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00:00Avec nous en plateau Roselyne Fèvre et Hindian, présidente de Génération Politique, merci beaucoup à toutes les deux d'avoir suivi ce discours de Politique Générale avec d'abord sur la forme, s'il vous plaît, un exercice politique plutôt réussi, un Michel Barnier très à l'aise, calme, pas de...
00:17On a entendu de la France insoumise assez chahutante, qui a chahuté le Premier ministre, qui a gardé son flègme presque britannique en faisant parfois de l'humour, parce que ses maîtres mots, dans le fond, ont été écoute, respect, confiance, dialogue, et en disant que le respect n'était pas toujours réciproque et il ne s'est pas laissé démenter.
00:43Donc c'est là où on a vu un peu le vieux routier de la politique qui, dans les mains, ne tremblait pas et la voix n'était pas chevrotante. Mais voilà, il essaie s'agiter autour de lui la tempête et la tempête des députés sans avoir l'impression que ça le dérangeait de manière délicate.
01:09En tout cas, il s'en est sorti. Il a parlé le plus longtemps que prévu. Matignon nous avait dit une heure, mais il a fait finalement une heure et demie. Il a été très précis, en vérité. Il aurait pu laisser certains détails à ses ministres, mais il a été extrêmement précis en déclinant les chantiers, la forme...
01:29On va y revenir.
01:30Et la méthode, bien sûr.
01:31Indiane, sur la forme, quel regard vous portez ?
01:34Oui, sur la forme, c'est assez intéressant d'abord parce qu'effectivement, il a gardé son calme face à une Assemblée nationale qui était assez agitée, qui a cherché à le déstabiliser en permanence. Mais c'est un jeu, en réalité. Et c'était déjà le cas, par exemple, lorsqu'il y avait la gauche et une partie de l'Assemblée nationale qui prenait Elisabeth Borne à partie.
01:51Effectivement, ce qu'on voit ici à travers M. Barnier, c'est que l'expérience est une force. Chez lui, c'est une force. C'est une force qui va le guider. Son vécu est une force. Et c'est ce qu'il a cherché à dire. Effectivement, il n'a pas du tout flanché. Il a réussi à tenir sa ligne, à transmettre son message sans même hausser la voix, ce qui est assez extraordinaire, sans même arrêter à un moment dans son discours, ce qui est aussi assez extraordinaire.
02:12Donc, à travers la forme, on voit déjà, en réalité, la méthode Barnier dont il a aussi parlé dans son discours, dans sa déclaration. C'est une méthode de calme, mais aussi de fermeté et de certitude. Il va jusqu'au bout de ses idées.
02:24— Alors la méthode, c'est besoin d'écoute, respect et dialogue. Le respect, c'est venu souvent dans son discours. — Souvent. Pour faire un résumé, je dirais que c'est l'anti-Macron, parce qu'Emmanuel Macron, tout au début de 2017, c'était « On passe au-dessus des syndicats, on passe au-dessus des patrons. Les partenaires sociaux sont dans le fond des vieux ustensiles un peu vieillis et qu'il faut enjamber ».
02:52On a vu le résultat, finalement. Laisser un peu tomber les collectivités locales, ne pas aller visiter les maires de régions. Donc un mépris quand même qui avait été reproché à Emmanuel Macron.
03:07Et dans le fond, le président de la République n'a jamais réussi à se fondre, excepté quand il y a été obligé avec les Gilets jaunes de faire ce fameux grand débat. Mais c'est pas sa nature. Emmanuel Macron, c'est un homme d'en haut, comme dirait un certain Raffarin qui parlait de la France d'en bas.
03:25Et ce qu'a pour lui Michel Barnier, c'est quand même quelqu'un qui est un élu, un élu de sa voix. Et il ne cesse de le dire. Il a été le plus jeune député. Et voilà, dans ses montagnes, je pense qu'il est aussi à l'aise dans le bureau d'Emmanuel Macron qu'avec un montagnard et son morceau de fromage de chèvre.
03:48Non mais c'est important aussi de cette France des territoires à laquelle il semble savoir parler.
