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00:00Voilà monsieur bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques un Camerounais à la tête du conseil d'administration de l'Africa Trade and Investment Development Insurance.
00:28Son nom, professeur Kelly Moa Kingsley, c'est ingénieur financier de classe mondiale, aura la charge durant les trois prochaines années de conduire les politiques d'atténuation des risques et de réhaussement des crédits afin d'attirer encore plus d'investisseurs en Afrique.
00:45C'est l'ADN de l'ATIDI créé en 2001 par les Africains afin justement de couvrir les risques liés au commerce et à l'investissement des entreprises qui font des affaires sur le continent.
00:58Mais comment fonctionne cet instrument de dériscage qui peut profiter de sa couverture ? À quelles conditions ? Comment transformer les risques de l'Afrique en opportunités d'investissement ?
01:10Et bien d'autres meubles. Notre entretien ce soir avec le tout nouveau président du conseil d'administration de l'ATIDI, Assurance pour le développement du commerce et l'investissement en Afrique. Bonsoir professeur.
01:22Bonsoir Lucrece, bonsoir téléspectateurs.
01:25Alors professeur Kelly Mwakingsley, vous êtes donc nouvellement élu à la tête du conseil d'administration de l'ATIDI, Assurance pour le développement du commerce et l'investissement en Afrique.
01:39Dites-nous, qu'est-ce qui a joué en votre faveur ? Votre qualité d'expert ? Votre qualité d'ingénieur financier à l'échelle mondiale ? Qu'est-ce qui a fait la différence ?
01:55Je peux dire que beaucoup de facteurs ont fait la différence. Entre autres, c'est un que vous avez cité. Mais je pense que ça part aussi de la crédibilité d'autres pays vis-à-vis ces organisations internationales.
02:10Parce qu'il faut savoir que tout part de la très haute confiance que ma hiérarchie et le gouvernement camerounais a bien voulu porter sur moi pour me proposer comme candidat. Le processus a été un peu rude, un peu compliqué dans la mesure où ce n'est pas parce qu'on vous a proposé que vous êtes élu.
02:28Il faut avoir les qualités requis, les certaines compétences requis qui vont jouer pour le développement de l'organisation. Donc je pense que c'est l'ensemble de ces différentes qualités-là qui ont joué. Et le fait que nous avons des partenaires aussi très forts qui croient au Cameroun, qui croient à notre potentiel, qui ont beaucoup joué pour battre campagne, si je peux dire ainsi.
02:54Nous avons les barrières de forme, nous avons les pays de l'Afrique du Sud, l'Afrique du Nord, l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique centrale. Naturellement, le candidat avec qui j'étais en compétition venait de l'Afrique de l'Est, donc ce bloc-là voulait aussi que le candidat passe, mais le DSTR a voulu que ça soit chez nous.
03:17Et quand vous dites chez nous, il faut préciser que c'est la première fois qu'un Camerounais est élu à la tête du conseil d'administration de la TIDI. C'est également la première fois qu'un pays, j'ai envie de dire anglo-saxon, pur et dur, n'est pas élu à la tête de ce conseil.
03:35Effectivement, depuis la création de cette organisation, ça a toujours été les pays anglo-saxons qui sont à la tête. C'est la première fois qu'on peut avoir, on peut dire, un francophone, un Camerounais, quelqu'un de l'Afrique centrale.
03:52Et je suis très ému, très honoré que ce choix-là soit sur moi. Mais je pense qu'on s'est battus parce que c'est le moment, plus que jamais, de voir comment est-ce qu'on peut attirer le regard vers chez nous et montrer au monde entier tout ce que nous avons en termes de potentiel, en termes de besoin d'investissement, en termes de capacité de pouvoir absorber, et puis pourquoi pas les montrer aussi ce que nous avons à vendre au monde entier.
04:21Alors, nous allons faire connaissance avec Latidi, et c'est dans ce reportage que nous propose Luigina Monok.
04:52L'objectif de cette démarche, promouvoir les échanges commerciaux sur le continent en vue de convaincre les entrepreneurs locaux et même étrangers d'investir sur le sol africain en leur garantissant un cadre de travail sécurisé.
05:06L'Assurance pour le développement du commerce et des investissements en Afrique Latidi, ou en langue anglaise, African Trade Investment Development Assurance, est né en 2003 sous les cendres de l'Assurance du commerce en Afrique, ACA, créée en 2001. Cet organisme, basé à Nairobi au Kenya, compte 21 pays membres.
05:29Si Luigina, alors professeur Latidi, est donc une institution financière, c'est un organisme de financement, quelle est sa particularité, cet organisme, en quoi est-ce qu'il diffère de ceux qui existent ?
05:43La différence de cette organisation par rapport aux autres peut se situer sur deux points. La première, c'est qu'elle ne fait pas le financement direct, elle le cautionne, elle garantit, elle donne cette crédibilité pour essayer d'effacer le doute que les autres ne font pas.
06:03Parce que pour les autres organisations, ils viennent directement pour investir. Pour Latidi, elle, elle vient en deuxième position, c'est-à-dire, elle vient vous dire, OK, vous voulez investir, il n'y a pas de problème, vous dites qu'il y a le risque, ça va, moi je vais prendre la responsabilité, s'il y a défaut, je vais combler ce gap-là. Donc c'est la première chose.
06:25La deuxième chose, c'est que c'est un peu comme une organisation d'assurance. Donc elle n'est pas là pour faire, pour changer, elle est là pour changer la perception du risque du continent. Donc son travail est un peu plus profond dans la mesure où nous savons le niveau de risque que nous avons dans notre continent, si on peut citer certains, il y a des risques politiques, il y a des risques économiques, il y a des risques commerciaux, il y a des risques sociaux, on peut citer.
06:50Il y a des risques sécuritaires.
06:51Oui, sécuritaires. Donc c'est tous ces risques-là qu'on essaye de voir comment est-ce qu'on peut les vendre autrement.
06:58Alors vous, Latidi, vous avez été créé pour couvrir les risques liés au commerce, à l'investissement, les entreprises qui font des affaires avec le continent. Justement, quel type d'assurance vous fournissez ?
07:12Il y a d'abord l'assurance directe, c'est-à-dire il y a une transaction, la transaction a besoin d'être couverte parce que l'investisseur se dit que le niveau du risque est assez élevé.
07:25Là, Latidi vous dit, ok, moi je vais couvrir, s'il y a le risque, moi je vais couvrir. Il y a la réassurance, c'est-à-dire il y a d'autres investisseurs qui sont venus, les États ont mis des dispositions pour assurer le fait que si l'investissement ne marche pas comme il se doit, eux, ils vont couvrir.
07:43C'est Latidi qui vient en cette deuxième position pour dire, je vais faire la réassurance. Maintenant, il y a les garanties pour les transactions commerciaux. Vous savez qu'en Afrique, presque 70% de notre économie est dépendante sur le commerce. Et ce commerce, parfois, a besoin de garanties, que ce soit à l'extérieur ou bien à l'intérieur du pays, de part et d'autre.
