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Avec Michel Aubouin, Haut-fonctionnaire, préfet honoraire et essayiste

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##C_EST_DANS_L_ACTU_7-2024-10-13##

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Transcription
00:00Ce sera aujourd'hui à 11h à Arras, dans le Nord, la cérémonie d'hommage au professeur Dominique Bernard,
00:09prof d'histoire géo, assassiné il y a un an, jour pour jour, par un jeune radicalisé islamiste
00:14qui l'a poignardé à la gorge à l'entrée de son collège lycée.
00:18On en parle avec notre invité Michel Auboin, bonjour à vous.
00:21Bonjour.
00:22Et bienvenue sur Sud Radio, merci beaucoup de nous rejoindre de si bon matin, un dimanche matin.
00:27Vous êtes haut fonctionnaire, préfet honoraire, vous êtes essayiste aussi,
00:30on rappellera à la fin de cette interview un de vos ouvrages.
00:34Michel Auboin, l'émotion est toujours vive à Arras aujourd'hui,
00:37le ministre de l'Intérieur et le garde des Sceaux seront présents à cet hommage,
00:41c'était bien le moins pour vous ?
00:43Oui, ça me paraît nécessaire que les deux ministres soient ensemble,
00:48parce que là où on est, il y a évidemment l'hommage qui est rendu à cet enseignant assassiné,
00:55mais au-delà de l'hommage, il y a évidemment les leçons à tirer de ce fait dramatique
00:59qui n'est pas assez isolé, on l'a compris,
01:02il s'inscrit dans une suite de faits tout aussi dramatiques,
01:08évidemment Samuel Paty et d'autres encore,
01:12où les enseignants sont les victimes, sont les martyrs,
01:19j'avais écrit d'ailleurs dans mon livre, sont les martyrs d'une cause qu'ils défendent fort justement,
01:24c'est la cause de la République,
01:26et c'est bien que les deux ministres soient là ensemble,
01:29je trouve que c'est quand même un signe très encourageant sur la prise en compte
01:33de ce phénomène profond que connaît la société française.
01:36Je m'étonne par contre que la ministre de l'Éducation nationale,
01:39qui est quand même l'autorité hiérarchique des enseignants, ne soit pas présente.
01:44Alors pour l'instant je suis incapable de vous confirmer son absence ou pas,
01:47tout ce que je peux vous dire c'est qu'effectivement on a la garantie de la présence du garde des Sceaux
01:52et du ministre de l'Intérieur, j'en reviendrai d'ailleurs sur cette information dans quelques instants.
01:56Vous parliez de tirer les leçons, justement il s'est écoulé trois ans
02:00entre l'assassinat de Samuel Paty à Conflans Saint-Honorin, c'était en 2020,
02:04et l'assassinat de Dominique Bernard à Arras,
02:08ça veut dire que pendant ces quelques années les leçons n'avaient pas été tirées ?
02:12Peut-être pas suffisamment, il faut bien comprendre que les enseignants,
02:18et en particulier les professeurs d'Histoire,
02:20et peut-être aussi d'ailleurs les professeurs de Sciences Naturelles,
02:23sont les premières victimes potentielles de cette idéologie de la mort
02:30à laquelle obéissait l'assassin d'Arras.
02:37Et donc les enseignants ont peur, je crois qu'ils ont raison d'avoir peur d'une certaine façon,
02:44et nos dispositifs de contrôle, de renseignement, voire de reconduite à la frontière
02:52doivent être renforcés pour éviter que de jeunes individus,
02:56parce qu'à chaque fois ce sont des jeunes, ne commettent ces actes.
02:59Il faut bien voir que les assassins, et en particulier celui-ci d'ailleurs,
03:07n'émettent jamais de regrets ni de remords après leur acte.
03:11Ils confirment qu'ils l'ont fait, ils ont tué volontairement,
03:16l'assassin a tué volontairement Monsieur Bernard.
03:21Et qu'il l'avait ciblé en tant que prof d'Histoire, tout à fait.
03:24Voilà, en le ciblant comme prof d'Histoire.
03:26Donc il devient dangereux d'enseigner l'histoire de France dans notre pays.
03:31Et c'est là-dessus, je crois, que si la République doit mettre des moyens,
03:36établir des barrages, c'est sur ce point-là en particulier.
03:39Mais alors justement, parce que vous êtes vous-même préfet honoraire,
03:43c'est extrêmement compliqué.
03:45Globalement, le profil dont vous dites qu'il faut surveiller,
03:49c'est le profil de ces jeunes qui pourraient être, du jour au lendemain,
03:53choqués soit par tel cours d'éducation civique et morale,
03:56parce qu'on lui aurait montré de caricatures,
03:58soit par tel cours d'histoire, parce qu'on lui aurait raconté l'histoire,
04:01d'une manière qui le choque.
04:03C'est très compliqué de cibler ce genre de profil ?
04:06Oui, c'est effectivement très compliqué.
04:09Et on n'évitera pas, malheureusement, sans doute, d'autres crimes de ce genre.
04:14Ceci étant dit, l'assassin en question,
04:18il est en une situation juridique assez particulière,
04:21parce que vous savez, la France avait exulsé son père
04:25en laissant en France le reste de la famille.
04:27C'est un phénomène qui est lié à l'évolution de l'éducation,
04:32mais qui me choque, moi, profondément.
04:34Je pense que quand on reconduit aujourd'hui un individu,
04:39en particulier lorsqu'on a des craintes
04:43pour son engagement dans l'islam intégriste,
04:47je pense qu'il faut reconduire la famille entière.
