• il y a 2 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00On va justement s'arrêter sur la stratégie militaire israélienne avec vous, Général Dominique Trinquant, bonjour.
00:06Vous êtes ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations Unies.
00:12Quel est votre regard sur cette opération israélienne ?
00:15C'est le résultat de plusieurs mois d'écrasement du Hezbollah par l'armée.
00:19Israël qui a considérablement affaibli le mouvement en éliminant un, un, un.
00:25Ces hauts commandants au cours de la semaine, tout cela, donc c'est-à-dire la mort d'Assad Nasrallah, le chef du Hezbollah,
00:34c'est le résultat d'une stratégie militaire israélienne millimétrée et extrêmement réussie, diriez-vous ?
00:40Oui, tout à fait. Une stratégie militaire graduelle extrêmement bien montée avec un réseau de renseignements particulièrement efficace.
00:49Ça a commencé, bien sûr, vous le disiez, par les Bippers et les Tokiboukis,
00:53ce qui a permis d'éliminer les trois quarts des chefs militaires, militaires de la branche militaire du Hezbollah.
01:00Puis quelques frappes bien ciblées qui ont tué les autres chefs.
01:04Et enfin, depuis hier, donc l'attaque du dispositif politique du Hezbollah.
01:10Donc on voit bien qu'il y a une graduation qui du militaire passe aux politiques.
01:15Et là, il y a un changement de nature.
01:17Ça veut dire qu'Israël pense qu'il n'y a plus lieu de pouvoir négocier quoi que ce soit avec le Hezbollah.
01:23La négociation, naturellement, c'est avec les politiques.
01:26Donc on aurait pu éliminer les militaires et discuter avec les politiques.
01:29Mais l'appréciation de situation fait qu'aujourd'hui, les Israéliens pensent qu'il n'y a plus lieu de négocier.
01:36Donc ils vont jusqu'au bout de la destruction de l'appareil militaire.
01:41La question qui vient d'être posée par votre correspondance, c'est la question juste.
01:44Y aura-t-il une opération terrestre ou pas ?
01:47C'est une prise de risque pour Israël.
01:50Parce que naturellement, des troupes au sol, ça veut dire probablement des pertes israéliennes.
01:55Alors qu'avec la suprématie aérienne, aujourd'hui, les Israéliens ne risquent pas d'être détruits.
02:02Tandis qu'au sol, ils le peuvent.
02:04En 2006, il y a eu 200 soldats israéliens qui ont été tués.
02:07Donc il y a une prise de risque.
02:08Je pense que ça repose sur une appréciation de situation.
02:11Est-ce que le Hezbollah est suffisamment détruit ou pas ?
02:14Et à ce moment-là, la décision sera prise.
02:16Cela signifierait que l'armée israélienne poursuivrait sur la voie militaire et non plus politique, comme vous le disiez précédemment ?
02:25Oui, c'est-à-dire qu'après avoir détruit la hiérarchie militaire, après avoir détruit la hiérarchie politique,
02:32elle rentrerait sur le terrain pour détruire les combattants qui sont du sud Liban
02:37et qui sont ceux qui, avec leurs roquettes, menacent le nord d'Israël.
02:41Oui, parce que l'objectif de guerre israélien, c'était d'abord de ramener les 60 civils dans le nord d'Israël.
02:49En quoi la mort d'Assad Nasrallah pourrait participer à répondre à cet objectif de guerre israélien ?
02:56Eh bien, parce qu'après la destruction de la branche militaire, la réponse de M. Nasrallah a été de dire qu'il continuerait à faire la guerre.
03:04Donc, à un moment, on pouvait espérer que l'affaiblissement de la branche militaire le conduirait à négocier séparément du Hamas.
03:12Je rappelle que l'opération d'origine, à partir du 7 octobre, était contre le Hamas
03:18et que le Hezbollah intensifiait ses attaques au nord d'Israël en lien avec la situation à Gaza.
