Les réfugiés libanais du Sud rattrapés par les bombes à Beyrouth

  • avant-hier
Avec Abbas Attara, habitant de Beyrouth originaire de Deir Intar dans le district Bint Jbeil au Sud-Liban qui a décidé de rapatrier sa famille

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel .
▪️ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ .
▪️ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio .
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_DANS_L_ACTU_5-2024-09-28##

Category

🗞
News
Transcription
00:00Je le disais, la capitale libanaise qui a été très lourdement frappée hier dans le sud notamment.
00:09Fief du mouvement chiite Hezbollah, c'est le quartier général du mouvement qui manifestement a été visé par les forces armées israéliennes.
00:15On ignore à ce stade le sort du leader du mouvement Hassan Nasrallah.
00:20On ignore aussi le sort d'autres dirigeants. Israël annonce avoir éliminé un certain nombre de hiérarches du mouvement.
00:27Quelle est la situation sur place ? On en parle avec notre invité en direct de Beyrouth, Abbas Attara, bonjour.
00:32Bonjour.
00:33Merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:36Vous vivez à Beyrouth, vous êtes originaire du sud Liban, vous êtes originaire du district de Binjbeil.
00:43Il y a quelques jours, vous avez fait rapatrier à Beyrouth votre famille qui vivait dans le Liban.
00:50J'imagine votre mère, votre sœur aussi, je crois.
00:53J'imagine qu'elles se disent qu'elles ont fui les bombes au sud Liban et qu'elles s'estiment rattrapées par ces mêmes bombes à Beyrouth.
01:01C'est exactement ça.
01:03Ça a été un processus assez rapide déjà de les ramener sur Beyrouth où il y a déjà un premier choc pour mes petites sœurs.
01:12Et justement, ma sœur m'en parlait hier.
01:15Elle a l'impression qu'elle n'a pas bougé, qu'elle n'a pas quitté et qu'elle est ensevelie sous les bombes.
01:22Où est-ce qu'elle part ?
01:25Ça ne changera absolument rien parce que tout le monde est visé.
01:28On n'est plus à l'abri, on passe des nuits blanches.
01:31C'est assez compliqué actuellement.
01:33Beyrouth est vide, Beyrouth est éteint, Beyrouth ne l'est jamais, quelle que soit la période de l'année.
01:38C'est vraiment la peur pour tout le Liban depuis le début de la guerre et c'est assez inquiétant.
01:45Où êtes-vous précisément dans la capitale libanaise ?
01:49C'est le sud de la ville qui a été frappée dans un quartier chiite.
01:52Est-ce que vous êtes un peu plus loin de cette zone-là ?
01:55Je suis dans Achrafieh qui est un quartier chrétien.
01:59On est à quasiment une dizaine de kilomètres des frappes de sud Beyrouth.
02:05On entend quasiment tout parce que les frappes sont violentes.
02:09C'est ce qui crée la panique générale dans toute la capitale au final.
02:13Quel est l'état d'esprit aujourd'hui ? On a peur ou pas ?
02:17Je sais qu'Israël affirme ne viser que le Hezbollah.
02:21Israël affirme aussi avoir prévenu les habitants des zones visées que des frappes allaient avoir lieu.
02:27C'est un procédé habituel d'ailleurs pour Tzahal.
02:30Est-ce que vous confirmez ce qu'on a entendu ou pas du tout ?
02:33Est-ce que tous les Libanais s'estiment visés ?
02:36Je pense que tous les Libanais s'estiment visés parce qu'au vu de ce qui se passe à Gaza
02:40et de ce que l'armée israélienne peut dire et faire,
02:43nous, d'un autre côté, on ne sait plus qui croire.
02:46Donc au final, est-ce que vraiment le chef du Hezbollah est vraiment mort ?
02:51On ne sait pas. On ne sait pas quelles seront les réponses.
02:54On ne sait pas ce qui peut arriver. Donc on est dans la panique générale ou on est dans l'incertitude.
02:59On ne sait pas qui croire. On ne sait pas où aller.
03:02Dès que ce soit l'analyse qu'on peut faire, on est perdu.
03:05Il y a un grand absent dans ce drame, c'est l'État libanais.
03:09Que dit-il ? On parle beaucoup du Hezbollah.
03:12C'est au Liban considéré par la France comme une organisation terroriste
03:15et c'est aussi un parti politique au Liban.
03:17On parle beaucoup d'Israël, mais on ne parle pas de ce que dit et de ce que fait le Liban,
03:21même de ce que pourrait faire éventuellement l'armée libanaise.
03:24Elle est spectatrice ?
03:28L'armée libanaise, au-delà d'être spectatrice,
03:31c'est très difficile pour elle de pouvoir s'engager dans un conflit avec l'armée israélienne
03:37parce qu'elle n'a pas les moyens de s'engager dans un conflit face à Israël.
03:43Donc elle est dans cette impuissance-là.
