Mort de Philippine, gouvernement, impôts... L'interview en intégralité d'Olivier Faure (PS)

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Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, était l'invité du "Face à face" sur BFMTV-RMC ce mercredi. Il a notamment réagi à la mort de Philippine, "un drame qui aurait pu être évité". Il a aussi été invité à réagir au recadrage du ministre de l'Économie au sujet du RN, et pour lui, "Michel Barnier gouverne sous la tutelle de l'extrême droite"

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Transcription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Olivier Faure.
00:04Bonjour à vous.
00:05Merci d'être dans ce studio ce matin pour répondre à mes questions.
00:08Vous êtes le premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:10Vous êtes également député, député de Seine-et-Marne.
00:13On va revenir évidemment avec vous sur les premiers pains du gouvernement Barnier
00:17à quelques jours du discours de politique générale.
00:20Mais je voudrais d'abord partager avec vous l'émotion d'une grande partie de la France
00:24bouleversée par le drame de Philippine.
00:27C'est cette jeune étudiante à l'université de Paris-Dauphine à Paris
00:32qui a été retrouvée morte dans le bois de Boulogne.
00:34Le suspect a été arrêté hier soir.
00:38Il s'agit d'un ressortissant marocain déjà connu des services de justice.
00:43Il avait été condamné en 2021 à une peine de 7 ans de prison pour viol,
00:48le viol d'une jeune femme de 23 ans.
00:50Depuis, il était sous le coup d'une OQTF, une obligation de quitter le territoire français
00:56qui n'avait pas été appliquée, y compris pour des ratés administratifs.
01:01Quand vous voyez ça, quelle est votre première réaction, Olivier Faure ?
01:05Ma première réaction, c'est d'abord évidemment une réaction de douleur partagée
01:10avec une famille à qui nous devons des réponses.
01:13Cette jeune femme de 19 ans est morte alors même que ce drame aurait pu être évité.
01:19Et donc l'évidence, c'est que nous nous vons maintenant chercher à comprendre
01:22ce qui a dysfonctionné.
01:24Parce qu'il y a au moins deux sujets d'incompréhension aujourd'hui.
01:29Le premier, c'est pourquoi est-ce que ce jeune homme est sorti de prison
01:34alors même qu'il était évidemment sujet à expulsion ?
01:39Au lieu de prévoir, d'anticiper sa sortie, d'anticiper le fait qu'il devait être renvoyé
01:46immédiatement au Maroc dès sa libération de prison,
01:50il est d'abord passé par un centre de rétention administrative.
01:53Et là, dans ce centre de rétention, pour des raisons que pour l'instant nous ignorons,
01:56il est sorti alors même que le délai de rétention n'était pas achevé
02:01et qu'il pouvait encore y rester.
02:03C'est un juge qui a décidé de le libérer plus tôt.
02:07Peut-être avait-il de bonnes raisons pour cela, je n'en sais rien.
02:10Simplement, il y a eu deux moments pendant lesquels, en fait, en réalité,
02:14on aurait pu ajuster et faire en sorte qu'il n'y ait pas de moment de latence
02:18entre le moment où il est dans la rue et le moment où, plus exactement, il est enfermé
02:24et le moment où il est renvoyé dans son pays d'origine.
02:27Ce moment-là, je vais reprendre la chronologie des faits,
02:31il entre sur le territoire français à 17 ans en passant par l'Espagne,
02:36il rentre d'ailleurs avec un visa de tourisme, il commet assez vite le viol,
02:43il est arrêté, il est condamné, il effectue 5 ans de prison.
02:48Et en effet, quand vous dites qu'il y a un flottement,
02:50c'est que l'OQTF n'est prononcé que deux jours avant la date de sortie de sa prison.
02:55Ce qui ensuite implique qu'il passe par la case rétention,
03:00qu'à chaque fois, il faille demander à un juge s'il peut rester en rétention,
03:04que parallèlement, on fasse la demande de laisser passer consulaire auprès du Maroc,
03:09c'est-à-dire son pays d'origine.
03:11Et là, il y a plusieurs ratés, vous le dites,
03:13il y a un problème d'anticipation, pourquoi cette demande de laisser passer
03:17n'est pas prononcée trois mois avant la sortie pour avoir le temps de la récupérer
03:21et que directement à sa sortie, il reparte.
