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Musique
Transcription
00:00Bonjour, Youri Bounaventoura.
00:02Bonjour, Elodie.
00:03Votre reprise de « Ne me quitte pas » de Jacques Brel en 1996,
00:05totale revisite au rythme salsa, a marqué les esprits.
00:08En plus de braquer les projecteurs sur vous,
00:11transformant votre vie en conte de fées et merveilleuse histoire
00:14d'amour avec la France.
00:16Une belle histoire, comme on dit, pour le gamin qui a appris à lire
00:19et parler en lisant les papiers des journaux collés sur les murs
00:21de la maison que votre mère, d'ailleurs, avait utilisés comme
00:24isolation et déco.
00:26C'est pour entamer des études d'économie que vous êtes
00:30arrivé sur le sol français, à la Sorbonne, mais vos concerts
00:33improvisés pour faire la manche au métro Saint-Michel ont pris
00:37vite le dessus.
00:38Pas étonnant quand on sait que la musique est l'un des éléments
00:40qui coulent dans vos veines, d'où héritage de votre père,
00:43professeur de musique et de théâtre.
00:45Aujourd'hui, vous êtes en tournée avec, le 8 avril, un concert
00:48à la Salle Pleyel, accompagné de votre dernier album « Amamé »,
00:51ça veut dire « Aimez-moi », un album composé de huit titres
00:55avec deux versions acoustiques en plus.
00:56Donc, ça fait dix titres en tout.
00:57C'est un hymne, un cri du cœur lancé aux hommes qui se sont battus
01:01sans courber les Chines, dites-vous, qui ont su projeter et projeter
01:06et protéger leur culture, finalement.
01:09Yori ?
01:10Oui, c'est ça, c'est exactement ça.
01:15Mais quand j'écoute ce que vous venez de dire par rapport à
01:18Bonaventura, à mes origines et à tout ce que j'ai vécu pour aller
01:23jusqu'à la Salle Pleyel et pour être ici, ça m'a touché.
01:27Ça m'a touché.
01:28Normalement, ces choses ne me touchent pas à moi-même parce que c'est
01:32la vie de chacun et c'est le processus de chacun.
01:36Mais ça m'a touché certains détails de ce que vous venez de dire, oui.
01:40Notamment les journaux que votre mère collait sur les murs de la maison
01:43parce qu'il faisait froid et qu'il fallait trouver une isolation.
01:46Oui.
01:47Et en même temps, ça a été vos premiers cours pour apprendre la langue.
01:49Oui, c'est très poétique.
01:51Finalement, la précarité sans poésie et sans amour, c'est très dur.
01:56Mais la précarité avec dignité, amour et protection de tes parents,
02:03c'est tout.
02:05Il n'y a pas de haine contre la société après ça.
02:07Tu ne sors pas dans la vie pour couper la tête à personne
02:12pour les inégalités.
02:14C'est plutôt, ça te donne une conscience que l'amour est un outil
02:20très important pour comprendre l'humain et la société.
02:23Dans cet album, vous parlez des autres.
02:25Du coup, Yuri, vous parlez de ces hommes qui ont dû vivre avec leur culture,
02:29pas forcément là où ils sont nés, pas forcément dans le pays
02:34dans lequel ils ont vécu et dans lequel ils ont eu ces parents
02:38qui leur ont transmis beaucoup de choses.
02:40Mais en même temps, vous parlez effectivement de vous d'abord.
02:43C'est d'abord votre histoire que vous nous racontez.
02:46Oui, il y a une partie de l'album qui est exclusivement à l'amour et au désamour.
02:52Mais l'amour des hommes aussi dans la société et le désamour des hommes.
02:57Ce titre qui s'appelle « Aqui llegamos » est un titre qui parle
03:02des hommes noirs qui sont arrivés d'Afrique et qui ont trouvé
03:06un territoire libre en Colombie et qui aujourd'hui,
03:10par un enjeu géoéconomique et stratégique,
03:16sont encore déplacés par les conflits parce qu'il y a de la richesse naturelle,
03:21parce que c'est un territoire qui est face à l'Asie et face à la Chine
03:26et que maintenant, on a besoin de pousser ces hommes noirs de ces régions.
03:32Vous rendez hommage aussi aux musiques latino-new-yorkaises et à ces musiciens.
