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Avec un déplacement de 21 500 tonnes à pleine charge, le Tonnerre, qui fait partie des Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC), est, après le Charles de Gaulle, le plus gros navire de la Marine Nationale. Ce type de bâtiment, doté d’équipements révolutionnaires et bourré de hautes technologies, est capable d’intervenir dans des situations très différentes, comme il l’a fait à Saint-Barthélemy, victime en septembre 2017 du cyclone Irma. Ce navire du futur est un véritable « couteau suisse ». À la fois base aéromobile, poste de commandement et doté d’un hôpital flottant, il a la capacité d’abriter des troupes, des hélicoptères et des véhicules. Pour la première fois, un seul bâtiment réunit toutes ces capacités. Ce bateau à l’aspect massif, dont le pont d’envol est d’un mètre plus élevé que celui du porte-avions Charles de Gaulle, a, avec son îlot sur tribord, des allures de véritable porte-aéronef. Nous découvrirons que le parc aérien du navire est très important, prévu pour 16 hélicoptères. Les appareils sont abrités et entretenus dans un vaste hangar de 1 800 m² desservi par deux ascenseurs. Le Tonnerre n’est, toutefois, pas qu’un porte-hélicoptères. C’est également un navire amphibie. Innovation majeure qui lui donne des allures de navire « à la James Bond », la batellerie du Tonnerre installée dans ses flancs est constituée de 4 chalands de transport de matériel qui sortent directement en mer par l’arrière du bateau. La plate-forme communique directement avec le hangar à véhicules, un local s’étirant sur deux ponts et qui peut stocker 70 engins, y compris un bataillon de 13 chars Leclerc. Un bâtiment hors du commun que ce documentaire nous fait découvrir pour la première fois.

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00:00Au large, un navire à la silhouette futuriste, un bâtiment de commandement high-tech à la fois
00:09porte-hélicoptère géant et navire amphibie. Cette silhouette massive impressionne souvent.
00:17Il est énorme. Ce navire, le deuxième bâtiment le plus grand derrière le porte-avions Charles
00:23de Gaulle, a gagné ses galons lors d'opérations militaires les plus complexes et les plus
00:27dangereuses de ces dernières années. Sa force, une incroyable polyvalence qui lui permet de remplir
00:33un large spectre de missions. C'est vraiment un couteau suisse pour la marine française,
00:39un moyen très polyvalent. Nous allons découvrir ce qui se cache derrière ce porte-hélicoptères
00:43capable de s'approcher tout près d'une zone hostile et de mener des opérations amphibies
00:48avec une efficacité redoutable. Et comment le navire se transforme en port de pleine mer pour
00:54accueillir les plus grosses barges de débarquement. C'est comme rentrer avec sa voiture dans le garage
00:58sauf que la voiture fait 12 mètres de large, 30 mètres de long, 200 tonnes et le garage aussi
01:04bien que la voiture bouge. Performance supplémentaire, malgré sa taille de titan des mers, ce navire
01:10reste d'une incroyable maniabilité grâce à un équipement révolutionnaire. Le BPC est le premier
01:16et le seul bâtiment de la marine nationale équipé de pods. Ce géant abrite un bateau amphibie unique
01:23au monde. Mais aussi un hôpital ultra moderne taillé pour une ville de 30 000 habitants.
01:31La surface de cet hôpital est vraiment exceptionnelle et unique sur les bâtiments de la marine française.
01:38Nous découvrirons comment la technologie permet aux hélicoptères d'atterrir sans aucune visibilité.
01:42C'est un navire exceptionnel, un concentré de technologie. Nous irons sous la surface pour
01:50découvrir une arme secrète qui facilite la phase la plus dangereuse pour un hélicoptère, l'appontage.
01:56Découverte ultime, le lieu le plus protégé et le plus sécurisé, là où seul entre les personnes
02:04accréditées secrets défense. Nous avons été exceptionnellement autorisés à embarquer sur
02:11ce navire de tous les records, le Tonnerre, capable de mener toutes les opérations militaires de la
02:16guerre moderne. Bienvenue à bord d'un bâtiment de guerre hors normes.
02:21Au coeur de sa flotte, la France possède un outil indispensable pour sa défense et sa
02:49sécurité nationale. C'est le BPC pour bâtiment de projection et de commandement. Liban, Libye ou
02:56mer de Chine, ce navire remarquable est sur tous les théâtres d'opération. Ce porte-hélicoptère
03:02géant est aussi un navire d'assaut amphibie aux capacités uniques au monde. La France possède trois
03:09BPC, le Mistral, le Tonnerre et le Dixmude. Le premier a été mis en service en 2006. Après le
03:15Mistral, premier de sa génération, ont suivi le Tonnerre en 2007 et le Dixmude en 2012. La France
03:22a remplacé ses transporteurs de chalants et de débarquements vieillissants par ses bijoux de
03:27technologie. Ils sont deux fois plus gros que leurs prédécesseurs. Ils sont taillés pour la
03:32guerre moderne. Aujourd'hui, débarquer des troupes sur un théâtre d'opération nécessite des moyens
03:37maritimes et un soutien héliporté conséquent. Ces trois navires d'assaut amphibie remplissent
03:44parfaitement cette mission. Ils possèdent une capacité d'emport encore jamais atteinte.