08:05Latidi dit, ok, moi je vais voir dans quelle mesure je vais fournir ces garanties dont vous avez besoin pour pouvoir faire des transactions. Il y a aussi le cautionnement que Latidi fait, que ce soit pour les États, que ce soit pour le commerce. Et il y a un pan qui concerne exclusivement les projets dans le secteur VE.
08:29Tout ce qui a trait aux constructions, au développement, aux transformations structurées avec la coloration verte, Latidi est aussi là pour couvrir.
08:40Alors, lorsqu'on parle de risque, lorsqu'on parle de couverture de risque, on parle surtout de perception. Alors, dites-nous, est-ce qu'il y a plus de risques à investir en Afrique aujourd'hui qu'ailleurs dans le monde ?
08:56Toute cette couverture que vous apportez pour dire aux investisseurs, oui, vous pouvez venir en Afrique, si vous avez quelques appréhensions, nous vous garantissons que nous allons vous couvrir, nous allons couvrir les risques.
09:14Est-ce que derrière cette position des investisseurs, il n'y a pas une stratégie pour renchérir les coûts des différents crédits que les États peuvent être amenés à demander ? Je voudrais que vous répondiez d'abord à cette question avant que nous nous poursuivions.
09:32Je pense que pour mieux comprendre pourquoi il faut couvrir le risque, il faut se demander pourquoi le risque d'abord. On a dit, si on fait une analogie avec d'autres pays, on va voir que sur le plan politique, ils sont relativement un peu plus stables, on va voir que sur le plan sécurité, ils sont un peu plus stables, on va voir que sur le plan de la structuration même de l'économie, ils sont un peu plus avancés.
10:01Jusqu'à ce que survienne un incident, jusqu'à ce que se déclenche une guerre ?
10:08Naturellement, c'est jusqu'à ce que survienne un événement, mais dans l'ensemble, on se dit qu'il y en a qui sont un peu plus stables, moins risqués que nous à 80%. Mais nous savons qu'il y a la rupture qui vient s'il y a un événement imprévu.
10:26Nous avons vu ce que nous continuons à vivre, c'est que les conséquences de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, on ne pouvait pas imaginer que ce qui se passe en Russie va nous affecter ou bien va affecter le monde entier tel comme elle est en train de le faire aujourd'hui.
10:41C'est sur cette base-là. Il faut toujours savoir que ceux qui viennent pour investir chez nous ne connaissent pas notre contexte. Ils viennent en se disant que pour investir, voici les règles. Et les règles, c'est ce qu'ils savent, c'est ce qu'ils appliquent dans leur communauté, dans leur société, dans leur pays.
10:57Et quand ils viennent chez nous, on essaie d'expliquer certaines choses en tenant compte, pas toujours parce qu'on a une mauvaise intention, mais parce que notre contexte aussi, elle est particulière. Les opportunités, ils ne voient pas. Les risques, ils peuvent se dire qu'ils sont élevés parce qu'ils ne comprennent pas notre système, notre dispositif qui est mis en place.
11:15C'est pour cela que même s'il y a les risques qui existent, mais à 40-50% aussi, il y a l'incompréhension. L'incompréhension parce que nous avons sa fonction chez nous, parce que nous avons un dispositif de sécurité autour des transactions que nous menons.
11:33C'est un peu comme quand on définit nos économies, qu'elles sont informelles. Moi, j'ai toujours l'impression de dire oui, c'est informel, peut-être c'est informel à 80 ou 70%. Mais à partir du moment où on peut capter la TVA dans une économie qui est informelle, est-ce qu'elle restera toujours informelle ?
11:52A partir du moment où on peut construire un pays en captant les ressources qui viennent du secteur dit informel, ça veut dire que quelque part, il y a un dispositif de contrôle de sécurité et ça marche puisqu'on voit comment les ressources augmentent d'année en année, malgré le fait qu'on ne fait que définir et dire que nous avons des économies informelles. Donc, ça dépend.
12:15Donc, il n'y a pas de stratégie derrière pour insérer les coûts de crédit ?
12:18Non, il n'y a pas. Je ne pense pas qu'il y ait. Peut-être qu'il peut y avoir. Mais moi, j'essaie d'être le plus objectif possible. Et je me dis que, regardons les choses en face, ne disons pas toujours que les autres viennent avec de mauvaises intentions. C'est du pure business.
12:33Quand ils viennent, l'objectif, c'est de voir comment est-ce qu'ils peuvent investir et avoir un retour sur investissement. Les gens qui viennent placer, qui placent dans le continent, viennent de quelque part. Et ceux-là ont fait une analyse et ils ont choisi pour dire, OK, partout il y a le risque. Le coût du risque ici peut même être élevé, mais nous préférons parce que le retour sera aussi élevé. Parce que plus il y a le risque, plus il y a le coût et plus le coût du crédit augmente.
12:59Alors, la TDI a été créée en 2001. De quoi peut-elle se prévaloir ? Qu'a-t-elle déjà fait ?
13:08Je ne sais pas où je peux commencer.
13:11Commencez par exemple par Ethiopian Airlines.
13:16La TDI a beaucoup fait dans le continent et elle continue à faire beaucoup. Ethiopian Airlines, vous connaissez, pour nous qui voyageons à partir de l'Afrique de l'Ouest, nous connaissons les difficultés. Si aujourd'hui Ethiopian Airlines ne vient plus chez nous, il faut voir ce que ça va nous coûter en termes de transactions, en termes de pertes de temps, en termes de beaucoup de choses.
13:40Alors, la TDI a accompagné le gouvernement éthiopien pour injecter plus de 200 millions de dollars pour rehausser, acheter de nouveaux avions pour rehausser Ethiopian Airlines. Et aujourd'hui, nous voyons qu'il y a beaucoup plus de destinations que Ethiopian Airlines couvre.
14:01La TDI a accompagné le gouvernement de la Côte d'Ivoire qui vient nouvellement de boucler son cadre d'environnement sustainable governance framework pour l'accompagner pour mobiliser de la ressource pour financer des grands projets structurants à hauteur de plus de 265 millions de dollars, je pense.
14:24La TDI a accompagné le gouvernement du Kenya pour mettre en place une paque d'avions pour l'énergie renouvelable, je pense 100 mégawatts. La TDI a accompagné le gouvernement du Burundi pour voir comment est-ce qu'on peut réinjecter la ressource dans ces entreprises de brassicoles qui créent plus de 7000 emplois et c'est un secteur très porteur.
14:54La TDI a fait plein de choses. Au Cameroun, aujourd'hui, nous comptons plus de 40 millions de dollars que la TDI a déjà injectés avec Tradex dans un premier temps, avec BGFI Bank et je crois avec une autre banque pour essayer de rehausser le capital et le fonctionnement.
15:16Aujourd'hui, je sais que la TDI a pu parler avec le gouvernement camerounais dans le cadre du projet Nachtigal pour voir comment est-ce qu'ils peuvent accompagner le Cameroun pour accélérer la finalisation de ce projet.
