Baisse de la collecte de lait par Lactalis : "On est sous le choc", assure la présidente de la FRSEA Normandie

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La présidente de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles en Normandie, Anne-Marie-Denis, s'inquiète de la décision de Lactalis de réduire ses collectes de lait français. La Normandie est épargnée, mais "à court terme", estime-t-elle.

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Transcription
00:00France Bleu Normandie. Ici Matin. Actu locale, musique et bonne humeur.
00:06Merci d'être avec nous sur France 3 et France Bleu Normandie.
00:08Louison Laurat, bonjour.
00:09Bonjour François, bonjour à tous.
00:10Moins de lait collecté dans les fermes françaises.
00:12Annonce mercredi soir du gros plactalis qui provoque un tollé chez les agriculteurs.
00:17On en parle ce matin avec la présidente de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles.
00:22Elle répond à vos questions, Louison.
00:23Bonjour Anne-Marie Denis.
00:25Bonjour.
00:25Quel sentiment domine chez vous ce matin de l'étonnement, de la colère ?
00:31Alors j'ai entendu de votre collègue un tollé, je crois que c'est vraiment le terme exact en fait.
00:37On est un peu, beaucoup même, sur le choc.
00:40Les agriculteurs doivent s'organiser longtemps d'avance pour avoir une production équilibrée sur leurs exploitations.
00:47Apprendre d'un jour à l'autre que certains exploitants, plus particulièrement dans certaines régions,
00:52doivent diminuer leur production, voire arrêter leur production.
00:55Ça paraît même inimaginable.
00:57Votre président à l'échelle nationale parle d'une déflagration.
01:00On en est là, ça veut dire que ça va entraîner un manque à gagner vital pour les producteurs laitiers ?
01:05Ça va entraîner un manque à gagner vital,
01:07puisqu'il y a des exploitations qui ne peuvent pas vivre d'autres productions que du lait.
01:12Et d'autre part, qu'est-ce qu'on fait des agriculteurs qui vont devoir quand même continuer à produire ?
01:20Qui collectera leur lait et avec quels revenus vivront-ils ?
01:24Alors, Lactalis dit moins de lait collecté, mais c'est pour mieux le valoriser et le payer, assure le groupe.
01:31C'est nature à vous rassurer ?
01:34Non, pas vraiment, parce qu'en faisant la route, j'entendais ce matin que le beurre est de plus en plus cher,
01:40donc je ne suis pas sûre que ce soit une histoire de proportion de collecte.
01:45Après, je pense que c'est un choix d'entreprise qu'a fait Lactalis déjà depuis plusieurs années.
01:52On a eu l'abandon d'un certain nombre de producteurs, et là c'est une nouvelle fois.
01:56Je pense qu'ils veulent centraliser autour de leurs outils de production les plus performants.
02:01Justement, on y vient dans le détail, Lactalis va tourner le dos à 2% du lait français.
02:06Le numéro 1 mondial souhaite réduire de 9% les volumes de lait collecté dans les fermes françaises
02:10à destination des marchés internationaux, soit 450 millions de litres en moins.
02:16Ça donne un peu le tournis, dit comme ça.
02:18Mais la Normandie ne serait pas concernée d'après Lactalis.
02:21Ça veut dire que vous n'avez rien à craindre ici ?
02:24Voilà, c'est beaucoup dire.
02:26On sait qu'en priorité, les gens plutôt de l'Ouest extrême,
02:31comme la Vendée ou le Sud-Est, sont très concernés directement.
02:36Et à court terme, je crois que ça représente 400 ou 500 producteurs.
02:40Sur la Normandie, on imagine mal qu'à court terme, ils arrêtent de collecter.
02:45Ils viennent de refaire une entreprise toute neuve sur Donfront dans l'Orne,
02:51qui collecte quand même très large.
02:53Vu les investissements que ça représente, de manière économique,
02:57il faut aussi y aider du lait qui arrive.
02:58Alors maintenant, la crainte, c'est qu'un jour,
03:00Lactalis fasse le choix d'abandonner le lait produit en France
03:05pour peut-être aller chercher des camions de lait ou de crème à l'extérieur,
03:07ce qu'ils font déjà d'ailleurs.
03:09Anne-Marie Denis, la présidente de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles,
03:13est avec nous ce matin pour évoquer la baisse de la collecte de lait français annoncée par le groupe Lactalis.
03:18On vous pose la question, est-ce que vous partagez cette inquiétude ?
03:21Prenez la parole dans quelques instants au 02.31.44.48.44.
03:25Lactalis compte réduire ses volumes progressivement jusqu'en 2030,
03:29car le groupe rencontre des difficultés à l'export, notamment sur le lait en poudre.