03:50Nous avons embarqué sur le Tonnerre pour comprendre les formidables capacités de ce
03:54colosse d'acier. Sa silhouette singulière le rend immédiatement reconnaissable. C'est une sorte de
04:01gros rectangle sur l'eau, un gros pavé qui avance sur l'eau. Le BPC, c'est un navire aux dimensions
04:08exceptionnelles. Il impressionne effectivement par ses mensurations hors normes. De bâbord à
04:15tribord, il mesure 32 mètres de large et avec ses 200 mètres de long, il est grand comme deux
04:20terrains de football. Ce champion combat assurément dans la catégorie poids lourd. Sur la balance,
04:27il affiche 22 000 tonnes, un titan des mers. Le BPC se classe juste derrière le porte-étendard de
04:34la marine française, le Charles de Gaulle. Et donc on a le porte-avions à 40 000 tonnes, le BPC est à
04:4022 000 et les bateaux en dessous sont généralement pas au-delà de 10 000 tonnes. Ce géant d'acier
04:47domine aussi l'horizon. Il culmine à plus de 64 mètres au-dessus de la mer, soit un immeuble de
04:5414 étages. Sous l'eau, sa coque s'enfonce à plus de 6 mètres de profondeur. Le Tonnerre dépasse
05:02l'arc de triomphe et il est deux fois plus gros que son prédécesseur. Cette silhouette massive
05:06montre beaucoup de capacités militaires et qui impressionne souvent. Le navire a le physique de
05:13l'emploi. La silhouette, elle est expliquée par les fonctions de ce bateau. Le pont est tout plat
05:20pour pouvoir accueillir un maximum d'hélicoptères. Il est énorme pour pouvoir accueillir des bateaux
05:28à l'intérieur, les engins amphibies et pour avoir toutes les infrastructures pour accueillir
05:37un hôpital, un état-major et faire la maintenance des véhicules et des hélicoptères que nous
05:43accueillons. Il est un des seuls navires au monde à accomplir autant de missions. C'est un outil qui
05:49est exceptionnel car il est polyvalent. La particularité du BPC, c'est sa capacité à
05:55répondre à de nombreuses sollicitations. Du haut du spectre avec des engagements terrestres de
06:01haute intensité, projeter des troupes au sol pour mener des combats en zone contestée comme
06:07répondre à des sollicitations d'aide humanitaire, de soutien aux populations. Le BPC est capable de
06:13mener toutes ces missions sur toute la largeur du spectre d'engagement militaire. Les français
06:19découvrent le BPC Tonnerre en septembre 2017. Après le passage de l'ouragan Irma, l'île de
06:26Saint-Martin est entièrement dévastée. La France mobilise sa quarte maîtresse, ce navire
06:31extraordinaire, seul capable d'être à la hauteur du drame. Le Tonnerre réussit l'exploit de projeter
06:39dans un temps record et à plus de 6000 kilomètres de la métropole, son hôpital de bord, plus de 500
06:46hommes, 1200 tonnes de fret et une centaine de véhicules.
06:55Des moyens exceptionnels pour répondre à l'urgence de la crise.
06:58Mais le BPC n'est pas qu'un navire humanitaire, il est taillé avant tout pour la guerre avec comme
07:16priorité les opérations amphibies. Un concept qui naît au moment du débarquement en Normandie
07:23durant la seconde guerre mondiale. 6 juin 1944, 42 000 péniches débarquent 156 000 hommes sur les
07:30plages normandes pour se lancer à l'assaut des défenses allemandes. L'amphibie, c'est ce qu'on
07:37a dans le jour le plus long. C'est des chalons qui arrivent, qui débarquent sur la plage et des
07:41troupes qui s'en vont, des véhicules qui s'en vont sur la plage et qui ensuite vont faire leur tâche
07:45qui est plus dévolue à l'armée de terre sur la terre ferme. Aujourd'hui, les marines capables de
07:51mettre en oeuvre des forces amphibies font partie d'un club assez restreint. On y trouve nos
07:57principaux alliés, la marine américaine avec les US Marines et la marine britannique avec les
08:02Royal Marines. Il faut ajouter la Russie et la Chine dans ce club. En tout, seulement cinq
08:09nations sont capables de projeter une force d'intervention par voie maritime. L'amphibie
08:14est sans aucun doute l'opération militaire la plus complexe qu'une armée ait à maîtriser.
08:18L'opération amphibie consiste à changer de milieu, arriver du large pour mettre en oeuvre
08:27en zone littorale des combattants et c'est ce changement de milieu qui est un défi en
08:32soi en termes de compréhension de ce qui se passe à terre alors qu'on est en mer.
08:37En guerre, débarquer hommes et blindés directement dans un port ennemi est impossible. En conséquence,
08:46il faut transborder des milliers d'hommes et leurs chargements sur des chalans en pleine mer.
08:50Récifs, vagues, sables sont pour eux autant de pièges mortels tout aussi redoutables que le feu ennemi.
09:05Le BPC résout ses défis par des solutions technologiques révolutionnaires.
09:09Première prouesse, le bateau est capable de se transformer en port de pleine mer.
09:17L'arrière du tonnerre est occupé par un immense entrepôt appelé radier.
09:25Le radier en fait c'est une sorte de grand hangar de 15 mètres par 60 mètres environ donc c'est à
09:31dire la taille d'une piscine olympique voire un peu plus. C'est ce radier qui se métamorphose à
09:37volonté en port intérieur. Il peut accueillir jusqu'à quatre chalans de débarquement.
09:43Autre avantage, à bord du BPC tonnerre, on charge hommes et blindés à l'abri de la coque aussi
09:51simplement qu'à terre. Lorsque le BPC est en transit, le radier est à sec, c'est un grand
09:56hangar sec dans lequel l'ensemble de la bâtellerie est posée. La bâtellerie est vraiment posée au
10:01sol, on dit qu'elle est échouée. Pour sa transformation en port intérieur, le tonnerre
10:07est doté du même système que sur les sous-marins. Il possède deux grosses soutes appelées balastes
10:13situées à l'avant et à l'arrière du navire. Ces balastes, d'une capacité totale de 10 000 mètres
10:19cubes, sont remplis sur mesure pour alourdir le bateau. Il peut s'enfoncer sur toute sa
10:25longueur jusqu'à deux mètres dans l'eau. Grâce à ce système de balastage, la porte arrière du
10:36BPC se retrouve sous la ligne de flottaison. En ouvrant la porte, l'eau de mer rentre et remplit
10:43cette fameuse grande plage ou radier. Une manœuvre très délicate, l'inclinaison du navire doit être
10:56maîtrisée au degré près. Cette opération est réalisée en un temps record, 30 minutes suffisent
11:06pour mettre à l'eau toute la bâtellerie. Cette opération de balastage nécessite des pompes
11:16aux dimensions impressionnantes pour pouvoir mettre en oeuvre ces chalants dans les plus brefs délais.
11:20Ces pompes sont au nombre de quatre. Deux petites se situent à l'avant, deux plus puissantes se
11:31situent à l'arrière. Elles alimentent les balastes grâce à des conduites énormes de
11:36presque un mètre de circonférence. Cet ensemble de pompes est d'une puissance phénoménale.
