Budget: "Sans aucun doute, la première chose à faire est d'économiser sur les dépenses", pour Pierre Moscovici (premier président de la Cour des comptes)

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Le gouvernement présentera son projet de budget 2025 "la semaine du 9 octobre" avec pour ambition de résorber le déficit public de la France, qui pourrait dépasser les 6% du PIB. Une estimation pire que celle de 5,1% envisagée par le gouvernement sortant.

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Transcription
00:00Le ministre du Budget a dit cet après-midi qu'il fallait prioritairement baisser les dépenses publiques tout en n'excluant pas la possibilité de recourir à la fiscalité dans le cadre d'une justice fiscale.
00:09Est-ce que ce cadre, c'est-à-dire priorité à la baisse de la dépense tout en n'excluant pas le levier fiscal, est-ce que c'est le bon cap ?
00:17Tout est question de mesures et tout est question d'équilibre. Oui, sans aucun doute, la première chose à faire, c'est d'économiser sur la dépense.
00:23Et je veux rassurer ceux qui nous écoutent, économiser sur les dépenses publiques, ce n'est pas faire de l'austérité.
00:27Nous avons la dépense publique la plus élevée d'Europe, l'une des plus élevées du monde, 57% de la dépense publique dans le PIB,
00:34et il y a toute une série de gisements d'économies. Si on les trouve, on pourra le faire sans affaiblir la qualité du service public,
00:41parfois même en la renforçant, parce qu'il faut transformer le service public. Ceux qui nous écoutent savent bien quand même qu'il y a du gras et du mauvais gras.
00:49Et c'est à ça qu'il faut toucher, pas aux muscles. Et ça, c'est très important, il y a un autre rapport à la croissance.
00:54Alors oui, c'est par là qu'il faut commencer, mais en effet, il ne faut pas exclure le livier fiscal, et après, vous savez, c'est le coup du pâté d'alouette.
01:01Il faudra quand même faire quelque chose sur la fiscalité.
01:04Oui, mais quoi ? Parce qu'on entend quelque chose quand on écoute Michel Barnier.
01:09La question, c'est est-ce qu'on fait trois quarts d'économie et un quart de fiscalité, ou deux tiers, un tiers, ce que disent d'autres,
01:16ou bien 90-10. 90-10, c'est trop peu sans doute. Trois quarts, un quart, c'est déjà mieux.
01:22Donc il faut quand même une part significative, me semble-t-il, de fiscalité. Pourquoi ? Parce que les Français ressentent une injustice,
01:28parce qu'ils ont le sentiment qu'il y a besoin d'une forme de solidarité, et parce que pour le coup, il ne faut pas non plus trop freiner sur la dépense.
01:36Sur la question des impôts, je pense à ceux qui nous regardent et qui entendent peut-être avec inquiétude cette possibilité, le gel du barème de l'impôt sur le revenu,
01:44c'est-à-dire les cinq tranches de l'impôt qui seraient gelées et qui donc aboutiraient à ce que mécaniquement,
01:48certains contribuables, ceux qui sont assujettis à l'impôt, passent à la tranche d'au-dessus et donc payent plus d'impôts.
01:52Est-ce que ça, ça fait partie des leviers qui pourraient être utilisés ?
01:55Écoutez, moi, je ne suis pas au gouvernement, je ne le regrette pas.
01:58Oui, on imagine dans le moment.
02:00Chacun s'accroît, et je suis très heureux à la Cour des comptes, et je jouerai mon rôle.
02:04Donc ce n'est pas à moi de faire les propositions à la part de l'Asso, mais je vais prendre une mesure un peu différente.
02:08Vous savez que Jean Pisani-Ferry et Selma Mafos, deux économistes, avaient fait un rapport sur la transition écologique.
02:13Ils avaient proposé une contribution exceptionnelle sur les plus hautes fortunes pour financer la transition écologique,
02:19et en l'occurrence pour réduire la dette, dette écologique et dite financière.
02:22Voilà le type de mesure qu'on pourrait tout à fait étudier.
02:25J'ai noté que certains patrons disent oui. J'ai noté que le MEDEF lui-même est ouvert au dialogue.
02:30Donc ça, ça veut dire que, par exemple, augmenter l'impôt sur les sociétés pour les plus grandes entreprises...
02:34Ce n'est pas à moi de le dire. Encore une fois, c'est au gouvernement de faire ses propositions.
02:37Je pense simplement qu'il y a ce besoin, qui est un besoin en effet de justice fiscale, mais aussi un besoin de rendement,
02:43et qu'il faut prendre ça en compte dans l'équation.
02:46Oui, principalement sur la dépense, mais pas tout sur la dépense,
02:50et garder quand même une dépense qui permet d'avoir du muscle pour l'économie française,
02:53notamment en matière d'investissement, et d'investissement en particulier dans la transition écologique.

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