03:23Et puis, il y a un autre raté qui paraît d'une terrible culpabilité là,
03:28qui est aussi que la demande n'est pas sortie du bon service.
03:31Donc, le laisser passer, le Maroc dit on va vous le donner,
03:33mais on ne peut pas vous le donner à ce service-là,
03:35ce n'est pas la préfecture qui va le demander, c'est un autre juge.
03:39Un certain nombre de ratés, est-ce que vous estimez qu'aujourd'hui,
03:42ça n'est pas à l'image d'un flottement sur ces questions-là en France ?
03:46Je ne veux pas généraliser, la justice fait son travail.
03:50Et malheureusement, il y a parfois, comme dans toutes les administrations,
03:54comme dans toutes les activités humaines,
03:56des erreurs qui sont malheureusement parfois fatales.
03:59Mais là, évidemment, le vrai sujet pour moi,
04:02c'est que quand on a quelqu'un qui est en détention,
04:05c'est un individu dont on peut penser qu'il est une menace pour la société française,
04:09eh bien, on ne devrait pas avoir à le libérer
04:12avant même qu'on ait l'assurance qu'il pourra repartir.
04:15Et donc, effectivement, l'OQTF, le laisser passer consulaire
04:19qu'on devait récupérer auprès des autorités marocaines,
04:22devait déjà en réalité être récupéré avant même de le libérer
04:26ou de le mettre en rétention,
04:28où les délais là sont en fait circonstrés dans le temps.
04:31Et donc, il y avait la bonne logique, c'est de dire,
04:34tant que nous n'avons pas l'OQTF,
04:36tant que nous n'avons pas le laisser passer consulaire,
04:38on le garde en prison.
04:40Olivier Faure, le laxisme de la justice n'existe pas.
04:43Voilà les premiers mots du nouveau ministre de la Justice.
04:46Est-ce que vous partagez ce constat-là ?
04:48Oui, bien sûr, je partage ce constat.
04:50On peut tout dire de la justice,
04:52mais la réalité, c'est qu'elle fait avec des moyens
04:54qui sont certes améliorés, mais qui sont encore très indigents
04:57par rapport à la tâche immense qui relève de leur fonction.
05:01Et donc, il y a aujourd'hui des magistrats, des greffiers,
05:05des gens qui sont personnels de justice
05:08et qui font travailler admirablement.
05:10Ce serait trop simple que de s'essuyer les pieds
05:12sur une administration qui fait le travail,
05:14mais qui le fait avec des moyens qui sont malheureusement réduits.
05:16Ce matin, j'avais la magistrate Béatrice Brugère,
05:19qui était mon invitée sur RMC,
05:21qui parlait aussi d'une sorte d'autocensure
05:23de la part des juges à prononcer moins de peines de prison.
05:28Et une fois que les peines de prison sont prononcées,
05:3040% en réalité n'aboutissent jamais à la case prison,
05:33mais sont appliquées, certes,
05:35mais appliquées sous d'autres formes,
05:37des bracelets électroniques, le pointage.
05:40Est-ce que ça, vous vous dites, on peut garder 40%
05:42qui ne sont pas appliqués comme tels ?
05:45Il y a forcément des volontés d'alternatives à la prison,
05:49parce que la prison n'est pas la solution pour tous les délits.
05:52Il y a des tas de délits qui ne justifient pas forcément
05:54une incarcération.
05:56Et on a aussi un problème tout simple à gérer,
05:58c'est qu'il faut aussi admettre le fait
06:00qu'on ne peut pas mettre tout le monde en prison
06:02pour des raisons qui sont liées au nombre de places.
06:04Mais sur la question de l'application des peines,
06:06quand vous entendez Bruno Retailleau,
06:08le nouveau ministre de l'Intérieur,
06:10qui dit lundi soir,
06:12il y a désormais en France, je cite,
06:14un droit à l'inapplication des peines.
06:16C'est faux. Ce n'est pas un droit à l'inapplication.
06:18C'est-à-dire qu'il y a des peines qui peuvent être traduites
06:20sous d'autres formes que la prison,
06:22et qui sont parfois même une meilleure source
06:25de réinsertion de celui qui a commis le délit.
06:28Mais évidemment, il faut réserver la prison
06:30à tous les individus qui sont dangereux
06:32et qui sont en réalité une menace
06:34pour les Françaises et les Français.
06:36Et donc, la délinquance en col blanc,
06:38Nicolas Sarkozy n'a pas fait de prison.
