La bande de “Perrine jusqu’à minuit” réagit à la proposition de Michel Barnier d'opérer le déménagement de certains services de l'État dans des départements limitrophes de Paris pour faire "des économies" et "participer à la rénovation urbaine".
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00:00Une autre question d'économie, Christophe, qui serait de déménager des services de l'État en banlieue.
00:06Voilà ce que Michel Barnier a déclaré hier dans sa déclaration de politique générale.
00:11« Est-il acceptable que les services de l'État louent à prix d'or des locaux au cœur de Paris
00:19quand un déménagement dans des départements limitrophes permettrait de faire des économies,
00:23de participer à la rénovation urbaine, comme d'ailleurs cela a été prouvé en Seine-Saint-Denis
00:29avec l'Organisation des Jeux Olympiques ? »
00:32Est-ce qu'on pourrait imaginer un Bercy en Seine-Saint-Denis, un ministère de la Culture dans le Val-de-Marne ?
00:38Il a parfaitement raison. Chaque fois qu'on a essayé de le faire, ça a bloqué.
00:41Parce que les ministres d'abord et leur cabinet n'avaient pas envie tellement de s'éloigner.
00:44Et puis que les fonctionnaires trouvaient quand même assez prestigieux d'être dans Paris.
00:48On avait envoyé les ministères, je crois que c'était l'aménagement du territoire, à la Défense.
00:52C'est pas très loin la Défense, on y va en métro.
00:54Oulala, catastrophe, il a fallu les rapatrier pour être près de l'Assemblée, être près des lieux d'influence.
00:58C'est pas normal. Bien entendu, on doit réfléchir à cette délocalisation à proximité des administrations et des ministères.
01:07Les fonctionnaires qui ont souvent des salaires modestes, souvent se logent en banlieue.
01:11Et c'est eux qui prennent le RER le matin pour venir au centre.
01:13Alors encore une fois, certains le font parce que c'est quand même flatteur pour eux d'être dans un bureau près des Invalides,
01:18près de l'Elysée, près de l'Assemblée nationale. Il faut casser un peu cette culture.
01:21Mais dans la grande banlieue ou même en province, on doit réfléchir à un nouveau train de déplacement des administrations.
01:28Ça les rapprochera aussi des Français. Puis il y a quelque chose qui s'appelle le télétravail, qui s'appelle la numérisation.
01:33On a quand même fait tomber beaucoup de barrières. C'est pas normal que ça ne soit pas plus étudié.
01:37Et si on inversait les rôles, du coup, Sandrine Rousseau, que ce soit les ministres qui prennent le RER pour aller en banlieue, pourquoi pas ?
01:45Que ce soit les ministres qui se déplacent pour aller en banlieue ? Je pense que ça ferait du bien à beaucoup de gens, oui.
01:51Même à Lille, c'est une heure de train. On peut très bien être ministre.
01:56Moi, si on me propose le déplacement même de l'Assemblée, je serais d'accord. Mais les lieux étant historiques, j'imagine qu'il y aurait beaucoup d'opposition.
02:01Ça va être plus compliqué pour l'Assemblée.
02:02Non, mais ceci dit, ça avait été proposé par exemple par Nicolas Sarkozy de déplacer l'Elysée parce que l'Elysée, par exemple, n'est pas du tout adaptée à une modalité de travail actuelle.
02:11C'est prestigieux, mais pas fonctionnel.
02:12Et ça avait suscité des levées de boucliers à l'époque. Donc en fait, ça n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.
02:17Parce que ça n'a pas des sources d'économie si énormes.
02:20Quand on a déplacé l'Assemblée, c'était pour aller à Versailles, à Tours ou à Bordeaux.
02:23Généralement, il y avait les Allemands qui nous fassaient le pareil.
02:26Oui, au congrès qu'on fait à Versailles.
02:27Ça pourrait rapporter combien, ça ?
02:29C'est très difficile à chiffrer.
02:30C'est pas beaucoup en réalité.
02:32Il y aurait des économies de loyers. C'est plus symbolique.
02:34En revanche, il y a peut-être encore des réflexions à mener sur le patrimoine immobilier de l'État, à savoir s'il ne faudrait pas vendre, notamment des bâtiments qui sont énergivores,
02:43pour pouvoir acquérir des bâtiments qui seraient plus économes.
02:45On oblige dans les ministères le 19 degrés.
02:48Sauf que le 19 degrés, quand vous avez 4 mètres de plafond, c'est 19 degrés en haut.
02:51Il va faire 14 en bas et les pauvres fonctionnaires ont froid.