03:54Et il annonce une journée nationale de consultation citoyenne, l'occasion de redonner la parole. C'est vrai que ça fait penser au grand débat d'Emmanuel Macron. Et là, Michel Barnier, une deuxième renouvelée avec cet exercice.
04:06Oui, sur la consultation, c'est aussi un Michel Barnier qui est un homme du peuple. Ça me rappelle un peu Georges Pompidou, cette capacité à être un homme des grandes choses, mais aussi un homme du peuple.
04:17Un homme qui est capable de parler aussi à cette France. Il dit à un moment cette France qui a des fins de mois difficiles. Donc il a une lecture, il a un dialogue et il a un discours qui peut être compris de tous les Français et de tous les partis politiques et compris de toutes les sensibilités.
04:32Et lorsqu'il parle de respect, et c'est ce qu'il avait dit aussi il y a quelques jours, et c'est ce qu'il avait répété à ses troupes et à ses ministres, il faut respecter tout le monde.
04:39Il l'a encore redit aujourd'hui. Respecter tout le monde, c'est respecter tous les partis politiques. Il y avait eu quelques couacs il y a quelques jours à propos de quelques partis politiques.
04:46Mais ce qu'il redit aujourd'hui, c'est on va parler à tout le monde. Et moi, je serai le Premier ministre de tout le monde avec une vraie ligne d'indépendance.
04:52Avec des annonces très concrètes sur le nouveau travail parlementaire, plus de temps de débat, moins de textes, plus d'ouverture aussi à l'ordre du jour.
05:01Bon, pour l'instant, ce ne sont que des annonces. On verra si concrètement ça se met en place. Mais il n'a pas le choix non plus.
05:07Il n'a pas le choix Michel Barnier non plus.
05:08Non, il n'a pas le choix. Mais regardez, c'est un peu ce qu'il a fait avant son discours de politique générale. Il a reçu les partenaires sorciaux.
05:15Il a reçu les chefs de l'Assemblée nationale. Il aurait pu ne pas le faire avant d'annoncer qu'il voulait faire des ajustements sur la retraite,
05:28ou sur l'assurance chômage, ou sur le SMIC. Il ne s'est pas sorti de son chapeau visiblement puisqu'il y a eu deux journées, je crois, à Matignon, deux consultations.
05:39Donc ça, c'est la méthode Barnier, je consulte. C'est son côté, effectivement...
05:44Négociateur.
05:45Négociateur du Brexit, etc. Et ça, ce n'est pas, je vais dire, du flan ou du théâtre.
05:53Pour le coup, c'est sa méthode à lui, et je pense que c'est l'anti-Emmanuel Macron.
06:01Maintenant, comme vous le disiez, il fait un peu plaisir à tout le monde.
06:05Il en donne pour le Rassemblement national sur l'immigration et la sécurité, même si on a vu Marine Le Pen flincer.
06:12Faire l'amour, oui, vraiment.
06:13Et puis, oui, dire, mais qu'est-ce qu'il raconte, lever les yeux au ciel. Voilà, ce n'est peut-être pas de très bon augure.
06:20Mais pour quelles raisons est-ce qu'elle a fait l'amour, Marine Le Pen ? Parce qu'il n'est pas assez rentré dans les mesures concrètes sur l'immigration ?
06:25Notamment sur le droit à faire rentrer certains, le droit d'entrer ou non, le droit d'en faire entrer.
06:36Là, par exemple, elle a trouvé des solutions pour eux. Là, visiblement, Marine Le Pen a levé les yeux au ciel et était très mécontente.
06:46Mais en tout cas, sur la sécurité, il était question de parler des peines.
06:52Vous savez, il y avait la polémique sur les peines qui seraient non-exécutées, qui était ce qu'avait dit Bruno Tailleux, le ministre de l'Intérieur,
06:59ce qui avait valu une réponse cinglante de Didier Migaud là-dessus.
07:04Donc, il y en avait un petit peu pour tout le monde.
