L'Orchestre National de France interprète la Symphonie n°2 de la compositrice Elsa Barraine sous la direction de Cristian Măcelaru. Concert enregistré le 12 septembre 2024 à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.
#elsabarraine #compositrice #symphonie #macelaru
Quand Elsa Barraine compose sa Deuxième Symphonie en 1938, l’Europe est aux portes de la Seconde Guerre mondiale. L’Allemagne nazie, qui a déjà annexé l’Autriche, lorgne désormais sur la Tchécoslovaquie. Une semaine après la création de cette œuvre par l’Orchestre National, la France signe les accords de Munich, abandonnant les Sudètes aux troupes de Hitler. Un contexte tout sauf anecdotique pour la jeune compositrice, sur le point d’adhérer au Parti communiste, et qui va sous titrer sa symphonie « Voïna » – « la guerre », en russe. « Je l’ai appelée Voïna parce que c’était la guerre.
En 38, on savait bien qu’il y aurait la guerre, il aurait fallu être fou pour ne pas s’en apercevoir », confiera la musicienne bien des années plus tard. Barraine écrit sa symphonie peu de temps après avoir reçu la commande d’une « œuvre symphonique » par arrêté du Ministère de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du 5 mai 1938. Ce programme de commandes est un événement dans le milieu musical : jamais l’État n’avait financé la composition en dehors d’occasions spécifiques, et cette première édition s’adresse également à des compositrices.
Elsa Barraine choisit d’écrire une symphonie et fait appel à un grand orchestre mettant en valeur les bois. Ses trois brefs mouvements utilisent des formes traditionnelles de la symphonie classique en les condensant. Sa symphonie n’est cependant pas néoclassique au sens où elle pasticherait ou reprendrait avec distance des éléments classiques. Le genre est utilisé ici pour sa dimension dramatique. Le « programme » qui l’accompagne (soustitre et titre du mouvement lent) apparaît d’ailleurs dès la première écoute : la guerre pour le premier mouvement, la mort et le deuil pour le deuxième et enfin le retour à la vie pour le troisième. Après un Allegro en ut mineur de forme sonate et de caractère menaçant, suit un mouvement lent (en sol mineur) déroulant une marche funèbre douloureuse. Le finale en ut majeur, 7 à l’allure de danse populaire, apparaît ensuite comme une renaissance. Cette trame n’est pas sans évoquer la Symphonie « Héroïque » de Beethoven, qui exaltait l’artiste révolutionnaire triomphant des adversités.
Le deuxième mouvement, en particulier, peut être rapproché de celui du maître de Bonn, qui s’inspirait lui-même des marches révolutionnaires françaises. On y retrouve les caractéristiques de la marche funèbre telle qu’elle s’est imposée depuis l’Héroïque : tempo lent et pulsation appuyée, mesure binaire et rythmes pointés, tonalité mineure et mouvements mélodiques conjoints, ici dans un langage complexe et tendu. L’œuvre semble également redevable à l’orchestre de Paul Dukas, le maître de Barraine au Conservatoire et qui l’a beaucoup
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Quand Elsa Barraine compose sa Deuxième Symphonie en 1938, l’Europe est aux portes de la Seconde Guerre mondiale. L’Allemagne nazie, qui a déjà annexé l’Autriche, lorgne désormais sur la Tchécoslovaquie. Une semaine après la création de cette œuvre par l’Orchestre National, la France signe les accords de Munich, abandonnant les Sudètes aux troupes de Hitler. Un contexte tout sauf anecdotique pour la jeune compositrice, sur le point d’adhérer au Parti communiste, et qui va sous titrer sa symphonie « Voïna » – « la guerre », en russe. « Je l’ai appelée Voïna parce que c’était la guerre.
En 38, on savait bien qu’il y aurait la guerre, il aurait fallu être fou pour ne pas s’en apercevoir », confiera la musicienne bien des années plus tard. Barraine écrit sa symphonie peu de temps après avoir reçu la commande d’une « œuvre symphonique » par arrêté du Ministère de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du 5 mai 1938. Ce programme de commandes est un événement dans le milieu musical : jamais l’État n’avait financé la composition en dehors d’occasions spécifiques, et cette première édition s’adresse également à des compositrices.
Elsa Barraine choisit d’écrire une symphonie et fait appel à un grand orchestre mettant en valeur les bois. Ses trois brefs mouvements utilisent des formes traditionnelles de la symphonie classique en les condensant. Sa symphonie n’est cependant pas néoclassique au sens où elle pasticherait ou reprendrait avec distance des éléments classiques. Le genre est utilisé ici pour sa dimension dramatique. Le « programme » qui l’accompagne (soustitre et titre du mouvement lent) apparaît d’ailleurs dès la première écoute : la guerre pour le premier mouvement, la mort et le deuil pour le deuxième et enfin le retour à la vie pour le troisième. Après un Allegro en ut mineur de forme sonate et de caractère menaçant, suit un mouvement lent (en sol mineur) déroulant une marche funèbre douloureuse. Le finale en ut majeur, 7 à l’allure de danse populaire, apparaît ensuite comme une renaissance. Cette trame n’est pas sans évoquer la Symphonie « Héroïque » de Beethoven, qui exaltait l’artiste révolutionnaire triomphant des adversités.
Le deuxième mouvement, en particulier, peut être rapproché de celui du maître de Bonn, qui s’inspirait lui-même des marches révolutionnaires françaises. On y retrouve les caractéristiques de la marche funèbre telle qu’elle s’est imposée depuis l’Héroïque : tempo lent et pulsation appuyée, mesure binaire et rythmes pointés, tonalité mineure et mouvements mélodiques conjoints, ici dans un langage complexe et tendu. L’œuvre semble également redevable à l’orchestre de Paul Dukas, le maître de Barraine au Conservatoire et qui l’a beaucoup
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