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00:00Et nous continuons de commenter la situation politique en France, avec notre invité de ce dimanche matin.
00:11Avec nous, Richard Verly, bonjour. Merci beaucoup d'être avec nous.
00:14Vous êtes correspondant en France du quotidien suisse Blic.
00:18Vous êtes aussi le co-auteur de ce livre qu'on va voir apparaître à l'écran,
00:22Le bal des illusions, ce que la France croit, ce que le monde voit.
00:27Cette nouvelle équipe Barnier, Richard Verly, est conforme, selon vous, aux prévisions,
00:32compte tenu du contexte, compte tenu des conditions dans lesquelles il a été nommé ?
00:37Alors, elle est conforme, cette équipe, aux conditions, effectivement,
00:41mais sans doute pas à ce que voulaient Michel Barnier et Emmanuel Macron.
00:46Les deux hommes auraient préféré, c'est évident, un gouvernement davantage d'union nationale,
00:51avec plus de personnalité de gauche.
00:53Au fond, ils auraient aimé qu'une partie du parti socialiste se distingue de la France insoumise
01:00et de ses autres alliés de gauche pour rejoindre le gouvernement.
01:03Mais là, la réponse a été claire, c'est non.
01:06Et par conséquent, une seule personnalité de gauche, vous l'avez dit,
01:10le nouveau ministre de la Justice, va faire son entrée.
01:14Pour le reste, c'est un gouvernement de droite et de centre droit, c'est-à-dire la suprême ironie.
01:19Les deux formations politiques qui ont été défaites, battues aux dernières élections législatives,
01:25se retrouvent à constituer le gouvernement et à avoir la quasi-totalité des 39 ministres.
01:31Cette personnalité de gauche, si on parle bien Didier Migaud,
01:34ça fait un moment, plus de 15 ans même, qu'il n'est plus au PS, Richard Verly.
01:38On a donc un gouvernement à doigts de toutes, en quelque sorte.
01:42C'est un peu le changement dans la continuité.
01:44Quelle marge de manœuvre pour Michel Barnier pour imprimer sa marque,
01:48si jamais il a une marge de manœuvre ?
01:50Écoutez, la marge de manœuvre, elle est pour l'instant difficile à voir.
01:53On la testera très vite, puisqu'il y a des urgences budgétaires en France.
01:57Le gouvernement est en difficulté sur le plan budgétaire.
02:01Le déficit public est important.
02:035,6% annoncés pour 2024 et peut-être 6%.
02:08Et il y a une loi de finances, un projet de loi de finances,
02:11qui va arriver tout de suite sur le bureau de l'Assemblée nationale,
02:14dès la prochaine session, le 1er octobre.
02:17Alors, quelle marge de manœuvre ?
02:19Il faudra savoir, premièrement, si les partis d'opposition,
02:22à savoir le Bloc de gauche, d'une part, et le Rassemblement national, d'autre part,
02:27conjuguent leur voix pour voter une motion de censure,
02:30et ce qui conduirait au renversement immédiat du gouvernement de Michel Barnier.
02:34Pour l'instant, le Rassemblement national est attentiste
02:37et a décidé de donner peut-être une chance au gouvernement Barnier,
02:42même s'il en conteste la mission et la composition.
02:45Et puis, la deuxième marge de manœuvre, il faudra quand même étudier
02:48comment Michel Barnier lui-même arrive à fonctionner avec Emmanuel Macron.
02:52On parle maintenant, le thème établi, c'est la coopération exigeante.
02:56Qu'est-ce que ça veut dire ?
02:58Parce que Michel Barnier, s'il veut convaincre son camp,
03:01cette droite et ce centre droit,
03:02il va devoir donner la preuve qu'il est bien le Premier ministre
03:06et qu'il n'est pas simplement, au fond, une marionnette
03:09dont Emmanuel Macron tirerait les ficelles.
03:11Richard Verlis, sur le Rassemblement national,
03:14notez peut-être ces deux déclarations,
03:16celles de Marine Le Pen qui dit en quelque sorte
03:19que ce gouvernement ne ressemble pas à tout à fait
03:22à ce que les Français ont voulu dire lors des dernières élections législatives.
03:26Et le président du RN, Jordan Bardella,
03:30dit que ce gouvernement n'a aucun avenir.