03:33Là, ça veut dire que l'urgence, dès aujourd'hui,
03:36c'est de trouver de nouveaux partenaires pour continuer à acheter ce lait.
03:41Oui, tout à fait. L'urgence va être d'arriver à retrouver des partenaires,
03:45des entreprises qui veulent travailler avec nos agriculteurs, qui vont être abandonnées.
03:49Ça va demander quand même beaucoup de réflexion et de travail avec les autres entreprises,
03:56et à savoir est-ce que les autres entreprises auront la capacité à pouvoir accueillir ce lait-là,
04:01parce qu'ils sont aussi en concurrence directe avec les clients qu'ils ont derrière, avec chez Lactalis.
04:07Donc, si Lactalis augmente son marché plus français,
04:12les autres transformateurs risquent aussi, eux, perdre de ce marché-là.
04:18Donc, ça va être relativement compliqué sur le terrain.
04:21Ça demande aussi peut-être un travail avec le gouvernement.
04:24Vous avez une nouvelle ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard.
04:27Elle a réagi d'ailleurs à l'annonce de Lactalis en l'assurant que soutenir les producteurs sera sa priorité.
04:33Michel Barnier est lui-même ancien ministre de l'Agriculture, le premier ministre.
04:37Vous en attendez beaucoup de ce gouvernement ?
04:40Sur le sujet laitier, bien sûr, quand il y a un gros événement comme ce qui se passe aujourd'hui avec Lactalis,
04:47qui abandonne un certain nombre de producteurs,
04:49oui, c'est normal qu'on attende du gouvernement de nous accompagner aussi sur cette démarche-là.
04:55Mais on attend aussi beaucoup de choses sur d'autres éléments,
04:59sur les éléments qu'on avait mis en place en début d'année.
05:02On avait préparé une loi d'orientation agricole.
05:04Cette loi d'orientation est restée de côté.
05:07Maintenant, on a retravaillé la loi sous une forme loi pour en reprendre en agriculture.
05:13Et tous les sujets qui étaient traités en début d'année, simplification, réglementation...
05:18Ça, c'est à l'arrêt depuis la dissolution de l'Assemblée nationale ?
05:21Tout était à l'arrêt. Tous les projets étaient à l'arrêt.
05:23Même les projets qu'on avait travaillés sur le point sanitaire qui est aussi un point d'urgence.
05:27Et aussi cet été, on a eu une année extrêmement compliquée en matière de céréales.
05:31Et comment on accompagne ces agriculteurs-là pour conserver leur fonds de roulement ?
05:35Ça n'avance pas assez vite ?
05:36Non, jamais. Jamais, mais là, moins que jamais.
05:39Parce qu'on a été deux mois à l'arrêt complet sans avoir aucun contact,
05:44sans pouvoir avancer, travailler.
05:47On avait un certain nombre d'éléments du projet de loi qui étaient à la veille d'être validés.
05:53Et d'un jour à l'autre, tout est tombé de côté.
05:57Madame la ministre nous affirme qu'elle reprendra ces éléments-là.
06:02Mais le temps qu'elles reprennent, qu'elles retravaillent, que ces services retravaillent,
06:06ça va demander un certain temps et c'est quand même une grosse inquiétude pour nous.
06:09On a beaucoup entendu votre colère dans le monde agricole ces derniers mois.
06:13Est-ce qu'on peut s'attendre, si rien ne bouge, à nouveau à avoir des barricades, des tracteurs dans nos villes ?
06:20Oui, je pense, parce que l'année est relativement compliquée.
06:23Le climat ne nous aide pas.
06:25Et le fait qu'il n'y ait pas eu d'avancée.
06:27Les agriculteurs sur le terrain nous questionnent beaucoup.
06:29Moi, j'ai eu beaucoup d'appels.
06:31Ils nous questionnent beaucoup sur le suivi des dossiers qui avaient été engagés.
06:34Il y a des attentes.
06:36Là, j'ai eu encore cette semaine trois agriculteurs qui ont eu la tuberculose,
06:39qui m'ont dit, on fait comment ?
06:41Quand est-ce qu'on touche nos aides ?
06:43Fiscalement, on avait demandé des choses.
06:45Les séraliers nous appellent en nous disant, mais cette année, c'était une vraie catastrophe.
06:49Certains ont fait quasiment 50% de pertes.
06:51On fait comment ? On n'a pas de fonds de roulement.
06:53Comment on garantit les prêts ?
06:55Toutes ces questions restent derrière.
06:57Anne-Marie Denis, restez avec nous.
06:59Présidente de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles.
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