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Dans le débat budgétaire, Patrick Cohen pose la question du pourquoi plutôt que celle du comment.

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Transcription
00:00Patrick Cohen, dans le débat budgétaire, vous posez la question du pourquoi plutôt
00:05que celle du comment ?
00:06Le comment, c'est ce qui va nous occuper jusqu'en décembre et qui va faire s'opposer
00:09Dominique Seux et Thomas Porcher dans trois minutes, ou trouver les dizaines de milliards
00:13qui manquent à la France pour lui éviter une crise des finances publiques.
00:16Le pourquoi, c'est la question de la responsabilité politique.
00:20Qu'est-ce qui nous a conduit à ce dérapage ? Y avait-il moyen d'éviter cette purge ?
00:24Le pourquoi, c'est qui a creusé le trou ? Le comment, c'est la façon de le remplir.
00:27On peut ici faire le pari que la question du pourquoi ne manquera pas de ressurgir
00:32durant le débat budgétaire, sous l'impulsion de tous ceux qui ont intérêt à enterrer
00:36le macronisme et à nourrir son procès.
00:38Le président de la Cour des comptes parle d'un dérapage sans précédent.
00:42Absolument considérable et inédit selon Pierre Moscovici, qui pointe une dérive de
00:4652 milliards en 10 mois, soit l'écart entre le budget 2024 tel qu'il a été voté,
00:52à 4,4% de déficit, et celui qui sera exécuté sans doute à 6,1.
00:5752 milliards, c'est à peu près ce que le nouveau gouvernement va tenter de ramener
01:01en plus dans les caisses l'an prochain.
01:03Et alors ils sont passés où ces 52 milliards ?
01:05Ben nulle part et partout, ce serait trop simple.
01:08Au départ, il y a une faute de calcul, ou plus exactement une erreur de prévision
01:11sur le budget 2023, dont le déficit grimpe à 5,5% du PIB, 0,6 de plus que prévu.
01:19Pourquoi ? Non pas comme ça a été dit, parce que les recettes fiscales se sont effondrées,
01:23elles sont restées à peu près stables, mais parce que les prévisions de recettes
01:26ont été surestimées.
01:28Les experts de Bercy se sont trompés, c'est ce qui ressort d'un rapport commandé par
01:32Bruno Le Maire à l'Inspection Générale des Finances, il a été publié en juillet.
01:36Les lois de finances 2023 et 2024 ont été bâties sur des modèles trop optimistes,
01:42après plusieurs années, trop pessimistes, où les recettes attendues étaient sous-évaluées.
01:46L'économie n'est pas une science exacte.
01:48Une débatteur à échos vous écoute, et donc ça exonère les politiques.
01:52Non, non, pas du tout, et je n'oublie pas que je suis chargé de l'édito politique.
01:56Justement, ce que montre l'enquête édifiante publiée mercredi dans les échos par Renaud
02:01Honoré sur ces neuf mois qui ont creusé le gouffre, c'est à quel point l'agenda
02:06politique et électoral a bridé les décisions qui auraient dû être prises.
02:10Il y eut d'abord en janvier le renvoi du gouvernement Borne, et la vacance pendant
02:14un mois du ministère des Comptes Publics, un mois au moment où les alertes commençaient
02:18à pleuvoir.
02:19Ensuite, les alarmes sont bien lancées, Gabriel Attal parle de rigueur, il annonce une réforme
02:24de l'assurance chômage, Bruno Le Maire tire un frein d'urgence et coupe 10 milliards
02:28de crédits, mais ça n'ira pas plus loin, l'Elysée et Matignon refusent le collectif
02:32budgétaire réclamé par Bruno Le Maire, Emmanuel Macron fait savoir qu'il n'est
02:36pas question de toucher aux retraites, les européennes approchent, les législatives
02:40surgissent, l'agitation électorale et politicienne est inversement proportionnelle à l'intensité
02:45de l'action publique, l'argent file, les déficits se creusent, on en est là.
02:49Mais tout ça n'épuise pas la question de la responsabilité.
02:52Des déficits structurels, des aides aux entreprises, de la fiscalité des plus riches, du quoi
02:56qu'il en coûte, oui, mais c'est une responsabilité partagée.
03:00Avez-vous entendu un seul responsable public se plaindre des dépenses de crise, par exemple
03:05des 90 milliards du Covid, pour dire que c'est beaucoup trop, qu'on risque de creuser
03:10la dette et le déficit ? Le discours des opposants est toujours que le gouvernement
03:15n'en fait pas assez, et après, on s'interroge sur le pourquoi.

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