Aquaponie : une innovation agricole qui répond aux enjeux alimentaires de demain

  • avant-hier
Avec Jean-Michel de Germain, président de INSERTIS et de "Horizon 36", une entreprise d'insertion professionnelle basée à Chabris (Indre) ainsi que Laurent Benveniste, expert en innovation

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##GENERATION_INNOVATION-2024-10-06##

Category

🗞
News
Transcription
00:00Cid, le réseau qui soutient les entreprises innovantes, vous présente Sud Radio, Génération Innovation, Céline Alonso.
00:11Bonjour et bienvenue sur Sud Radio dans Génération Innovation, l'émission qui donne chaque semaine la parole aux entrepreneurs qui révolutionnent notre quotidien.
00:20Et aujourd'hui, figurez-vous, c'est d'une innovation agricole qui répond aux enjeux alimentaires de demain dont nous allons parler.
00:27Et ils sont nombreux, figurez-vous qu'en 2040, et bien selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, on sera 9 milliards d'habitants sur Terre.
00:38Il faudra donc augmenter la production agricole mondiale de 70% et ce défi paraît difficile à relever car la surface et la fertilité des sols agricoles diminuent chaque année.
00:50Et bien une solution répond en partie à ce problème et à celui de la faim dans le monde, on va en parler dans un instant sur Sud Radio,
00:56c'est l'aquaponie, le président d'Horizon 35 qui a créé il y a 4 ans une ferme aquaponique dans l'Inde en région centre, va tout nous dire sur cette technique révolutionnaire sur Sud Radio.
01:08Sud Radio, Génération Innovation, Céline Alonso.
01:14Jean-Michel Degermain, bonjour à vous.
01:16Bonjour.
01:17Alors avec Laurent Benveniste qui est un très grand expert en innovation, nous sommes ravis de vous recevoir sur Sud Radio.
01:24Alors expliquez-nous cette aquaponie, elle se développe peu à peu en France, mais qu'est-ce que c'est exactement ?
01:29Donc l'aquaponie c'est un mélange de deux systèmes différents, l'aquaculture qui est l'élevage des poissons et l'hydroponie qui est la culture hors sol de fruits et légumes.
01:40D'accord, et donc ce système d'agriculture permet de cultiver des fruits, des légumes, d'élever des poissons, il y a une technique spécifique, à quel état dites-nous ?
01:50Oui, effectivement, l'idée c'est de coupler ces deux modes de production qui sont chacun de leur côté pas très respectueux de l'environnement pour en faire quelque chose de vertueux tout simplement.
02:03Mais comment vous les couplez alors ces deux modes ?
02:05En fait le vecteur c'est l'eau, c'est-à-dire que vous avez d'un côté des poissons que l'on nourrit et de l'autre côté vous avez donc des plantes qui profitent des nutriments produits par les déchets des poissons.
02:17D'accord, donc effectivement vous l'avez dit c'est un cercle virtueux, les poissons nourrissent les plantes et les plantes, leur rôle c'est en quelque sorte de dépolluer l'eau, c'est ça ?
02:26C'est ça, elles nettoient l'eau pour la rendre effectivement toute propre et viable pour les poissons.
02:32Ah oui, c'est impressionnant ce système. Est-ce qu'il existe plusieurs systèmes d'aquaponie ?
02:35Oui, effectivement il y a plusieurs systèmes, alors il y a des systèmes qu'on appelle la sabloponie où on utilise le sable, c'est des lignes de sable en fait.
02:42On utilise aussi ce qu'on appelle des rivières d'eau où là effectivement imaginez des lignes d'eau sur lesquelles on a des radeaux dans lesquelles on met les plantes.
02:50Mais il y a aussi ce qu'on appelle les tables à marée, là vous avez une grande diversité de tables à marée.
02:54Ah oui, alors il faut le dire, ce système d'agriculture n'est pas récent, la technique est millénaire, même les aztèques l'ont pratiqué.
03:04Alors vous, votre système en quoi est-il révolutionnaire ?
03:07Alors la révolution c'est que le système classique de l'aquaponie c'est comme je vous l'ai dit des poissons avec des plantes.