11:42Combinées, elles aspirent 15 000 mètres cubes d'eau par heure. Il ne leur faudrait que dix
11:49minutes pour remplir le bassin d'une piscine olympique.
12:02L'immense radier du navire peut accueillir deux types de bateaux amphibies. Les chalants de
12:09transport matériel, ou CTM, et les engins de débarquement amphibie rapide, les EDAR.
12:15Le CTM est robuste et tout terrain, mais il souffre d'un inconvénient majeur, un rayon
12:22d'action très faible qui oblige le tonnerre à s'approcher tout près des côtes et ainsi
12:26à s'exposer aux tirs ennemis. Son rayon d'action limité est dû à son manque de vitesse. Son fond
12:35plat qui lui permet de s'approcher au plus près de la plage est très peu hydrodynamique. La marine
12:42a dû chercher une solution, un bateau amphibie capable à la fois d'aller vite, loin et longtemps,
12:47tout en gardant la capacité de se poser sur la plage. Alors avec le BPC, on a l'EDAR,
12:53l'engin de débarquement amphibie rapide, qui est un catamaran qui lui a une capacité
12:58transhorizon. On peut le mettre à l'eau au-delà de l'horizon et avec sa vitesse,
13:02il permet d'envoyer des troupes et des véhicules rapidement à une longue distance. Et c'est ce
13:09qu'on a largement gagné depuis le débarquement et depuis ces dernières années. Mis en service en
13:162011, l'EDAR est l'extension indissociable des navires d'assaut amphibie. La Marine
13:22Nationale dispose de quatre EDAR. Leurs performances les rendent indispensables
13:26aux opérations de débarquement. En effet, ils vont quatre fois plus vite que le Chaland.
13:31L'EDAR, c'est un engin 30 mètres de long, 12 mètres de large, 200 tonnes et quatre moteurs
13:37qui alimentent des hydrojets. Et même que sur un scooter des mers, mais beaucoup plus gros
13:43puisqu'on a un total de puissance de plus de 7000 chevaux. A pleine puissance, l'EDAR est un bolide
13:49qui transporte 80 tonnes à plus de 60 kilomètres heure. De plus, cette Formule 1 des mers se
13:54transforme en 4x4 près de la plage. La principale innovation de l'EDAR, c'est qu'au milieu, il y a
14:00une plateforme qui, elle, peut bouger et qui permet d'avoir deux positions principales. Une première
14:04en catamaran, donc les deux coques sont dans l'eau et on peut aller vite et longtemps. Et une autre
14:10position avec la plateforme qui est basse. Nous sommes donc là en Chaland et qui permet d'aller
14:15au plus près des plages puisqu'on a très peu de coques finalement qui est dans l'eau. Pour passer
14:21en mode Chaland, l'EDAR abaisse sa plateforme centrale de quatre mètres. Il diminue ainsi son
14:26tirant d'eau, c'est-à-dire la partie immergée de sa coque qui passe de 2 mètres 40 à seulement 80
14:32centimètres. Il est le seul au monde capable d'une telle métamorphose. Et ses qualités ne s'arrêtent
14:44pas là. Il est aussi extrêmement maniable. C'est particulièrement appréciable quand il doit rentrer
14:50dans le ventre du tonnerre. Avec ses dimensions imposantes, l'opération est périlleuse.
14:57Alors rentrer avec l'EDAR dans le radier, c'est comme rentrer avec sa voiture dans le garage, sauf que la
15:01voiture fait 12 mètres de large, 30 mètres de long, 200 tonnes et le garage, aussi bien que la voiture,
15:07bouge puisqu'ils sont soumis aux éléments météo. Juste avant la phase d'enradiage, le pilote est
15:15tout seul dans sa cabine. Il a devant lui un mur, le BPC, de 30 mètres de haut et il doit arriver
15:22dedans calmement mais assez rapidement pour pas trop subir les éléments. On a l'impression dans
15:29la cabine d'être dans un appareil de Star Wars puisque c'est un engin qui est extrêmement
15:34réactif, extrêmement manœuvrant. Cette réactivité est indispensable car entre l'EDAR et les parois
15:40du radier, il n'y a que 50 centimètres de chaque côté. La moindre erreur pourrait avoir des conséquences
15:46dramatiques. La phase la plus critique, c'est quand l'avant de l'EDAR a commencé à rentrer,
15:53puisqu'à ce moment-là, s'il y a un mouvement du BPC ou de l'EDAR qui n'est pas synchronisé,
15:58et bien simplement l'EDAR va venir s'écraser contre le BPC et risque d'endommager fortement la coque.
16:05Le pilote peut s'appuyer à la fois sur l'aide de son équipage qui le guide, qui vont lui donner
16:11les distances en latéral, il va également s'aider des personnels qui sont dans le radier, qui vont
16:17également lui donner des indications et enfin il se fie à son propre sens du pilotage et à des repères
16:21qu'il peut avoir dans le radier. Le pilotage est très fin puisqu'il faut à la fois sentir son engin,
16:33sentir le BPC qui lui-même a ses propres mouvements, et enfin sentir la météo globale
16:38qui influe sur le comportement des deux. L'une des conditions du succès d'une opération Phoebe,
16:44c'est la rapidité d'exécution. L'incroyable vitesse de l'EDAR est l'une des clés de la réussite.
16:50Une technique d'embarquement révolutionnaire en est une autre. Son nom, le porte-à-porte.
17:04La porte à l'arrière sera ouverte et la porte des différentes embarcations vient se poser dessus
17:09et on débarque les véhicules, le personnel, les troupes par cette porte. Pour cette opération,
17:16le BPC utilise uniquement ses ballastes arrière, ce qui a pour effet d'enfoncer seulement la poupe
17:22du navire. Le radier se retrouve alors exactement au même niveau que la mer. Les portes des navires
17:29amphibies reposent sur l'arrière du géant comme il le ferait sur un quai. La capacité
17:37exceptionnelle de cette ouverture permet de débarquer des engins lourds. Elle pourrait
17:41même supporter un colosse comme le Charles-Clair et ses 60 tonnes. L'immense avantage de cette
17:49technique, c'est d'accélérer le rythme des rotations sans les risques de l'embarquement
17:53dans le radier. Cependant, la manœuvre requiert une parfaite coordination entre les bâtiments.
