Dans sa déclaration de politique générale ce 1er octobre 2024, le Premier ministre a fait de la réduction de déficit public son premier engagement. Il avance trois séries de « remèdes » : réduction des dépenses, « efficacité de la dépense publique » et mesures fiscales.
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00:00Je viens vous présenter avec le gouvernement notre feuille de route qui
00:06tient, si vous voulez bien, en une exigence que je vais rappeler, une double
00:10exigence, en une méthode qui restera la mienne et à ce stade aujourd'hui dans
00:17cinq grands chantiers. Une exigence d'abord, la réduction de notre double
00:25de dette budgétaire et écologique. Les français attendent que nous regardions
00:32la vérité en face et ils attendent aussi que le Premier ministre et mon
00:37gouvernement, chacune et chacun d'entre vous, disent la vérité. Et donc, comme je
00:42m'y suis engagé, je dirai la vérité sur la réalité de nos comptes publics et sur
00:48la réalité de l'impact de notre mode de vie, de notre économie sur l'environnement.
00:54J'ai entendu parler, mesdames et messieurs, d'une épée de Damoclès qui
00:59pèserait au-dessus de la tête du gouvernement, mais la véritable épée de
01:03Damoclès est là, sur la tête de la France et des français, dès aujourd'hui, et
01:09faute d'action, faute de courage maintenant, je suis sûr d'une chose, c'est
01:15que cette épée de Damoclès pèsera beaucoup plus gravement demain sur nos
01:21enfants et nos petits-enfants. La véritable épée de Damoclès, c'est notre dette
01:25financière colossale. 3228 milliards d'euros et si on y prend
01:34garde, elle placera notre pays au bord du précipice.
01:38Cette année, notre déficit public, celui de toutes les collectivités publiques,
01:44devrait dépasser 6% de notre richesse nationale.
01:49En 2025, si rien n'est fait, il sera davantage encore. Pourquoi est-ce grave,
01:57mesdames et messieurs les députés ? Pas seulement parce que ces chiffres n'ont
02:02rien à voir avec les prévisions de début d'année, pas seulement parce qu'ils n'ont
02:07rien à voir avec la trajectoire promise à nos partenaires, pas seulement parce
02:11que cette situation nous affaiblit autour de nous en Europe, mais d'abord
02:16parce que la charge de cette dette, 51 milliards d'euros, est aujourd'hui le
02:21deuxième poste dépense de l'État derrière l'école.
02:25Est-il acceptable que nous dépensions plus pour payer des intérêts à d'autres
02:31que nous ne payons pour notre défense et pour notre recherche ?
02:35Ma réponse à la place où je me trouve aujourd'hui est non. Face à nos défis
02:41qui sont immenses, nous n'avons pas le choix.
02:44Notre responsabilité, c'est d'alléger le fardeau et de retrouver des marges de
02:51manœuvres budgétaires. Ainsi, je veux vous dire comme premier
02:55engagement que notre volonté est de ramener le déficit de notre pays à 5%
03:02en 2025. Notre objectif est de remettre notre
03:07pays sur la bonne trajectoire pour revenir sous le plafond de 3% en 2029
03:13dans le respect de nos engagements européens. Comment faire ? Nous ne
03:21racontons pas d'histoire et je ne raconterai pas d'histoire.
03:24Nos dépenses publiques atteignent 57% de la richesse nationale contre 49% dans le
03:31reste de l'Europe. Elles ont augmenté de plus de 300
03:35milliards d'euros depuis 2019. Cela représente, mesdames et messieurs les députés,
03:405 000 euros en moyenne de dépenses publiques de plus chaque année pour
03:46chaque Français, quel que soit son âge.
03:50Mesdames et messieurs les députés, le premier remède de la dette,
03:56le premier remède de la dette, c'est la réduction des dépenses.
04:06En 2025, les deux tiers de l'effort de redressement viendra donc de la
04:17réduction des dépenses. Réduire les dépenses, c'est renoncer à l'argent
04:22madique, à l'illusion du tout gratuit, à la tentation de tout subventionner.