07:06Évidemment, pour la gauche, pas vraiment. Même s'il dit qu'il va taxer les plus riches, que ce soit les ménages ou les entreprises,
07:17la gauche ne sera jamais satisfaite de toute manière. Et il a mis en priorité, d'ailleurs, non pas les recettes des impôts, mais la réduction des dépenses.
07:31Donc, il fait en même temps macronien ?
07:33Il sait qu'avec les impôts, il ne va pas combler ce déficit. Donc, il faut aller chercher ailleurs.
07:40Ce n'est pas suffisant d'aller taxer les riches et puis de maintenir quand même une certaine compétitivité.
07:45C'est toute la coda tour du cercle.
07:48Donc, en fait, il fait plaisir peut-être à une partie de la gauche pour aller taxer les plus riches.
07:53Mais il fait attention aussi de réduire les dépenses. Mais où ?
07:59Est-ce que ça ne peut pas être des dépenses sociales ? Parce que là, vous aurez une levée de bouclier.
08:06Donc, il y aura ce qu'on appelle des efforts ciblés.
08:09Mais dans quel domaine ? Ça, ça reste à déterminer.
08:15Il n'a pas été très prolixe pour le coup, parce que ce n'est pas à lui non plus de donner tous les détails.
08:22Mais on voit bien qu'il essaye de distiller sans donner forcément quittus à Marine Le Pen, etc.
08:29Donc, il sait qu'il est l'otage permanent et sous pression. Il le sait.
08:34Mais il donne quelques gages.
08:36D'ailleurs, on voyait la tête de Bruno Retailleau parfois souriante.
08:40Parce que, franchement, vous ne choisissez pas un homme comme Bruno Retailleau pour le recadrer un tout à la minute.
08:51On sait qui il est. On sait d'où il vient.
08:54Et par conséquent, Michel Barnier sait totalement de quel bois est fait Bruno Retailleau.
09:01Donc, il y a sans doute une convergence de vues entre les deux hommes.
09:05Sur l'immigration, sur l'état de droit, sur la sécurité au quotidien, peine de prison plus courte mais appliquée, dit-il,
09:13réflexion sur l'excuse de minorité, plus de place de prison.
09:16Là, on est clairement dans de la droite dure.
09:19On est dans de la droite, ça, c'est sûr, parce que, de toute façon, Michel Barnier est un homme de droite.
09:22Mais ce qui est intéressant avec son discours et surtout lorsqu'il parle de ces sujets, c'est qu'il est à la fois pragmatique et ouvert.
09:28C'est-à-dire qu'il veut dire à ses collègues et il veut dire aussi à son gouvernement, on va regarder la vérité en face.
09:34C'est ce qu'il a dit au tout début. Regarder la vérité en face, c'est-à-dire faire un compte rendu sincère de l'état du pays.
09:41Et c'est ce qu'il a recherché et c'est ce qu'il a cherché à faire.
09:43Et en même temps, c'est quand même quelqu'un qui est toujours dans le compromis, qui est toujours dans la recherche d'un juste milieu.
09:50Il a cité Michel Rocard, effectivement. C'est quelqu'un qui va chercher cela.
09:53Mais ce qui est intéressant avec son discours, même si c'est un discours, évidemment, d'un ministre de droite,
09:58avec une ligne sur les questions de sécurité, les questions de l'immigration, qui, ce sera sans surprise, sera une ligne de droite,
10:05c'est qu'aussi, c'est un Premier ministre qui « ose ».
10:10Et là, il a donné un peu le ton de ce qui va se passer dans les prochains mois.
10:13Certains ont pu dire, là, ce sera Michel Barnier qui va être complètement soumis à Emmanuel Macron, mais c'est une ligne d'indépendance.
10:19C'est une vraie ligne d'indépendance et c'est même, je dirais, une rupture avec le macronisme.
10:23Il fait des choses à sa manière et il tient à le dire lors de ce discours.
10:27Sur l'immigration, par exemple, il veut faire sortir l'immigration de l'idéologie en en faisant un sujet d'intelligence nationale.
10:33Ça, c'est vrai qu'on n'a jamais entendu parler de ça.
10:35Intelligence nationale, oui. Après, c'est à lui de définir ce que ça veut dire exactement.
