Écoutez l'interview de la présidente de la région Île-de-France.
Regardez L'invité de RTL du 05 juillet 2023 avec Yves Calvi.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, bonne journée à vous tous qui nous écoutez. Bonjour Valérie Pécresse.
00:11 Bonjour.
00:11 Bienvenue sur RTL madame la présidente de la région Île-de-France. Votre région plus que tout autre vient d'être largement touchée par les émeutes
00:17 récentes. Avez vous un bilan chiffré des déprédations ?
00:21 Absolument. On a eu plus de 100 bâtiments publics, équipements publics qui ont été brûlés ou saccagés. On a eu
00:29 39 bus de tramway et 400 commerces. Donc le bilan est lourd mais
00:35 plus que le bilan matériel c'est le bilan psychologique qui est lourd. Le bilan psychologique dans les
00:40 quartiers, le bilan psychologique dans les villes. Les maires sont très désemparés parce qu'ils se sont sentis très seuls,
00:47 surtout au début et surtout ils ont senti que
00:51 c'était pas un accès de fièvre. Ça n'est pas un accès de fièvre et je crois qu'il faut que les français l'entendent.
00:57 Ça n'est pas un accès de fièvre, le mal est beaucoup plus profond et il y a une envie vraiment
01:03 dans toute l'île de France, mais je crois dans toute la France aujourd'hui,
01:06 d'une réponse extrêmement forte de la République.
01:09 Ça veut dire que les réceptions à l'Elysée ça ne sert à rien ?
01:12 C'est toujours bon d'écouter les maires mais le sujet c'est comment est-ce que la République montre sa force face aux émeutiers.
01:19 Elle doit montrer sa force à mon avis de deux façons. Elle doit sanctionner et elle doit reconstruire. Mais d'abord sanctionner.
01:26 Aujourd'hui il y a toute une série de mesures très simples à prendre qui seraient efficaces et qui permettraient
01:31 de montrer la force de la République. Lesquelles selon vous dites-nous ?
01:35 D'abord il faut rétablir l'autorité dans notre pays. On a besoin d'un choc d'autorité et ce choc d'autorité s'incarne dans un certain nombre de
01:43 personnes. Les maires, les forces de l'ordre, les pompiers, les professeurs. Vous savez qu'un
01:47 professeur sur deux dans sa carrière va faire l'objet d'une agression.
01:51 C'est ça la réalité de notre pays. Donc les figures d'autorité quand on s'attaque à elles,
01:56 il faut désormais qu'on ait une peine d'au moins un an de prison ferme
02:01 obligatoire, minimale. Et ça c'est important parce que c'est pour redire
02:06 vis-à-vis de tous ces émeutiers, vis-à-vis de tous ces voyous, vis-à-vis de tous ces casseurs qu'on ne touche pas
02:12 aux personnes qui incarnent la République. Nous sommes tous d'accord mais comment fait-on ?
02:16 Comment ça se met en route cette histoire ? C'est très simple. Ça s'appelle une peine planchée, une peine minimale et
02:22 ensuite évidemment les juges peuvent individualiser la peine. Si c'est particulièrement grave, ils peuvent prononcer des peines plus graves encore.
02:27 Mais il faut une peine planchée. De la même façon, vous savez que la moyenne d'âge...
02:31 - Vous l'évaluez, excusez-moi, vous l'évaluez à quelle hauteur cette peine planchée ?
02:34 - J'ai dit un an de prison ferme minimum.
02:37 - Un an de prison ferme minimum ?
02:39 - Un an de prison ferme minimum. Et comme ça, on donne le signal que toutes les personnes qui ont autorité aujourd'hui, elles seront
02:43 spécialement protégées parce qu'aujourd'hui c'est elles les remparts de la République. Par ailleurs, vous avez vu que la moyenne d'âge des
02:50 personnes, des centaines de personnes qui ont été arrêtées, c'est de 17 ans.
