Modèle social généreux, gaspillage de l'argent public, gestion des crises... pourquoi la France a autant de dette

  • il y a 19 heures
Pierre Moscovici porte ne croit pas à l'objectif de déficit à 5,1% du PIB pour 2024. "L'objectif de déficit pour l'année 2024 (...) ne sera pas atteint", a déclaré le premier président de la Cour des comptes, auditionné ce mercredi 18 septembre devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale.

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00:00Comment expliquer la situation désastreuse des finances publiques ?
00:03Quand Michel Barnier dit qu'il est surpris par la situation catastrophique de nos finances publiques,
00:08ça relève quand même d'une certaine hypocrisie, parce que ça fait 40 ans que ça dure.
00:12Il n'a pas vu les rapports.
00:13Depuis 45 ans, la France ne cesse d'accumuler les déficits publics.
00:19Il faut remonter à 1974 pour retrouver un budget équilibré.
00:24L'accumulation de ces déficits, c'est quoi ? Ça a gonflé une dette.
00:27Je vous rappelle que la dette publique en France en 1980, c'était 20% du PIB.
00:33On est aujourd'hui à 110% du PIB.
00:36Dans aucun autre grand pays, la dette n'a augmenté avec autant de constance.
00:41Alors, il y a trois explications à cette augmentation continue de la dette.
00:45La première, c'est le choix de notre modèle social généreux, un des plus généreux du monde,
00:50mais dont le financement a essentiellement pesé sur le travail et sur les entreprises.
00:55Ce qui les a pénalisés, c'est comme ça d'ailleurs que la France s'est désindustrialisée.
01:00Ça explique aussi pourquoi on a eu le chômage de masse.
01:02Donc, on a un tissu économique qui a souffert et des besoins de protection sociale
01:07qui étaient de plus en plus élevés.
01:09C'est pour ça qu'on a eu beaucoup de déficits.
01:12Deuxième explication, c'est quand même la mauvaise utilisation de l'argent public et des gaspillages.
01:16C'est-à-dire qu'il est scandaleux que la France soit le pays qui prélève le plus d'impôts au monde,
01:20qui dépense le plus au monde et qui se traîne entre le 20e et le 40e rang de tous les classements internationaux
01:26sur l'efficacité de l'école, sur l'efficacité de notre système de santé, sur la justice, etc.
01:33Et puis, la troisième explication, c'est la gestion des crises.
01:37Il y a eu deux grandes crises depuis 40 ans.
01:39La crise financière de 2008, la crise du Covid.
01:43Et à chaque fois, la gestion de ces crises a conduit à ce que la France dépense plus d'argent
01:50que les autres pays pour soutenir son économie.
01:53Alors, pourquoi aujourd'hui ce psychodrame autour de la nécessité absolue de réduire les dépenses publiques et d'augmenter les impôts ?
02:00Vous vous rappelez, François Fillon en 2007, « Je suis à la tête d'un État en faillite, ça ne peut pas continuer. »
02:05Tous les ans, Pierre Moscovici, les rapports de la Fondée Compte...
02:09Tous les dix ans, mais pour une deuxième fois.
02:11Qui nous disent « La situation est catastrophique, ça ne peut plus durer. »
02:14Bon, les raisons politiques, on les comprend.
02:17Il faut tenir nos engagements vis-à-vis de Bruxelles.
02:20Je vous rappelle qu'on est sanctionné aujourd'hui par Bruxelles.
02:22On va être attrapé par la patrouille.
02:23Donc, ça fait 40 ans que nous promettons...
02:25Non, allez, depuis que l'euro existe, j'exagère.
02:2725 ans que nous promettons chaque année que nous allons revenir à 3% du PIB.
02:32Et tenez-vous bien, jamais nous n'avons tenu cette promesse.
02:35Donc, là, il y a quand même cette exigence politique vis-à-vis de nos partenaires européens.
02:40Et puis, il y a les raisons financières.
02:41On nous brandit la menace des marchés financiers qui vont nous couper les vivres
02:45et qui vont arrêter de nous prêter de l'argent.
02:49Et ça, c'est ce qu'a connu l'Angleterre en 2022.
02:52Rappelez-vous, Least Trust qui dit « Je vais baisser les impôts. »
02:54Et là, tout de suite, les marchés s'emballent, l'étau flambe, la livre s'effondre.
02:57Et on se dit « Les marchés financiers vont mettre la France en faillite. »
03:01La réalité, c'est que c'est très peu probable.
03:03D'abord, parce que l'euro nous protège.
03:05Et ça, c'est quand même une protection incroyable.
03:07La Banque centrale européenne nous protège.
03:09Donc, la crise financière, ce n'est pas la menace la plus imminente pour la France.
03:14Mais alors, pourquoi vouloir à tout prix réduire les déficits ?
03:16Pourquoi on ne laisse pas filer ?
03:17Parce que le vrai danger, ce n'est pas la cessation de paiement brutal.
03:20C'est l'anthasphyxie économique et l'appauvrissement de tous.
03:24C'est ce qu'est en train de vivre l'Italie.
03:26Par exemple, pays qui a accumulé bien avant nous une dette considérable,
03:29qui n'arrivent plus à faire de la croissance.
03:31Et donc, malgré des finances que l'Italie essaye de tenir,
03:35eh bien, ça ne marche pas.
03:37La dette augmente.
03:38Les remboursements sont de plus en plus lourds à payer.
03:40Nous allons payer 46 milliards d'euros d'emprunts cette année.
03:45Nous en paierons 70 milliards en 2027.
03:49Autant de milliards qui ne financent pas l'école, les routes, les hôpitaux
03:53et des impôts en plus, évidemment.
03:55Donc, vous voyez, c'est un cercle vicieux.
03:57C'est une lente agonie qui nous attend.
04:01Donc, il faut inverser la tendance.
04:03Mais on a quand même un peu de temps pour le faire.
04:05Mais autant faire les choses bien
04:06et ne pas aller chercher les petites économies de bout de chandelle
04:09comme on le fait depuis 30 ans.

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