Patrick Cohen a pu récupérer dans une corbeille un brouillon de discours de la main du premier ministre...
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 1 Octobre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique de Patrick Cohen, ce matin, dans la tête de Michel Barnier, Patrick,
00:06vous avez pu récupérer dans une corbeille un brouillon de discours de la main du Premier
00:12Ministre.
00:13« Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, le propre de toute société
00:17humaine, c'est de regarder en face l'avenir qui se dessine devant elle ». Bon, ça c'était
00:22le début du discours du freduquet qui a tenté de me faire la leçon dans la cour de Matignon
00:26du haut de ses 35 ans, sa grande déclaration du 30 janvier, tu parles, si tôt prononcé,
00:31si tôt oublié, avec des envolées sur l'avenir qui sont restées en l'air après seulement
00:35cinq mois de gouvernement.
00:36Regarder en face l'avenir, ah, difficile de faire plus tarte, d'autant que moi, si
00:41ça se trouve, c'est dans dix ou quinze jours que je sors, avenir plus qu'incertain, donc
00:45rien à perdre.
00:46Pensez à trouver une citation de De Gaulle qui exalte l'effort, la volonté, le caractère,
00:51vertu des temps difficiles et oublier Gabriel Attal.
00:54C'était quoi déjà la suite de son discours ? Ah oui, « Je suis né en 1989, l'année
00:59du bicentenaire de la Révolution », et regardez comme je suis jeune, et gna gna gna, c'est
01:03sûr, moi en 89, j'avais déjà seize ans de mandat au compteur.
01:07Vous me voyez, cet après-midi, à la tribune, balancer mon extrait de naissance, « Je
01:11suis né en 1951, l'année où le troisième gouvernement Keuil a cédé la place au deuxième
01:17gouvernement Pleven ». Ouais, ça sonne moins bien que le bicentenaire.
01:22Et l'évocation de ces gouvernements de la quatrième qui sautent d'un mois à l'autre,
01:25ça pourrait donner des idées.
01:26C'est vraiment Michel Barnier qui parle ? Presque, sûrement pas loin de son état d'esprit,
01:31et il est certain que ce sera très différent de son prédécesseur.
01:34Voilà, près d'un mois que le Premier ministre tente de tracer un chemin de crête entre
01:37les injonctions contradictoires de toutes les franges de sa coalition, après des rendez-vous
01:41multiples et, vendredi dernier, quatre heures de séminaire gouvernemental, où, dit-on,
01:46les grands sujets ont été mis sur la table.
01:48Il y a donc sur son brouillon pas mal de ratures, des grosses lignes rouges tracées par les
01:53chefs de parti et une série de mots-clés, « situation budgétaire très grave », « efforts
01:58partagés », « justice sociale », « réduction des dépenses », « efficacité de la dépense
02:03», « retailleau », souligné trois fois, avec une flèche qui renvoie à une consigne
02:07déjà adressée à tous les ministres, « pas d'ice-brouf », « s'il vous plaît, agir
02:10avant de communiquer », « immigration », « intégration », « environnement », « niveau
02:14de vie », etc.
02:15Le Barnier devrait fixer cinq priorités et autant de grands axes, sans se perdre dans
02:20un catalogue, définir une méthode, le compromis, la concertation, l'écoute des territoires
02:24et des moyens d'agir, sans forcément passer par la loi et cette Assemblée morcelée et
02:29rétive.
02:30En levant les yeux, depuis la tribune de l'Assemblée, le Premier ministre trouvera face à lui,
02:34assis côte à côte, au quatrième rang, deux voisins de Travé qui se voyaient un plus
02:39bel avenir et ne lui veulent pas que du bien, deux grenades dégoupillées, Gérald Darmanin
02:45et Gabriel Attal.
02:46Allez, Patrick, un dernier mot sur ce « pseudo-brouillon » attribué au Premier ministre ?
02:50C'est une citation ajoutée en marche de celle de Gabriel Attal sur « Regardez en
02:53face l'avenir », etc.
02:54Elle n'est pas de De Gaulle, celle-là, elle est de Pyrdac, « Monsieur a son avenir
02:58devant lui, mais il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi-tour ».
03:01Magnifique, Patrick Cohen !