15:31Je voudrais qu'on continue de parler justement de ce que la TDI a déjà fait et on va retrouver notre reporter Laminou Moubarak qui dresse une liste, peut-être pas exhaustive, mais une liste quand même à votre suite de ce que la TDI a déjà fait pour le continent.
15:48En soutenant des infrastructures de développement critique, l'assurance pour le développement du commerce et des investissements en Afrique a joué un rôle clé dans plusieurs projets sur le continent.
16:03En Tanzanie, l'organisation a garanti une facilité de 300 millions d'euros émises par la banque néerlandaise AG, renforçant ainsi les investissements dans des projets stratégiques.
16:13Au Benin, l'organisation a contribué à sécuriser la structure financière de projets liés aux objectifs de développement durable et l'a mise en place un prêt ESG de 350 millions d'euros.
16:25Ce financement a permis de soutenir des initiatives respectueuses de l'environnement et socialement responsables.
16:32Au Togo, face à un contexte de restructuration de la dette, la TDI a collaboré étroitement avec le FMI et le gouvernement.
16:40L'organisation a facilité la restructuration de la dette auprès de créanciers internationaux en obtenant une notation de crédit favorable à.
16:49Cette notation a permis de lever 103,6 millions d'euros sur deux ans, complété par un soutien additionnel de 150 millions d'euros sur dix ans.
16:59Parallèlement, le gouvernement a levé 250 millions d'euros sur dix ans à un taux d'intérêt de 4,5%.
17:07Ces opérations démontrent l'engagement de la TDI à soutenir le développement économique durable en Afrique en mobilisant des financements et en améliorant la soutenabilité de la dette des pays.
17:19Merci Lamine Moubarak.
17:21On a entendu beaucoup de chiffres, 300 millions d'euros par là, 150 millions d'euros par ci, 250 millions d'euros par là.
17:29D'où vient cet argent ? D'où viennent ces financements ?
17:31Le financement vient des partenaires de la TDI.
17:34Peut-être c'est le lieu ici de dire que dans l'organisation et la structuration de la TDI, il y a quatre catégories de membres.
17:41La première catégorie qui est considérée comme catégorie A, c'est tous les 54 pays de l'Afrique qui devraient être membres.
17:51Aujourd'hui, nous avons une vingtaine, 29 je crois, qui ont déjà adhéré. Il y a 24 dont les dossiers sont encore sur étude.
18:00La deuxième catégorie qui est considérée comme catégorie B, c'est toutes les autres souveraines.
18:05Ça veut dire que tous les autres pays, les autres 140 pays ou bien 144 pays du monde peuvent aussi adhérer s'ils sont intéressés.
18:16Aujourd'hui, nous avons des grands pays comme l'Inde, comme la Chine, comme la Russie et tout ça qui se bousculent.
18:23Le Japon qui est fortement engagé.
18:26Il y a la catégorie C qui est toutes les organisations africaines, c'est-à-dire la Banque africaine de développement, l'Union africaine et tant d'autres.
18:36Et puis maintenant, il y a la catégorie D qui est tous les investisseurs directs étrangers qui veulent venir fonctionner en Afrique.
18:45Donc vous voyez que pour la catégorie A, pour adhérer, il faut payer. Il y a des fiches qu'il faut payer.
18:52Mais pour toutes les autres, ils viennent en tant qu'investisseurs.
18:55Et c'est eux qui apportent généralement le capital pour injecter, pour voir comment est-ce qu'ils peuvent participer à l'investissement dans le continent.
19:03On a cité un certain nombre de pays dans lesquels la TIDI s'est investie.
19:09Et du coup, on aimerait bien savoir qui peut bénéficier de cette couverture de la TIDI et à quelles conditions ?
19:18Les États, les souverains peuvent déjà bénéficier. La première condition, c'est qu'il faut adhérer.
19:23L'adhésion veut dire que vous avez passé un certain nombre de conditions.
19:28Est-ce que vous disiez tantôt qu'il y a 29 qui sont déjà membres et 24 autres qui frappent à la porte ?
19:34Qui frappent à la porte, oui. Pour chacun de ces pays, il y a des contributions qu'ils doivent verser chaque année,
19:41comme dans toute autre organisation d'ailleurs, pour permettre au fonctionnement minimum de la TIDI.
19:47Dès que vous êtes adhéré, dès que vous êtes membre, vous êtes...
19:50Le montant de l'adhésion ?
19:52Ça varie, parce qu'il y a différentes catégories. Je ne peux pas entrer dans tous les détails maintenant.
19:57Parce que c'est des parts qu'ils achètent en adhérant.
20:00Donc vous adhérez d'abord comme un membre et puis vous exprimez quel est le montant des parts que vous voudriez acheter.
20:07Et c'est ça qui fait de vous, qui vous donne le droit à bénéficier des services de la TIDI.
20:13Aussitôt que vous avez répondu à toutes ces conditions, vous pouvez faire appel à la TIDI à vraiment des coûts très, très bas.
20:21Ce qui est important ici, c'est que ce n'est pas à TIDI qui initie la couverture des risques.
20:26Généralement, c'est des pays qui sont dans le besoin qui initient.
20:30Parce que vous savez, aujourd'hui, nous avons nos économies qui traversent des périodes assez difficiles.
20:35Difficiles à cause des chocs variables, comme j'aime souvent le dire, intérieurs comme extérieurs.
20:41Elles sont économiques, elles sont financières, elles sont sécuritaires, elles sont culturelles, il y a beaucoup.
20:47Et tout cela fait en sorte que certains critères de gestion de nos pays ne sont pas optimaux.
20:56Par exemple, si on regarde les pays de la CEMAC, on voit que les critères de convergence qui permettent d'évaluer,
21:02de prendre un peu la température ou bien la santé financière économique du pays sont un peu en baigne.
21:07Si on regarde les agences de notation pour les cinq dernières années, on voit qu'il n'y a aucun pays dans la sous-région.
21:14Même dans le continent, il y a très peu de pays qui ont la notation A.
21:19Ceux qui se battent, la Côte d'Ivoire tout dernièrement a vu sa note réévaluée AB+, je crois que c'est parmi les meilleurs.
21:28Donc, c'est tous ces indicateurs-là qui font en sorte que le niveau du risque est présent et il faut voir dans quelle mesure.
21:36Mais ces pays ont besoin du développement, ces pays ont besoin de transformation.
21:40L'Union africaine a dit que d'ici 2063, il faut que tous les pays africains soient MEG.
21:46MEG veut dire qu'ils soient transformés structurellement, digitalement, sur le plan vert et tout ce que ça vient avec.
21:54Mais tout cela a besoin du financement.
21:56Mais comment se financer quand vous avez déjà des difficultés pour maintenir l'équilibre ?
22:03C'est un travail d'accompagnement, c'est un travail de conseil, c'est un travail d'ensemble.
22:07On va revenir sur ce travail que vous faites dans quelques minutes.
