DB - 14-09-2024
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TVTranscription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:04...
00:29Chers amis, toujours à l'affût de nouveaux talents,
00:31J'ai l'honneur de vous présenter ce soir, pour la première fois à Paris,
00:35un jeune espoir de la chanson française,
00:37Mad Blondie.
00:47Mad Blondie a l'intention de ressusciter la belle mélodie.
00:51Ceci au goût du jour, évidemment.
00:53J'espère que vous lui réservez bon accueil,
00:55ainsi qu'à son tour de chant.
01:01Bravo !
01:31On a dit qu'on voulait faire de moi une idole
01:37Ça me rend fort
01:40Et pourtant me voilà devant vous
01:45Je dois sacrifier ma vie privée
01:52À tous les agents de publicité
01:58Pour écranter les phalanges
02:01De l'eau minérale, s'il vous plaît.
02:03Ou tout un monde
02:05Alors, j'attends.
02:08Ça vous fera rien de vous taire, s'il vous plaît, monsieur.
02:11C'est vous, jeune homme, qui m'avez fait cette observation, là ?
02:13Oui, c'est lui. Et je suis de son avis.
02:15Nous sommes plusieurs ici à vouloir écouter, mademoiselle.
02:17Espèce de foutriquet !
02:19La chanteuse est payée pour chanter, moi je ne suis pas payé pour mater.
02:22Il y a ce qu'on appelle la politesse.
02:25Oh, la grossièreté des hommes !
02:28Indécrottable !
02:30On ne va pas se laisser faire la loi par des yéyés, non ?
02:32Non, tu n'es pas capable de reconnaître une bonne chanson ?
02:34C'est un éclatement de chambre à l'air !
02:36Des gardiens de vaches dans des complets vestons !
02:39Ah, elle est jolie, la France !
02:49Je vous en prie, monsieur, je vous en prie.
02:51Ecoutez, je vous...
02:53Là, merci.
02:55Reprenez, mon petit.
03:22C'est beaucoup de bruit pour rien.
03:24Ah oui, ça, vraiment.
03:28Écoutez, ça suffit !
03:30Le premier qui l'ouvre pendant la chanson de ma blondie, je vais rentrer dedans et je cogne !
03:33Oui, arrête.
03:34Vous parlez d'une escouade d'imbéciles.
03:364000 ans de civilisation pour en arriver à une grossièreté pareille.
03:39Écoutez le tour de chambre, sortez !
03:42Vous pouvez sortir.
03:46Félicitations à ceux qui ne veulent pas se taire et ils sortent.
03:50Réfléchissez d'abord, patron, combien ils vous doivent.
03:53On leur paie leurs additions et on les écoute.
04:04Hé, non !
04:05Attention derrière !
04:07Attention derrière !
04:20C'est excellent pour notre ville des cités, ça.
04:22Et car l'article, pendant le journal, automatiquement, demain, on a la télé.
04:25Allez, filez, payez-moi un papier. Je le veux dans l'édition du matin.
04:28D'accord.
04:32Madeleine Versier, on parle de vous dans les journaux du matin.
04:35On sait qu'hier, une véritable bagarre a eu lieu au cabaret...
04:38où vous passiez pour la première fois.
04:40Je ne l'ai pas voulu, moi. Je ne l'ai vraiment pas voulu.
04:42C'est évident.
04:43Vous ne vous attendiez pas à ce que votre voix provoque immédiatement une telle admiration.
04:46À telle enceine que vos admirateurs n'ont pas pu supporter le moindre bruit.
04:49Et qu'il a suffi d'une simple interruption pour les déchaîner.
04:53Continuerez-vous à chanter ce soir ?
04:55J'ai un contrat.
04:56Eh bien, espérons que beaucoup de Parisiens iront vous applaudir par curiosité.
05:02Et la curiosité sera double.
05:04Cette Mad Blondie se dissimule, chers téléspectateurs...
