Thierry Breton démissionne donc de son poste de commissaire européen au Marché intérieur. La responsable de ce départ a un nom : elle s'appelle Ursula Von der Leyen, la Présidente de la Commission. Pour en parler, Nathalie Loiseau, députée européenne macroniste Renew.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 16 septembre 2024.
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00:00Il est 18h19, bonsoir Nathalie Loiseau, bonsoir Yves Calvi, vous êtes députée européenne
00:08du groupe macroniste Renew, merci beaucoup de nous rejoindre dans RTL Soir, Thierry Breton
00:12démissionne donc de son poste de commissaire européen au marché intérieur, la responsable
00:16de ce départ a un nom, elle s'appelle Ursula von der Leyen, en l'occurrence la présidente
00:20de la commission.
00:21Est-ce que vous comprenez cette décision de cet ancien confrère ?
00:25Alors d'abord je voudrais commencer en rappelant le bilan de Thierry Breton comme commissaire
00:30européen et c'est un très bon bilan, c'était un commissaire très dynamique qui s'est battu
00:36pour qu'on puisse produire des vaccins contre le Covid en Europe, qui s'est battu pour qu'on
00:41puisse produire des munitions à destination de l'Ukraine, qui s'est battu pour qu'on
00:46régule les plateformes numériques et tout ça fait vraiment un très bon bilan.
00:51Pour autant, ses relations avec Ursula von der Leyen étaient connues pour être exécrables,
00:59elles étaient connues sur la place publique pour être exécrables.
01:02C'est difficile de candidater à nouveau pour travailler avec quelqu'un avec qui on a de
01:07très mauvaises relations, donc c'est à la fois un coup de tonnerre et pas tout à fait
01:12une surprise ce départ.
01:13Pour vous, et puis bien entendu pour les spécialistes ou les journalistes qui suivent ces questions,
01:18est-ce que vous comprenez que c'est très difficilement admissible et voire compréhensible
01:21pour ceux qui nous écoutent ce soir ? On attend autre chose de la part de ceux qui
01:25gouvernent notre Europe.
01:26Je crois que c'est le Président de la République qui a tiré les conséquences de cette mésentente.
01:32Qu'est-ce qui compte le plus pour la France ? C'est de voir les idées que nous portons,
01:38les priorités qui sont les nôtres, pleinement mises en œuvre, pleinement entendues à Bruxelles.
01:45À partir de là, si quelqu'un est en difficulté parce que ses relations ne sont pas bonnes,
01:51s'il risquait de voir son portefeuille de nouveau commissaire renié par les uns et
01:58par les autres, le Président de la République en a tiré les conséquences et a proposé
02:03un autre candidat, parce que ce qui compte le plus, c'est faire passer les idées françaises.
02:08Vous venez de nous dire que le Président de la République a conseillé à Thierry
02:10Breton de quitter ses fonctions.
02:13Écoutez, la chronologie exacte, ce ne sont que les acteurs qui peuvent la dérouler,
02:20mais ce qui est clair, c'est que le Président de la République a choisi de présenter Stéphane
02:24Séjourné et demandeur d'un portefeuille cohérent qui permette que nos idées sur
02:31la prospérité, sur l'autonomie stratégique de l'Europe puissent aller de l'avant
02:36à un moment où il n'y a pas de temps à perdre, où il n'y a pas de chikaya à avoir.
02:40Vous avez peut-être entendu parler du rapport que Mario Draghi a publié la semaine dernière,
02:46qui nous dit que l'Europe est en décrochage, que l'Europe doit se dépêcher pour rattraper
02:52les États-Unis, la Chine.
02:53À partir de là, ce qu'il faut, c'est que nos idées avancent, pas qu'on s'accroche
02:57à des personnalités, pas des querelles.
02:59Tout ce que vous venez de nous dire est parfaitement compréhensible, je dirais, pour des raisons
03:02tout simplement de gouvernance, mais est-ce que vous comprenez la décision de votre ancien
03:06confrère ?
03:07Il y a dans sa lettre quand même une gouvernance douteuse de la part de son ex-présidente.
03:12Ça veut dire quoi ? Quel était le problème avec Ursula von der Leyen ?
03:15Il a beaucoup critiqué Ursula von der Leyen pendant qu'il était commissaire, pendant
03:20la campagne, quand elle a été choisie par son groupe politique, le PPE, pour être à
03:27la tête.
03:28Il l'a beaucoup critiqué, y compris publiquement, y compris sur les réseaux sociaux.
03:32C'est un peu maladroit, il faut quand même l'admettre, quand on a l'intention de retravailler
03:37avec quelqu'un, on ne lui casse pas du sucre sur le dos, c'est un petit peu ça qui s'est
03:41passé.