22:10Je voudrais qu'on s'arrête encore sur cette couverture que vous apportez, notamment sur le plan financier.
22:19Alors, il s'agit de quoi ? Certes, il y a des montants liés à l'adhésion.
22:25Cet argent qui sert de couverture pour les risques, c'est des dons ? C'est des prêts ? C'est quoi ?
22:36Les montants, c'est d'abord la première étape, c'est que vous bénéficiez des services parce que vous avez adhéré.
22:43Si vous n'avez pas adhéré, vous ne pouvez pas bénéficier des services.
22:46La deuxième chose, c'est que parce que vous avez adhéré et que vous bénéficiez des services,
22:51les coûts ne seront pas comme pour ceux qui n'ont pas adhéré.
22:54Généralement, les coûts sont très très très faibles, presque 1% environ pour la couverture de l'opération.
23:03Parce que dans l'analyse du coût d'une opération, il faut voir l'ensemble des coûts qui fait en sorte que nous puissions engager l'intérêt public.
23:15Parce que l'intérêt public doit toujours être engagé au plus moindre coût possible.
23:20L'objectif, c'est d'avoir la meilleure valeur pour les ressources qu'on va dépenser.
23:24Ça, c'est d'un côté. De l'autre côté, il faut voir le retour sur l'investissement.
23:28Parfois, on peut avoir l'impression qu'on a emprunté à un montant assez élevé,
23:33mais il y a beaucoup de variables qui entrent en jeu pour pouvoir mobiliser les ressources telles que les États le font.
23:40Mais dès que ces ressources-là sont mobilisées, même si vous ne voyez pas l'infrastructure qui pousse presque automatiquement,
23:47le fait que cet argent est injecté, il y a déjà des retours sur l'investissement économique.
23:53Dans la mesure où, quand vous dépensez 1 million et le 1 million change la main 10 fois,
23:59ce n'est plus 1 million à la fin de la 10e personne, c'est déjà 10 millions.
24:03Alors, qu'est-ce qui se passe ? Supposons que ce soit des prêts, vous parlez du 1%.
24:07Qu'est-ce qui se passe si...
24:09C'est des garanties, c'est pas des prêts.
24:10Voilà, c'est des garanties. Qu'est-ce qui se passe si, par exemple, l'État,
24:14qui a bénéficié de cette couverture, ne parvient pas à tenir ses engagements ?
24:19La première chose, c'est qu'il y a la réassurance sur l'assurance qu'on nous a donnée.
24:22Ça veut dire qu'on ne vient pas seulement donner l'assurance et on croise les bras.
24:26On donne et puis on se couvre aussi, dans la mesure où cette hypothèse arrive.
24:31La deuxième chose, c'est que, si c'est un souverain, c'est-à-dire si c'est les États,
24:35il y a les pas, parce que chaque année, depuis la création d'ATIDI, chaque année,
24:40ATIDI fait des bénéfices, et ces bénéfices-là peuvent permettre de financer, n'est-ce pas,
24:46les défauts que le pays a connus.
24:51Ça veut dire qu'au moment où on va partager les bénéfices, au lieu d'augmenter vos parts,
24:56on va plutôt utiliser le montant de vos parts à commencer à faire vos remboursements.
25:01Pour ne pas citer les contemporains, il y a deux cas que nous gérons actuellement.
25:05Et avec l'appui du FMI, parce que le FMI aussi fait partie d'ATIDI,
25:11les barrières de fonds font partie aussi d'ATIDI.
25:13Avec l'appui du FMI, la Banque mondiale et tout,
25:17nous avons essayé de trouver des issues de sorties avec certains gouvernements
25:22qui ont vraiment eu des difficultés et qui ont fait des défauts.
25:26Alors l'ATIDI, ce n'est pas du bénévolat ?
25:29Non, ce n'est pas du bénévolat, c'est un travail de fonds, un travail technique,
25:35un travail bien structuré.
25:38Et donc, il s'accompagne de commissions ?
25:40Oui, il s'accompagne de commissions.
25:42Mais pas des commissions comme les autres auraient dû faire pour le continent,
25:48mais des commissions qui tiennent compte du fait que l'ATIDI doit fonctionner.
25:52Mais en même temps, on n'est pas là pour faire des bénéfices,
25:55on est là pour accompagner le développement de nos États.
25:58Professeur, on parle d'investissement, on parle de couverture des risques,
26:03on parle d'investissement, de gros investissements.
26:06Ça suppose qu'à la base, il y a un montage de projet,
26:11ça suppose que le projet soit mature.
26:14Or, il se trouve justement que dans nos pays,
26:18pour ne pas dire chez nous au Cameroun,
26:21le ventre mou des investissements, c'est bien la maturation des projets.
26:28Comment se fait l'accompagnement à ce niveau-là ?
26:31Vous avez entièrement raison.
26:32Ce qu'il faut comprendre dans le processus,
26:36c'est qu'il y a toujours une tierce personne dans l'opération.
26:41Ça veut dire qu'il y a l'État, il y a une tierce personne qui est l'investisseur,
26:44et puis il y a l'ATIDI.
26:46Pour qu'un pays puisse bénéficier, puisse structurer un financement
26:51jusqu'à s'arriver au niveau où l'ATIDI peut intervenir pour venir cautionner,
26:57ça veut dire que le travail a été fait et validé par cette tierce entreprise,
27:02par cette tierce personne qui s'assure que les projets sont matures.
27:09L'exécution des projets va se faire selon le cahier des charges.
27:13Généralement, il y a une note d'information qui accompagne
27:16la structuration de ce projet-là.
27:18Aujourd'hui, ce qui est de plus en plus en mode par les investisseurs,
27:23c'est le use of proceeds.
27:25Comment est-ce que vous allez utiliser les ressources dont nous allons vous donner ?
27:30Et pour moi, je pense que c'est quelque chose qui est très important,
27:33et son importance est située à deux niveaux.
27:37La première chose, c'est que, oui, on garantit le fait
27:41qu'on va vous donner les ressources dont vous avez besoin,
27:44mais en deuxième position, on va s'assurer que le décaissement va se faire
27:48effectivement pour des projets pour lesquels vous avez emprunté de la ressource.
27:54Mais ce qui est le plus important, c'est la conséquence.
27:57Si on n'utilise pas les ressources pour les besoins pour lesquels
28:02l'investisseur a mis les ressources.
28:05Pour ça, vous savez bien que derrière, il y a la question de soldes engagées
28:09et non décaissées.
28:11Il y a le problème de soldes engagées et non décaissées,
28:14mais là, vous parlez d'autres choses.
28:17Vous parlez là d'un type de prêt particulier qui demande à ce que
28:22les ressources qui sont engagées puissent être véritablement décaissées
28:25parce qu'il y a le problème d'utilisation.
28:28Mais je pense que les améliorations sont en train d'être faites à ce niveau.