10:38Mais il casse les codes, quoi.
10:39Ah oui, il casse les codes. C'est quelqu'un qui « ose » quand même.
10:43C'est assez original lorsque vous avez un Premier ministre qui dit quelque chose comme
10:51« c'est la première fois de l'histoire de la Ve République qu'un Premier ministre a dû faire face à autant de difficultés dès le début ».
10:57Ce qu'il dit en filigrane, c'est que « moi, je suis à ce poste extrêmement difficile parce qu'avant moi, il y a des gens qui n'ont pas forcément bien fait les choses ».
11:04C'est ça qu'il dit.
11:05Lorsqu'il parle des collectivités territoriales, alors qu'on sait très bien que depuis des années, depuis sept ans,
11:09le gouvernement Macron et surtout le président Macron et les collectivités territoriales ne s'entendent pas bien,
11:14il leur tend la main. Il dit qu'il croit aux collectivités territoriales.
11:17Il dit qu'il croit à cette intelligence collective locale.
11:22Et donc, c'est une sorte de rupture, même s'il n'est pas dans une rupture complètement consommée, complètement ouverte,
11:27parce que ça reste le Premier ministre d'Emmanuel Macron.
11:30C'est malgré tout une rupture.
11:31Roselyne, vous n'êtes pas d'accord ?
11:32Non, je ne trouve pas que ce soit une rupture.
11:34Loin de là, parce que déjà, c'est un homme quand même, vous le disiez, issu de la droite.
11:40Il cite quand même deux fois le général de Gaulle.
11:43Et d'ailleurs, quand il le cite, il le dit, il le cite quand il répond à son aide de camp sur la mission pour aller à Londres
11:52et qu'il lui dit « vous devrez faire beaucoup avec peu ou presque rien ».
11:58Donc, je trouve que ce n'est pas une rupture, parce que c'est peut-être une rupture dans la méthode et le style d'Emmanuel Macron
12:06qui avait enjambé tous les partenaires sociaux, qui s'était un peu moqué des Français, qui avait dit des phrases blessantes, etc.
12:13Je ne suis pas sûre que Michel Barnier soit là-dedans.
12:16En revanche, là où il y a peut-être une méthode différente, mais là, je ne parlerai pas non plus de rupture,
12:22c'est sa méthode à lui, c'est sa méthode du négociateur du Brexit.
12:28Quand on est négociateur, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on négocie.
12:31Ça veut dire que pour négocier, il faut écouter, il faut respecter, il faut avoir de la réflexion et il faut décider à un moment ou à un autre.
12:40Et vous ne pouvez pas décider seul.
12:42Et pareil face aux Anglais, qui voulaient dans le fond aussi bénéficier, sortir de l'Union européenne, mais qui voulaient continuer à bénéficier des atouts de l'Union européenne.
12:53Eh bien non. Donc là, on voit que c'est un Michel Barnier qui est respecté, qui tient en respect peut-être d'une certaine manière le chef de l'État.
13:04Mais il me semble bien que dès le début, Emmanuel Macron avait dit, il gouvernera et moi, je serai le chef de l'État.
13:12Je présiderai, oui.
13:13Je présiderai. Donc les choses reviennent, là où il y a une rupture, peut-être dans la méthode, c'est qu'Emmanuel Macron n'avait confiance en personne.
13:22Et qu'il se mêlait de tout parce qu'il avait autour de lui des petits jeunes, des gens qui faisaient ce qu'on leur disait de faire.
13:31Aujourd'hui, il est allé chercher un vieux crocodile de la vie politique française et qui sait très bien que s'il remet sa décidée mission sur le bureau d'Emmanuel Macron, c'est terrible pour le président de la République.
13:45Donc, il le tient quelque part en respect. Et c'est là où, effectivement, Michel Barnier peut faire ce qu'il veut.
13:52« Nous ne partons pas de rien », a dit Michel Barnier, vis-à-vis d'Emmanuel Macron aussi, vis-à-vis de Gabriel Attal, d'Elisabeth Borne.
13:59Il préserve en quelque sorte le président.