06:40Il est resté dehors avec un bracelet électronique.
06:42Est-ce qu'on avait besoin de l'incarcérer ?
06:44Il y a des gens qui considèrent que la punition
06:46aurait dû être exercée dans cette prison.
06:48Vous considérez qu'il n'avait pas besoin d'aller à la casse-prison.
06:50La réalité, c'est que l'aménagement de sa peine
06:53n'était pas absolument discutable.
06:56Il y avait quelque chose d'assez logique
06:58au fait qu'ils puissent le faire avec un bracelet électronique.
07:00Même si, on peut se dire,
07:02pourquoi est-ce qu'un délinquant en col blanc
07:04ne fait pas de la prison comme quelqu'un...
07:06C'est la question peut-être de la dangerosité immédiate.
07:08C'est la dangerosité qui doit guider les magistrats.
07:10Et je pense que c'est la raison pour laquelle
07:12il y a une part des peines aujourd'hui
07:14qui ne sont pas appliquées directement
07:16sous forme d'incarcération, mais qui le sont
07:18sous la forme d'assignation en résidence,
07:20comme vous avez pu le dire.
07:22Le Premier ministre, c'est Michel Barnier,
07:24Lucie Castex, vous l'espériez, vous l'espérez d'ailleurs encore.
07:27Lucie Castex, candidate du Nouveau Front Populaire
07:30pour le poste de Premier ministre.
07:32Elle était l'invitée de BFM TV hier soir.
07:34Je voudrais que vous écoutiez ce qu'elle a dit
07:36sur la régularisation de tous les sans-papiers.
07:39Moi, ce que je dis sur l'immigration,
07:41c'est qu'on a manifestement un problème d'accueil.
07:43Non, non, ma question c'est, est-ce que vous étiez
07:45pour la régularisation de tous les sans-papiers ?
07:47Pour la régularisation des sans-papiers, oui.
07:48Tous les sans-papiers ?
07:49Il faut que je regarde davantage,
07:51mais plutôt favorable à ça, oui.
07:53C'est-à-dire tous les sans-papiers,
07:54ou seulement ceux qui travaillent ?
07:56Tous les sans-papiers.
07:57D'accord, donc même ceux qui ne travaillent pas.
07:59Oui.
08:00Vous êtes d'accord avec ça ?
08:02Non, je ne suis pas d'accord avec cette position
08:04qui n'est pas la nôtre.
08:05Notre position est de dire qu'il faut en finir
08:08avec une forme d'hypocrisie,
08:10avec ces femmes et ces hommes
08:13qui font tenir le pays debout,
08:15qui travaillent,
08:16qui sont dans des conditions souvent d'exploitation,
08:19et cela doit être régularisé.
08:21Et c'est à cela que je me tiens,
08:23c'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir
08:25cette façon de travail dissimulé
08:27qui permet à des employeurs, en réalité,
08:30d'exploiter de la main-d'œuvre à moindre coût.
08:33Et ça, ce n'est pas possible.
08:35Et donc ceux-là, il faut les régulariser.
08:37Pour les autres,
08:38quand ils sont rentrés irrégulièrement sur le territoire,
08:41qu'ils s'y maintiennent,
08:42la logique, c'est qu'on les fasse repartir
08:44dans leur pays d'origine.
08:45Donc vous n'êtes pas d'accord avec Lucie Cassez,
08:47elle est toujours votre candidate ?
08:48Ça n'est pas arrivé.
08:50Je suis d'accord avec ce qu'a dit Lucie Cassez.
08:52Elle a dit qu'elle restait disponible pour la fonction,
08:55qu'elle ne voulait pas imposer son nom
08:57comme une espèce d'absolu.
08:59Et je pense que nous n'en sommes pas là aujourd'hui.
09:01Notre problème aujourd'hui,
09:02c'est de faire face à un gouvernement...
09:03Est-ce que vous n'êtes pas planté en allant chercher
09:05quelqu'un qui n'avait pas forcément d'expérience,
09:07ni politique ?
09:08Vous ne vous dites pas qu'on s'est planté ?
09:11Mais l'expérience politique, vous en avez, j'en ai.
09:15La politique, ce n'est pas un métier.
09:17La politique, c'est une fonction,
09:19et c'est la possibilité pour des gens
09:21qui veulent passer d'un stade où ils sont simples citoyens
09:24à un stade où...