03:12Il y a un troisième acteur qui est classiquement les bactéries qui font effectivement la dégradation des déchets pour transformer ces déchets en nutriments.
03:21La plus-value que j'ai amené effectivement c'est d'avoir ajouté la lombriculture et la bioponie dans le système.
03:28Alors c'est quoi la lombriculture ?
03:30Alors la lombriculture c'est l'élevage des lombriques, alors pas des vers de terre qu'on voit traditionnellement qui vont dans le fond de la terre pour remonter.
03:38Non, c'est des lombriques, c'est-à-dire qu'ils vivent dans les dix premiers centimètres du sol, dans l'humus comme on dit.
03:49Et donc ils digèrent cet humus pour le transformer en engrais notamment.
03:54Ah oui, donc ce sont des nutriments en quelque sorte, pour les poissons, ça permet donc de nourrir les poissons.
03:59Alors en fait pas tout à fait, c'est les déchets des poissons qui vont être en partie détruits avec des déchets verts par notamment les lombriques.
04:09Et ces lombriques vont faire deux parties dans leur digestion, une partie solide comme nous et une partie liquide.
04:14Et c'est la partie liquide surtout qu'on utilise.
04:17D'accord, et ces lombriques, est-ce que vous les élevez, vous les cultivez ?
04:21Oui, on a l'élevage de lombriques effectivement à grande échelle, une partie en intérieur pour la reproduction et une partie en extérieur sur des andins.
04:29Ah oui, alors la révolution c'est aussi ce que vous disiez, la bioponie, c'est quoi exactement ?
04:34La bioponie c'est donc de la culture hors sol mais avec une version organique, c'est-à-dire qu'on n'utilise pas d'engrais chimiques par exemple mais on utilise que de l'organique.
04:45Donc l'exemple typique, si on utilise des purins, des purins d'ortie, on utilise aussi ce qu'on appelle le thé de lombriques, la fameuse partie liquide que j'évoquais tout à l'heure.
04:55Ah oui, et des algues ?
04:56On utilise aussi des algues, on utilise aussi de la cendre, de la cendre de bois, plein de choses qui sont complètement naturelles.
05:05Ah oui, et cette innovation, d'où vous est venue l'idée effectivement de la mettre au point ce système ?
05:11L'idée c'est qu'il fallait trouver des choses qui soient complètement naturelles et non plus par notre production polluée entre guillemets.
05:21Donc il a fallu se creuser un peu la tête, donc je suis passé par la permaculture et c'est du raisonnement de la permaculture que je suis arrivé effectivement à ce résultat-là.
05:29Ah oui, ce résultat est révolutionnaire, Laurent Bavéniste ?
05:33C'est tout à fait révolutionnaire à plus d'un titre, mais c'est un peu la caractéristique des projets que l'on accompagne.
05:39Ce n'est pas quelque chose qui provient du génie de Jean-Michel de Germain, même si on peut constater que Jean-Michel de Germain est un chef d'entreprise exemplaire.
05:47Il avait déjà eu des réussites entrepreneuriales avant de s'intéresser à quelque chose d'utile.
05:51Il s'est appuyé sur un savoir-faire millénaire et il l'a travaillé.
05:55Il y a eu un travail de recherche et de développement qui a été long, il a fait un démonstrateur, donc on peut voir effectivement que tout ça fonctionne.
06:01Et à partir de là, il a une très forte ambition de développement qui se traduit par la capacité de se saisir de cette innovation au plus près du terrain, au niveau local.
06:08Donc ça change à la fois les choses parce que ça rend l'agriculture plus efficace, ça s'appuie sur les acteurs en place dans l'agriculture aussi.
06:15Il a ce souci-là, mais aussi ça permet de trouver des solutions locales à ce sujet majeur.
06:20Et oui, il faut le rappeler, l'agriculture urbaine et périurbaine, c'est vraiment l'agriculture du futur.
06:26Alors l'aquaponie, dites-nous, quels sont les avantages par rapport à une agriculture classique ?
06:31Alors ça en a de nombreux. La plus grosse avancée qu'aujourd'hui il faut que tous on ait en tête, c'est notamment le fait que par rapport à une culture traditionnelle, on n'utilise que 10% d'eau.