03:33Quoi qu'il en soit, à quoi devraient ressembler
03:35les premiers pas de cette équipe Barnier ?
03:37Alors, les premiers pas, ils seront budgétaires.
03:40Ça, de toute évidence, c'est la priorité.
03:42Et d'ailleurs, on le voit dans la composition de ce gouvernement
03:45puisque le ministre chargé du budget, Laurent Saint-Martin,
03:48qui est un député macroniste,
03:50il sera rattaché directement au Premier ministre Michel Barnier.
03:55Donc ça, c'est la mission numéro un.
03:57La seconde tâche, ce sera sans doute de préparer des mesures
04:01autour de l'immigration.
04:02Précisément, non pas pour satisfaire,
04:04mais pour tenir à distance le Rassemblement national,
04:07pour s'assurer que l'offensive du RN ne démarrera pas tout de suite.
04:11Ce seront des mesures soit législatives,
04:14Michel Barnier a parlé d'une nouvelle loi sur l'immigration,
04:17soit peut-être des mesures par décret,
04:19parce que ça, c'est plus facile à faire.
04:21En tout cas, sur le front de l'immigration,
04:23dans le sens du durcissement évidemment,
04:25il faudra sans doute s'attendre à des annonces prochaines assez rapides
04:30parce qu'encore une fois, il s'agit pour Michel Barnier
04:32de s'assurer que le RN n'entre pas en guerre contre son gouvernement.
04:37Je le rappelle, même s'il critique ce gouvernement,
04:40vous l'avez dit à la fois du côté de Marine Le Pen et de Jean-Danes Bardella,
04:44pour l'instant, le RN est plutôt dans une position attentiste.
04:47Il sait bien que le calendrier lui profite, il faut attendre.
04:51Rappelons qu'il y aura une dissolution possible à nouveau
04:54de l'Assemblée nationale par le président de la République
04:56à partir de juillet 2025.
04:58Restez avec nous si vous voulez bien, Richard Verli,
05:01on va parler de politique étrangère.
05:04On va s'arrêter sur l'arrivée au quai d'Orsay de Jean-Noël Barreau.
05:07On sait qu'en France, la politique étrangère
05:10est du domaine réservé du chef de l'État,
05:12mais c'est le ministre des Affaires étrangères
05:14qui en est en quelque sorte la voix et le visage de la diplomatie française.
05:18Jean-Noël Barreau est issu du MoDem,
05:20il remplace Stéphane Séjourné, parti pour Bruxelles,
05:22comme commissaire européen.
05:24Je vous propose qu'on regarde son portrait.
05:26On revient dans un instant pour la suite.
05:31De l'Europe aux Affaires étrangères, il n'y a qu'un pas.
05:34Si rares sont les ministres du précédent gouvernement
05:36à intégrer l'équipe Barnier,
05:38Jean-Noël Barreau, lui, reçoit une nouvelle promotion,
05:41suite de sa fulgurante ascension dans le paysage politique français.
05:46Économiste de formation, passé par HEC,
05:49il a d'abord choisi d'enseigner
05:50au prestigieux Massachusetts Institute of Technology à Boston,
05:54avant de se lancer en politique en 2015.
05:57Élu député des Yvelines sous l'étiquette MoDem en 2017,
06:00réélu député Renaissance
06:02après la dissolution de l'Assemblée nationale en juin dernier,
06:05il intègre le gouvernement Borne en 2022
06:08à la transition numérique,
06:10avant de rejoindre le quai d'Orsay,
06:12le poste de ministre délégué chargé de l'Europe,
06:14en janvier 2024.
06:16Le nouveau chef de la diplomatie française
06:18sera amené hors des frontières européennes
06:20qu'il côtoyait jusqu'à présent,
06:22mais restera en première ligne
06:24sur nombre de dossiers européens,
06:26comme la question ukrainienne,
06:28sur laquelle il s'exprimait au micro de France 24.
06:30Nous, nous avons une vision très claire,
06:32qui consiste à dire que
06:34l'avenir de l'Ukraine est en Europe,
06:37qu'il y a un certain nombre de réformes
06:40que l'Ukraine va devoir mettre en œuvre
06:43de manière à se rapprocher du socle
06:46de l'état de droit européen,
06:49et que par ailleurs,
06:51ce nouveau processus d'élargissement
06:55doit s'accompagner d'une réforme de l'Union européenne
06:59et en particulier de ses politiques.