09:25Mais là, ce n'est pas seulement la question peut-être
09:26de l'expérience politique,
09:27c'est aussi le fait que vous avez été chercher
09:30quelqu'un qui est sorti un peu du chapeau,
09:32sans que ce soit quelqu'un qui soit issu ni de vos rangs,
09:34ni véritablement des autres.
09:35Il n'y avait pas de chapeau,
09:36il y avait simplement la volonté de dire
09:38que le Front populaire ne s'incarne pas
09:40simplement dans des formations politiques,
09:42mais aussi dans des gens qui se sont engagés différemment.
09:45Lucie Castex était connue pour avoir,
09:47notamment, travaillé beaucoup sur les services publics,
09:49avoir été à la tête d'une organisation
09:51qui s'intéresse très directement à cela,
09:53nos services publics.
09:54De défense des services publics.
09:55Exactement.
09:56Et donc, elle était l'incarnation aussi
09:58de cette volonté de notre part
09:59d'élargir le Front populaire,
10:01la société civile, dite organisée.
10:03Elle l'était ou elle l'est encore ?
10:04Ma question c'est, est-ce qu'elle est prête ?
10:06Est-ce que vous estimez qu'elle est prête ?
10:07Est-ce que vous demandez toujours,
10:09si possible et si le gouvernement Barnier ne durerait pas,
10:13à ce que ce soit Lucie Castex qui soit nommée ?
10:15Pour moi, elle est légitime à occuper cette fonction.
10:18Maintenant, quand la question se posera,
10:20nous reverrons entre nous la façon dont on s'organise.
10:23Vous pourriez rebattre les cartes
10:25et re-réfléchir à cette question-là ?
10:27Je m'en tiens à ce qu'a dit Lucie Castex elle-même,
10:29qui a dit qu'elle était disponible.
10:31Elle, elle est disponible.
10:32Ma question c'est, est-ce que vous,
10:33vous souhaitez que ce soit elle la première ministre ?
10:34Moi, je considère que Lucie Castex a été parfaite
10:37dans l'exécution de sa mission,
10:41qu'elle a été non seulement à la fois une porte-parole
10:46de ce que nous portons en collectif.
10:48Est-ce que sa mission est terminée en fait ?
10:50C'est ça ma question, vous en parlez au passé.
10:52Pour l'instant, je tiens compte d'une situation qui a changé.
10:55La situation c'est que nous avons un premier ministre
10:57qui a été nommé et que pour l'instant,
10:59la question de savoir si nous sommes appelés à gouverner
11:01est une question qui n'est pas encore d'actualité.
11:04Quand elle le sera, nous aurons à nouveau à nous prononcer
11:06et nous dirons à ce moment-là qui doit être premier ministre.
11:09Une question toujours sur la question de l'immigration.
11:12Il y a des gouvernements socialistes en Allemagne,
11:14au Danemark et en Grande-Bretagne,
11:16qui tous les trois décident, à l'inverse précisément
11:20de cette déclaration de Lucie Castex,
11:22de renforcer les frontières qui veulent une beaucoup plus grande fermeté
11:25face à l'immigration.
11:27Quel regard vous portez sur ces gouvernements
11:29qui sont socialistes, qui se revendiquent de gauche
11:31et qui ont cette position qui est plutôt à l'inverse de la vôtre ?
11:33Elles ne sont pas à l'inverse de la nôtre.
11:35Vous n'avez jamais demandé le renfort des frontières ?
11:39Le renfort des frontières, la réalité,
11:42c'est que c'est les frontières extérieures
11:44qui doivent être surveillées
11:46et que revenir en arrière sur la libre circulation
11:49des personnes dans l'Union européenne,
11:51ce n'est pas forcément un très bon signal.
11:53On peut le comprendre, on peut considérer
11:55qu'il y a besoin d'un certain moment
11:58de renforcer ces contrôles et ça a déjà été le cas en France
12:00au moment notamment de la Covid, etc.
12:03Maintenant, la question qui nous est posée,
12:06elle est plus large.
12:08Si vous voulez en terminer,
12:10enfin terminer, ce ne sera jamais le cas,
12:12mais si vous voulez diminuer les flux migratoires,
12:14la question, ce n'est pas de traiter les effets,
12:16mais de traiter les causes.
12:18Et les causes, chacun les connaît.