14:01Je ne suis pas sûre que ce soit... En disant « on ne part pas de rien », je ne suis pas sûre qu'il avait uniquement ça en tête, parce qu'il a quand même commencé en citant le général de Gaulle.
14:09Moi, je parle de rupture parce qu'on n'est plus dans le macronisme.
14:12Lorsque vous écoutez le discours du nouveau Premier ministre et que vous écoutez le discours de Gabriel Attal ou alors d'autres ministres qui ont pu être avant eux en poste à Matignon, ce n'est plus du tout le même style, ce n'est plus du tout la même méthode.
14:25Et on a un Premier ministre qui tient son poste. Ce n'est pas un fusible.
14:29Michel Barnier n'est pas ici pour faire joli. Et je pense que c'est ce qu'il a voulu faire comprendre au président de la République et aussi faire comprendre aux Français.
14:39Il a un discours de vérité face aux Français. Donc lorsqu'il parlait de la question de « on ne part pas de rien », après avoir dit « faire beaucoup avec peu », c'est sûr qu'il parlait des gouvernements qui ont précédé.
14:50Mais je pense qu'il s'inscrivait dans une ligne encore plus ancienne. Je pense qu'il s'inscrivait très probablement dans la ligne du général de Gaulle.
14:57En réalité, c'est quasiment un retour du gaullisme qu'on a aujourd'hui. C'est un Premier ministre...
15:02C'est une référence pour lui, de Gaulle.
15:04Il a beaucoup parlé de lui. Il a parlé aussi de Benthès France. Il a parlé de Michel Rocard. C'est la référence à une certaine ligne politique de droite, héritière aussi du RPR, de Chirac, de De Gaulle.
15:15Non, non, bien sûr, évidemment que Rocard n'était pas de droite. Mais une ligne politique, c'est-à-dire de grands hommes d'État, de grands chefs d'État. Et c'est ce qu'il est.
15:22Effectivement, lui, c'est un homme du RPR. C'est un homme qui est dans la lignée de Chirac, qui est dans la lignée de De Gaulle et qui est là pour donner en tout cas un nouveau souffle après le macronisme.
15:33Évidemment, pas de rupture en dehors de cela. En tout cas, une rupture en dehors du champ du macronisme.
15:40Et qui est là aussi, il l'a dit à la fin, pour défendre la démocratie.
15:45Oui, mais ça me paraît évident. Défendre la démocratie, quand on est un homme d'État, ou alors on est un dictateur et on ne défend pas la démocratie.
15:56Mais je comprends ce que vous dites, mais vous avez l'air très emballé par Michel Barnier.
16:01Ah non, absolument pas. Je donne une analyse. Ce n'est pas mon avis personnel.
16:04Oui, oui, mais est-ce qu'il est dans la lignée des grands hommes comme De Gaulle ?
16:08C'est ce qu'il a souhaité faire comprendre. Je n'ai pas dit qu'il l'était, sincèrement. C'est ce qu'il a souhaité faire comprendre à travers son histoire.
16:13Oui, oui, mais j'entends bien. Mais je pense qu'on n'est pas d'abord dans cette situation, même s'il dramatise la situation économique en disant qu'elle est très grave.
16:21Et qu'il continue de l'exprimer, de le dire, qu'il est honnête avec les Français.
16:28Et puis, il a eu l'élégance de ne pas aller dire à l'équipe sortante, qui fait d'ailleurs partie de son gouvernement maintenant, qu'ils ont creusé le déficit, même si c'est vrai.
16:40Il n'a pas remis. Parce que généralement, quand vous avez un changement de Premier ministre, il remet la faute régulièrement sur les prédécesseurs.
16:47Donc là, il a eu quand même l'élégance de ne pas le faire.
16:52Maintenant, il va avoir la tâche très difficile, parce qu'il a en embuscade, je vous le disais tout à l'heure, à la fois le Rassemblement National et à la fois les jeunes macronistes, Attal et Darmanin, qui visent 2027.
17:06Et justement, Sylvain Rousseau, Marine Le Pen, vous êtes sur place à l'Assemblée, est en train de répondre à Michel Barnier, à son discours de politique générale.