03:36Ils ont été d'ailleurs une véritable inspiration pour vous.
03:38Ils sont devenus un moteur.
03:40Oui, en fait, l'Amérique latine a émigré aux États-Unis.
03:43Beaucoup de Latinos ont émigré de Cuba, de Puerto Ricain,
03:46vénézolien, panaméen, colombien, de tous sont émigrés à New York.
03:50Mais ils ont rencontré là-bas les hommes noirs du jazz.
03:55Et cette musique s'est brassée, cette musique caribéenne, un peu tropicale,
03:58s'est brassée avec ces sons urbains new-yorkais et ces harmonies du jazz.
04:03Et la salsa, le latin jazz, c'est ce brassage.
04:07Mais il y a un autre élément qu'on oublie souvent.
04:10Ce sont les techniciens, les ingénieurs sons,
04:14les intellectuels, tous les gens, les journalistes,
04:18les gens qui ont ouvert un espace aussi,
04:21non seulement à la sonorité, mais à l'espace culturel.
04:24Et la prise de son à New York a changé la mise de toute la sonorité de la musique latine.
04:30C'était la technologie américaine qui a porté aussi à capturer ces sons.
04:36Cet album, c'est aussi en ça qu'il parle de vous.
04:40C'est-à-dire que vous avez décidé de l'enregistrer dans les conditions,
04:44dans les vraies conditions de musiciens, c'est-à-dire avec les musiciens,
04:47avec les instruments, pas d'intelligence artificielle.
04:50C'est important de garder l'humain au cœur de la création musicale.
04:53Certainement, l'intelligence artificielle dans la musique produit des fréquences.
05:00Ces fréquences produites par l'ordinateur,
05:02par l'intelligence artificielle, arrivent à nos oreilles, mais elles sont mortes.
05:07Ce sont des fréquences Hertz, mais elles sont mortes.
05:11Parce qu'à l'intérieur, il n'y a pas l'émotion humaine.
05:14Dans la musique, il y a l'émotion de l'être.
05:18Dans une trompette de Chet Baker, dans la guitare de Django Reinhardt,
05:22dans cette fréquence, dans la pianistique de Michel Petrucciani
05:25ou dans la voix de Charles Trenet, il y a une émotion.
05:29La fréquence arrive, mais elle est vivante.
05:31Elle est dans le soupe atomique.
05:34Il y a cette émotion humaine.
05:38Et si la musique prend la route des fréquences mortes,
05:42c'est comme manger quelque chose qui ne nourrit pas.
05:49Tout nous nourrit, la couleur, la peinture, la sculpture, la musique, la littérature.
05:53Tout nous nourrit, les bonnes airs,
05:56les bons espaces, les bons climats.
05:59Tout nous nourrit et on est humain ou pas en raison de tout ça.
06:05Petit, vous rêviez de faire de la musique.
06:07Vous rêviez de chanter, vous rêviez de vous amuser, de sourire, de rire aussi beaucoup.
06:13Comment le petit garçon que vous étiez voit l'homme que vous êtes devenu ?
06:21Je lui dirais de ne pas avoir autant peur sur la route.
06:25Je crois que quelque chose que j'ai appris, c'est de ne pas avoir peur.
06:30C'est de démunir la peur.
06:32Mais nos sociétés sont très...
06:37Elles ne sont pas équitables.
06:38C'est normal que les sociétés dans les pays ont des développements, les êtres aient peur.
06:45Parce qu'il y a un conflit interne, il y a la corruption.
06:48Il y a les mauvais exemples de dirigeants politiques.
06:53Tout ça, ce n'est pas un scénario pour qu'une société soit calme, apaisée.
06:58C'est peut-être une stratégie, mais j'apprécie beaucoup cette lutte de la
07:03République française pour se retrouver à être soi, à être autonome face à Dieu,
07:09face à tout et se constituer comme être et s'élever comme société,
07:16comme être, sans peur.
07:18La salsa voudrait amener ça et la salsa m'a aidé à ça.
07:21J'ai vu pour la salsa et j'ai vu sans cette peur, c'est grâce à la salsa.
07:26L'album Amamé est donc disponible.
07:28Les concerts, la tournée 2025 a lieu avec effectivement cette date le 8 avril,
07:32notamment à la salle Pléiel.

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