18:00Le moindre faux pas et c'est un équipement précieux qui se retrouve au fond de l'océan.
18:06Pour éviter ce genre de drame, le tonnerre doit garder une vitesse et un cap constant.
18:14Cette technique n'est permise que grâce à l'exceptionnelle manœuvrabilité du navire.
18:20Ce qu'on appelle manœuvrabilité, c'est la capacité du bâtiment à évoluer facilement,
18:24donc à tourner rapidement sur lui-même ou à passer d'une forte vitesse, d'une vitesse
18:30importante à une vitesse faible. C'est la capacité à changer d'allure de route de façon très rapide.
18:36Pour comprendre l'agilité surprenante de ce mastodonte, il faut aller sous l'eau. Là se
18:42cachent deux moteurs articulés que l'on appelle des pods. Les pods sont des moteurs électriques
18:47auxquels on attèle des hélices et qui sont sur des nacelles immergées sur l'arrière du bâtiment.
18:52Imaginez donc deux sous-marins, deux petits sous-marins de poche. Ces sous-marins peuvent
18:58s'orienter sur 360 degrés. Ces pods sont une révolution. Deux simples joysticks suffisent
19:07à les orienter. Ce moyen de propulsion permet de s'affranchir du système qu'on retrouve sur tous
19:14les bateaux du monde de cette taille, c'est-à-dire le système d'une ligne d'arbre qui traverse la coque
19:19sur une longueur significative. Sur un navire classique, la ligne d'arbre qui relie les hélices
19:25au moteur empêche ces hélices d'être orientées. Il faut donc diriger le navire grâce à un
19:31gouvernail. Sur les trois BPC en service, les moteurs électriques de 7000 kilowatts sont situés
19:38directement dans les pods. Les hélices deviennent indépendantes, les bateaux sont faciles à
19:42manœuvrer. Quant à l'électricité nécessaire aux pods, elle est produite par trois gros moteurs
19:51diesel de 6400 watts chacun qui alimentent une véritable centrale électrique. La salle des
19:57machines maintenant, elle est à l'avant du bateau, les machines produisent de l'électricité, cette
20:02électricité alimente le pod, donc seul un câble électrique relie les machines au pod. C'est un
20:10autre avantage des pods. En s'affranchissant des lignes d'arbre et en transférant la salle des
20:14machines à l'avant, le tonnerre comme le Dixmude et le Mistral bénéficient d'un radier bien plus
20:20grand. Une fois n'est pas coutume, c'est l'ingénierie civile qui a servi les militaires.
20:28On a pu bénéficier des atouts des chantiers de l'Atlantique qui ont construit ce bâtiment
20:34en utilisant une technologie qui était employée sur d'autres navires. Les chantiers navals de Saint
20:40Nazaire, forts d'un savoir-faire reconnu mondialement, ont été les premiers à expérimenter
20:45les pods sur les paquebots géants en 2001. On s'est aperçu que cette propulsion électrique
20:51par pods était très adaptée à notre coeur de métier qu'est l'amphibie. A ce jour, les trois
21:00BPC sont les seuls navires de la marine française à posséder ce système si innovant. Ils ont
21:06également bénéficié de techniques de construction en vigueur dans l'aéronautique. Les tranches des
21:12navires ont été construites simultanément puis assemblées sur un seul site. Cette technique
21:19d'assemblage par tranches possède un immense avantage, une vitesse d'exécution record qui
21:24a permis de diminuer les délais de construction de quatre à trois ans. Malgré leur performance,
21:30les pods ne suffisent pas à expliquer la maniabilité extraordinaire de ce colosse
21:35de 22 000 tonnes. Le tonnerre dispose d'un second système de propulsion. Ce sont les
21:42propulseurs d'étrave, deux hélices situés à l'avant du navire. La combinaison des propulseurs
21:49d'étrave et des pods rendent ce géant des mers aussi facile à manœuvrer qu'un simple bateau de
21:54plaisance. C'est un immense avantage dans toutes les manœuvres de précision comme entrer et sortir
22:01des ports. C'est comme si vous conduisiez une voiture capable de mettre ses roues à 90 degrés
22:08pour faire le créneau le plus aisé possible. La maniabilité considérable du BPC au regard de
22:17sa taille offre un autre avantage de choix. Positionner au mieux le navire quand la météo
22:23s'en mêle. Les courants, le vent, les vagues rendent très vite les manœuvres amphibies
22:28dangereuses. Pour atténuer leurs effets, il existe une solution. Positionner le navire face à la
22:34houle et au vent. L'avantage d'être face à la houle, c'est que sur l'avant du bateau, la houle va
22:41casser. Sur l'arrière du bateau, la houle n'existera pas. Le bateau va protéger l'approche
22:48des engins de la houle. Le BPC va agir comme le ferait un rocher ou une île et dès que le vent
22:55change et vient de travers, le navire grâce à la mobilité de ses pods va très rapidement se
23:00repositionner pour faciliter les manœuvres. Des opérations possibles si certains seuils de vent
23:06ne sont pas dépassés. Au-delà, les vagues se creusent, les risques d'accidents sont trop
23:11grands. On peut avoir un vent de face de 25 nœuds, ce qui représente 45 km heure. Un vent sur les
23:18côtés ou sur l'arrière de 15 nœuds. On peut avoir une houle jusqu'à 80 centimètres.
23:23Le système de propulsion du BPC est tellement performant qu'il offre à la marine une nouvelle
23:40possibilité tactique qui révolutionne les manœuvres amphibies. Elles sont désormais
23:45plus simples, plus rapides et surtout plus sécurisées. Cette tactique innovante a pour
23:52nom l'autoposition. Prenez les pods et les propulseurs d'étrave. Ajoutez-y un GPS,
24:01ajoutez-y des automates et un système informatique. L'ensemble de ces éléments nous permettent de
24:09dire au BPC d'orénavant tu prendras ce point comme référence et tu t'y tiendras.
24:23Aux manettes, plus personne. Le GPS transmet des informations de position au système informatique
24:28qui oriente automatiquement les pods. Ainsi, le navire peut maintenir sa position indéfiniment,
24:35plus besoin de jeter l'encre. C'est une petite révolution, ça nous permet de nous approcher des
24:43comptes, d'être statique en permanence et si toutefois une menace arrivait, de s'éloigner
24:49rapidement de la menace sans avoir à relever l'encre, ce qui prend un certain temps.