12:20La réalité, c'est que tout le monde sait
12:22que si les gens franchissent les frontières,
12:24s'ils le font parfois au péril de leur vie,
12:26ils le font parce qu'ils fuient une situation.
12:28Et c'est ces situations-là qu'il faut en réalité corriger.
12:31Est-ce qu'on lutte avec eux
12:33contre le réchauffement climatique ?
12:35Est-ce qu'on peut stabiliser des situations géopolitiques
12:37qui sont parfois extrêmement confuses,
12:39pour ne pas dire meurtrières ?
12:41Et comment est-ce qu'on fait pour tout simplement
12:43organiser un juste échange
12:45entre ces pays et les nôtres
12:47parce qu'on ne peut pas à la fois piller les ressources
12:49dans ces pays et en même temps s'étonner
12:51que les gens ne pouvant pas vivre dans leur pays d'origine
12:53cherchent à le fuir pour venir
12:55vers un destin qu'ils pensent être plus favorable
12:57en venant vers l'Europe.
12:59Olivier Forgeray, qu'on revienne sur cette journée politique hier.
13:02Acte 1, le matin, le ministre de l'économie
13:05dit je parlerai à tous les groupes
13:07sauf le RN qui n'est pas dans l'arc républicain.
13:10Acte 2, il y a Marine Le Pen
13:12qui dit quand j'entends Antoine Armand
13:15dire que sa porte est fermée au RN,
13:17alors que le budget arrive, je pense que le Premier ministre
13:19doit aller expliquer à ses ministres
13:21la philosophie de son gouvernement.
13:23Il semblerait que certains n'aient pas encore totalement compris.
13:25Acte 3, Michel Barnier
13:27recadre officiellement le ministre de l'économie
13:30et on apprend qu'il a également appelé
13:32Marine Le Pen pour lui dire
13:34qu'effectivement son groupe serait bien consulté.
13:37Acte 4, communiqué de Bercy,
13:40le ministre fait amende honorable
13:42et explique qu'il recevra bien
13:44tout le monde qui gouverne.
13:46Michel Barnier
13:48gouverne sous la tutelle de l'extrême droite.
13:50C'est simple, c'est clair
13:52et si on avait un doute, maintenant
13:54il est en fait levé.
13:56La réalité c'est qu'il dépend
13:58de Marine Le Pen et que malheureusement
14:00il est en train de faire des choix
14:02qui aussi vont être
14:04des gages donnés à l'extrême droite.
14:06On voit bien que sur l'aide médicale d'État
14:08par exemple, qui revient
14:10en discussion
14:12jour après jour dans la bouche
14:14de toutes celles et ceux qui soutiennent ce gouvernement,
14:16c'est un gage donné à l'extrême droite.
14:18C'est une façon de dire, écoutez
14:20vous n'êtes pas OK au gouvernement
14:22mais nous avons besoin de votre soutien sans participation.
14:24Et donc nous allons vous donner
14:26au fur et à mesure des réponses
14:28aux questions que vous vous posez, aux revendications
14:30que vous avez posées dans le débat public
14:32et alors même qu'on sait que par exemple
14:34l'aide médicale d'État, sa suppression
14:36est une folie.
14:38Les médecins d'ailleurs y sont opposés.
14:40Les médecins y sont opposés dans leur immense majorité.
14:42C'est une folie sur le plan budgétaire
14:44pour des raisons qui sont assez simples à comprendre.
14:46Quand vous prenez quelqu'un
14:48au début de sa pathologie,
14:50ça ne coûte rien ou très peu
14:52mais quand sa santé s'est beaucoup dégradée
14:54Quand il ne s'agit plus que d'une urgence
14:56en effet, comme vous l'avez dit.
14:58Et bien effectivement, au moment de l'urgence
15:00on sait que les coûts sont démultipliés
15:02et donc c'est une aberration sur le plan sanitaire
15:04et sur le plan budgétaire.
15:06Je ne parle même pas du plan éthique
15:08qui est une trahison du serment d'Hippocrate.
15:10Le fait que le ministre de l'Intérieur
15:12en ait très vite parlé en disant qu'en effet
15:14il allait la réformer d'ailleurs par ordonnance
15:16ou par décret sans avoir
15:18à passer par la loi,
15:20la transformer donc d'AME en aide médicale d'urgence
15:22pour vous,
15:24c'est pour montrer aux RN
15:26qu'on est d'accord avec eux ?