17:16Elle exige une nouvelle loi d'immigration début 2025.
17:22Oui, écoutez, on vous l'avait dit pendant le discours de Michel Barnier, justement, sur la loi d'immigration.
17:29On a vu Marine Le Pen hocher la tête, secouer la tête plutôt, lever les yeux au ciel, faire quelques petites mimiques de désapprobation.
17:37Nul doute que maintenant, elle va profiter de son temps de parole à l'Assemblée nationale pour demander déjà des comptes au Premier ministre.
17:44Michel Barnier, qui, vous l'avez dit, est apparu très calme, très serein, presque, lors de son discours, prenant bien soin de ne pas répondre aux invectives qui venaient de l'hémicycle et notamment de la gauche.
18:01Ce qu'on sait, c'est qu'en général, à la suite de ce genre de discours, le Premier ministre engage la confiance de son gouvernement, engage son gouvernement et demande un vote de confiance.
18:11Ce ne sera pas le cas pour Michel Barnier, comme ça n'avait pas été le cas au préalable pour Gabriel Attal et Elisabeth Borne, tout simplement parce que l'Assemblée ne lui accorderait pas.
18:20On sait également que la gauche, et notamment la France insoumise, va déposer une motion de censure contre ce gouvernement, probablement d'ici la fin de la semaine ou au pire, au plus tard, au début de la semaine prochaine.
18:31Reste, justement, à savoir ce que va faire Marine Le Pen, puisque une motion de ce type ne peut passer que si elle est soutenue par le Rassemblement national.
18:41Jusque-là, Marine Le Pen avait dit que ça ne ferait pas sens. Les signaux qu'elle avait envoyés, en tout cas, laissaient indiquer qu'elle ne soutiendrait pas cette motion, que ça ne faisait pas sens de censurer un gouvernement sitôt le discours de politique générale effectué.
18:55Est-ce que ce discours l'a fait changer d'avis ? Eh bien, on aura peut-être une réponse à la fin de son allocution.
19:01Et elle vient de terminer, Marine Le Pen. Merci beaucoup.
19:04Sylvain Rousseau, revenons au discours de politique générale de Michel Barnier.
19:08Avec ce volet sur l'écologie, c'est l'une de la double exigence annoncée par le Premier ministre.
19:17Audrey Racine, vous avez entendu cette dette écologique. Il parle même d'une épée de Damoclès.
19:23Oui, c'est la première fois, à ma connaissance, qu'on entend parler de dette écologique.
19:28Michel Barnier qui a répété cette fameuse phrase de Saint-Exupéry « On n'hérite pas la terre de nos ancêtres, on l'emprunte à nos enfants ».
19:35Et il a beaucoup, beaucoup parlé d'environnement pour cet ancien ministre de l'Environnement qui a été très, très actif.
19:42On se doutait que ce serait un sujet qu'il évoquerait énormément.
19:46Il a beaucoup rassuré sur des choses qu'on attendait, à savoir l'avenir notamment de la planification écologique.
19:53Les travaux vont reprendre rapidement la planification écologique qui est placée sous l'autorité du Premier ministre depuis 2022.
20:01Donc Michel Barnier ne compte pas abandonner cette planification qui avait été interrompue par la dissolution.
20:08On s'inquiétait depuis cette lettre plafond envoyée par Gabriel Attal au ministère de l'Environnement de la transition écologique avec des baisses importantes de fonds.
20:19Après, on a entendu aussi Michel Barnier parler de renforcement des circuits de recyclage, d'encouragement à l'innovation pour les biocarburants de l'aviation.
20:29Donc tout ce qui est un peu des fausses solutions.
20:32Ce n'est pas dans son ADN politique à Michel Barnier de parler de décroissance, mais il va falloir de la sobriété.
20:38Sur la question du climat, question essentielle, on l'a entendu dire répéter ce chiffre d'une baisse au premier semestre 2024 des émissions brutes de la France de 3,6%.
20:51Il l'a dit, les efforts payent.
20:54Alors ça, c'est un peu un leurre parce qu'on en avait parlé la semaine dernière.
