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Les jeunes sont de plus en plus exposés à sa promotion sur les réseaux sociaux, révèle un rapport de l'association Addictions France. L'association a passé au peigne fin les réseaux sociaux pendant plus de deux ans, et a relevé plus de 11.300 contenus valorisant l'alcool sur Instagram et sur TikTok. Pour rappel, l'alcool est le deuxième facteur de risque de cancer et de mortalité routière. Écoutez Arthur Delaporte, député PS du Calvados et co-auteur de la loi visant à lutter contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 26 septembre 2024.

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Transcription
00:00Les réseaux sociaux, nouveau terrain de jeu des marques d'alcool. L'association Addiction France
00:06a mené l'enquête. Chaque semaine sur Instagram ou TikTok, 80% de nos adolescents sont exposés
00:12à des pubs pour l'alcool qui évidemment ne s'avouent pas comme tel. Agathe Lantey, bonjour.
00:16Bonjour.
00:16Vous êtes notre spécialiste santé. De quoi parle-t-on exactement ?
00:19Alors, il y a plusieurs types de publicités. D'abord, il y a la promotion qui est faite par
00:23les marques elles-mêmes. Les trois plus gros groupes d'alcool qui postent en masse sur TikTok
00:27ou sur Instagram, selon cette étude, ce sont Pernod Ricard en premier, Heineken et Aperol Spritz.
00:32Ils publient notamment des jolis films avec des jeunes gens qui font la fête. Ils organisent
00:37aussi des jeux concours pour faire gagner des bouteilles. Et puis l'autre type de pub qui pose
00:41problème, c'est celle postée par les influenceurs. Ils sont suivis par des millions d'ados. Ils font
00:46des partenariats avec des grands groupes d'alcool et ils sont payés donc pour promouvoir ces marques.
00:51Pour Mariam Savi d'Addiction France, ça représente un vrai danger pour la jeunesse.
00:56Ils vont se mettre en scène avec les produits. Ils vont laisser croire que dans une situation
01:00quotidienne, on boit de l'alcool et que c'est normal et qu'on banalise totalement le produit.
01:04La publicité d'alcool sur les réseaux sociaux, elle est partout. Et quand on est jeune, parce
01:08qu'on passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, on ne peut pas y échapper. Cette
01:12publicité, elle nous donne envie de boire. C'est aussi ce que conclut le rapport avec des études
01:15qui ont été menées avec des chercheurs. Ça nous donne envie de consommer, d'essayer les produits.
01:20Et puis le dernier problème souligné par cette étude, c'est que ces influenceurs,
01:24ils ne respectent souvent pas les obligations légales. Ils se prennent par exemple en photo
01:29avec une toute nouvelle bière qui vient de sortir. Ils vantent le côté festif. Mais dans 80% des cas,
01:34le message à consommer avec modération n'apparaît pas. C'est pourtant obligatoire.
01:39Merci beaucoup Agathe Landay, spécialiste santé d'RTL.
01:42Bonsoir Arthur Delaporte, vous êtes député socialiste du Calvados. Vous avez fait voter
01:46l'an dernier une loi contre les pratiques irrégulières et les arnaques des influenceurs
01:50sur les réseaux sociaux. Je précise que votre texte a été adopté à l'unanimité.
01:54Ces influenceurs sur le net sont devenus des vendeurs d'alcool ?
01:57Alors une partie d'entre eux, en effet, publient des contenus qui font la promotion de l'alcool,
02:01sachant que c'est quelque chose qui est illégal, mais qu'on n'a pas réussi à interdire strictement
02:06dans la loi influenceurs. On a dû se contenter de renvoyer à une loi importante, la loi Evin.
02:10Et donc malheureusement, ça continue d'exister.
02:13Arthur Delaporte, je ne comprends pas bien. Les influenceurs sont devenus,
02:16ou ont finalement toujours été des commerciaux ?
02:20Ils sont en tout cas devenus influenceurs commerciaux grâce à la loi influenceurs,
02:25parce qu'on les a définis comme tels. On a dit qu'à partir du moment où on touchait
02:27une rémunération, qu'elle soit en numéraire ou en nature, c'est-à-dire on a un avantage
02:32promotionnel par exemple, on devenait un influenceur commercial. Et donc,
02:35désormais, depuis 2023, on est défini comme tel et on est obligé de respecter la loi qui
02:42est liée à la publicité. Et donc, en fait, on est très contraint quand on fait de la pub pour de
02:47l'alcool. C'est quasiment impossible d'en faire théoriquement. Et malheureusement, un certain
02:51nombre d'entre eux continuent à en faire et même de plus en plus d'entre eux, parce que c'est une
02:55stratégie pour les marques d'alcool d'utiliser des influenceurs pour toucher les jeunes.
03:00Et quelle est la solution pour les empêcher de nuire ?