15:28C'est un gage donné effectivement,
15:30c'est une façon de leur dire
15:32écoutez, on est cousins, donc on ne va quand même pas saper dessus.
15:34Et il y a évidemment
15:36une porosité idéologique manifeste
15:38entre aujourd'hui la droite
15:40qui est au pouvoir et l'extrême droite.
15:42Et de l'autre côté, il y a aussi un certain nombre de signaux
15:44qui vous sont envoyés, à vous la gauche
15:46notamment la question des impôts, les impôts sur les plus riches
15:48l'éventuelle option
15:50d'un retour de l'ISF,
15:52la fin d'un certain nombre d'aides aux entreprises,
15:54est-ce que cet aspect-là, pour le coup,
15:56vous le validez ?
15:58Je veux voir ce dont on parle, mais effectivement
16:00s'il y a des pas qui vont
16:02dans le bon sens,
16:04je les voterai.
16:06Evidemment que si on rétablit l'impôt sur la fortune,
16:08que l'on fait en sorte d'abroger la flat tax,
16:10qu'on fait en sorte que
16:12les super profits soient taxés à la bonne hauteur,
16:14qu'on fasse en sorte
16:16que les transactions financières
16:18qui sont parfois,
16:20enfin pas parfois,
16:22qui sont une espèce de monstruosité,
16:24quand on a des mouvements qui se font dans la journée
16:26et qui permettent de procurer
16:28des revenus incroyables à des gens
16:30qui ne produisent rien,
16:32effectivement, oui, là, je pourrais
16:34accepter. Si Michel Barnier
16:36applique le programme du Fonds Populaire,
16:38je l'applaudirai,
16:40mais je pense qu'on en est encore assez loin.
16:42Et ce que j'aimerais,
16:44puisqu'on a parlé de la tutelle de l'extrême droite,
16:46c'est qu'on a dit qu'ils étaient la gauche
16:48de la Macronie, qu'ils se réveillent,
16:50qu'ils disent... – Vous les appelez à quoi ?
16:52– Je vois que le ministre de l'Economie et des Finances,
16:54plutôt que de maintenir sa position,
16:56a choisi de plier, de mettre un genou à terre
16:58et d'accepter, en fait, les oucases de Marine Le Pen
17:00et donc de préserver
17:02sa place au gouvernement,
17:04plutôt que de dire, écoutez, j'ai dit quelque chose
17:06qui me paraît simple, l'extrême droite n'est pas dans l'arc républicain
17:08et donc, non... – Donc ceux qui se disaient
17:10de gauche au sein de la Macronie,
17:12dont même un Gabriel Attal,
17:14pourrait être,
17:16vous leur dites quoi ? Vous leur dites, sortez
17:18du groupe Macronique,
17:20censurez ?
17:22– Votez la censure quand elle sera déposée,
17:24faites en sorte de faire comprendre
17:26à ce gouvernement qu'il n'est pas
17:28la possibilité de se mettre dans les roues
17:30de l'extrême droite. – Il y en a déjà une,
17:32qui l'a dit, c'est Stella Dupont,
17:34députée macroniste, qui a dit qu'elle envisageait
17:36de voter la censure.
17:38– J'espère que cet exemple-là sera suivi
17:40et que ça ne s'arrêtera pas au niveau de
17:42l'intention, mais qu'on aura bien un moment,
17:44un mouvement qui permettra à ce gouvernement
17:46de comprendre qu'il n'est pas
17:48autorisé à franchir
17:50la ligne jaune
17:52et en réalité
17:54à trahir le message
17:56du scrutin du 7 juillet,
17:58parce que la réalité de tout ça,
18:00c'est que si nous n'avons pas extrême droite au pouvoir,
18:02c'est parce qu'il y a eu un front républicain que le Front Populaire
18:04a initié. Et donc,
18:06non seulement le Front Populaire n'a pas été appelé
18:08à gouverner, mais en plus maintenant,
18:10le front républicain qui est trahi.
18:12Comprenez que ça fait beaucoup.
18:14Et qu'il y a là une forme de
18:16trahison du scrutin
18:18du souverain qui est le peuple français.
18:20– Olivier Faure, vous pourriez
18:22permettre que, dès la semaine prochaine,
18:24la réforme des retraites soit abrogée.
