Philippe Val

  • il y a 4 mois

Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mercredi, c’est Philippe Val, pour parler de son livre "Rire" paru le 10 avril aux éditions de l’Observatoire.

Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu

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Transcript
00:00Nous recevons ce matin l'ancien directeur de Charlie Hebdo, l'éditorialiste, l'écrivain Philippe Valle.
00:04Bonjour Philippe.
00:05Bonjour Thomas.
00:06Merci beaucoup d'être avec nous.
00:07Vous venez nous présenter votre dernier essai, RIRE, on va en parler dans un instant.
00:12Mais d'abord, c'est la tradition ici, on va adresser votre portrait sonore, des petits
00:15sions pour mieux vous connaître.
00:17Des petits sions !
00:18Attention !
00:19Des petits sons pour mieux vous connaître et voici le premier.
00:23Au village sans prétention, j'ai mauvaise réputation, je ne démène, je reste quoi ?
00:29Vous aviez le moustache à l'époque.
00:31Ça me rappelle des souvenirs.
00:32Vous jouez bien de la guitare ?
00:33Oui.
00:34Je joue bien de la guitare.
00:35Je suis guitariste.
00:36Absolument.
00:37Et vous appreniez les chansons de Georges Brassens par cœur ?
00:39Par cœur.
00:40Il parait que c'était même votre voisin.
00:42Oui.
00:43Et vous vous accompagnez vous-même à la guitare ?
00:45Oui.
00:46Je sais les jouer encore pareil, je sais tout jouer.
00:49C'est le manuel, ça a été votre manuel d'apprentissage de la guitare ?
00:53Oui.
00:54Il parait que vous lui avez serré la main ?
00:56Oui, je l'ai rencontré quelques fois.
00:58Il m'a invité chez lui même.
01:00Je ne suis pas allé, j'ai eu la trouille.
01:03Je rêvais d'y aller.
01:04Trop timide.
01:05Je l'ai revu après une fois ou deux.
01:07Il m'a dit de passer le voir.
01:10Je voulais trop y aller et en même temps je ne suis pas allé parce que j'étais tétanisé.
01:15Donc vous n'avez jamais joué de guitare devant Georges Brassens ?
01:18Je n'ai jamais joué de guitare devant lui, mais j'aurais bien aimé pour lui montrer.
01:21J'avais une autre idole, que vous ne connaissez pas parce qu'on a oublié aujourd'hui,
01:26c'est Félix Leclerc, qui était un grand chanteur, une star canadienne.
01:31Par contre, lui, plus tard, je l'ai vu et j'ai joué de la guitare devant lui.
01:36Vous avez arrêté vos études à 17 ans, Philippe Vall, pour vous mettre à chanter vous-même.
01:42Il n'y aura plus de conneries à la radio.
01:45Rien que des idées, rien que du nouveau.
01:48Connaissance et plaisir seront mêlés.
01:51Il y a des speakers qui devront changer de métier.
01:56Chanteur engagé, Philippe Vall à l'époque.
01:59Vous aviez la moustache, les cheveux longs et vous ventiez l'autogestion dans cette chanson.
02:04J'avais un merveilleux pianiste, Paul Castanier.
02:07J'avais écrit cette chanson parce que j'avais lu un livre,
02:13qui s'appelait La Nouvelle Grille, du professeur André Labory,
02:16qui était un grand biologiste, qui avait écrit tout un truc,
02:19toute une vision du monde cellulaire.
02:23En fait, c'est une chanson, sous ses aspects politiques,
02:26aussi en lien avec un sujet très scientifique de l'époque.
02:30Lui, il était l'inventeur des benzodiazépines,
02:33des 30-10 ans, tout ça a bizarrement rien à voir apparemment.
02:36On a fait très peu de choses là-dessus.
02:38Les benzodiazépines, pourtant il y a des rimes riches.
02:42C'est technique, bien sûr.
02:44C'est du rêve, il faut prendre de l'élan.
02:47Vous avez formé différents duos,
02:50Philippe Val notamment un duo improbable
02:52avec votre épagnole breton,
02:54qui savait chanter ça.
03:06Une chanson de Charles Trenet, Miss Émilie.
03:08C'est une histoire dingue.
03:10Ce chien que je n'ai jamais dressé,
03:12quand je l'ai eu tout petit,
03:15il m'a suivi partout, dans les coulisses de théâtre.
03:19Il chantait sur scène 7 chansons avec moi.
03:23Je ne l'ai jamais appris.
03:28Pour les 70 ans de Charles,
03:31avec Madeleine Renaud et Jean-Louis Barraud,
03:33on avait organisé une grande soirée au rond-point.
03:36Il a chanté devant Trenet.
03:40Trenet était hallucinant.
03:42Après avoir été voisin de Brassens,
03:44j'étais voisin de Trenet très longtemps.
03:46A chaque fois que je croisais Charles,
03:48il me disait