20:58C'est beaucoup trop peu par rapport à notre trajectoire.
21:03Donc ça, il va falloir accélérer.
21:05Il a évidemment misé sur le nucléaire.
21:08Il a parlé des éoliennes.
21:09On le savait très opposé aux éoliennes en mer.
21:11Il a dit il va falloir renforcer les énergies renouvelables, mais il va falloir effectivement tenir compte de tous les impacts de ces installations.
21:20On sait son opposition aux éoliennes, mais après il faut faire preuve effectivement de réalisme.
21:24Il faut effectivement pour la France accélérer sur la question des énergies renouvelables.
21:29Pour en terminer, il a mentionné Ecofito.
21:32C'est lui qui avait créé Ecofito, qui l'avait mis en place.
21:35On va continuer les travaux dans ce domaine.
21:38Ecofito qui a été privé de son indicatif qui permettait de mesurer la baisse des pesticides, le Nodu.
21:45Est-ce que Michel Barnier, qui s'était battu pour l'instauration du Nodu en 2009, va le réinstaurer ?
21:50On le verra dans les prochains mois.
21:52Merci beaucoup Audrey.
21:54Hindiane, un mot sur les marges de manœuvre maintenant qui s'offrent à Michel Barnier.
22:00Lui qui peut s'appuyer finalement sur quoi ?
22:02Un tiers des députés de l'hémicycle aujourd'hui, sur une partie des macronistes, de ce bloc central, sur les républicains bien sûr.
22:11Sur le bloc central et l'alliance avec les républicains, ce qui fait à peu près 220-230 députés,
22:17on sait très bien que c'est une alliance qui est assez fragile.
22:21Après la déclaration de politique générale d'aujourd'hui, on peut s'attendre à ce qu'il y ait un ordre de marche,
22:26au moins dans les prochains mois, dans les premiers mois de cette législature.
22:31Mais il ne faut pas non plus se leurrer.
22:33Le Premier ministre Barnier part toujours avec un gros handicap.
22:37Ça va être très difficile pour lui de gouverner.
22:40Il va avoir du mal à convaincre déjà son propre camp parce qu'il va y avoir des projets de loi.
22:45Il va y avoir une ligne, une ligne notamment sur l'immigration, la sécurité qui ne va pas plaire.
22:49Un certain nombre de macronistes ou de membres de l'ex-majorité présidentielle.
22:53Et puis bien sûr, très difficile de plaire à la gauche qui a déjà annoncé qu'elle allait déposer une motion de censure.
22:59Donc il reste toujours avec très peu de marge de manœuvre.
23:02Mais ce qu'il a dit et ce qu'il a répété il y a quelques jours, c'est que son objectif était de tenir.
23:07Ça veut dire tout simplement ne pas se faire renverser.
23:09Tout simplement arriver à passer ce budget et arriver peut-être à après janvier, février et faire fonctionner le pays.
23:15Donc c'est une ligne qui laisse, qui offre très peu de marge de manœuvre.
23:19On ne va pas se mentir et ça va être très difficile pour le Premier ministre dans les prochains mois.
23:24Et le budget, on n'en a pas parlé.
23:26L'objectif de Michel Barnier, parce que les objectifs on en a beaucoup.
23:30Ensuite, dans le concret, ça rame un peu.
23:33Il veut ramener le déficit à 5% en 2025.
23:36Et sous la barre des 3%, comme le demande Bruxelles, en 2029.
23:39N'est-ce pas un peu ambitieux ?
23:41C'est très ambitieux, mais c'est ce qu'il a dit.
23:43C'est avec ça qu'il a commencé son discours.
23:45Il veut un discours de vérité.
23:47Il veut dire aux Français qu'il va falloir faire beaucoup d'efforts dans les prochains mois et dans les prochaines années.
23:51Je pense que lorsqu'il pose des ambitions comme celles-ci, même si elles sont effectivement ambitieuses, il y croit.
23:57Il est sincère dans son discours.
23:59C'est ce que je pense et c'est ce qu'il semble dire à travers ses paroles.