28:31Ce qui est important pour l'investisseur aujourd'hui,
28:33c'est de s'assurer que le projet pour lequel l'État vient,
28:37ou bien le souverain vient pour venir mobiliser de la ressource,
28:41et que ça contribue à l'accroissement du développement économique,
28:46transformationnel et structurel de ces différents pays,
28:49ou bien de l'entreprise, selon le cas.
28:52Vous avez parlé tout à l'heure des agences de notation,
28:59notamment des pays africains qui peinent à avoir des A et des triple A
29:05venant de ces agences de notation.
29:08La question maintenant, c'est de savoir l'ATIDI elle-même.
29:13Quelle est la perception que ces agences de notation ont de cet instrument ?
29:19Je pense que les résultats des dernières notations de l'ATIDI sont là.
29:25Je crois que ce n'est pas Moody's, ce n'est pas S&P.
29:28Standard & Poor's, pardon.
29:31Moody's a carrément donné triple A+.
29:36Standard & Poor's a donné triple A+.
29:40Ça veut tout dire.
29:42Ça veut dire que c'est une organisation très crédible.
29:45C'est une organisation qui compétit avec ses pairs dans le monde entier.
29:49C'est une organisation qui a fait ses preuves depuis les 21-22 ans effectifs qu'elle existe.
29:55Parce qu'il faut savoir aussi qu'ATIDI avait déjà commencé à travailler
29:59avant cette date de 2021, qui a été la date de son annonce officielle.
30:04Donc à partir de cette date-là jusqu'à aujourd'hui,
30:07je pense qu'elle ne fait qu'évoluer de manière progressive.
30:12Et le fait que nous avons aussi les partenaires,
30:17les bailleurs de fonds et d'autres partenaires réputés qui font partie de ATIDI
30:22donnent cette mixage, cette blend,
30:25qui permet à ce qu'elle reste une organisation très réputée.
30:28Parce qu'ils sont là pour regarder leurs investissements.
30:31Nous aussi, nous sommes là pour protéger l'intérêt de l'Afrique.
30:34Parce qu'après tout, c'est de l'Afrique qu'on parle.
30:37Donc le respect des normes prudentielles, c'est une priorité au sein de l'ATISI ?
30:40Oui, c'est une priorité.
30:43Je peux dire que c'est le boussol avec lequel nous fonctionnons.
30:49Parce que si on ne respecte pas les normes prudentielles,
30:52ça veut dire qu'on va perdre toute la crédibilité.
30:55Et si ATIDI perd sa crédibilité, ça veut dire qu'il n'y a plus d'investissement
30:59pour les pays africains. Les problèmes vont aller de mal en pire.
31:02Maintenant, je voudrais qu'on s'arrête sur les piliers de l'ATIDI.
31:08En parcourant certains documents, j'ai pu lire
31:11l'innovation, l'équité, l'optimisation des capacités,
31:14le partenariat stratégique et l'engagement citoyen.
31:17Est-ce que vous pourriez nous en dire un mot ?
31:19Oui, ce pilier, ça décrit la vision d'espace stratégique de l'Afrique tout entière
31:27en se basant sur la perception et la vision que l'Union africaine veut donner au continent.
31:33Il faut que nous ayons un Afrique équitable.
31:36Il faut que nous ayons des partenariats gagnants-gagnants.
31:39Il faut que nous soyons plus citoyens de la responsabilité.
31:42Vous savez, on vit dans un continent où c'est très facile de critiquer
31:46ce que disent les dirigeants.
31:50Mais on oublie que les dirigeants font partie de nous.
31:53Ils ont vécu avec nous, nous avons grandi ensemble,
31:56nous sommes allés dans les mêmes écoles, nous avons mangé les mêmes nourritures,
31:59nous sommes allés dans les mêmes mosquées, dans les mêmes églises et tout.
32:02Qu'est-ce qui se fait que quand ça devient problématique et nous commençons à critiquer ?
32:07Maintenant, le changement ne peut pas seulement être du haut vers le bas,
32:10ça peut aussi être du bas vers le haut.
32:12Donc la citoyenneté appelle à ce que tout le monde
32:15prenne la responsabilité de se dire c'est notre continent.
32:19Il faut que nous essayons de voir comment nous pouvons bâtir ce continent.
32:22Pour nous-mêmes et pour la laisser un peu mieux que nous l'avons trouvée.
32:27Professeur, je voudrais qu'on revienne un peu sur l'accompagnement
32:30et peut-être très vite passer sur le sujet,
32:33sachant qu'au sein des États africains,
32:36qui sont pourtant en quête de financement pour des projets structurants,
32:43pour la plupart, il y a des problèmes qui relèvent de leur organisation interne
32:49et qui peuvent, à un moment donné, faire fuir des investisseurs.
32:55Est-ce qu'à ce niveau-là, la TIDI s'implique également
32:59au niveau de l'accompagnement des États en leur disant
33:02attention, si vous ne résolvez pas tel problème,
33:05si vous ne faites pas telle réforme,
33:07si vous ne résolvez pas tel problème social,
33:10vous risquez de ne pas être vendable,
33:17on va le dire, sur les marchés financiers sur lesquels vous travaillez.
33:21Vous savez, ce n'est pas le rôle prépondérant de la TIDI
33:25de se mixer, n'est-ce pas, dans la gestion interne des États,
33:30mais c'est son rôle par excellence dans la mesure où
33:33elle peut aussi donner conseil.
33:35Parce que l'un des rôles majeurs de la TIDI,
33:40c'est de voir aussi comment elle peut accompagner les États
33:43au-delà de la garantie que la TIDI peut donner.
33:48La TIDI peut venir dans une opération,
33:50elle finit par ne pas donner la garantie,
33:52peut-être parce qu'un pays avait déjà ses engagements,
33:55peut-être avec MIGA ou peut-être avec un autre structure,
33:58ou bien dans la structuration même de son opération,
34:01elle a mis un dispositif sécuritaire,
34:05par exemple, comme un compte séquestre,
34:07qui montre que même si elle ne constitue pas,
34:11elle ne paye pas, il y aura les provisions
34:14qui seront construites de manière automatique,
34:16d'habiter dans leur compte unique,
34:18pour créditer le compte de l'investisseur.
34:21Là, la TIDI peut venir et dire
34:23OK, mais pendant que vous êtes en train de faire ça,
34:25il faut regarder X, Y et Z,
34:27et tout cela entre à voir dans quelles mesures
34:30peuvent accompagner l'État à s'endetter,
34:32oui, mais à très moindre coût.
34:35Alors, on t'arrête dans cette édition des questions économiques
34:37pour parler du Cameroun.
34:39C'est un Camerounais qui est président du Conseil
34:41d'administration de la TIDI.
34:44Quels sont les projets qui pourraient intéresser la TIDI au Cameroun ?
34:47Comment notre pays peut tirer son épingle du jeu ?
34:51Question à Émilie Hama dans ce reportage.
34:59Booster l'économie africaine,
35:01telle est l'ambition de l'assurance
35:03pour le développement du commerce et de l'investissement.
