Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce jeudi, c’est Sonia Mabrouk, journaliste pour Europe 1 et CNews, pour son livre "Et si demain tout s'inversait ?" aux éditions Fayard.
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
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00:00Merci beaucoup d'être avec nous pour la suite de Culture Média, dans un instant on recevra
00:08Lucien Jean-Baptiste et Isabelle Nanty pour le film On fait quoi maintenant ? mais on a le
00:12bonheur d'être encore quelques minutes avec Sonia Mabrouk qui vient nous parler de son
00:16livre ce matin et si demain tout s'inversait c'est chez Faya et alors nous allons dresser
00:20Sonia votre portrait sonore, des petits sons qui vous rappelleront quelques grands souvenirs,
00:25voici le premier. Café des délices de Sidi Bou Saïd à quelques kilomètres de Tunis où vous
00:40êtes née Sonia, vous avez encore des liens très forts avec votre pays natal la Tunisie ? Encore
00:44plus aujourd'hui oui effectivement d'abord j'ai une partie de ma famille et puis maintenant j'ai
00:49des liens de terre puisque ma mère y est enterrée donc j'y suis très très souvent c'est un pays
00:57c'est pour ça que je vous parlais des origines tout à l'heure, c'est impossible de couper de
01:01tels liens évidemment. Et il y a aussi la ville de Carthage auquel vous vous tenez où vous avez
01:06fait des études de commerce c'est ça ? Exactement. Et en même temps la politique elle était très
01:10présente je crois à la maison, votre grand-père et votre oncle ont été ministre ? Alors effectivement
01:16mon grand-père il a été plutôt compagnon de route de l'ancien président Habib Bourguiba, mon grand
01:20oncle fut effectivement ambassadeur pendant une quinzaine d'années je crois en France et c'était
01:25mais voyez-vous c'était, je dis pas que c'était la politique mieux, je dis que c'était autrement
01:31c'est à dire que moi je me souviens de bribes de conversations, j'étais vraiment très jeune donc je
01:35veux pas laisser croire que je comprenais ce qui se disait, ça me dépassait complètement mais je sais
01:38que mon grand-père ensuite j'étais biberonné à ça, il m'expliquait que les conversations qu'il
01:42avait avec l'ancien président tunisien, enfin on parlait de l'avenir du Proche-Orient, on parlait
01:46de éventuellement, vous voyez comme ça résonne aujourd'hui, du fameux discours d'Habib Bourguiba
01:51c'était à Jérico où déjà il avait proposé deux états quand même et à l'époque il avait été
01:56attaqué par beaucoup de leaders surtout arabes donc c'était ces conversations sur l'avenir du
02:01monde, voilà c'était une autre manière de voir la politique on va dire. Mais peut-être que votre
02:06goût de la politique vient aussi en partie de là. Je suis convaincue, effectivement. Et puis vous décrochez
02:10le bac à 16 ans. Ça ne veut rien dire. Vous sautez une classe, rien à hasard. Nous à 16 ans on était loin du bac.
02:19On était près du bac à Champoint. Vous obtenez une licence à la Sorbonne et puis vous revenez à Tunis pour
02:25enseigner à HEC, du coup vous aviez le même âge que vos étudiants. C'était formidable, je rentrais dans
02:31des amphis, j'avais je crois 22-23 ans, ils étaient même plus âgés Thomas.
02:37Donc à ce moment-là vous comprenez ce que doit être l'autorité ou un minimum d'autorité.
02:42Et comment tenir une classe, ça peut aider à tenir un plateau aussi.
02:45Ah je suis d'accord, c'est très formateur. Je ne sais pas si je suis arrivée pour la classe, le plateau j'essaye.
02:49Un autre extrait sonore.
02:59Alors vous démissionnez d'HEC, vous retournez à Paris sans emploi et c'est dans un taxi,
03:05d'où ce taxi, dans un taxi que vous tombez sur la revue Jeune Afrique.
03:10Et là ça vous a interpellé, vous vous êtes dit il faut que j'aille bosser là-bas.
03:14Alors pas aussi vite. Magazine International, je le dis à nos auditeurs Jeune Afrique, ils traitent de tout,
03:18mais en particulier évidemment sur l'actualité sur le continent africain, pays du Maghreb et au Proche-Orient.
03:24Il y avait beaucoup de sujets politiques, beaucoup de sujets économiques et très peu de sujets de société.
03:28Moi j'ai une appétence pour ces sujets-là et j'y ai vu, je vous avoue, c'était un peu une opportunité pour moi.
03:34Donc je me suis dit je vais écrire une lettre au patron de Jeune Afrique que je ne connaissais absolument pas,
03:39je vais lui proposer mes services et il m'a reçu un matin, voilà, je dis ma chance.