24:59La technologie a donné une toute autre dimension aux opérations amphibies. Mais au-delà de ces
25:05innovations, la taille unique du tonnerre lui permet de pousser au plus loin ses performances.
25:10Avec 37 000 mètres carrés répartis sur 11 ponts et ses deux hangars géants,
25:15il bénéficie d'une capacité exceptionnelle. Il peut recevoir sans peine une centaine d'engins
25:22dans son hangar, situé juste au-dessus du radier. D'une surface de 3600 mètres carrés,
25:28cette plateforme est tellement grande que l'on oublierait presque que l'on est sur un bateau.
25:38Si ce n'est qu'ici, tout est solidement arrimé.
25:45Les mouvements sont orchestrés au millimètre par un équipage aguerri.
25:52Et pour éviter que s'accumulent les gaz d'échappement hautement toxiques,
25:55de puissants systèmes de ventilation renouvellent l'air en permanence. Le bâtiment accueille des
26:01engins mais aussi des hommes. Il peut transporter jusqu'à 450 militaires, soit un bataillon
26:07complet. A cela, il faut ajouter les marins qui assurent au quotidien son bon fonctionnement.
26:13L'équipage d'un BPC, c'est 200 marins, hommes et femmes de différentes spécialités qui ont
26:19acquis un savoir-faire en philie et qui leur permet de mettre en oeuvre cet outil remarquable.
26:25200 marins d'un état-major embarqué peuvent également y trouver place.
26:31Au total, le BPC peut héberger jusqu'à 900 militaires.
26:35C'est vraiment une petite ville mais qui est toute seule,
26:37qui ne peut pas faire appel à l'extérieur, qui peut se débrouiller en autonomie.
26:43Une autonomie indispensable pour projeter une force au plus près d'une zone de conflit.
26:49Le tonnerre peut parcourir 18 000 kilomètres et rester 45 jours en mer.
26:54Il est capable de parcourir des distances immenses sans avoir à ravitailler et il est
27:01capable de soutenir les forces qui l'embarquent pour leur permettre, elles aussi, de tenir dans
27:07le temps. Dès la conception, ce bâtiment de guerre a été pensé selon les standards en vigueur
27:14sur les paquebots de croisière. Avec une zone de vie de 9000 mètres carrés, le navire prend
27:21soin de ses hommes. Cuisine, frigo, stockage, tout est à la mesure de la taille hors norme
27:29de ce navire. La zone de vie est tout confort. Seule exception quand le navire est au maximum
27:36de ses capacités d'emport, les hangars se transforment alors en campements.
27:48En guerre, les opérations les plus complexes, les plus exigeantes, sont sans aucun doute les
27:53opérations Phoebe, parce qu'elles se déroulent dans deux milieux différents, la mer et la terre,
27:58avec des contraintes radicalement opposées et parce que souvent elles sont menées à des
28:03milliers de kilomètres du centre de commandement. Alors pour l'armée, il est évident qu'une des
28:08conditions pour gagner la bataille est de positionner l'état-major au plus près du
28:12terrain. L'état-major de force navale reste au contact des éléments et c'est important pour lui
28:20permettre, au-delà de la proximité géographique, d'appréhender et de conduire l'action dans les
28:25meilleures conditions possibles imaginables. Et là encore, le tonnerre offre une solution unique.
28:34Il abrite en son cœur un centre de commandement aussi performant que ceux existants à terre.
28:40Nous avons été exceptionnellement autorisés à pénétrer dans ce lieu, la zone la plus sensible du BPC.
28:50Derrière ces lourdes portes blindées, 200 officiers de haut rang, appartenant aux trois corps d'armée,
28:56préparent les opérations dans le plus grand secret. Aucun écran, aucun document,
29:01aucun moyen de communication ne doit être filmé. Ici, tout est classé secret défense.
29:08Doté des moyens de communication les plus pointus, via une liaison satellite cryptée,
29:14il peut communiquer simultanément avec la force navale qui l'entoure, les troupes à terre,
29:18le ministère de la défense situé à des milliers de kilomètres ou même l'Elysée.
29:27Des kilomètres de câbles courent le long de ces coursives et relient les 600 postes informatiques de la zone état-major.
29:38Ce centre n'est pas placé au hasard dans le navire. Sa position est stratégique.
29:43La coque du navire bloque naturellement les ondes électriques et électromagnétiques.
29:48Elle fait office de cache de faraday.
29:51Le fait qu'elle soit au milieu de la ferraille que représentent les bateaux,
29:55les ondes émises par les ordinateurs, les VHF, tous ces moyens de transmission,
30:01ne peuvent pas traverser la coque du bateau.
30:04Donc elle est abritée des oreilles indiscrètes mais aussi des bombes, obus, balles que pourraient tirer l'ennemi.
30:12La force du tonnerre réside dans sa capacité à se positionner près du champ de bataille tout en restant en sécurité.
30:18Cet avantage lui permet de remplir une mission plus inattendue.
30:22C'est un navire hôpital puisque les forces que nous projetons à terre, il faut être en mesure de soigner des blessés en combat.
30:31C'est un navire qui embarque donc des chirurgiens, des généralistes, des anesthésistes capables de soutenir nos troupes au sol.
30:42On voit rien !
30:45Cet hôpital va être effectivement au plus proche des zones de combat ou de catastrophes tout en étant à une distance de sécurité
30:51et sous protection de la force qui permet de soigner l'abri des combats.
31:01L'hôpital se situe au niveau 5 juste en dessous du pont d'envol.
31:05Il est d'une surface totale de 1000 m2 et compte 69 lits médicalisés.
31:12L'équivalent de l'hôpital d'une ville de 30 000 habitants.
31:19L'évacuation des patients sur le terrain se fait le plus souvent par hélicoptère qui vont arriver au pont d'envol du BPC
31:25où une équipe médicale va les attendre pour les prendre en charge.
31:31Un ascenseur relie le pont directement à l'hôpital et facilite la prise en charge rapide des blessés.
31:41Vous allez avoir une première salle de déchoquage qui correspondrait aux urgences de votre hôpital
31:45où on va trier les patients en fonction de la gravité de leurs blessures
31:49pour les amener ensuite soit vers les blocs opératoires, soit la salle de radio.