24:02Parce que ce qu'il dit, c'est qu'il va falloir travailler dur pour arriver à ce niveau-là.
24:06La question, c'est, est-ce qu'il va être suivi par tout le monde ?
24:09Parce que, ce qui a été dit de manière très claire, et ça avait déjà été dit avant cette déclaration de politique générale,
24:15c'est qu'il va falloir d'abord toucher aux dépenses extrêmement difficiles.
24:18À quelles dépenses est-ce qu'on va toucher, sans éviter une explosion, un embrasement, ou alors des gens dans la rue ?
24:23Et d'un autre côté, augmenter la fiscalité, mais de manière ponctuelle, de manière ciblée.
24:28Qu'est-ce que ça veut dire ? Pour qui ? Avec précision ? Et avec quel calendrier ?
24:32Donc c'est, on va dire, un chantier, le premier chantier en réalité,
24:36parce que c'est avec ça qu'il a commencé sa déclaration de politique générale.
24:39Et sans doute le plus difficile, parce qu'on sait très bien que lorsqu'on veut toucher aux dépenses,
24:43ou lorsqu'on veut toucher aux recettes, c'est, notamment aux impôts, c'est ce qui déplaît le plus.
24:47Et notamment, c'est ce qui déplaît le plus aux électeurs.
24:49Et c'est en ça, et je reviens à ce que j'ai dit tout à l'heure,
24:51qu'il a une posture, en quelque sorte, de protecteur de cet homme,
24:54dont l'objectif premier est de penser à l'intérêt de la France.
24:57En tout cas, c'est ce qu'il veut avoir comme positionnement pour les prochains mois.
25:00Avec des lignes rouges qu'il a tracées lui-même,
25:03à l'égard notamment contre le racisme, l'antisémitisme,
25:08contre les violences faites aux femmes, contre le communautarisme,
25:12également sur la défense de la laïcité.
25:16Michel Barnier, là, se pose en défenseur de lois sociétales
25:22qui ont également marqué l'histoire de France,
25:25notamment la loi Simone Veil et le mariage pour tous.
25:27Oui, absolument. Il se pose en rempart, il l'a dit dans l'interview,
25:32dans l'échange télévisé d'il y a quelques jours.
25:34Il se pose en rempart.
25:36Et l'objectif de cette partie, de sa déclaration de politique générale,
25:39c'est de rassurer son aile gauche, l'aile gauche de ses alliés,
25:42et puis de dire aux Français, qui ne sont pas forcément de droite,
25:45alors qu'ils ne sont pas d'accord avec les sorties médiatiques
25:48du ministre de l'Intérieur, M. Bruno Retailleau,
25:51pour leur dire, moi je suis certes un Premier ministre de droite,
25:54mais d'abord un Premier ministre de tous les Français,
25:56et je serai le rempart et je serai le protecteur
25:58de toutes vos libertés et de toutes les avancées sociétales
26:01que la France a pu avoir dans les dernières années.
26:03Donc son objectif est de rassurer.
26:05Il a parlé d'équilibre lorsqu'il a mentionné,
26:08il a voulu parler de son gouvernement.
26:10Son objectif, même si certains trouvent que ce n'est pas le cas,
26:13ça a toujours été de trouver un équilibre.
26:15Pensez également aux otages du Hamas à la fin du discours.
26:17Deux Français restent en captivité dans la bande de Gaza.
26:20Pensez également, dit Michel Barnier, aux victimes palestiniens.
26:24Cette violence n'a que trop duré.
26:26On va reparler à 17h, juste après la pause,
26:29de ce qui est en train de se dérouler au Liban,
26:32puisque les Américains annoncent une attaque imminente des Iraniens sur Israël.
26:37Ils évoquent une attaque de missiles balistiques
26:39qui pourrait être aussi importante que celle qu'a vécue Israël le 7 octobre.
26:43On en parle avec Antoine Mariotti et nos correspondants dans la région.
26:48Merci beaucoup, Hindian, d'avoir accepté notre invitation,
26:52président de Génération Politique.
26:54Merci également à vous.
26:55Audrey Racine, voilà pour cette édition.

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