18:26Le RN dépose une proposition
18:28de loi dans sa niche parlementaire,
18:30comme on dit, pour abroger purement
18:32et simplement la réforme des retraites. Il suffirait
18:34que vous la votiez pour que les Français soient
18:36soulagés de cette loi dont vous ne
18:38voulez plus. Pourquoi vous ne le faites pas ?
18:40– Ça part la semaine prochaine, c'est le 21 octobre.
18:42Et par ailleurs, c'est faux. Parce que la réalité,
18:44c'est que ce que dit
18:46le projet,
18:48la proposition de l'extrême droite est une proposition
18:50qui n'ira nulle part.
18:52– Pourquoi n'ira nulle part ?
18:54– Parce que d'abord, ils n'ont pas la possibilité…
18:56– Parce que c'est pas parce que vous ne la votiez pas ?
18:58– Non, parce qu'ils n'ont pas la possibilité d'assumer la navette,
19:00parce qu'ils n'ont pas de groupe parlementaire au Sénat,
19:02et donc ils n'ont pas institutionnellement la possibilité d'avancer.
19:04– Mais si vous, si tous nos groupes
19:06NFP se mettaient avec
19:08l'URN pour décider de l'abrogation
19:10des retraites, on est bien d'accord que vous pourriez,
19:12vous en auriez les moyens.
19:14– Attendez, je vais y venir. Mais la première
19:16façon d'abroger
19:18la réforme des retraites, c'est déjà
19:20de censurer un gouvernement
19:22qui, lui, a pour mission
19:24de la maintenir. Et donc
19:26si Marine Le Pen était vraiment
19:28fidèle à ce qu'elle dit,
19:30alors elle voterait la censure.
19:32Elle ne soutiendrait pas ce gouvernement. Parce que ce gouvernement,
19:34qu'est-ce qu'il va faire ? Il va mettre en œuvre
19:36la réforme des retraites, et il va la mettre en œuvre
19:38dès les prochains projets d'oie, notamment
19:40le projet d'oie de financement de la
19:42Sécurité sociale, qui comprend des mesures
19:44d'application de cette réforme des retraites.
19:46Donc si elle était logique, elle dirait
19:48ok, je veux bloquer cette réforme
19:50des retraites, et donc je vote la censure.
19:52Ce qu'elle ne fait pas. Ensuite, je l'ai dit,
19:54il y a des raisons institutionnelles, et puis
19:56ensuite, il y a d'autres possibilités
19:58de le faire. Nous, nous allons déposer des amendements
20:00sur le PLFSS. – En fait, vous demandez
20:02au RN de voter votre
20:04abrogation de la retraite,
20:06mais vous refusez de
20:08voter la sienne. – Mais d'abord, il y a une imposture
20:10parce que le RN, il a tout dit
20:12et son contraire. Il n'a pas été
20:14dans la rue quand nous nous sommes battus
20:16contre la réforme des retraites. Au Parlement,
20:18il était extrêmement discret,
20:20et pendant la campagne éducative,
20:22pardon, mais Jordan Bardéa, lui-même,
20:24prenait la retraite à 66 ans.
20:26Et donc, on voit bien que là, il y a une forme
20:28de va-et-vient constant de
20:30l'extrême droite qui ne sait pas très bien
20:32sur quel pied danser, ou plus exactement,
20:34elle sait très bien quel est son pied
20:36d'appui, et puis, il y a ensuite
20:38la communication
20:40qu'elle fait, dans cette
20:42espèce de « en même temps, je soutiens
20:44le gouvernement, et en même temps, je fais semblant
20:46de ne pas le soutenir ». Eh bien, ce que nous ferons,
20:48c'est qu'à la fois, nous déposerons des amendements
20:50sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
20:52dans un premier temps. Si ça ne fonctionnait pas,
20:54il y aura une niche parlementaire
20:56qui aura lieu le 28 novembre,
20:58qui sera une niche parlementaire
21:00dans laquelle les formations du Front populaire,
21:02grâce à la niche de l'IFI,
21:04mettront, en fait, à leur tour
21:06une proposition d'abrogation
21:08et qui, elle, pourra
21:10aller jusqu'au bout, puisque nous aurons ensuite
21:12une niche parlementaire au Sénat,
21:14avec le groupe socialiste.
21:16On a fait tout le chemin avec vous. Merci Olivier Faure,
21:18Premier secrétaire du Parti socialiste.
21:208h53 sur LMCB-FMTV.

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