02:54Donc, vous voyez, on est un peu dans le contresens, si on permet.
02:57Mais au-delà de la question de l'économie, ce que vous disiez tout à l'heure, c'est aussi une question,
03:00et ça a été soulevé à plusieurs reprises, de décentraliser un peu le pouvoir, de créer plus de proximité.
03:04Non, mais la concentration du pouvoir à Paris dans trois arrondissements qui est vraiment, à mon avis, excessif et qui, en effet, mériterait d'être replacée.
03:11Mais par exemple, si je prends l'Assemblée, moi, je trouverais ça intéressant qu'on puisse déplacer l'Assemblée aussi pour qu'on sorte des ors de la République.
03:18Parce qu'en fait, il faut comprendre que le milieu dans lequel on évolue influence aussi la manière dont on exerce la démocratie.
03:27Mais ça, par exemple, c'est un vrai débat démocratique que nous devrions avoir.
03:29Est-ce que les Français seraient d'accord pour cela ? Je ne suis pas certaine.
03:32Est-ce qu'ils y tiennent, ça, aux ors de la République ? Les Français, non ?
03:35Ah oui, regardez les journées du patrimoine, ils y tiennent.
03:37À la fois, ils aiment et ils détestent.
03:38C'est-à-dire qu'il y a un truc d'attraction-répulsion.
03:41À la fois, ils aiment visiter ces lieux et en même temps, ils trouvent que c'est trop doré et que c'est trop feutré pour que la représentation nationale se passe correctement.
03:49Mais il y a quand même une sacralité, c'est-à-dire une symbolique, une sacralité à laquelle les Français sont attachés.
03:55C'est des conquêtes révolutionnaires.
03:57Je pense que là, on n'a pas besoin d'abattre cette sacralité-là.
04:02Après, à l'intérieur de l'hémicycle, il n'y a pas beaucoup de sacralité dans les débats.
04:05Non, mais c'est aussi comme si, dans l'ambiance, se délocaliser en province, d'un seul coup, apparaître le pays aux yeux des ministres.
04:14Il faut quand même rappeler que les ministres, ils passent leur temps en déplacement.
04:16Donc en fait, ils connaissent le pays, ils vont à la rencontre des gens.
04:19Et je trouve qu'il y a un côté un peu démago de se dire, on va le déplacer en banlieue.
04:23Et tout d'un coup, ça va changer la politique et ça va faire des économies et ça va changer...
04:28Non, mais il y a deux volets. Il y a le volet économique et puis il y a le volet aussi, même au-delà de la banlieue.
04:33Ou simplement en région. Pourquoi pas déplacer des ministères à Lille, à Marseille, à Lyon ?
04:37L'État est assez abîmé comme ça.
04:40Je pense que c'est bien qu'il continue à être respecté aussi par un ornement qui, à mon avis, est important.
04:45Et c'est pour ça que les Français y tiennent.
04:46Et pourquoi ce ne serait pas le respecter que de déplacer des ministères dans les autres grandes villes de France ?
04:50Parce que ça s'ancre dans une histoire, ça s'ancre dans un patrimoine qui est historique.
04:54Donc en fait, les Français, c'est pour ça qu'ils viennent aux Journées du patrimoine, pour ça qu'ils vont à l'Élysée.
04:58C'est pour voir où est le président, c'est pour voir ceux qui l'ont précédé.
05:02L'hôtel construit par M. de Matignon a été la propriété ensuite de M. Tallerand,
05:06puis d'un Écossais, puis de la famille de Monaco pendant très longtemps,
05:10avant de devenir l'endroit où loge le Premier ministre.
05:12Et en Allemagne, Angela Merkel allait faire ses courses au supermarché.
05:16Il y a plusieurs photos d'elle avec un caddie et quelques courses à l'intérieur.
05:20Ce n'est pas une énergie républicaine en Allemagne, vous le savez bien.
05:23Non mais absolument, je le sais.
05:25Mais ce que je veux dire, c'est qu'on n'est pas non plus obligé pour fonctionner de manière démocratique d'être dans des ordres.
05:30On peut aussi imaginer une autre manière de fonctionner démocratiquement.
05:34Et là, je pense qu'avec l'hyper personnification du président de la République et cette monarchie républicaine...
05:41Vous voudriez que la France ne soit plus la France ?
05:43Ah si, si, si, si.
05:45Vous voudriez que la République soit la sixième ?
05:47Moi j'aimerais bien qu'on interroge la cinquième République à l'aune de la crise démocratique que nous rencontrons aujourd'hui.