04:28C'est en faisant des choix avec responsabilité, et j'utilise ce mot
04:34avec gravité, que nous pourrons être capables d'investir dans des actions
04:38qui améliorent la vie des Français dans la durée. Ces choix, nous les ferons avec
04:42une attention particulière aux plus fragiles, pour qui les services de
04:48santé, d'éducation, de cohésion sociale sont essentiels.
04:52Ces choix, nous les ferons avec les collectivités locales, pas contre elles
04:58ni sans elles, en trouvant ensemble la juste part que chacun doit prendre à les
05:04fonds collectifs. Réduction de la dépense, le deuxième remède, c'est
05:10l'efficacité de la défense publique. Nous sommes champions des dépenses
05:14publiques, mais pour quels résultats ? Est-il normal que le coût de l'éducation
05:17d'un élève français soit supérieur à celui de nos voisins, alors que nos
05:22professeurs sont souvent moins bien payés ? Est-il acceptable que les services de
05:28l'Etat louent à prix d'or des locaux au coeur de Paris, dont, quant à
05:33déménagement dans des départements limitrophes, permettraient de faire des
05:37économies, de participer à la rénovation urbaine, comme d'ailleurs ça a été
05:41prouvé en Seine-Saint-Denis avec l'organisation des Jeux olympiques.
05:46Trop souvent, nos concitoyens ont l'impression, mesdames et messieurs les
05:51députés, et vous les entendez, de ne pas en avoir pour leurs impôts.
05:55Nous ferons donc la chasse aux doublons, aux inefficacités, aux fraudes, aux abus
06:02du système et aux rentes injustifiées. Réduction de la dépense publique,
06:10efficacité de la dépense publique, le troisième remède est d'ordre fiscal.
06:16Nos impôts sont parmi les plus élevés du monde. Les baisses d'impôts décidées
06:23depuis sept ans et les mesures prises pendant la crise du Covid ont aidé,
06:28c'est la vérité, beaucoup de Français, beaucoup d'entreprises, à redonner de
06:32l'oxygène dans une situation inédite et grave. Mais la situation de nos comptes
06:38demande aujourd'hui un effort ciblé, limité dans le temps, un effort partagé
06:46dans une exigence de justice fiscale. Ce partage de l'effort nous conduit à
06:52demander une participation au redressement collectif aux grandes et
06:57aux très grandes entreprises qui réalisent des profits importants.
07:01Nous le ferons sans remettre en cause notre compétitivité.
07:06Il n'y a en réalité pas de partage et pas de redistribution possible s'il n'y a
07:12pas en amont de l'activité et de la production sur notre territoire.
07:16Cette exigence nous conduira également à demander une contribution exceptionnelle
07:22aux Français les plus fortunés afin d'éviter des stratégies de défiscalisation
07:29des plus gros contribuables. Et puis enfin, cette fois-ci dans la durée,
07:35nous lutterons résolument contre la fraude fiscale et contre la fraude
07:41sociale, y compris en sécurisant les cartes vitales pour éviter le versement
07:49induit d'allocations.
07:58Sur ces questions budgétaires, il y aura donc des choix sérieux et graves à faire
08:04et à faire avec vous, mesdames et messieurs les députés, au moment de la
08:09discussion du budget. Le projet de loi de finances qui est préparé en extrême
08:15urgence. Jamais un Premier ministre n'a été contraint par aussi peu de temps pour
08:21présenter un budget. Ce projet de loi tient compte de cette nécessité de
08:25redresser les comptes et dans ce cadre, je souhaite que le Parlement, comme c'est
08:31son rôle, débatte, ajuste, améliore. S'il y a urgence à redresser la barre,
08:38je pense aussi qu'une bonne politique budgétaire se conduit dans la durée.
08:44Je souhaite donc que dans les ministères et chez les opérateurs publics soient
08:48engagés à un effort de productivité, contractualisé, en responsabilisant
08:54chacun des directeurs d'administration centrale.