04:50Il y a une quinzaine d'années, une vingtaine d'années,
04:53on faisait des reconduits de famille,
04:55où les deux parents et les enfants ensemble,
04:57et ça me paraissait assez logique,
04:59plutôt que d'expulser un membre de la famille,
05:03et laisser les autres sur le territoire national,
05:05parce que le ferment du radicalisme,
05:08on le laisse sur le territoire national,
05:10et ça, ce n'est pas très simple.
05:11Alors justement, où un jeune de 16 ans, 14 ans, 15 ans,
05:16peut se radicaliser ?
05:17Est-ce que c'est au sein forcément de sa famille d'abord,
05:20ou est-ce que ça peut être un jeune qui vrille complètement
05:22sur les réseaux sociaux, malgré les mises en garde de ses parents ?
05:26Évidemment, on a beaucoup de jeunes qui se radicalisent
05:30tout seuls sur les réseaux sociaux.
05:32Alors, ceci dit, entre la radicalisation et le passage à l'acte,
05:35il y a quand même un grand fossé.
05:37Et heureusement d'ailleurs.
05:38Oui, heureusement, on s'en sort.
05:39On aurait des criminels partout dans la rue.
05:41Mais le passage à l'acte, le fait de pouvoir tuer au couteau,
05:45c'est quand même un acte qui est très particulier,
05:48et il ne suffit pas d'avoir la conviction pour le faire.
05:55Et je pense que l'univers familial peut aussi contribuer
05:59à ce passage à l'acte.
06:01Je ne dis pas que c'est une science exacte.
06:03Tout ça, c'est clair.
06:05Mais enfin, la société a le devoir, les institutions ont le devoir
06:09de protéger la population, et il faut absolument protéger
06:13ces professeurs qui, en fait, tiennent la frontière d'une certaine façon,
06:17puisque c'est eux qui prennent un risque mortel parfois
06:21pour continuer à défendre nos valeurs.
06:24Et aussi, parfois, à appliquer la loi.
06:26Je prends l'exemple de ce qui s'est passé il y a quelques jours.
06:29C'était dans le nord du pays, là encore, une professeure
06:32qui a été agressée par une élève qui portait le voile.
06:34Elle lui avait demandé de le retirer.
06:36Et l'élève l'a agressée.
06:38D'après les proches du ministère de l'Intérieur,
06:40c'est controversé, malgré tout, c'est ce que disent
06:42les proches du ministère de l'Intérieur,
06:44un certain nombre de collègues de la professeure agressée
06:46l'avaient lâchée, lui avaient reproché d'ailleurs
06:48d'encourager des discriminations.
06:50Est-ce que parfois, la solidarité n'est pas toujours au rendez-vous
06:53au sein des communautés éducatives ?
06:55On sent qu'il y a une grande hésitation au sein du monde éducatif
07:00sur ces questions.
07:02Je pense qu'il y a un problème de doctrine.
07:04D'ailleurs, on n'a pas beaucoup entendu
07:06des organisations syndicales sur ces sujets.
07:08Je pense qu'il y a un problème de doctrine.
07:10Moi, je pense que s'il y a un rôle de la ministre
07:13de l'Éducation nationale, c'est de bien faire passer
07:16des consignes claires et précises.
07:18Et surtout, de ne pas laisser les enseignants seuls
07:21à traiter ces sujets.
07:23Heureusement, il y a des enseignants courageux,
07:26mais au prix parfois de grandes souffrances,
07:29qui empêchent des actes de provocation.
07:33Parce que là, c'est un acte de provocation,
07:35l'histoire du voile dans la cour du lycée.
07:38D'une élève qui est par ailleurs majeure,
07:41qui est majeure, ça veut dire redoulante.
07:44Ce n'est pas une excellente élève
07:46et qu'on aurait peut-être pu éviter de...
07:49On aurait peut-être pu imposer de ne plus mettre les pieds dans le lycée
07:52si on voulait prendre des mesures.
07:55Je crois qu'il ne suffit pas de décréter
08:00qu'on va enseigner l'esprit de la laïcité dans les écoles
08:03et d'envoyer des vicinomies partout
08:05pour dire quelle est la parole de l'État.
08:07Il faut faire davantage.
08:09Il faut vraiment prendre des mesures
08:10au niveau de chaque établissement.
08:11Et à chaque fois qu'on a une difficulté de ce type,
08:13il faut que l'Éducation nationale
08:16se mette en situation de protéger ses enseignants.
08:21Y compris devant la justice d'ailleurs,
08:23ce qui est un élément important.
08:25Mais ce que je le dis,
08:28il ne suffit pas de donner la protection fonctionnelle,
08:30c'est-à-dire de plier un avocat.
08:31Il faut aussi protéger,
08:33c'est-à-dire qu'il faut aussi que la ministre
08:35se porte partie civile
08:37et qu'elle défende ses enseignants
08:39comme elle défend la solution.
08:40Exactement, on en reparlera en tout cas avec vous.
08:42Rectificatif d'ailleurs, vous me posiez la question,
08:44il y aura quatre ministres au moins à l'hommage,
08:47donc le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Justice,
08:50mais aussi celle de l'Éducation nationale
08:52à 11h à Arras, Anne Jeuneté,
08:54donc il y aura aussi la ministre Agnès Pannier-Runacher.
08:57Merci beaucoup Michel Auboin
08:58d'être intervenu ce matin sur Sud Radio.
09:00Ce dimanche matin, je rappelle plusieurs de vos ouvrages,
09:0240 ans dans les cités, c'était aux presses de la cité,
09:04mais aussi le défi d'être français
09:06chez le même éditeur, presse de la cité.
09:08Merci à vous.
09:09Je rappelle que vous êtes aux fonctionnaires et essayez.

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