Chaque jour, Roselyne Dubois et son équipe répondent à vos questions sur l'actualité.
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00:00On reparle ce matin du procès des viols de Mazan.
00:02Dominique Pellicot, jugée pour avoir drogué sa femme pendant 10 ans afin de la livrer à des inconnus,
00:0650 hommes comparaissent à ses côtés, certains reconnaissent les viols, d'autres non,
00:10et leurs épouses, leurs compagnes, comment vivent-elles ces révélations ?
00:14C'est comme de prendre un immeuble de 25 étages en pleine figure, dit une de ces femmes,
00:18parce qu'on en a entendu hier à la barre, on en parle avec vous, Benoît Galleret,
00:24en fait la Cour s'est intéressée à la personnalité de cet accusé,
00:27avec les auditions, pour mieux les connaître, de leur épouse ou ex-épouse.
00:31C'est ça, il y en a une d'entre elles qui lâche, je ne vois pas ce qu'il fout dans cette histoire,
00:35ce qui résume crûment, mais assez bien, l'état d'esprit de ces compagnes qui défilent en effet à la barre,
00:40beaucoup, disons-le, sont dans le déni total,
00:42« il fait la cuisine, le ménage, il passe le tracteur chez ma grand-mère,
00:45il a le cœur sur la main », déclare l'une, quand une autre, 53 ans, explique que oui,
00:50ils sont aujourd'hui séparés, mais son ancien époux était très gentil,
00:52toujours bienveillant avec elle et leurs deux enfants, qu'ils étaient très très heureux,
00:56et que s'il s'est rendu à Amazon, abusé de Gisèle Pellicot,
00:59c'était, après le décès de leur fils dans un accident de la route, une période très difficile.
01:03En fait, tout ou presque, cherchent des excuses, trouvent des excuses.
01:07Oui, c'est ça, dépression, alcool, dit une autre, moments d'égarement, enfance complexe,
01:12troubles autistiques, avance l'une, l'une a même évoqué un piège dans lequel son mari,
01:16pourtant très fidèle, serait tombé par naïveté.
01:19En fait, trois ans et demi après que cette affaire ait éclaté,
01:22on sent encore la sidération impossible d'accepter que votre époux soit un monstre,
01:26il ne sait pas m'expliquer, il n'a pas de mots, mais ça ne lui correspond pas.
01:29Sur l'une, dans l'intimité, son mari a toujours été respectueux, dit-elle,
01:33quand c'était non, c'était non, il n'a jamais insisté.
01:35Je ne comprends absolument pas pourquoi il est là aujourd'hui.
01:37Même celle de 44 ans qui a appris que son mari s'était rendu six fois à Amazon,
01:42entre mars et juin 2020, accusée d'actes particulièrement sordides en plus,
01:46elle refuse de lui tourner le dos, on l'écoute.
01:50Je ne lui tourne pas le dos dans le sens où il se retrouve seul face à tout ça.
01:54On se retrouve dans une espèce de spirale infernale.
01:56On ne s'attendait pas du tout à ça et je suis resté beaucoup chez moi.
02:00J'ai l'impression qu'il y a une étiquette collée sur le front,
02:03alors que je n'ai rien fait, je n'ai rien demandé à personne.
02:06Et si je ne l'aide pas, je sais qu'il ira au suicide, ça c'est certain.
02:10Suicide, le mot est lâché, c'est évidemment la crainte face à l'horreur de ses familles.
02:15Et c'est cette peur qui semble, en effet, quand on les écoute,
02:17la principale motivation de ce soutien indéfectible.
02:20Et si les épouseresses quand même assistent à ces débats,
02:23continuent d'être aussi présentes, c'est aussi, on devine,
02:25quand on les écoute en longueur, dans l'espoir de comprendre.
02:28Je cherche des réponses à mes questions depuis trois ans et demi,
02:31alors que je ne lâche pas l'affaire, confie Lune au journal Le Monde.
02:33Elle remercie même Gisèle Pellicot d'avoir levé l'ouïe-clos,
02:36on le sait, pour qu'elle puisse assister au débat, aussi douloureux soit-il.
02:40Il ne m'avait pas tout dit, sans doute pour me protéger à volume.
02:43Donc c'est la position un peu contradictoire de ses épouses,
02:45des femmes prises entre l'envie de digérer ce séisme
02:48et celle plus forte encore de balayer tout ça et de nier en bloc.
02:52Merci beaucoup Benoît, et ce sera au tour des accusés d'être entendus dans les prochains jours.