03:44Et ça a marché, voilà, le culot, la plomb, la confiance en soi c'est indispensable pour réussir dans ce métier.
03:50Oui, vous avez raison dans ce métier, mais ce n'était pas mon cas jusqu'à aujourd'hui.
03:53D'abord quand j'ai écrit cette lettre, je n'imaginais pas qu'il puisse me recevoir.
03:58J'étais enseignante, je n'avais aucun bagage pour...
04:01Justement, c'était culotté de votre part.
04:04Je dis souvent, c'est une forme de boutade, mais j'y crois de plus en plus,
04:06qu'il vaut mieux ne pas sortir d'une école de journalisme pour faire journaliste.
04:09Oui.
04:10Ça ne veut pas dire que tous ceux qui sortent d'une école de journaliste, évidemment, peut-être qu'on en a autour de ce plateau,
04:15mais ce que je veux dire, c'est que venir d'horizons différents, ça donne d'abord une respiration, une autre manière de penser, de parler.
04:21Souvent il y a une forme de mimétisme dans la manière de parler pour les journalistes,
04:25donc j'ai ouvert une autre porte qui m'a amenée jusqu'ici.
04:27Mais vous avez l'air d'avoir une grande confiance en vous, Sonia Mabrouk.
04:31Je ne sais pas si elle est feinte ou si elle est réelle,
04:34mais je me demande surtout d'où ça vous vient, et je me suis demandé si ça ne venait pas aussi du fait que vous êtes une enfant unique.
04:39Et parfois, les enfants uniques...
04:40Attendez, je vais m'allonger là, docteur.
04:42Est-ce que vous ne pensez pas que ça peut avoir un lien ?
04:45Est-ce que vous avez été très choyée, petite, par exemple ?
04:47Alors, j'entends souvent que les enfants uniques sont choyés.
04:51Moi, j'ai été entourée d'amour, effectivement, mais c'est une lourde responsabilité aussi.
04:57Et c'est d'ailleurs une question que je me pose par rapport à ma petite-fille,
04:59c'est-à-dire qu'évidemment, quand vous avez une fratrie,
05:02c'est autant de possibilités aussi de porter les bonheurs et les problèmes aussi, les difficultés,
05:07quand les parents grandissent et vieillissent.
05:09Donc, on est peut-être choyés au départ, mais on compte beaucoup sur nous pour la suite.
05:13C'est un équilibre à trouver.
05:15Justement, votre petite-fille, vous en parlez, extrait.
05:29Elle est belle, cette chanson de Jean-Pierre et Moïse, « Je serai là ».
05:40Et j'imagine qu'elle vous parle, évidemment, cette chanson,
05:43parce que vous venez de devenir maman, Sonia Mabrouk.
05:45Vous l'avez annoncée vous-même sur les réseaux sociaux,
05:47et on est évidemment très heureux pour vous.
05:50Et c'est d'autant plus beau, j'imagine que vous l'avez attendue longtemps.
05:55Merci de me rappeler mon âge.
05:57Tout à l'heure, à l'initialité, elle a dit « jeune maman ».
05:59J'ai presque failli corriger, j'ai dit « maman, oui ».
06:01La première partie, c'est gentil.
06:03On est toujours jeune maman, Sonia.
06:05Il y a un terme terrible, j'ai appris, après 38 ans, on parle de « grossesse gériatrique ».
06:09Oui, il y a des termes qui sont terribles.
06:11Vous savez qu'à partir de 45 ans, on fait partie des seniors dans une entreprise.
06:14Il y a des termes qu'il faut oublier.
06:16C'est vrai, vous l'espériez depuis longtemps.
06:18Oui, je l'espérais.
06:20Je n'ai pas fait mystère de cette attente,
06:22qui a abouti à un bonheur absolu.
06:26La preuve aussi, c'est qu'il faut, dans tous les domaines,
06:30toujours y croire.
06:32Moi, j'ai dit que c'était un don du ciel.
06:34Je l'ai même vu.
06:36C'est un peu mon appétence pour le sacrer,
06:38et toujours voir des signes.
06:40Même si parfois les gens sur-interprètent,
06:42ils voient les signes.
06:44J'y ai vu un peu l'aide de maman.
06:46Je sais qu'elle y tenait beaucoup.
06:48J'aime bien me raccrocher à ça.
06:50Je trouve que ce sont des symboles qui nous portent et nous construisent.
06:52Votre maman est partie il y a deux ans,
06:54et vous lui avez donné, à votre fille Soraya,
06:56le prénom de votre maman.
06:58Je trouve ça très joli.
07:00Votre mère à qui vous dédiez aussi votre livre,
07:02Sonia.
07:04Et si demain, tout s'inversait,
07:06merci beaucoup d'être venue.
07:08C'était un plaisir de vous retrouver.
07:10Merci beaucoup.