35:06En Afrique et principalement au Cameroun,
35:08elle a un impact important dans la couverture des risques
35:11et la recherche des pistes de solution
35:13aux problèmes liés au commerce et aux investissements.
35:16Fort de ce potentiel déjà mis en exergue dans divers pays,
35:19tels que le Togo, le Bénin, la Tanzanie,
35:22elle pourrait également être profitable pour le Cameroun
35:25dans divers secteurs d'activité.
35:28Dans le secteur infrastructurel,
35:30le Cameroun peut trouver auprès de la TIDI
35:32un soutien en matière de préparation des investissements,
35:35ceci afin de limiter les dommages sur les axes routiers
35:38et réduire le taux de destruction rapide des routes dans le pays.
35:42Dans le secteur du commerce, de l'agriculture, de l'industrie
35:46et même en termes d'offre et des services,
35:48le Cameroun peut bénéficier d'un accompagnement
35:51dans le sens du rehaussement de crédits
35:53afin d'attirer des investissements privés
35:55et de mobiliser des capitaux pour des projets transformateurs.
35:59C'est donc une voie de développement de l'économie camerounaise
36:03dans le sens qu'elle permettra notamment
36:06de mieux envisager les risques de faillite
36:08en ce qui concerne les investissements,
36:10de faciliter la recherche des financements
36:13et enfin de promouvoir la politique d'import-substitution
36:16et de limiter ainsi la dépendance aux importations.
36:22Merci Émilie Amar.
36:24Retour sur ce plateau, professeure.
36:26Comment le Cameroun peut-il profiter de votre présence
36:32en tant que PCA de l'ATIDI
36:35pour faire avancer un certain nombre de projets structurants,
36:40un certain nombre de projets porteurs ?
36:42Comment le Cameroun peut-il profiter de l'ATIDI
36:47en termes de solutions et d'atténuation des risques
36:51au regard du contexte qui est le nôtre ?
36:54Je pense que le Cameroun va beaucoup bénéficier
36:58et le Cameroun a tout à gagner,
37:00a tiré profit parce que d'abord c'est son fils qui est là.
37:04On va essayer de tirer la couverture de notre côté
37:07mais de manière positive, je veux dire.
37:09Déjà il y a, pour parler d'un ensemble de projets,
37:13nous avons à l'entame de notre interview
37:19parlé du projet Nachtigal,
37:21qui est un projet qui est d'importance, d'envergure chez nous.
37:25Et l'ATIDI est là pour voir comment il peut accompagner
37:28et ne pas tout dévoiler ici.
37:32Je pense que les pourparlers sont déjà bien avancés
37:35et je pense que si tout marche bien,
37:38l'ATIDI sera bien présent aux côtés de l'État
37:42par rapport à ce projet de Nachtigal.
37:44Ça veut dire quoi ?
37:45Ça veut tout simplement dire que tous les autres projets d'envergure
37:48que le Cameroun aura et qu'il y a besoin
37:51que l'ATIDI puisse l'accompagner
37:53en termes de cautionnement,
37:55ça va se faire vraiment très facile
37:58parce que moi aussi je suis là, ça me concerne.
38:04Il y a le fait aussi qu'on veut pérenniser l'existence d'ATIDI
38:07et faire en sorte qu'à terme,
38:09ce n'est pas seulement les souverains qui bénéficient,
38:12mais surtout le secteur privé.
38:14Parce que toute la vision,
38:17quand je regarde bien la vision de l'émergence du Cameroun
38:21et la stratégie nationale de développement,
38:23certes, le secteur public est fortement impliqué
38:26pour le développement des grandes infrastructures,
38:29mais vous voyez que l'objectif recherché,
38:32c'est d'avoir un secteur privé qui est porteur.
38:34Qui peut tirer la croissance.
38:36Qui peut tirer la croissance.
38:37Et c'est pour cela qu'ATIDI, sous mon mandat,
38:40l'une des choses que je veux faire,
38:42c'est de voir comment est-ce qu'on peut véritablement
38:44sensibiliser ce secteur privé
38:46qui comprenne qu'il y a du potentiel,
38:52il y a quelqu'un de très crédible
38:54qui peut l'accompagner, qui peut l'aider
38:56et qui peut faire en sorte que son chiffre d'affaires
38:59augmente de jour au lendemain.
39:00C'est vrai que nous sommes sur un plateau de télévision,
39:03professeur, mais j'aimerais quand même savoir,
39:06le Cameroun a une boussole.
39:08Le Cameroun a la SND30.
39:10Le Cameroun, c'est là où il va.
39:12Il sait ce qu'il faut
39:15et peut-être ce qu'il lui manque le plus,
39:17ce sont les moyens.
39:19Au-delà des problèmes de réglages
39:24ou de problèmes de réformes
39:26ou alors d'harmonisation d'un certain nombre de politiques,
39:32le problème, de fond, ce sont les moyens.
39:36Alors, vous qui êtes ingénieur financier
39:39et parallèlement et désormais aussi président de l'ATIDI,
39:42comment faire en sorte que le Cameroun
39:45puisse obtenir toutes les couvertures qu'il faut
39:49pour, à la fin de la journée,
39:52avoir les financements nécessaires
39:54à la mise en place d'un certain nombre de projets ?
39:57Qui doit faire quoi ?
39:59Vous savez, ce serait très difficile
40:02de répondre à la question de qui doit faire quoi
40:05parce que c'est un éventail de responsables
40:08qui doit faire chacun quelque chose à sa place.
40:11Mais je pense que c'est que la stratégie nationale de développement
40:14appelle d'abord à faire, à tous les Camerounais,
40:18c'est d'être citoyen.
40:21La citoyenneté, chacun à son niveau
40:24parce qu'il y a des pays qui ont fait beaucoup de choses
40:27simplement avec la responsabilité corporelle sociale,
40:30c'est-à-dire le fait d'être conscient
40:32et de savoir qu'on vient de quelque part
40:34et il faut redonner quelque chose à cette communauté.
40:37C'est comme on dit très couramment chez nous, dans les villages,
40:40que si chacun balayait le divan de sa maison,
40:42le village serait propre.
40:43Si on ne commence pas ça, je crois que ça va résoudre
40:46d'abord 20% des problèmes que nous avons sur le plan financier
40:49parce que nous connaissons les problèmes de gouvernance que nous avions.
40:53La deuxième chose, c'est que nous sommes sous programme
40:57avec le Fonds monétaire international.
40:59Quand vous regardez le montant que le Fonds monétaire international
41:02vient la plus budgétaire dont il parle,
41:05ça ne représente rien par rapport à notre budget.
41:07Je crois que c'est environ 600 et poussière de millions de dollars.
41:11Quand vous convertissez ça en CFA, c'est moins de 300 milliards.
41:16À l'aide du programme élargi.
41:18Du programme élargi avec le Fonds monétaire international.
41:22Mais vous regardez le budget du Cameroun, c'est 6 millions et poussière.
41:26Je crois que pour 2025, ça sera plus de 7 000 milliards.