02:53 Le sujet aujourd'hui, c'est que nous avons une justice des mineurs qui n'est pas en capacité de juger,
02:58 en comparution immédiate, très rapidement, des mineurs. On n'est pas non plus en mesure de les mettre hors d'état de nuire, c'est-à-dire
03:05 de les enfermer dans des endroits où ils ne peuvent plus troubler l'ordre public, de les éloigner de leur quartier.
03:10 Moi, je pense qu'il faut leur pourrir leurs vacances. Je pense que tous ces casseurs, tous ces incendiaires,
03:15 il faut que l'on les mette hors d'état de nuire. Il faut les sanctionner.
03:19 - Mais pardonnez-moi, vous réinventez les maisons de correction ?
03:22 - Non, mais les centres fermés pour mineurs existent. Aujourd'hui, il y en a une cinquantaine sur toute la France. Il faut les doubler.
03:28 Ça fait des années qu'on le dit. Moi, j'avais même proposé que la région paye le doublement
03:33 des centres fermés pour mineurs en Ile-de-France. Nous sommes toujours prêts à payer. Je l'ai proposé au garde des Sceaux. Pour l'instant, il n'a pas
03:39 saisi la main qui était tendue.
03:41 - Et c'est ça, pardonnez-moi, pourrir leurs vacances.
03:43 - Et par ailleurs, ça veut dire quoi ?
03:45 - Et par ailleurs, ça veut dire les sanctionner
03:47 rapidement, vite.
03:49 Et les éloigner de leur quartier, de leur bande d'amis,
03:52 tous ceux dont on peut prouver qu'ils ont participé à ces émeutes.
03:56 J'ajoute qu'il faut baisser la majorité pénale à 16 ans. Aujourd'hui, nous avons des délinquants de plus en plus jeunes.
04:02 Qu'est-ce qui se passe dans les quartiers qui ont brûlé ?
04:05 Eh bien, on a vu des adultes, des jeunes majeurs, qui téléguidaient des jeunes de plus en plus jeunes.
04:12 Parce qu'ils savent qu'il y a une impunité de ces maux.
04:15 Donc, il faut absolument qu'on ait une réponse plus forte là-dessus.
04:19 J'ajoute qu'il faut responsabiliser les familles.
04:21 Parce que maintenant, ça suffit.
04:23 La responsabilité des familles est engagée.
04:25 Si votre fils fait une bêtise, M. Calvi,
04:27 eh bien, vous devrez payer pour lui.
04:29 Alors, aujourd'hui, il faut responsabiliser toutes les familles.
04:31 Y compris sur les allocations familiales,
04:33 mais y compris aussi sur le logement social.
04:36 Parce que, moi, je demande que les mères,
04:38 qui n'en peuvent plus, puissent prononcer par arrêté,
04:41 puissent demander par arrêté, l'expulsion d'une famille
04:44 dont les enfants mettent le souk dans le quartier et troublent l'ordre public.
04:49 - Et on fait quoi une fois qu'ils sont dans la rue ?
04:51 - Vous allez me dire, sans doute,
04:54 "Les parents ne peuvent pas être tenus responsables."
04:56 Si, les parents peuvent être tenus responsables.
04:58 Mais pas tous, pas tous.
05:00 Il y a évidemment des mamans seules qui sont dépassées par la violence de leurs enfants.
05:04 Et ça, c'est au juge de l'apprécier.
05:06 Mais je pense que le principe même de l'expulsion du logement social d'une famille,
05:10 on en a dans tous les quartiers de France,
05:13 qui met le souk dans le quartier, ça doit être une généralité.
05:17 - Tout ce que vous nous décrivez, demande des moyens extrêmement importants.
05:21 Vous vous en rendez compte.
05:22 Alors, vous les prenez où et comment ?
05:23 - Mais, après, il y a des priorités.
05:25 Éduquer, protéger, soigner, c'est les trois missions de l'État.
05:28 C'est les trois missions qu'il doit exercer avec l'argent des Français.
05:32 Vous savez, on a 56% de la richesse nationale qui passe en dépenses publiques.
05:36 Donc, moi, ce que je propose, c'est que tout le reste, on le décentralise,
05:40 on le donne aux collectivités et qu'en revanche,
05:42 l'État se focalise sur ces trois missions.