31:56La question de l'hôpital du BPC n'est pas de conserver ses patients.
31:59On va faire la chirurgie vitale et une fois qu'ils seront en condition d'être évacués sur une structure plus importante,
32:06on va évacuer ces gens pour garder de la capacité à accueillir de nouveaux blessés.
32:12Avec deux blocs opératoires, une salle réservée aux grands brûlés,
32:17ce navire hôpital présente les mêmes exigences, les mêmes normes, le même matériel qu'un grand hôpital à terre.
32:24Une véritable performance.
32:27Il faut bien voir que la capacité exceptionnelle des BPC ne se retrouve pas ailleurs dans la marine
32:31si ce n'est sur le Charles de Gaulle qui a en gros les mêmes capacités pour soutenir son personnel et son détachement
32:37mais dans une surface beaucoup moins importante.
32:39La surface de cet hôpital est vraiment exceptionnelle et unique sur les bâtiments de la marine française.
32:52Navire hôpital, centre opérationnel et port en pleine mer,
32:56le Tonnerre est un navire de guerre et avant tout et même surtout un héliport sur l'eau.
33:04Il possède un pont d'envol d'une surface totale de 5200 m2.
33:096 spots d'appontage sont répartis sur les 200 m de sa piste d'un seul tenant.
33:16Il peut recevoir tous les hélicoptères en service dans l'armée française ainsi que ceux des forces de l'OTAN.
33:24Son spot 1 situé à l'avant du navire a été renforcé jusqu'à supporter 27 tonnes
33:30pour recevoir les hélicoptères les plus lourds du monde et même l'avion hybride, le MV-22 Osprey.
33:39A ce jour, c'est le plus grand porte-hélicoptère jamais conçu pour la marine française.
33:45Sa taille témoigne de l'importance qu'ont pris les opérations aéroportées dans la guerre amphibie.
33:50L'aéronaval a énormément progressé depuis la seconde guerre mondiale.
33:53Les porte-avions n'ont plus rien à voir avec ceux qui sortaient à ce moment-là
33:57et effectivement le porte-hélicoptère a pris toute sa dimension
34:00de soutien direct des troupes de façon très finement coordonnée.
34:05Le BPC est capable de projeter des forces armées par hélicoptère
34:10pour mener des actions d'aérocombats au-dessus de la terre.
34:12Il est capable de projeter des forces à terre pour mener des opérations de combat au sol avec les troupes embarquées.
34:20Pour mettre en œuvre sa force maritime,
34:22le BPC Tonnerre a su trouver des solutions technologiques uniques.
34:30Pour sa force aéroportée, il a dû affronter de multiples défis
34:33et concevoir des solutions innovantes.
34:38Est-ce que le BPC Tonnerre est capable d'accomplir ses objectifs ?
34:42Est-ce que le BPC Tonnerre est capable d'accomplir ses objectifs ?
34:45Est-ce que le BPC Tonnerre est capable d'accomplir ses objectifs ?
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35:17Est-ce que le BPC Tonnerre est capable d'accomplir ses objectifs ?
35:19Est-ce que le BPC Tonnerre est capable d'accomplir ses objectifs ?
35:21Par manque de place, mais aussi pour éviter qu'une vague trop forte ou qu'une bourrasque soudaine ne les renverse,
35:27les hélicoptères sont entreposés dans un hangar de 1800m2 situé juste en dessous du pont d'envol.
35:33Il faut donc bouger en permanence les hélicos.
35:37Problème, il n'est pas si facile de déplacer ces bijoux technologiques.
35:42Tout ce qui est aéronautique c'est extrêmement fragile et ça coûte extrêmement cher.
35:46Donc il faut absolument éviter de faire de la casse.
35:49Surtout pour ne pas être en péril la mission qui va être demandée à l'hélicoptère.
35:54Vous devez le manœuvrer comme une caravane sauf que vous imaginez que votre caravane pèse 7 tonnes
35:59et que ça, il faut rajouter les mouvements de la mer, les mouvements de la plateforme.
36:02Donc ça monte, ça descend.
36:04Les manœuvriers ne quittent jamais la bête des yeux.
36:07Et tous obéissent aux doigts et à l'œil de l'un d'entre eux que l'on surnomme le chien jaune.
36:12Un chien jaune c'est un surnom qui a été donné au directeur de pont d'envol.
36:17Alors chien parce que sur le pont d'envol pour la sécurité, on crie beaucoup après les gens.
36:21Parce qu'avec le bruit des rotors et les casques de protection, les gens ont tendance à pas trop nous entendre.
36:27Donc on aboie en fait.
36:28Donc du coup comme les chiens et comme on a des maillots jaunes, c'est les chiens jaunes tout simplement.
36:39Le tonnerre peut accueillir dans son hangar un maximum de 16 hélicoptères.
36:43Leur nombre dépend bien sûr de leur taille.
36:46Car entre la petite gazelle et le puma, leur dimension varie du simple au double.
36:54On a un hangar qui fait 1800 mètres carrés, ce qui est très grand, mais en fait non, qui est tout petit.
36:58Puisque dès que vous mettez 6, 7, 8 machines à l'intérieur, c'est un Tetris qu'il faut savoir aménager.
37:03Pour à la fois pouvoir bouger les hélicoptères, à la fois garder de l'espace pour que les équipes de sécurité en cas de sinistre puissent circuler.
37:11Pour pouvoir ménager éventuellement un espace de maintenance pour départ d'un hélicoptère qui est en panne.
37:16Et il faut penser aussi que quand on a fini la journée, le lendemain on repart.
37:20Donc ça veut dire qu'il va falloir faire ce Tetris intelligemment pour pouvoir se faciliter le travail de leur remonter des machines sur le pont d'envol pour les vols d'après.
37:29Sur un bâtiment de guerre, chaque minute compte.
37:32Alors pour que les hélicos gagnent au plus vite le pont d'envol, le tonnerre est doté d'un équipement hors norme.
37:38Pas une, mais deux plateformes élévatrices sont en action.
37:42Avec une poussée maximale de 13 tonnes chacune, elles sont capables de mettre en oeuvre tous les types d'hélicoptères en service dans l'armée française.