05:07une toute simple ouvrière qui, jusqu'ici, n'a jamais fait parler d'elle.
05:10Nous sommes à Angers, dans l'usine où elle est employée.
05:19Mademoiselle, vous attendiez-vous à ce que Mad Blondie, qui travaille à vos côtés...
05:23devienne un jour célèbre ?
05:24Oh non, je ne savais même pas qu'elle chantait.
05:26Eh bien, espérons que beaucoup de gens le sachent désormais.
05:29Bonne chance, Mad Blondie.
05:32Et vous avez promis vos copains de surénez-vous...
05:34de rédiger une masse de lettres pour l'ORTF, pour des éditeurs de musique...
05:37et pour des directeurs artistiques.
05:39Toutes ces lettres demandant où et quand on peut entendre Mad Blondie.
05:42Eh bien, voilà des adresses.
05:43Il faut vous y mettre très vite, c'est le moment.
05:45On s'y met dès ce soir.
05:46Ah, je n'ai pas encore trouvé l'idée choc pour lancer réellement Madeleine.
05:55Mais je la trouverai.
05:57Je ne pense qu'à elle.
06:00Je ne pense qu'à ça.
06:03Non, mais je suis pris par le jeu, vous comprenez.
06:05Ce n'est pas tellement elle que cette espèce de forcing.
06:11J'ai dîné un soir avec elle un des premiers jours où je l'ai connue.
06:16Elle ne s'est pas livrée.
06:18Elle était intimidée.
06:20Je la connais mal.
06:22Mais elle me semble nonchalante, non ?
06:26Pas tellement éveillée.
06:29Pas tellement intelligente.
06:32Elle n'a pas le maximum d'atouts indispensables à la réussite.
06:35Il lui manque une aire, une certaine profondeur.
06:38Mais alors pourquoi ?
06:42Oui, pourquoi ?
06:43Pourquoi ?
06:47Je peux compter sur vous pour les lettres ?
06:49Je peux.
06:50Vous pouvez.
06:51Autre chose, tiens, venez.
06:52Oui.
07:00Oh !
07:02Mais dis donc, Gérard, qu'est-ce que tu mets ?
07:04Tu ne mets pas n'importe quoi, hein ?
07:06Ben, dis donc, on dit.
07:07En classe, j'étais dans les 8 premiers en français, moi.
07:09Oui, dans sa classe, ils étaient 11.
07:1440, on était.
07:1640.
07:17Non, voilà ce que je veux dire.
07:18Monsieur, d'où vient qu'on n'a pas entendu chanter Matt Blondy,
07:21ni à la radio, ni à la télévision ?
07:23Où peut-on se procurer ses disques ?
07:25Signé un fan de Matt.
07:27Un quoi ?
07:28Un fan de Matt.
07:30Une autre.
07:31Des amis à moi sont allés écouter Matt Blondy dans un cabaret.
07:35Eux et moi, nous aimerions acheter ses disques.
07:37Dans le commerce, on n'en trouve pas.
07:38Que faut-il faire ?
07:39Un amateur de belles chansons.
07:41Très bien.
07:42Oh, mais je n'ai pas fait que ça, non ?
07:43J'ai des écritures oblives, des écritures rondes.
07:47J'ai celle-ci dont l'écriture se casse la gueule en arrière.
07:49Et la prochaine, tenez-vous bien,
07:51je la rédige en caractère style imprimerie.
07:55Est-ce que J.P. et Jojo en rédigent aussi ?
07:58Oui, chacun chez eux.
07:59Alors demain, on réunit le paquet,
08:01on le donne à Greta, la sage en les livres.
08:03Elle va en poster dix par-ci, dix par-là, cinq ailleurs.
08:05Enfin, toutes les boîtes postales et les azimuts de Paris et de la banlieue.
08:08Pourquoi ta grand-mère n'en écrit pas une ou deux ?