03:42Donc, vous nous dites qu'il y avait un problème de loyauté d'une certaine façon, même
03:45si on peut critiquer madame von der Leyen, mais pas au sein de cette équipe et pas au
03:49moment où on a des difficultés à construire une Europe plus puissante et plus forte, c'est
03:53ça ?
03:54Ce n'est pas le meilleur moyen pour être influent que de casser du sucre sur le dos
03:57de la présidente de la commission, ou un jour.
03:59Mais vous pensez que c'est une question d'égo et de personnalité ou une question de fond
04:02à caractère politique, quel que soit le point de vue de l'un et de l'autre, ou de l'une
04:06et de l'autre ?
04:07Écoutez, le candidat qu'a choisi le président de la République, Stéphane Séjourné, qui
04:11a été président du groupe Renew Europe au Parlement européen, qui connaît parfaitement
04:15le Parlement européen, c'est quelqu'un qui porte les idées d'autonomie stratégique,
04:20de réindustrialisation de l'Europe, de régulation des plateformes, c'est quelqu'un qui a un
04:25engagement européen, donc il n'y a pas de changement de ligne, il y a simplement un
04:29changement de personne.
04:30Sauf qu'on n'avait jamais vu ça madame Oiseau, un clash de ce type à la tête de l'Europe
04:34et particulièrement entre Français et Allemands, je dis bien, en tout cas publiés, publics.
04:38La mésentente a été publique, elle a été assez tôt dans le mandat et c'est effectivement
04:46regrettable.
04:47Vous parlez à quelqu'un qui considère qu'on a besoin d'une Europe plus efficace, plus
04:53puissante.
04:54C'est tout votre engagement politique.
04:55C'est tout mon engagement politique, c'est pour ça que je suis au Parlement européen.
05:00Je n'ai pas besoin de chikaya et de discute entre personnes qui sont censées tirer dans
05:05la même direction et surtout travailler au service de l'intérêt général.
05:09Le leader du Parti communiste, Fabien Roussel, a eu des mots extrêmement durs.
05:12Il affirme que le Président de la République se comporte comme une serpillère en exécutant
05:15les ordres de madame von der Leyen.
05:17Que lui répondez-vous ?
05:18Le Parti communiste français n'est pas connu pour avoir une passion pour l'Europe.
05:23Ça ne s'est jamais beaucoup vu ni beaucoup entendu.
05:28J'ai le souvenir de la tête de liste du Parti communiste aux élections européennes.
05:34Le moins qu'on puisse dire, c'est que le Parti communiste n'aime ni l'Union européenne,
05:39ni l'OTAN, ni nos alliances.
05:40Il y a ce petit fond un peu germanophobe qui consiste à dire que Ursula von der Leyen
05:48est d'abord allemande.
05:49J'ai entendu le discours d'Ursula von der Leyen quand elle s'est présentée pour
05:55que le Parlement européen la confirme dans son poste de Présidente de la Commission.
06:00Nous nous sommes dit qu'il y avait dedans beaucoup d'idées françaises.
06:06Alors ça n'est qu'un discours.
06:07Maintenant, on la jugera sur les actes.
06:10On est limité ou réduire Ursula von der Leyen, ou d'ailleurs n'importe quel commissaire
06:17à son pays d'origine.
06:19C'est une erreur de jugement.
06:21Nous travaillons au service de tous les Européens.
06:24Une toute dernière question.
06:25En échange de la tête de Thierry Breton, est-ce que la France va avoir plus de pouvoir
06:29ou d'influence au sein de l'Europe ?
06:32J'espère que les discussions qui sont en cours depuis un moment sur un portefeuille
06:38substantiel cohérent pour le commissaire français vont aboutir, notamment à un poste
06:44de Vice-président de la Commission, mais avec du contenu.
06:49Parce que c'est important que ce sur quoi nous avons plaidé depuis des années quand
06:56je vous parle d'autonomie stratégique, c'est la nécessité d'être capable de nous défendre
07:00dans un monde de plus en plus dangereux, d'être moins dépendant des uns ou des autres.
07:05Finalement, ça a été validé par les faits, que ce soit le Covid, que ce soit la guerre
07:09d'Ukraine.
07:10J'espère que nous allons pouvoir continuer à pousser ces idées, pas par idéologie,
07:16pas par sectarisme politique, mais tout simplement parce qu'aujourd'hui l'Europe a besoin
07:21d'être plus puissante.
07:22Merci beaucoup Nathalie Loiseau, ancienne ministre chargée des Affaires européennes,
07:25désormais députée européenne Renew, le parti macroniste, dans un instant, l'essentiel
07:30de l'actualité avec une immersion dans le refuge lyonnais de la SPA et le cri d'alarme
07:34de son directeur qui est submergé par les animaux, abandonné cet été.
07:37A tout de suite.
07:38Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.