• il y a 3 mois
Le reste à charge CPF peut-il être un frein pour la formation des publics les plus fragiles et éloignés de l’emploi ? Le décret entré en vigueur en mai 2024 fait déjà l’objet d'une mesure de contournement dans la Région Pays de la Loire, qui a décidé d’abonder les formations CPF pour certains publics et certains types de cursus.

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Transcription
00:00Générique
00:12Bien dans son job pour parler formation, c'est un sujet important pour les salariés, formation des langues notamment.
00:18On en parle avec vous Guillaume Le Dieu de Ville, ravi de vous accueillir.
00:20Bonjour.
00:21Vous êtes cofondateur de Lingueo.
00:23Exactement, Lingueo.
00:25Lingueo, parce que vous mettez une petite note d'accent, vous voyez peut-être que j'ai besoin de passer d'ailleurs entre les mains de vos formateurs.
00:31Fondé en 2007, vous êtes deux associés qui venaient de la Silicon Valley et vous avez créé cette entreprise qui marche très très bien.
00:38Quelques mots quand même sur cette relation au CPF, parce que quand on est une entreprise de formation,
00:44on a tous ce désir de créer son CPF et d'aller toucher le plus large public.
00:50Comment ça s'est passé pour vous et comment certains réussissent à le contourner
00:55ou comment on peut réinventer ce CPF qui est aujourd'hui un peu sur ligne de crête ?
00:59Oui, c'est une bonne question.
01:01Effectivement, quand le CPF est apparu, tout d'abord c'était une vision de la formation, la liberté de choisir son avenir professionnel.
01:07Donc c'est vrai que l'idée était alléchante.
01:09Un dispositif, et c'est peut-être presque ce qu'il y a de plus important, un dispositif technique qui a permis l'instantanéité,
01:15c'est-à-dire qu'on peut vite entrer en formation.
01:18C'est ça.
01:19Avoir accès à un large panel de formation et un financement parce que chaque Français a une alimentation sur son compte
01:26de 500 euros par an, voire 800 euros si vous êtes peu qualifié.
01:30Donc sur le papier, c'était exceptionnel.
01:33Effectivement, en tant qu'organisme de formation, vous voulez entrer dans ce marché-là.
01:37C'est aussi un effet qui se coule, si on peut dire.
01:41Le double effet qui se coule.
01:42Le double effet qui se coule parce qu'effectivement, là où vous touchez un certain public qui payait de sa poche,
01:47une fois que le CPF existe, ce même public ne veut plus payer de sa poche.
01:51Donc quand même, vous convertissez un marché.
01:53Deux sujets.
01:54On passe rapidement des abus qui ont été réglementés.
01:58Le législateur s'y est penché.
02:00Et un reste à charge.
02:01Et c'est là où les choses deviennent compliquées.
02:03C'est récent.
02:04Comment vous, vous l'avez ressenti, ce reste à charge ?
02:06Est-ce qu'il y a eu des hésitations ?
02:08Est-ce que le client y va moins ?
02:09Et on va parler de la compensation parce que les entreprises ou les institutions, régions, peuvent mettre le complément.
02:16Le reste à charge a été annoncé.
02:18On a un peu l'habitude des changements réglementaires, donc on ne va pas dire qu'on a eu peur.
02:23Mais on avait beaucoup d'interrogations.
02:25Le 2 mai, ça a été appliqué.
02:26Il a fallu attendre quelques mois pour en voir les conséquences.
02:29Pour l'instant, le bilan est positif.
02:31C'est-à-dire que l'offre s'est effectivement réduite.
02:34Mais aujourd'hui, le titulaire, c'est-à-dire chaque Français, va prendre un peu plus de temps pour choisir sa formation
02:41parce qu'il va sortir 100 euros de son portefeuille.
02:44Il va être plus engagé dans sa formation.
02:46Donc, il y a une sorte de maturité qui est apparue.
02:49Donc, des paniers moyens un peu plus importants, un temps de réflexion un peu plus important.
02:54Mais ensuite, un engagement beaucoup plus important tout au long de la formation.
02:58Ce qui est important, c'est l'enjeu de ce reste à charge.