08:10Signé, une grand-mère mélomane.
08:12Elle est en train.
08:13C'est pas vrai ?
08:15Si.
08:16Bon, allez au travail au lieu de rire, c'est pas le moment.
08:25Qu'est-ce qu'on fait ? Combien on a fait ?
08:2778.
08:28Avec celle des copains, on arrive à peu près à 100.
08:30Seulement, c'est pas suffisant.
08:31Le duc a parlé de 2 à 300 étalés sur une semaine.
08:33On continuera ?
08:38C'est la fin de son tour de chant.
08:40Écoute.
08:42C'est vrai, c'est 11 heures.
08:47C'est rien !
08:49C'est rien !
08:51C'est rien !
08:53C'est rien !
08:57Je vais lui dire bonsoir en mal. Tu t'emmènes ?
08:59Non, je m'en vais.
09:00A demain.
09:01Ciao.
09:02Ciao.
09:24Monsieur le duc ?
09:28Oui, c'est moi.
09:29Je ne vous ai pas vu ?
09:31Moi non plus.
09:33Vous êtes venu assister au tour de chant de Madeleine ?
09:36Non, je suis resté dehors. Je la voyais bien.
09:39Vous allez l'attendre. Elle ne va pas tarder à sortir.
09:42Non, je rentre à Paris.
09:44De quel côté allez-vous ?
09:46Par là.
09:47Moi aussi, ma voiture est par là.
09:50Vous ne l'attendez pas ?
09:52Vous vous êtes disputé ? Vous êtes fâché ?
09:54Mais non, pensez-vous.
09:57Je ne veux pas faire l'air de lui courir après, ce serait ridicule.
10:01Je viens le soir.
10:03Depuis plusieurs jours, j'écoute.
10:06Je me rends compte que les gens applaudissent.
10:09Je crois que ça va marcher.
10:11Je suis très content.
10:14Oh, quel mufle je fais.
10:16Je vous raccompagne.
10:18J'ai plus que 100 mètres à faire.
10:20On se revoit à l'agence.
10:36L'amour.
10:39Ce n'est pas facile à vivre.
10:41Pas facile à vivre, l'amour.
10:45Il se prenait pour Pete Mallion.
10:47Je croyais qu'il était fier d'avoir fait de Madeleine ce qu'elle était devenue.
10:51Puis, d'un seul coup, je l'ai vue là,
10:53comme un collégien.
10:56Tu sais qui prend assez frais l'impression des affiches ?
10:59Et qui prendra aussi sûrement assez frais
11:01le budget et les vêtements.
11:05Enfin, si encore, il faisait tout ça pour qu'elle l'aime,
11:08d'une façon ou d'une autre, par reconnaissance.
11:11Mais même pas.
11:13Il a l'air de la fuir.
11:15Et elle ?
11:16Elle est parfaitement inconsciente de tout ça.
11:18Cet homme qui était sec, dur à cuire, sûr de lui.
11:23Mais moi, je veux pas qu'il souffre, mon petit le duc.
11:25Je veux aller lui dire à Madeleine.
11:26Ne te mêle pas de ça.
11:27Il est majeur, non ?
11:29Il a pris l'attitude la plus sage.
11:31On peut enfin réfléchir.
11:32Madeleine a 15 ans de moins que lui.
11:34Qu'est-ce qu'il pouvait espérer ?
11:35J'aimerais être aimée comme ça, moi.
11:38Sois pas idiote, veux-tu ?
11:41Bien. Bonne nuit.
11:45Bonne nuit.
11:52Les amants des autres.
11:54Quand on y réfléchit bien, c'est assez pénible à vivre.
11:57Ils se tourneront, on risque d'être jaloux.
12:00Ils se tournent mal, on a envie de s'en mêler.
12:03Mais Mireille a raison.
12:05Faut pas toucher à ça.
12:08Surtout moi, qui suis gaffeuse comme pour une.