03:50« Vous savez, ce chien est extraordinaire. »
03:52J'ai lu dans une revue américaine
03:54que quelqu'un avait un chien comme vous
03:56qui a gagné beaucoup d'argent avec.
03:58Vous auriez pu faire commerce de ce chien
04:00qui s'appelait Jeff.
04:02Avec Cabu, vous étiez des fidèles de Charles Trenet.
04:05Vous avez assisté au premier rang
04:07à son ultime représentation à la salle Playel.
04:09Il avait 86 ans.
04:11Vous en gardez quel souvenir ?
04:13C'est formidable.
04:15Avec Cabu, on était fervents.
04:17C'était toujours un bonheur
04:19de sortir au spectacle tous les deux.
04:21Et puis,
04:23on avait un culte
04:25pour Trenet.
04:27On voulait un culte.
04:29Et cet homme,
04:31qui s'était fait très mal la veille du concert,
04:33il ne pouvait plus marcher.
04:35On l'a ramené et porté sur scène.
04:37Il y a deux gars qui le portaient
04:39sous les bras
04:41et qui le posaient sur un tabouret.
04:43Il a commencé à chanter
04:45« Revoir Paris »
04:47d'après la chanson d'entrée.
04:49Revoir Paris, un petit séjour d'amour.
04:51Magnifique chanson.
04:53Les gens ont tellement applaudi,
04:55tellement ils ont fait un triomphe
04:57qu'à la fin,
04:59quand les gens ont fini d'applaudir
05:01au bout d'un long moment,
05:03Trenet a dit « Ce soir, vous êtes tellement gentil
05:05que je crois que je n'aurai pas mal ».
05:07Il est descendu de son tabouret,
05:09il a fait une heure et demie de récital.
05:11C'était vraiment stupéfiant,
05:13c'était incroyable.
05:15L'énergie qu'avait cet homme,
05:17la joie de vivre qui émanait de ce type
05:19était vraiment magique.
05:21C'est parmi les spectacles
05:23où je suis beaucoup allé,
05:25j'ai beaucoup vu de chanteuses et de chanteurs
05:27et j'ai rarement vu
05:29une électricité pareille dans une salle.
05:31Vous avez vu ?
05:33Non, je n'ai jamais vu Charles Trenet.
05:35La première fois que je l'ai vu,
05:37j'étais stupéfait.
05:39Dans votre livre,
05:41vous parlez de toutes vos idoles
05:43et il se trouve qu'on en a une en commun, c'est lui.
05:49Non pas le chanteur
05:51de cette chanson,
05:53mais est-ce que ce générique
05:55vous évoque une série
05:57« The Office » ?
05:59La version originale
06:01anglaise menée par
06:03Ricky Gervais et on est d'accord
06:05sur le fait que c'est le meilleur de tous les comiques du monde.
06:07C'est un génie.
06:09C'est un très très grand artiste.
06:11Il a toutes les qualités
06:13d'un très grand artiste.
06:15Déjà,
06:17premièrement, vous êtes sur votre canapé,
06:19vous mettez Netflix,
06:21vous regardez une série, un film
06:23ou un stand-up de Ricky Gervais,
06:25vous avez intérêt à prévoir des coussins
06:27pour tomber par terre, parce que tomber
06:29par terre de rire, avec des choses
06:31tragiques en même temps.
06:33Parfois il y a des séries qui sont vraiment très tristes.
06:35C'est intéressant qu'il vous plaise autant Philippe Vall,
06:37parce que son humour, il est tout sauf politique.
06:39Il est très éloigné de l'humour de Charlie Hebdo,
06:41par exemple.
06:43Oui, mais moi ce que j'aimais dans Charlie,
06:45c'est...
06:47J'étais pas toujours en phase avec
06:49chacun des collaborateurs de Charlie
06:51politiquement, mais je l'explique
06:53d'ailleurs dans le livre.
06:55Ce que j'ai senti très fort,
06:57d'abord inconsciemment, sans l'analyser,
06:59et plus tard,
07:01notamment en écrivant ce livre,
07:03finalement on apprend des choses
07:05en écrivant,
07:07j'étais très attaché
07:09à ce titre, parce que c'était le seul
07:11titre de la presse française
07:13qui rit avec la mort.
07:15Et je pense que si on ne rit pas avec la mort,
07:17on est à côté de la plaque pour vivre.
07:19C'est très difficile de vivre.
07:21Soit on a la foi, on croit après,
07:23à une vie après la mort, soit
07:25on a de l'humour.
07:27Et donc,
07:29on peut avoir les deux.
07:31Et qui jamais il l'a fait, de rire
07:33avec la mort, il l'a fait sur Afterlife.
07:35Le grand rire...
07:37Oui, Afterlife est magnifique.
07:39Et le grand rire est un rire tragique.
07:41Le plus beau rire, le plus
07:43défoulant est un rire tragique.
07:45Et on va parler de ce livre, Rire, de Philippe Valls
07:47et aux éditions de l'Observatoire.
07:49On revient dans deux minutes sur Europe 1.