41:29Ça ne représente pas grand-chose.
41:31Ça veut dire quoi ?
41:32Mais le Fonds monétaire est là.
41:34Ça veut simplement dire que ce que le Fonds monétaire recherche
41:37et ce que les Camerounais recherchent
41:39et ce que les patrons recherchent en signant ce programme,
41:42c'est de voir comment est-ce qu'on peut porter les réformes.
41:46Les réformes économiques, les réformes structurelles et tout.
41:49Le premier programme qui avait été signé avec le Cameroun
41:52et qui a par la suite été suivi par beaucoup de pays de la sous-région.
41:58Je me rappelle du discours du ministre Alamine,
42:02à l'époque il était ministre des Finances ou ministre de l'Économie,
42:05je ne sais pas trop, qui était rapporteur.
42:07Le Cameroun a accepté de signer ce programme.
42:10Pour accompagner les autres États ?
42:12Non, pour accompagner les autres États,
42:14mais surtout à nos thèmes et conditions.
42:16Ça veut dire quoi ?
42:17Ça veut dire qu'on a évolué.
42:20Pour ne pas dire que c'est le Fonds monétaire
42:22qui peut venir construire nos pays,
42:24mais il y a quelques manquants
42:28qui font en sorte qu'on ait besoin de cette expertise-là
42:31pour nous accompagner.
42:32Et c'est tout un débat, professeur.
42:34Le programme économique et financier
42:36est adossé sous la facilité de l'âge des crédits.
42:38Le fait que le FMI revienne,
42:42pas en censeur,
42:46mais surtout en celui qui en perd fouettard
42:49à notre demande,
42:51c'est un débat qui reste ouvert, selon vous ?
42:55C'est un débat qui reste ouvert,
42:58mais j'aime regarder les faits.
43:00Et pardonnez-moi sur mon point de vue,
43:02c'est mon point de vue à partir de là où je suis assis.
43:04Là où je suis assis, je vois les choses comme ça.
43:09Pourquoi nous sommes allés sur le programme ?
43:12Nous sommes allés sur le programme
43:13parce qu'il y avait la chute des prix des matières premières
43:15au niveau du marché international.
43:17La première chose, c'est que
43:19est-ce que les matières premières que nous produisons,
43:21nous les contrôlons, les prix ?
43:23Nous ne contrôlons pas.
43:24On ne peut pas être dépendant.
43:26Les pays nouvellement riches
43:29qui ont découvert le pétrole après le Cameroun,
43:31à un moment donné,
43:32se croyaient qu'ils avaient déjà arrivé.
43:34Mais ils ont augmenté le niveau de vie de l'État.
43:37Dès que le prix des matières premières a chuté,
43:40l'économie a chuté.
43:41Le prix du baril est parti de presque 200 dollars à 60 dollars.
43:45Vous voyez le gap que ça crée en termes de milliards.
43:47Il faut multiplier parce que c'est des pays
43:49qui dépendaient exclusivement
43:51sur les prix des matières premières.
43:53Il fallait donc que les pays s'adaptent.
43:55Le FMI est venu dire
43:56qu'on ne veut pas dévaluer le CFA.
43:58Parce que s'il faut dévaluer,
43:59les gens seront encore plus pauvres.
44:01Ce qui est important,
44:02c'est de voir comment vous pouvez diversifier l'économie
44:06pour que votre économie arrive à terme
44:08à produire les 140 dollars manquants
44:12pour que vous atteigniez votre niveau de vie
44:15que vous aviez qui était de 200 dollars
44:17quand le prix du baril de pétrole était à 200 dollars.
44:20Il faut regarder les indicateurs
44:22comme le balance de paiement.
44:24Qu'est-ce qu'on produit ?
44:25Qu'est-ce qu'on exporte ?
44:26Qu'est-ce qu'on importe ?
44:27C'est là les véritables questions qu'il faut se poser
44:30pour qu'un pays puisse se développer.
44:32Quand nous quittons ici pour aller à Dubaï,
44:34pour aller au Rwanda,
44:35pour aller dans d'autres pays,
44:36c'est parce qu'il y a quelque chose à aller voir.
44:38On achète quelque chose.
44:39On achète un produit, on achète un service.
44:41Il faut que nous augmentions la production
44:43de ces services et de ces produits
44:46pour qu'on attire l'investissement
44:49et pour que quand nous vendions,
44:50nous ramenions aussi beaucoup d'argent
44:52pour pouvoir développer nos économies.
44:55Peut-être qu'on devait ne pas amener le FMI,
44:59mais quelles étaient les options que nous avions ?
45:01C'est la question qu'il faut se poser.
45:03Le véritable bénéfice de tout ce programme, pour moi,
45:06ce n'est pas de faciliter l'agir du crédit,
45:09c'est la réforme structurelle
45:11qui peut nous permettre à terme de combler, n'est-ce pas,
45:14ce gap ou bien ce manquant
45:17que nous avions autrefois
45:19avec le retour sur investissement,
45:21sur les prix des matières prémies.
45:23Les gens parlent de Dubaï ou bien des Émirats.
45:26Aujourd'hui, le pétrole compte pour moins de 30%
45:30du PIB de ces pays-là.
45:33C'est le retour sur investissement direct étranger
45:36qui couvre presque 60%.
45:38Ça veut dire que pendant qu'ils avaient le pétrole,
45:40pendant qu'ils ont tout ça, ils ont investi,
45:41ils ont fait des places,
45:42ils ont diversifié leur économie.
45:44Et aujourd'hui, cette économie-là,
45:46ces ressources qui reviennent,
45:48c'est ça qui permet,
45:49donc même sans le pétrole aujourd'hui,
45:50ils peuvent toujours vivre.
45:51Je pense que c'est vers là
45:52où on doit commencer à réfléchir.
45:54Peut-être que c'est ce qui a valu au Cameroun
45:56sa résilience pendant cette année
45:58des crises pétrolières,
46:00parce que les autres étaient tenus
46:02par les coûts du pétrole
46:04et les fluctuations sur le marché,
46:06alors que le Cameroun avait la chance
46:08d'avoir déjà une économie diversifiée.
46:10Pas seulement la diversification pour la résilience,
46:13mais c'est elle qui a apporté même l'économie
46:15de toute la sous-région.
46:17Professeur, on va revenir sur l'étudiant,
46:19c'est quelque peu éloigné
46:21de notre sujet principal,
46:23même si ces questions-là font également
46:25partie des éléments
46:27qui vous permettent de décider.
46:30Alors, revenons sur l'étudiant
46:32et parlons du Cameroun.
46:34Pour vous, l'un des projets importants
46:37serait l'ouverture d'un bureau régional
46:41avec pour siège Yaoundé.
46:43Pourquoi ?
46:45Parce que, sur le plan économique,
46:48sur le plan financier,
46:50sur le plan social, sur le plan historique,
46:52ça va avoir un très grand impact.
46:55Ça va créer de l'emploi, d'abord,
46:57le fait que nous serons là.