37:50La plateforme la plus petite se situe sur le côté gauche du bâtiment.
37:53Ses dimensions, 18 mètres sur 6,50 mètres de large.
37:57La plus grande se trouve à l'arrière.
37:59Sa taille, 15 mètres par 15, lui permet de monter un hélicoptère avec ses pales ouvertes.
38:06Un gain de temps essentiel quand on l'attend en opération.
38:10Mais c'est une manœuvre de haute précision.
38:14Car il n'y a que 20 centimètres seulement entre le montant des portes et les pales si fragiles.
38:19Nous, l'hélicoptère, il n'est pas carré.
38:24Vous avez le rotor et le rotor, il oscille plus ou moins selon les mouvements et avec le vent.
38:29Et parfois, c'est un peu tendu selon l'état de la mer.
38:33Il faut faire attention, être aux aguets, imaginer le pire pour pas que ça arrive.
38:38Il ne faut pas s'habituer.
38:40Les plateformes élévatrices sont mises en oeuvre par un système hydraulique de câbles et de poulies qui lui garantissent une robustesse à toute épreuve.
38:49Deux minutes trente suffisent pour que l'hélicoptère monte jusqu'à sa piste.
38:54Après cette première difficulté pour manœuvrer les hélicos, deuxième problème, le manque de place.
39:01Si le pont d'envol ressemble à n'importe quel héliport à terre, avec sa piste et sa tour de contrôle, ne vous y trompez pas.
39:08Cet héliport flottant est bien plus petit.
39:11Et qui dit moins de place, dit plus de risques.
39:15On peut avoir un hélico juste devant, un autre juste derrière, du personnel et du matériel sur le pont.
39:22Il suffit d'une intervention technique sur un aéronef pour que le pont soit vite embouteillé.
39:28Et avec plusieurs appareils, les risques d'accident sont au maximum.
39:33Et on a le vert à tous les spots et on fera partir 6, 5 et 3.
39:40Alors ici, les procédures de décollage et d'atterrissage sont bien différentes de celles utilisées à terre.
39:49On ne fait pas décoller ou atterrir en simultané.
39:52On préfère laisser toujours un petit moment de décalage entre un atterrissage et un décollage.
39:57Pour que le souffle des hélicoptères ne vienne pas perturber l'autre hélicoptère qui va manœuvrer.
40:04Dès que l'hélicoptère a pris suffisamment d'altitude, il translate du pont vers la mer.
40:09Ceci pour une raison bien précise.
40:13On va éviter autant que possible des hélicoptères de survoler le pont d'envol, de survoler du matériel, du personnel.
40:18Parce qu'en cas d'avarie de l'hélicoptère qui décolle, les conséquences pourraient être catastrophiques.
40:28Sur ce type de bâtiment, il y a une procédure pour tout.
40:32En cas d'avarie moteur ou de dommages graves causés par les tirs ennemis,
40:36l'hélico est dirigé sur le spot 6, situé à l'arrière du navire.
40:43Donc c'est un spot qui est facile, entre guillemets, d'accès puisqu'en fait il va pouvoir approcher dans l'axe du bâtiment,
40:47se poser tout droit dans un espace qui est dégagé.
40:50Ça permet aussi d'attirer l'hélicoptère.
40:53Ça permet aussi si jamais on doit arriver à la situation extrême du crash,
40:57de préserver au maximum le BPC en lui-même,
40:59puisqu'on va essayer de localiser le sinistre le plus en arrière possible du bateau pour sanctuariser ce qui se passe à l'avant.
41:07Piloter et surtout atterrir en mer, c'est plus compliqué qu'à terre.
41:12En plein jour et surtout de nuit, le ciel et la mer se confondent, ce qui complique l'appréhension du relief.
41:18On est très haut sur l'eau, on se pose sur un sol qui n'est pas au niveau du sol environnant,
41:23et on n'a pas d'arbres autour de nous, pas de bâtiments qui nous servent de repère pour descendre.
41:29Donc on arrive, on se pose sur un pont qu'au final on voit assez peu.
41:35L'habitacle de l'hélico aggrave la situation pour le pilote.
41:38Plus on s'approche, plus ce qu'on voit va être masqué par l'hélico en lui-même.
41:43Un hélico, comme une voiture, il y a une planche de bord avec des instruments devant nous,
41:47ça prend de la place et ça masque ce qui est près de nous.
42:00Alors le BPC possède une technologie qui lui vient en aide et qui évite qu'il se crache sur le pont.
42:06C'est l'IPD, pour Indicateur d'Action.
42:09C'est une boîte qui ressemble à R2-D2, avec dans le cylindre un système de lampes et de miroirs,
42:14et le dôme supérieur, c'est un dôme en verre,
42:18et via ce dôme est projeté un faisceau qui fonctionne comme des feux tricolores.
42:24Ce faisceau de guidage est composé de trois couleurs, orange, vert et rouge.
42:29Si le pilote est trop haut, il va voir les feux tricolores.
42:33Si le pilote est trop haut, il va voir un faisceau orange,
42:36ce qui lui indique qu'il ne descend pas assez vite.
42:39En revanche, si le faisceau est rouge, le pilote doit corriger sa descente pour éviter de percuter le pont.
42:45Il faut voir le vert pour avoir la bonne pente de descente.
42:53Ce faisceau lumineux est stabilisé pour que justement, même si le bateau bouge,
42:57ce faisceau-là reste stable dans la descente de l'hélicoptère.
43:00Ainsi, malgré les mouvements du bateau, le faisceau indique toujours une pente de 4 degrés.
43:08Arrivé près du pont, c'est au tour du chien jaune de prendre le relais des lumières de l'IPD.
43:17L'atterrissage se complique vite si les conditions météo sont mauvaises.
43:21En mer, le vent est beaucoup plus fort qu'à terre.
43:24C'est un vrai danger pour les manœuvres aériennes.
43:27Le risque d'une perte de contrôle est toujours présent.
43:30En mer, on a effectivement beaucoup moins de phénomènes de ralentissement du vent
43:34du fait de la végétation, du relief, parce que la mer est globalement plate.
43:38On va arriver aux limites physiques de ce que peut faire l'hélicoptère.
43:43Et pour une fois, le physique du tonnerre n'est pas un avantage.
