Amine Elbahi, juriste, s’exprime sur l’enseignante menacée et la propagande qui cible les jeunes :«L’État a failli parce qu’on a demandé à l’Éducation nationale de faire le travail du ministère de l’Intérieur».
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00:00Vous êtes en train de twitcher un point sensible chez moi, ça me rappelle des douloureux souvenirs passés.
00:05Vous savez qu'il y a plus de dix ans, j'ai eu l'occasion de signaler un proche, ma sœur, partie en Syrie.
00:12Et ça me rappelle effectivement tous ces moments où l'institution administrative, où l'institution judiciaire
00:19avait démissionné, où la loi ne permettait pas d'ailleurs à l'époque d'arrêter un certain nombre de profils
00:25pouvant effectivement adhérer à un processus de radicalisation.
00:31Mais vous voyez, si encore aujourd'hui, en 2024, alors qu'on nous dit que l'État islamique a été anéanti au nord-est de la Syrie,
00:38si en 2024, on arrive encore à détecter des profils dans nos écoles, c'est parce que le travail dans la détection,
00:46dans la lutte contre la radicalisation à caractère islamiste n'est pas terminé.
00:51Et je pointe moi ce matin l'échec, l'échec de la coordination interministérielle et notamment du CIPDR,
00:59c'est le Comité interministériel de prévention de la radicalisation, où on a mis en fait un paquet de fric,
01:04un paquet de fric à travers des appels à manifestations d'intérêt, des appels d'offres à des associations
01:10qui n'ont pas joué le jeu, qui n'ont pas parfaitement travaillé avec les services de l'éducation nationale
01:16pour accompagner les professionnels dans la prise en charge et dans la détection et la prévention de la radicalisation.
01:23Et en fait, l'État a failli, pourquoi ? L'État a failli parce qu'on a demandé à l'éducation nationale de faire le travail du ministère de l'Intérieur.
01:32On a demandé à l'éducation nationale de lutter contre la radicalisation.
01:35Or, que l'on soit bien d'accord ce matin, la lutte contre la radicalisation, c'est de la compétence du ministère de l'Intérieur.
01:40Nos professionnels de l'éducation nationale ne peuvent faire que de la prévention.
01:45Et c'est là où on voit qu'il y a une rupture institutionnelle forte, grave,
01:52et qui montre qu'encore aujourd'hui, en 2024, on se retrouve avec ce type de profil.