03:03L'une des solutions, c'est déjà de faire qu'il y ait des sanctions exemplaires. Là,
03:08on a l'exemple d'une influenceuse qui a été condamnée à une amende avec sursis,
03:133 000 euros d'amende avec sursis. Donc, ce n'est pas assez dissuasif. La marque elle-même a été
03:17condamnée avec 20 000 euros d'amende avec sursis, alors que c'est des centaines de milliers,
03:22voire des millions d'euros qui sont en jeu. C'est évidemment des choses qu'il faudrait
03:27renforcer en termes de sanctions. Et puis surtout, il faut du contrôle et les moyens de contrôle
03:31de l'État sont bien trop faibles. Il faut savoir qu'il n'y a qu'une trentaine d'agents de la
03:35direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes
03:38qui sont chargés de contrôler les contenus de plus de 150 000 influenceurs.
03:42Et par ailleurs, semble-t-il, visiblement, il y a un certain nombre de, je ne sais pas comment les
03:46qualifier, mais en tout cas de ces interventions qui disparaissent au bout de 24 heures, c'est bien ça ?
03:50C'est ça. Finalement, sur les réseaux sociaux, de plus en plus, on utilise ce qu'on appelle des
03:55stories. Donc, ce n'est pas des publications permanentes, c'est des publications de nature
03:59éphémère. Et donc, c'est très difficile à contrôler. Mais pour autant, c'est très vu.
04:03Il faut savoir que vous avez 82 % des 15-25 ans qui utilisent les réseaux sociaux quotidiennement.
04:09Et donc, ils sont exposés plus de deux heures par jour en moyenne sur les réseaux sociaux. Et donc,
04:13ils vont voir ces stories. Et on avait dans un colloque qui a été organisé aujourd'hui le
04:17témoignage de jeunes de 15-16-17 ans et qui faisaient part de leur vision des publicités
04:22de l'alcool sur Internet. Et derrière, même s'ils n'avaient pas des pratiques de consommation
04:26immédiate, ils pouvaient se tourner vers ces marques. Je peux en citer une, par exemple,
04:31qui a été épinglée dans l'étude. Mais on a la marque Aperol. C'est 243 contenus qui ont été
04:36relevés en trois ans. Et dans la même période, entre 2011 et 2023, on est passé de 10 000 litres
04:42d'Aperol vendus en France à plus de 79 millions de litres vendus. Donc, on a à la fois une croissance
04:49très forte du marketing pour cette marque Aperol Spritz, qui est liée à la diffusion du Spritz,
04:55mais aussi parce qu'il y a une communication très agressive sur les réseaux sociaux à travers ces
05:00influenceurs et ces publications pour la plupart illégales. En fait, vous venez de nous dire,
05:03si on prend les choses à l'envers, qu'au moins la pub, c'est de la pub et elle s'assume. Elle n'est
05:07pas dissimulée. Oui, alors non. Le problème, c'est que justement, ces marques qui font de la
05:11publicité, alors que déjà, cette publicité pour l'alcool est très, très réglementée, vont aussi
05:16payer ou rémunérer indirectement des influenceurs pour faire aussi des placements de produits dans
05:22des vidéos. Je pense aussi, ce matin, en parler de la marque Henneken, qui va payer ou proposer
05:27à des festivals, etc., de s'afficher avec la marque. Et donc, on va voir des jeunes avec cette
05:32marque. Et donc, ça va banaliser finalement à la fois l'image de la consommation d'alcool et
05:37diffuser aussi l'image de la marque en particulier. Ça veut dire que le lobby de l'alcool, du vin,
05:42est toujours aussi actif ? Il est très puissant. On l'a vu lors de l'examen de la loi influenceurs,
05:49il y avait eu un amendement, une modification de la loi que je portais, qui était l'interdiction
05:54de la publication de publicité pour l'alcool sur les réseaux sociaux par les influenceurs. Et ça a
06:00été interdit. Enfin, je n'ai pas réussi à faire passer cette modification-là parce qu'il y avait
06:05une majorité de députés qui se sont mobilisés pour défendre les intérêts des alcooliers,
06:09les intérêts parce qu'ils disent du terroir, etc. Mais on sait très bien que derrière ce prétendu
06:14terroir, c'est d'abord des très grandes marques qui génèrent un énorme chiffre d'affaires. Il y a
06:18beaucoup d'intérêts financiers qui sont en jeu et c'est très compliqué d'avancer sur la régulation
06:23par la loi de la publicité pour l'alcool. On a un cadre, le cadre de la loi est vain, mais c'est
06:28difficile d'aller au-delà, de le moderniser. Alors que quand ça a été fait dans les années 90,
06:32il n'y avait pas les réseaux sociaux et que c'est aujourd'hui l'un des grands enjeux de
06:36développement de la régulation pour lutter contre la promotion de l'alcool.
06:39Merci beaucoup Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados. Vous êtes courageux parce qu'on fait
06:44de très bonnes choses à boire dans votre département. Donc, en préparant cette interview,
06:48je me souviens... Il n'a peut-être pas assuré sa réélection !
06:53L'alcool, c'est quand même 49 000 décès en 2023, donc c'est aussi une cause de mortalité des plus
07:00importantes et je pense qu'il faut qu'on se saisisse collectivement de cet enjeu de santé
07:04publique majeur. Merci d'avoir pris la parole ce soir sur RTL. Et lui aussi se consomme sans
07:10modération, le toujours très sobre Marc-Antoine Lebray, nous rejoint dans un instant pour son
07:14Breaking News. A tout de suite sur RTL.

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