05:45 Éduquer, protéger, soigner.
05:47 J'ajoute une petite chose.
05:48 Je voudrais parler des réseaux sociaux.
05:50 On n'en parle pas.
05:51 Je ne comprends toujours pas pourquoi on ne lève pas l'anonymat sur les réseaux sociaux
05:55 et pourquoi on n'instaure pas une responsabilité pénale des plateformes.
06:00 Aujourd'hui, sur RTL, si quelqu'un dit une bêtise,
06:04 eh bien, vous allez être tous sanctionnés
06:06 parce que vous êtes responsable de ce qui se dit sur votre antenne.
06:09 Ça n'est pas le cas sur les réseaux sociaux.
06:11 C'est un scandale.
06:12 Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, se répondent des messages de haine.
06:15 Se géolocalise la police.
06:17 Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, se donnent tous les bons plans pour brûler les bus.
06:20 Alors, à un moment donné, il faut que la société réagisse.
06:23 Les réseaux sociaux, c'est comme une rue aujourd'hui.
06:26 Dans la rue...
06:27 - Valérie Pécresse, est-ce qu'il faut couper les réseaux ?
06:29 Comment on coupe les réseaux ? Ça n'existe pas.
06:31 - Mais si vous mettez une responsabilité pénale des hébergeurs...
06:34 Pardon, mais M. Musk, sur Twitter,
06:36 il n'est pas en train de censurer une partie des gens qui parlent sur son réseau ?
06:39 - En tout cas, il sait le faire, on est d'accord.
06:41 - Alors, s'il sait le faire, pourquoi est-ce que la loi ne l'oblige pas à le faire ?
06:45 Vous savez, en Chine, ils contrôlent vraiment bien leurs réseaux sociaux.
06:48 C'est même une dictature.
06:49 - Heureusement, on n'est pas une dictature.
06:51 - Aux États-Unis, c'est une culture totalement libertaire.
06:56 Entre les deux, on doit inventer un modèle européen de contrôle des réseaux sociaux
07:00 qui respecte les libertés, mais en même temps protège la société.
07:03 - Un tout dernier mot, si vous le voulez bien, Valérie Pécresse,
07:05 pendant que nous sommes dans les comptes,
07:07 avez-vous été choquée, vous, par cette cagnotte initiée par Jean Messia
07:10 pour soutenir la famille du policier incriminé ?
07:12 Elle est montée jusqu'à plus d'un million et demi d'euros avant d'être clôturée.
07:15 - Alors, c'est évidemment une provocation totalement inopportune,
07:19 mais elle révèle beaucoup de choses.
07:21 Elle révèle un élan de solidarité très fort,
07:24 d'une majorité silencieuse de Français vis-à-vis de leurs policiers
07:28 qui subissent dans leur vie quotidienne des attaques inouïes.
07:33 Donc c'est pour ça que je pense qu'il faut les protéger spécialement.
07:36 J'ajoute que si j'étais la famille du policier incriminé,
07:39 moi je donnerais le produit de cette cagnotte aux œuvres de la police,
07:42 de la gendarmerie et des pompiers,
07:44 parce qu'ils ont été incroyables ces derniers jours.
07:47 Et sans eux et sans les polices municipales, les agents publics,
07:50 je peux vous dire que la République, elle serait en miettes.
07:52 - Vous êtes inquiète pour notre été en Ile-de-France ?
07:54 - Je ne suis pas inquiète.
07:57 - 300 kg de mortiers d'artifices interceptés.
07:59 - Ah ben ça c'est un autre sujet.
08:01 - Je pense qu'il faut à un moment qu'on se fasse des descentes dans les caves
08:03 pour aller récupérer les armes qui s'y trouvent,
08:05 et notamment chez les dealers.
08:07 Mais ça, le ministère de l'Intérieur tente de le faire,
08:10 il faut y mettre encore davantage de force.
08:12 - Merci beaucoup Valérie Pécresse, présidente de la région.
08:14 [SILENCE]