06:43Ça veut dire que globalement, l'eau, quand elle est mise dans le système, elle va rester et on ne va en perdre que 10%.
06:49Déjà, c'est une première énorme avancée.
06:53Le deuxième, c'est que c'est très intensif et très biologique à la fois, ce qui est un paradoxe.
06:58Par exemple, sur un mètre carré en traditionnel, et si on le compare à un mètre carré en aquaponie, on peut produire selon les variétés entre 18 et 30 fois plus.
07:07Ah oui, c'est énorme. Est-ce que c'est plus goûtu ?
07:10Oui, effectivement, c'est beaucoup plus goûtu, notamment parce qu'on n'est que sur de l'organique.
07:15Donc on a ce goût de l'organique qui donne effectivement, ajouté bien sûr au choix des variétés, on a quelque chose qui est très goûteux.
07:22Et vous n'utilisez aucun intrant, aucun produit chimique, c'est que du 100% naturel ?
07:28C'est que du 100% naturel, aucun intrant.
07:31Effectivement, nous on a même résolu le seul intrant du système qui est la nourriture des poissons, où on fait manger les lombriques par les poissons.
07:40Mais alors quelle est la différence avec le bio ?
07:42Ah, le bio en France, il faut un lien avec le sol.
07:45Ça veut dire que notre système ne peut pas avoir le label biologique parce qu'effectivement on n'est pas directement dans le sol.
07:53Et si vous allez aux Etats-Unis, on aurait le label bio.
07:57D'accord, ok. Et au niveau du coût alors ? Est-ce que c'est plus ou moins cher que le bio ?
08:03Alors non, effectivement, nous on se place en dessous du bio.
08:07Donc on se place finalement entre le traditionnel et le bio.
08:10Globalement, le bio c'est 30% de plus que le traditionnel.
08:14Nous on est 15% au-dessus du traditionnel et donc 15% en dessous du bio.
08:18D'accord, ok. Et aujourd'hui, quels sont vos clients ?
08:21Donc c'est du local, c'est dans votre région ?
08:23Oui, les fermes aquaponiques, le principe, comme l'a très bien dit Laurence, c'est d'avoir une production locale.
08:28Donc on draine à peu près des productions dans un maximum de 50 à 80 km autour, ce qui permet vraiment d'irriguer le local.
08:37Et en moyenne, vous produisez combien de tonnes de nourriture par an ?
08:41Alors nous on est sur un prévisionnel sur 2500 m² de serre de produire environ 150 tonnes de fruits et légumes à l'année.
08:48Et quand la production de poissons sera suffisante, on estime qu'on sera sur environ 15 tonnes.
08:54Ah oui, c'est énorme.
08:56C'est quand même très significatif.
08:57Et avec cette technique-là, est-ce qu'on peut produire tout type de variétés de fruits, légumes, de poissons ?
09:03Alors, je vais répondre déjà à la première partie.
09:06Fruits et légumes, presque.
09:07Ça dépend du type de serre qu'on a.
09:09Mais globalement, il y a tous les systèmes que j'ai évoqués tout à l'heure.
09:12On peut trouver le bon système pour la bonne culture.
09:15Pour les poissons, ça va dépendre effectivement de l'environnement et de la température.
09:19Selon l'endroit où on est en France et selon le type de serre, certains types de poissons nécessitent d'avoir des eaux un peu plus froides.
09:26Et là effectivement, il faut faire des aménagements ou faire des choix.
09:29Donc quel type de poisson peut faire le système ?
09:31Nous, on a choisi la perche.
09:34Parce que pour la truite, c'était un peu trop chaud.
09:36Mais bon nombre de mes collègues ont choisi la truite.
09:39Et puis d'autres choisissent de la carpe ou la carpe-coille.
09:42Après, il faut aussi que ce soit en correspondance avec un marché.
09:45C'est ça qui est intéressant aussi.
09:46Alors le marché, effectivement. Est-ce que les grandes surfaces alimentaires s'y intéressent ou pas ?
09:50Oui, aujourd'hui, on a beaucoup d'acteurs qui s'y intéressent, dont les grandes surfaces.
09:55Parce que pour eux, c'est quand même un moyen de redorer un peu l'image de leur modèle.