07:01Mais c'est d'abord à New York
07:03qu'il plongera au cœur de la diplomatie mondiale
07:05dès la semaine prochaine,
07:07à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies.
07:10Merci beaucoup, Richard Verli,
07:12d'être resté avec nous.
07:13On vient d'écouter le portrait
07:15de Jean-Noël Barraud signé Sophie Samay.
07:17Comment est-ce que ce gouvernement
07:19peut être perçu à l'étranger
07:21avec Jean-Noël Barraud au cas d'Orsay ?
07:23Il connaît un peu la maison,
07:25mais il n'avait jamais atteint
07:27ce niveau de responsabilité au ministère.
07:29Oui, votre journaliste l'a bien dit,
07:31c'est une ascension fulgurante
07:33de la part de Jean-Noël Barraud.
07:35C'est un ministre qui était jusque-là
07:37inconnu sur le plan international,
07:39même si ses premières fonctions ministérielles
07:41autour du numérique
07:43lui avaient permis de rencontrer
07:45un certain nombre d'interlocuteurs étrangers,
07:47notamment les dirigeants des grandes plateformes.
07:49Et bien, Jean-Noël Barraud,
07:51il aura quand même une tâche difficile,
07:53d'abord parce qu'il est très peu connu,
07:55ensuite parce qu'il n'est pas diplomate.
07:57C'est-à-dire que son office n'est pas son champ d'action originel.
07:59Vous savez qu'il est avant tout un héritier.
08:01Il est le fils de son père, Jacques Barraud,
08:03qui était un leader centriste
08:05des années 80 et 90.
08:07Mais encore une fois, il faut lui donner sa chance.
08:09La grande difficulté pour lui,
08:11c'est que d'abord il succède à un ministre
08:13Stéphane Séjourné qui est resté très peu de temps
08:15et qui a été relativement invisible,
08:17et qu'il va se retrouver coincé
08:19entre Emmanuel Macron,
08:21vous l'avez dit encore une fois,
08:23président dont les affaires étrangères
08:25sont très élevées et un Michel Barnier
08:27qui a besoin d'exister quand même
08:29également sur ce terrain-là pour montrer
08:31que son gouvernement est bien indépendant
08:33du président de la République.
08:35Et pour aller au-delà de Jean-Noël Barraud,
08:37est-ce qu'on peut s'attendre,
08:39en termes de politique étrangère,
08:41toujours à des différences de traitement
08:43notables, des dossiers chauds du moment ?
08:45On pense à Gaza, on pense à l'Ukraine.
08:47On se doute que non, mais on pose la question quand même.
08:49Je ne crois pas.
08:51Je ne crois pas parce qu'il est évident
08:53que c'est le résultat d'un consensus
08:55entre Emmanuel Macron et Michel Barnier.
08:57Et c'est d'ailleurs un peu le problème
08:59pour Michel Barnier parce qu'il faut
09:01quand même que son gouvernement, je le répète,
09:03fasse preuve d'une relative autonomie,
09:05indépendance, y compris en matière
09:07de politique étrangère vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
09:09Donc Jean-Noël Barraud,
09:11je dirais qu'il va démarrer, au fond,
09:13comme un homme de liaison entre le président
09:15et le Premier ministre. On verra
09:17s'il est capable de s'autonomiser.
09:19Notons également la nomination
09:21d'Irma Haddad, un député
09:23macroniste, plutôt connu pour
09:25ses prises de position atlantiste et pro-américaine.
09:27Il se retrouve ministre
09:29chargé de l'Europe, ce qui est un peu
09:31une ironie quand on sait qu'Emmanuel Macron
09:33a toujours défendu une souveraineté
09:35européenne, y compris
09:37par rapport aux Etats-Unis d'Amérique.
09:39Richard Verli, merci beaucoup
09:41d'avoir accepté de répondre à nos questions
09:43dans A la Une Weekend, correspondant
09:45en France du quotidien suisse
09:47Blic, co-auteur de ce livre
09:49Le bal des illusions
09:51ce que la France voit
09:53ce que la France croit, ce que
09:55le monde voit. Merci beaucoup d'avoir
09:57accepté de répondre à nos questions.

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