis pas sûre qu'il ait encore des choses à nous dire.
07:39En tout cas, je l'espère.
07:40Vous, vous avez hésité avant d'accepter la défense de cet homme ?
07:44Non, je n'ai pas hésité parce que je me suis dit
07:47que c'était déjà très intéressant sur la nature des faits
07:49qui était assez exceptionnelle en soi.
07:52Je n'ai pas hésité parce qu'un homme me demandait de le défendre
07:55et de l'assister et que je ne refuse pas, en règle générale.
07:59Je n'ai pas hésité.
08:02Mais au départ où il me demande de l'assister,
08:05je ne connais pas encore l'ampleur du sujet.
08:07Nous sommes en mars 2021 et nous n'avons pas encore
08:10tous les tenants et les aboutissants de ce dossier.
08:12Nous ne savons pas et nous ne nous suborderons même pas
08:15l'ampleur que ça a aujourd'hui
08:17et les conséquences médiatiques, politiques,
08:22peut-être législatives de ce sujet.
08:24Merci beaucoup, maître Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pellicot,
08:27d'avoir pris la parole ce soir et en direct
08:29à la sortie du Palais de Justice sur RTL.
08:32Le verdict est donc attendu au plus tard, le 20 décembre.
08:35Merci d'avoir pris la parole sur RTL.
08:40Dans un instant, le journal de 18h30 et à 18h40,
08:42alors que 150 pays se sont réunis en Corée du Sud
08:45pour réduire notre dépendance au plastique.
08:47Nous verrons si le recyclage fonctionne bien en France
08:50et où partent vraiment nos déchets.
08:52Nous serons avec la spécialiste Dorothée Moisan.
08:55Yves Calvi et Agnès Bonfillon
08:59RTL Soir

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