43:47Il a des flancs qui sont très hauts et verticaux.
43:50Du coup, quand on a le vent qui vient de travers, le vent,
43:53vient buter comme sur le mur d'une maison et passe au-dessus du bateau
43:58et engendre beaucoup de turbulences.
44:01Le porte-hélicoptère va tout faire pour régler ce problème.
44:06La solution, une manœuvre rapide pour prendre le vent de face.
44:13Pods et propulseurs d'étrave, si utiles lors des manœuvres amphibies, sont là aussi.
44:18Un atout pour les manœuvres.
44:21Le bateau utilise son extrême maniabilité pour orienter son pont d'envol face au vent
44:26et atténuer ainsi les turbulences.
44:28Contrairement à terre, le sol d'un port-hélicoptère en pleine mer bouge.
44:32Le bateau utilise son extrême maniabilité pour orienter son pont d'envol face au vent et atténuer ainsi les turbulences.
44:51Contrairement à terre, le sol d'un port hélicoptère en pleine mer bouge.
44:57Le tonnerre, comme tous les navires, subit les mouvements des vagues.
45:04Par beau temps et mer d'huile, on peine à imaginer l'effet de la houle sur un pont d'envol.
45:10Voici des images exceptionnelles prises par la marine danoise.
45:15L'hélicoptère tente désespérément d'aponter. Le pont est chahuté comme le serait un wagonnet sur des montagnes russes.
45:22Pour le pilote, c'est une bataille de chaque instant contre les éléments.
45:28Il lutte pour ne finir ni à la mer, ni écrasé contre le bâtiment.
45:33Heureusement, là encore, le BPC réduit les risques grâce à son gabarit.
45:38L'avantage du BPC, par sa taille et par sa masse, c'est un bâtiment qui a de l'inertie donc qui bouge peu.
45:45Mais le gabarit ne fait pas tout. Le navire possède une arme secrète qui le protège du roulis le plus violent.
45:52Pour la découvrir, il faut plonger sous la surface.
45:56On y rencontre deux puissants ailerons qui se situent sur ses flancs.
46:00Quand la houle se forme, le navire déploie ses ailerons.
46:04C'est un petit peu comme si le BPC étendait ses bras sous l'eau.
46:07Et du coup, quand il a tendance à partir d'un côté, ça appuie et ça donne une force de résistance et ça limite le roulis.
46:15Un logiciel ultra performant agit sur d'immenses vérins et détermine le degré d'inclinaison des ailerons pour compenser au mieux les mouvements ressentis sur le pont.
46:28Ce système est efficace puisqu'il permet de bien amortir les mouvements de roulis jusqu'à des états de mer 4 à 5.
46:37Où le bateau bouge très, très peu grâce à ce système, alors qu'à l'extérieur, on a des vagues qui vont à 2,5 ou 3 mètres d'amplitude.
46:46Mais technologie ou pas, quand la mer est trop forte, tout repose sur la dextérité et l'entraînement du pilote.
46:54Il faut vraiment anticiper les mouvements du bateau, anticiper ses actions, la descente, la remontée du pont pour arriver à travailler en sécurité.
47:08Dernière difficulté pour mettre en oeuvre en toute sécurité sa force aérienne, le tonnerre doit être capable de ramener à bon port ses hélicos.
47:22C'est un aéroport flottant, c'est un aéroport qui se déplace, donc lorsque l'on décolle et qu'on veut revenir à bord, l'aéroport n'est plus au même endroit.
47:33C'est une difficulté à prendre en compte.
47:37Pour ses missions, l'hélicoptère s'éloigne du navire à des dizaines de kilomètres de jour comme de nuit.
47:43Alors quand il doit regagner sa base, il est parfois difficile de s'y retrouver dans l'immensité bleue.
47:49Ici, pas de montagne ou de ville pour servir de repère.
47:54Le risque est grand de se perdre.
47:56À court de carburant, la seule solution, c'est l'amérissage.
48:00Une manoeuvre d'urgence à très haut risque.
48:04Pour éviter ce scénario catastrophe, les trois BPC sont aussi bien équipés que les aéroports terrestres.
48:13Pour rallier le bateau, le principal moyen qu'on va utiliser, c'est le radar.
48:18Soit le radar de l'hélicoptère, si l'hélicoptère en est doté, soit le radar du bateau.
48:24Sur le tonnerre, c'est au centre des opérations que se relèvent 24 heures sur 24 les contrôleurs aériens, prêts à répondre à l'appel de détresse de l'un des leurs.
48:33On a à bord des contrôleurs d'approche qui sont capables de prendre le contrôle serré sur l'hélicoptère et de le guider jusqu'à ce qu'ils puissent prendre en visuel le bateau, même si lui, même si le pilote ne voit rien.
48:49C'est grâce au radar d'une portée de 50 kilomètres que les contrôleurs localisent précisément les pilotes et leur indiquent comment rentrer à bon port.
48:56Le contrôleur nous fait descendre jusqu'à sensiblement la hauteur du bâtiment au dessus de l'eau.
49:07Le but étant de reprendre le visuel du sillage du bâtiment sillage qu'on va remonter comme un petit chemin de cailloux blanc jusqu'à retrouver le bateau.
49:16Le pont est éclairé comme à terre. C'est habituel pour un aéroport, mais ici, la nuit, la seule chose qui distingue le tonnerre de la mer, un appontage réussi d'un accident, c'est cette frontière lumineuse.
49:39Le tonnerre, en service actif depuis 2007, est un navire qui impressionne par son incroyable polyvalence.
49:49Sa taille imposante lui permet de remplir un large spectre militaire.
49:54Transformation en port de pleine mer capable de rester en autoposition.
49:59Transport des troupes et du matériel grâce à un navire amphibie unique au monde, mi-catamarans, mi-chaland.
50:09Portes-hélicoptères géants et d'une stabilité inégalée capables d'assurer des missions de jour comme de nuit.
50:16Hôpital ultramoderne, le plus grand de la marine.
50:21Centre opérationnel d'état-major complet à la pointe des communications.
50:25Sa polyvalence si précieuse en temps de guerre est aussi un atout inestimable en temps de paix, comme l'a démontré brillamment ce navire après l'ouragan Irma qui a frappé les Antilles en septembre 2017.

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