10:01Et d'avoir une production juste à côté.
10:03Imaginez un supermarché et à côté une ferme aquaponique.
10:06Et la salade qui sera produite juste à côté sera directement dans le supermarché sans aucune étape.
10:10On a pu tester l'intérêt de patrons de supermarchés sur des lieux d'implantation.
10:15Notamment l'Inde en Mayenne, qui est responsable pour sa chaîne de l'ensemble de l'Ouest.
10:22Aussi bien pour mettre en place une unité sur place localement que pour la diffuser à l'échelle du groupe.
10:27Ce qui est incroyable, c'est qu'aujourd'hui, un groupe comme Veolia s'y intéresse depuis plus de 8 ans de l'aquaponie.
10:36C'est vraiment un sujet éminemment stratégique pour eux, pour les villes du futur.
10:41Oui, des acteurs majeurs s'y intéressent.
10:44Je tiens à citer Edgar Pisani, avec qui j'ai eu plusieurs échanges à la fin de sa vie.
10:51Celui qui a lancé le programme Airbus, le programme TGV notamment.
10:57Il était très soucieux des enjeux de l'alimentaire et de la faim dans le monde.
11:01Il m'a d'ailleurs largement encouragé à développer une action de soutien à des projets utiles.
11:08Il avait l'intuition qu'il y avait des solutions de cette nature-là.
11:13En fait, on a une solution intéressante, majeure et qui résout notamment localement le sujet de l'économie circulaire.
11:20On propose aux cantines d'acheter local.
11:23Là, en l'occurrence, on propose une solution qui permet de produire localement dans les meilleures conditions
11:28en proposant une offre alimentaire extrêmement intéressante.
11:31Autre avantage de l'aquaponie, c'est que ça crée de nouveaux métiers.
11:34Et vous, Jean-Michel de Germain, dans votre ferme, vous proposez des formations.
11:38Vous allez tout nous expliquer dans un instant sur Sud Radio.
11:42CIDE, le réseau qui soutient les entreprises innovantes, vous présente...
11:52Et nous sommes toujours sur Sud Radio avec Laurent Benveniste, expert en innovation et Jean-Michel de Germain,
11:57président d'Horizon 36, une entreprise qui a créé une ferme aquaponique dans l'Indre, en région centre,
12:04et qui propose des formations dans le domaine de l'aquaponie.
12:07On va en parler dans un instant.
12:09Mais Jean-Michel, une question.
12:11L'aquaponie répond réellement aux défis alimentaires de demain ?
12:14Oui, effectivement, puisqu'on le voit bien.
12:17Aujourd'hui, comme vous l'avez très bien souligné, on a un accroissement de la population qui est programmé.
12:21Et puis, on a aussi une pression énorme sur les terres.
12:25Mais dans le même temps, on a aussi besoin des forêts, donc c'est complexe.
12:29Effectivement, là, si on arrive à rapprocher cette production alimentaire des villes, on résout beaucoup de problèmes.
12:36Mais est-ce qu'on peut dire qu'éventuellement, c'est une des solutions pour combattre la faim dans le monde ?
12:42Bien sûr, c'est une des solutions.
12:44Aujourd'hui, vous avez beaucoup de pays qui s'y intéressent énormément et qui sont prêts à investir pour demain.
12:51En Afrique, on pratique beaucoup l'aquaponie aujourd'hui.
12:54Oui, vous avez certains coins d'Afrique où c'est débutant, balbutiant, et d'autres où c'est un peu plus avancé.
13:01Eh oui, espérons qu'on avance rapidement sur cette cause parce que les chiffres sont effrayants.
13:06D'ici 2030, plus de 600 millions de personnes souffriront de la faim dans le monde, Laurent Wavenistre.
13:12Oui, ça fait peur, ces chiffres.
13:15Oui, et quand une fois, on a... On parlait de l'Afrique, effectivement.
13:20Il y a non seulement des choses qui se font et qui se font depuis longtemps.
13:23Mais l'intérêt du projet de Jean-Michel de Germain, c'est de proposer des solutions,
13:29d'encadrer la mise en place des unités, de former des personnes,
13:33de rationaliser un système qui permet aussi bien d'ailleurs de faire de la qualité que de faire du volume.