03:00Je parlais des entreprises, mais il y a des institutions régionales, donc les régions en France,
03:05dont la région Pays de Loire parce que vous êtes évidemment partenaire de cette région,
03:09qui a décidé de mettre au pot et de payer le reste à charge.
03:12Exactement. En fait, ce n'est pas qu'ils paient le reste à charge.
03:16Ils sont impliqués et c'est aujourd'hui que toute leur importance revêt,
03:19enfin, tout ce système revêt cette importance-là.
03:22En fait, depuis le départ, vous avez ce système d'alimentation, 500 ou 800 euros par an,
03:27et Pôle emploi, un certain nombre de régions, 5 à l'heure actuelle,
03:32ainsi que des entreprises qui peuvent venir participer au financement.
03:37Et ce qui est génial dans ce dispositif, celui du CPF, c'est que tout est informatisé.
03:41C'est-à-dire que je vais pouvoir identifier des cibles.
03:43Donc je suis une région, je suis le Pays de Loire, je vais pouvoir dire ce qu'ils ont fait à la rentrée,
03:47et ce n'est pas la première fois, ils ont tout de suite, très tôt, lancé ce type d'abondement.
03:50Ils vont pouvoir cibler une population, dire dans mon bassin économique, sur ma région,
03:54je vais pouvoir venir financer toutes les personnes qui ont moins de 26 ans ou qui ont plus de 50 ans,
03:59ce qu'ils font actuellement, sur un ensemble de formations choisies,
04:02et donc relancer de manière ciblée l'activité de leur région.
04:05Et de la formation indirectement.
04:08Et dans ce cas-là, bien sûr, à partir du moment où ils cofinancent, le reste à charge n'existe plus.
04:13Un mot quand même, c'est la région qui va piloter les formations qu'elle va orienter vers ses publics.
04:19On est bien d'accord ?
04:20Complètement. Mais ça peut être un choix de formation, mais ça peut être un choix de qualification de personnes,
04:25ça peut être un choix d'âge.
04:27Vous avez un certain nombre de critères qui vous permettent de venir,
04:30soit aller sur, je ne sais pas moi, les métiers en tension dans une région,
04:34ou soit venir en soutien d'une population vieillissante qui a du mal à trouver un travail du fait de son manque de qualification.
04:41Avant de nous quitter, le linguéo, je pense que je l'ai bien dit cette fois-ci, ça se passe bien au niveau des langues ?
04:46Est-ce que vous sentez la même appétence qu'il y a quelques années quand le CPF était à 100% ?
04:51Est-ce que les Français sont hésitants ou est-ce qu'ils se ruent vers les langues ?
04:55Les langues restent toujours une des valeurs sûres, on va dire, dans le domaine de la formation.
04:59Il y avait le permis de conduire et les langues ?
05:01Le permis de conduire, langue, informatique.
05:04Mais là, le grand changement qui s'opère, en plus des régions et du pôle emploi,
05:10ce qui s'appelle France Travail maintenant, c'est également l'implication des entreprises.
05:13En fait, cette co-construction permet de piloter la formation.
05:16Donc nous, aussi bien avec les apprenants, les titulaires de comptes et les entreprises,
05:20on travaille tous en collaboration pour venir apporter des formations plus adaptées.
05:24Et c'est peut-être un deuxième souffle pour ce CPF qui, effectivement, a connu un petit coup d'arrêt avec ce reste à charge.
05:31Merci, Guillaume Le Dieu de Ville, d'être venu nous accompagner et nous éclairer.
05:34Vous êtes le co-fondateur de Lingweo. Combien de personnes formez au total ?
05:38On a formé presque un million de personnes maintenant.
05:41Un million de personnes à presque toutes les langues ?
05:43On dispense une quinzaine de langues.
05:45On est d'accord. Le chinois ?
05:47Aussi.
05:48C'est important de le préciser. Merci de nous avoir rendu visite.
05:50On tourne une page et on s'intéresse à un sujet où les langues ont leur importance, la reconversion.
05:55Beaucoup de salariés ont parfois envie de renverser la table.
05:58D'autres sont parfois obligés de quitter leur emploi parce que leur activité s'est arrêtée et doivent se reconvertir.
06:03Comment faire ?
06:04C'est tout simple. Il y a un salon de la reconversion et on en parle tout de suite avec mes invités.

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