03:45En ce qui concerne l'État libanais, l'État libanais fait ce qu'il a à faire
03:49et fait ce qu'il peut faire de toutes les façons.
03:52On considère ici au Liban que le peuple libanais n'a pas d'État.
03:55Donc est-ce qu'on peut se relayer sur ce que les ministres disent, sur ce que les ministres font ?
04:01C'est très compliqué.
04:02Ce sont des questions où déjà le peuple libanais ne se pose pas
04:06parce qu'on se considère sans État, sans président, sans leader, sans défense au final.
04:12Oui, dans tous les sens du terme d'ailleurs.
04:14Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, il y a quelques jours,
04:17a demandé aux soldats de l'armée israélienne de se préparer à entrer à nouveau sur le territoire libanais.
04:25Est-ce qu'on redoute une invasion au Liban ?
04:28Alors, dans la globalité, non.
04:30Je pense que la guerre en 2006 a créé un mouvement de sécurité au sein de la population.
04:37En tout cas dans mon entourage, quelles que soient les confessions qui m'entourent,
04:41tout le monde a la ferme idée que sur le terrain, le Hezbollah a un avantage comparatif comparé à Israël.
04:48Donc on ne craint pas du tout une invasion terrestre
04:51et on sait que si elle arrivera, on a ces mémoires de guerre de 2006 qui nous rassurent encore.
04:56Est-ce que ça veut dire, si j'entends vos propos,
05:00que les Libanais d'une manière générale,
05:03quelles que soient leurs convictions politiques,
05:05quelles que soient d'ailleurs leurs croyances religieuses,
05:08se sentent plutôt instinctivement à ce stade solidaire du Hezbollah face à Israël ?
05:15Solidaire du Hezbollah, non pas dans la globalité,
05:18mais se dire qu'elle est la seule ministre qui peut potentiellement faire quelque chose,
05:23ou qui pouvait potentiellement faire quelque chose,
05:26c'était le Hezbollah.
05:27Mais la tendance, elle a changé.
05:28Là, nous avons l'impression que qu'il y ait le Hezbollah ou pas,
05:31qu'on soit solidaire avec elle ou pas,
05:34Israël a quand même mis fin à toute la résistance, comme ils disent ici, en une semaine.
05:40On parle des généraux qui sont morts les uns après les autres.
05:43On n'a pas de nouvelles de Nasrallah depuis hier soir.
05:47Donc on a une tendance qui a changé au début de guerre
05:50où on se dit qu'on peut potentiellement se défendre.
05:53Et là, on se dit qu'au final, pas du tout.
05:56Et que personne n'imaginait que le Hezbollah pourrait être aussi lourdement frappé en quelques semaines par Israël.
06:04Surprise générale.
06:05Surprise générale au Liban.
06:10On a tellement de théories, on en discute tellement que ce soit avec des journalistes ici.
06:16Oui, c'est surprenant que ça arrive comme ça au Liban, au Hezbollah,
06:21ciblé depuis l'extérieur à distance.
06:24Vraiment, oui, grosse surprise.
06:26Alors que de facto, c'était presque devenu la seule armée du Liban.
06:29Laissons la politique de côté, parlons de ce qui est le plus important pour vous malgré tout, Abbas Atara.
06:33Vous l'avez dit, votre famille ou du moins une partie de votre famille a quitté le sud Liban
06:38où on s'attendait à des combats plus durs, pourquoi pas à des incursions israéliennes.
06:41Comment elle va votre famille et comment vous la logez ?
06:44Ma famille est logée chez ma tante qui a un appartement à Beyrouth.
06:49Donc on fait ce qu'on a à faire, on rassure tout le monde jour après jour.
06:54Ce n'est pas la première guerre que nous vivons,
06:57donc on a déjà ses habitudes de comment faire et quoi faire.
07:02Après, la prochaine étape, c'est de quitter le pays.
07:06Bien sûr, c'est que mes soeurs et ma mère puissent quitter le pays.
07:09Donc après, on verra comment révolue la situation,
07:13s'il y aura pire que ce qu'il y a maintenant ou pas.
07:17Et vous savez où aller si jamais vous partez ?
07:20Le Gabon, repartir en Afrique où on a grandi, tout simplement.
07:24On a une bonne nationalité, donc ça serait déjà une première bonne destination.
07:29Forte diaspora libanaise en effet, en Afrique francophone.
07:33Merci beaucoup, prenez soin de vous surtout, c'est le plus important.
07:36Merci à vous.
07:37On reprendra de vos nouvelles.
07:38On espère que tout va bien se passer malgré tout pour vous,
07:40en tout cas le moins mal possible dans des circonstances pareilles.
07:43Abba Satara, je rappelle que vous vivez à Beyrouth en ce moment
07:46et vous êtes originaire comme votre famille du district de Binjbeil dans le sud Liban.
07:51Bon courage surtout, c'est le plus important.

Recommandations