13:38Il se donne les moyens pour ça, oui.
13:40Alors effectivement, il y a quatre ans, Jean-Michel de Germain, vous avez créé dans l'Indre Aquaponis.
13:45C'est une ferme-école de l'aquaponie et de la lombriculture qui forme un métier de l'aquaponie.
13:51C'est une entreprise d'insertion.
13:53Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure ? Pourquoi l'insertion ?
13:58J'ai des valeurs qui me sont importantes.
14:00C'est notamment l'environnement et le social.
14:03Il me paraissait important de conjuguer les choses dans un projet qui était fait notamment pour tout le monde.
14:10Mais avant de créer cette ferme, vous étiez déjà dans l'insertion, dans la partie agricole, dans le monde de l'agriculture ?
14:18J'ai effectivement des formations parmi mes formations agricoles.
14:21Donc ça, ça m'a toujours tenu à cœur.
14:23Et puis effectivement, j'étais déjà dans le monde de la formation puisque je dirige un centre de formation CFA.
14:28Alors comment se déroulent précisément ces formations que vous proposez ?
14:33On a plusieurs types de formations.
14:35On a des formations pour des professionnels qui demain veulent s'installer sur une ferme aquaponique.
14:40Mais on a aussi des formations qui sont destinées à des techniciens ou des ouvriers
14:45qui veulent à terme travailler dans ces futures fermes ou dans ces fermes.
14:48Et puis il y a aussi des formations pour les particuliers.
14:52D'accord. Si moi demain, je veux apprendre l'aquaponie, je vous appelle et je peux effectivement faire une formation.
14:59Mais alors les métiers, quels sont-ils précisément ?
15:02Aujourd'hui, on est dans une profession qui est encore naissante en France.
15:06C'est très développé dans des pays comme l'Australie ou aux Etats-Unis.
15:11Chez nous, c'est récent.
15:12Donc on est plutôt les trois quarts.
15:14En général, c'est des gens qui veulent créer et s'installer pour vivre effectivement de ce qu'ils produisent.
15:19C'est très bien. Il en faudra beaucoup puisqu'on le voit, le marché est quand même assez énorme.
15:24Mais on sait qu'aujourd'hui, il y a à peu près 300 projets en France
15:28qui sont dans les tuyaux de la Chambre de l'Agriculture
15:31et qu'ils ont un peu de mal à gérer parce qu'ils n'ont pas de référence technique.
15:36C'est-à-dire ?
15:37C'est-à-dire que, par exemple, la Chambre de l'Agriculture est là pour évaluer la viabilité d'un tel projet.
15:42Et leurs propres conseillers ne sont pas encore formés sur ces techniques-là.
15:47Donc nous, effectivement, on participe à cette tâche-là.
15:51D'accord. Mais les métiers auxquels vous formez, c'est maraîcher, pisciculteur, quels sont les autres, par exemple ?
15:58En fait, l'aquaponie touche, comme vous l'avez vu, c'est le carrefour de plusieurs métiers.
16:02Vous avez cité maraîchage, vous avez cité, effectivement, aquaponie.
16:05Mais il y a aussi, bien sûr, le fait de devoir vendre les légumes, de devoir les livrer, etc.
16:10Donc on est vraiment dans un carrefour.
16:13Ah oui. Alors vous l'avez dit, l'aquaponie peut se pratiquer, effectivement, à domicile.
16:18Il y a même, sur Internet, j'ai été un peu glanée, il y a même des kits aquaponiques.
16:23Alors expliquez-nous, comment ça se passe ?
16:25Est-ce qu'on peut pratiquer l'aquaponie en appartement, dans son jardin, autant à l'extérieur qu'en intérieur ? Dites-nous.
16:32Alors oui, ça dépend de l'échelle.
16:34Si c'est pour produire, pour la famille, effectivement.
16:37Et c'est mieux, effectivement, d'avoir un extérieur, d'avoir un jardin.
16:41Auquel cas, il vous faudra une ferme qui fait à peu près 6 sur 3 équipées.
16:46Et là, vous allez produire 80% de vos besoins avec ce système-là.