03:25Mais comme M. Nasrallah a dit que, de toute façon, il restait lié à l'opération à Gaza et que ça ne s'arrêterait pas,
03:31ça a été le déclencheur pour les Israéliens d'attaquer la branche politique puisqu'il n'y avait plus de possibilité de négocier.
03:40Et c'est là où on pense qu'Israël veut aller jusqu'au bout.
03:45Et le discours du Premier ministre Netanyahou hier à l'Assemblée générale des Nations unies était très clair.
03:52Il veut aller jusqu'au bout et en particulier parce que je pense qu'il craint moins l'Iran aujourd'hui.
04:00L'Iran est affaibli et donc le Hezbollah se retrouve plus isolé.
04:04La perspective d'une issue politique s'éloigne.
04:07Donc selon vous, c'est la stratégie militaire qui prévaut pour l'heure ?
04:11Tout à fait. M. Netanyahou l'a clairement déclaré.
04:14Il va aller jusqu'au bout de la stratégie militaire.
04:17Il a les moyens aujourd'hui d'y aller.
04:19De même que le Hamas ne sera pas éradiqué, le Hezbollah ne sera probablement pas éradiqué.
04:25Mais pour lui, il s'agit d'éloigner la menace militaire et donc de détruire le maximum de ce qui peut réduire au sud Liban.
04:34La question, je le répète, reste celle de l'opération militaire.
04:39Il faut rappeler quand même que les Israéliens occupaient le sud du Liban de 1985 à 2000.
04:46Et c'est à partir des années 2000, donc le retrait israélien, qu'il y a eu des problèmes
04:51qui ont dû déboucher sur une nouvelle intervention israélienne au sol en 2006,
04:56qui s'est mal passée et ils ont dû se retirer.
04:59Est-ce qu'ils veulent recommencer cette opération ? L'avenir nous le dira.
05:03Sur le plan militaire toujours, le terrain libanais et plus particulièrement le sud du Liban
05:09est très différent de la bande de Gaza.
05:12Du point de vue géographique, Israël ne peut pas adopter la même stratégique dans la bande de Gaza ?
05:18Non, évidemment non.
05:20C'est beaucoup moins dense au Liban.
05:22Gaza, c'est essentiellement une zone urbaine.
05:25On détruit les immeubles, on avance et on va chercher dans les tunnels.
05:30Le sud Liban, où j'ai eu l'honneur de commander un bataillon que je connais bien,
05:35c'est un terrain assez aride, plutôt montagneux.
05:39Depuis 2006, il est certain que le Hezbollah a construit beaucoup de retranchements, d'abris, de tunnels
05:47et la zone est beaucoup plus large avec des combats de bataillons.
05:50Quel est le défi sur ce terrain spécifique du sud du Liban pour l'armée israélienne ?
05:55Il y a deux défis.
05:56Il y a le défi du terrain, je le décrivais, plus grand, plus important
06:01et donc naturellement plus difficile à conquérir.
06:04Et le deuxième défi, c'est que le Hezbollah, c'est une force militaire très entraînée
06:09qui a combattu en Syrie en particulier, qui a renforcé les positions du président syrien.
06:15Ils ont eu beaucoup de pertes d'ailleurs, mais ils sont revenus en étant très entraînés
06:20et avec un système probablement très décentralisé.
06:24Les aventures à propos des Padjers et des Tokiwokis, c'est la hiérarchie, le haut du Hezbollah,
06:31mais le bas a l'habitude de travailler avec des systèmes filaires, enterrés
06:36ou avec des plans qui sont très décentralisés.
06:39Donc ça veut dire que ça peut être un vrai dépié pour l'armée israélienne.
06:43Le Hezbollah n'est donc pas vaincu ?
06:45Non, le Hezbollah n'est pas vaincu.
06:48On va voir comment il va se remettre des chocs qu'il vient de vivre.
06:52Tant qu'on en est aux frappes aériennes, on va pouvoir le mesurer.
06:55Si on passe sur le terrain, on verra s'il a toujours une capacité de résistance.
07:00Général Dominique Trinquant, ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations Unies.
07:05Merci beaucoup à vous pour votre éclairage militaire sur la situation au Liban.

Recommandations