46:59Vous savez, cette élection
47:01est une victoire diplomatique
47:03et politique.
47:05Dans la mesure où,
47:07sur le plan international,
47:09ça reconnaît les valeurs du Cameroun,
47:11ça reconnaît qu'on a ce qu'il faut
47:13pour pouvoir porter,
47:15parce qu'on ne m'a pas désigné par ça,
47:17on m'a regardé parmi tant d'autres
47:19et on m'a dit, bon, vous pouvez aller
47:21et nous avons confiance,
47:23vous avez tout notre soutien
47:25et on est parti, on est rentré triomphant.
47:27Sur le plan politique, vous savez,
47:29nous traversons des périodes
47:31quand même assez difficiles
47:33et toujours des mauvaises nouvelles,
47:35des spéculations et tout.
47:37Au moins, quand nous avions
47:39certaines choses de concrets,
47:41ça va de soi que nous célébrons.
47:43Mais ce qui est le plus important,
47:45ça permettra à ce que
47:47Athine ne soit pas seulement vue à la télé,
47:49mais qu'elle soit visible et proche.
47:51Que le Bayam Salam,
47:53que les petits investisseurs,
47:55que le secteur privé,
47:57Athine puisse vraiment s'approprier de la chose
47:59et voir comment est-ce qu'elle peut bénéficier
48:01pour accroître ses transactions commerciales
48:03sur le plan national
48:05comme sur le plan international.
48:07Vous avez ce bureau régional
48:09en tête que vous souhaitez voir
48:11émerger
48:13au Cameroun,
48:15mais ce n'est pas le seul projet.
48:17Sous quel signe placez-vous votre mandat ?
48:19Je veux que le Cameroun,
48:21l'Afrique, pardon,
48:23soit vraiment la destination
48:25numéro un en termes d'investissement.
48:27Parce qu'aujourd'hui,
48:29nous avions...
48:31Tout a construit. Nous n'avions pas encore
48:33construit dans tous les secteurs.
48:35Je ne pense pas qu'on a atteint 20 %
48:37en termes de développement infrastructurel
48:39ou structurel, ou bien en termes de construction.
48:41C'est encore un continent vieille.
48:43Je voudrais que quand on pense
48:45à développement, investissement,
48:47que ce soit l'Afrique.
48:49Donc, mon mandat, c'est de voir comment
48:51accroître d'abord,
48:53faire en sorte que tous les 54 pays
48:55de l'Afrique
48:57soient membres.
48:59Il faut qu'il y ait
49:01les accompagnements qu'il faut.
49:03Même s'il y a des difficultés financières,
49:05on va trouver des moyens pour voir comment
49:07est-ce qu'on peut apporter des investisseurs
49:09aux compagnies. Il faudrait qu'on élargit
49:11les membres du catégorie B
49:13pour qu'il y ait beaucoup plus
49:15de souverains, plus adhérents. Je sais
49:17qu'ils agitent, ils sont excités
49:19pour venir. D'autres sont encore un peu
49:21méfiants. Mais c'est en étant
49:23dans ce genre de forum
49:25qu'on va pouvoir vendre le risque
49:27du continent. Parce que le risque, c'est
49:29aussi les opportunités d'investissement.
49:31Les
49:33autres organisations africaines
49:35pour des problèmes, des raisons
49:37financières, traînent encore un peu le pas.
49:39Mais ce n'est pas seulement les aspects
49:41financiers. C'est aussi la contribution
49:43sur le plan de la crédibilité,
49:45sur le plan de l'expérience, sur le plan
49:47de synergie au niveau du
49:49continent pour voir comment est-ce qu'on peut
49:51avancer. Et puis, bon,
49:53naturellement, tous les autres FDIs
49:55qui sont là,
49:57c'est nous qui essayons de regarder bien.
49:59Parce qu'il faut voir les conditions
50:01avec lesquelles ils viennent
50:03pour pouvoir investir chez nous. On ne va pas
50:05accepter tout le monde, parce qu'il faut accepter,
50:07on a besoin de financement. Il faut qu'on regarde
50:09les clauses, il faut qu'on regarde les thèmes,
50:11il faut qu'on regarde les conditions pour que ça soit
50:13enfin un partenariat gagnant-gagnant.
50:15Mais surtout un partenariat qui
50:17fait que l'Afrique gagne.
50:19Alors, un continent vierge,
50:21vous l'avez dit, mais un continent riche
50:23de mille et une
50:25opportunités.
50:27Quels sont les besoins
50:29de financement aujourd'hui ? Vous avez des chiffres, déjà ?
50:31Les besoins de financement sont énormes.
50:33C'est forcément le secteur d'infrastructure
50:35en Afrique. Nous sommes,
50:37le besoin de financement est projeté à environ
50:39200 trillions de dollars.
50:41Seulement l'infrastructure.
50:43Ça veut dire que si on prend tous les autres
50:45secteurs, c'est pour un peu
50:47planter le décor,
50:49aujourd'hui, en Afrique, c'est qui sécure
50:51environ 3 trillions de dollars.
50:53Et donc, pour quitter de 3 à
50:55200 trillions, il faut imaginer ce que ça compte
50:57et ce que ça va coûter. Ça demande
50:59beaucoup de travail, ça demande
51:01que, vraiment, nous soyons
51:03plus crédibles, plus responsables,
51:05plus citoyens.
51:07Ça demande à ce que les politiques
51:09que nous mettons en place, on puisse les respecter.
51:11Ça demande à ce que nous soyons
51:13un peu plus...
51:15Nous pensons
51:17un peu plus grand de l'Afrique
51:19que ce que nous avions aujourd'hui.
51:21Ça demande à ce qu'au lieu d'abandonner
51:23le continent, on essaye de voir...
51:25Parce que c'est toujours très intrigant
51:27quand on voit que, pendant que les gens
51:29courent pour venir
51:31en Afrique, pour prendre une partie
51:33de l'Afrique, les enfants et les
51:35Africains sont en train de courir pour fuir l'Afrique.
51:37Merci beaucoup,
51:39professeur. Nous allons vous souhaiter
51:41bonne chance. Alors, votre mandat,
51:43il s'agit bien d'un mandat
51:45de 3 ans renouvelables
51:47une fois.
51:49Donc, on va vous souhaiter bon vent
51:51dans ces nouvelles responsabilités
51:53et vous souhaiter
51:55le meilleur. Madame, Monsieur, c'est la fin
51:57de cette édition des questions
51:59économiques. Nous recevions sur ce plateau
52:01le professeur Kelly Mwakingsley
52:03qui est le nouveau président du Conseil
52:05d'administration de l'Africa Trade and
52:07Investment Development Insurance.
52:09Merci d'être venu
52:11sur ce plateau des questions
52:13économiques. Première diffusion
52:15le jeudi sur la CRTV
52:17Canal 310.
52:19Le vendredi
52:2121h05, CRTV News
52:23Canal 316.
52:25À très bientôt
52:27sur ces mêmes antennes. Bonsoir.