16:50Une ferme, donc une serre.
16:52Une serre, pardon, j'ai dit une serre.
16:54D'accord. Et si on est en appartement, alors comment on fait ?
16:57Alors si on est en appartement, vous pouvez avoir des petits systèmes avec des aquariums, notamment.
17:01Et vous allez produire, par exemple, des aromatiques, ou quelques légumes, ou quelques fraises, ou quelques fruits modestes.
17:08Il vous faut aussi, des fois, ne serait-ce qu'un petit balcon.
17:11Et vous allez pouvoir coupler le côté poisson, le côté aquarium, avec le côté extérieur.
17:16Alors, d'accord. Donnez-nous des conseils pratiques.
17:18Donnez des conseils aux auditeurs de Sud Radio qui nous écoutent.
17:21Je vais chez, je ne sais pas, Castorama, ou Ricorama, ou Laurent Merlin.
17:24Qu'est-ce que j'achète ? Dites-nous.
17:26Alors, l'idée, pour un particulier, c'est de coupler ce qu'on appelle le low-cost et le high-tech.
17:31C'est-à-dire de pouvoir récupérer des bassins, par exemple.
17:36À la base, ça peut être tout simplement des bassins, des récupérateurs d'eau.
17:40Si vous avez un balcon, par exemple, ou si vous avez un extérieur.
17:43Ça vous donnera le contenant pour les poissons.
17:46L'idéal, c'est d'avoir des autres contenants.
17:49Il peut être des contenants aussi de récupération, si on est dans le low-cost,
17:53dans lesquels vous allez pouvoir mettre les plantes.
17:56Et après, c'est qu'un système de tuyauterie qu'on vous apprend dans les formations
18:00et qui permet toutes les techniques et tous les tests.
18:04Il faut de l'oxygène, il faut que l'eau soit active.
18:08Et il faut jouer aussi sur la déclinaison, de telle manière...
18:12C'est quoi la déclinaison ?
18:13La déclinaison du sol, pour qu'on utilise le moins d'énergie possible.
18:17Parce que l'idée aussi, c'est de ne pas trop utiliser d'énergie.
18:20En moyenne, il faut investir combien pour un petit système aquaponique à la maison ?
18:23Un petit système, si vous avez un chez vous, un extérieur,
18:27pour une ferme de 4 personnes...
18:29Une serre ?
18:30Oui, je l'ai dit !
18:32Une serre de 4 personnes !
18:35Il vous faudra au maximum 3000-3500 euros.
18:38Ah oui, quand même, c'est cher !
18:40Mais là, vous faites manger quand même 4 personnes,
18:43vous avez des aliments à 80% sur l'année, c'est quand même pas rien.
18:46C'est un amortissement sur combien d'années, à peu près ?
18:48Sur 3 ans, 3 ans et demi, vous l'amortissez.
18:51En plus, ce qui est intéressant de pratiquer ce genre de culture à la maison,
18:56c'est que c'est ludique, pour les enfants, c'est extraordinaire.
18:59Complètement, il y a un vrai lien à la nourriture
19:02et cette éducation qui est aussi nécessaire dans les familles.
19:06Parce qu'aujourd'hui, ce métier d'aquaponier, l'aquaponier,
19:09elle n'est pas enseignée dans les écoles agricoles ?
19:13Non, c'est un vrai paradoxe, ça.
19:15Aujourd'hui, on n'enseigne pas ça.
19:17Moi, j'ai fait moi-même une école agricole il y a quelques années.
19:20Mais effectivement, on n'apprenait pas du tout ces techniques-là et c'est dommage.
19:24Alors que dans certains pays d'Afrique, notamment l'Afrique du Sud,
19:28c'est carrément dans le programme scolaire.
19:31Ah oui, incroyable. Mais qu'est-ce qui fait ?
19:33Pourquoi on est si en retard en France ? Pourquoi il y a ce frein ?
19:36Pour moi, je ne pose pas l'agriculture traditionnelle et ses nouvelles technologies.
19:41Pour moi, c'est complémentaire.
19:43Il y a longtemps, dans beaucoup de têtes, il y avait notre agriculture avec son poids
19:47et qui interdisait un peu tous ces thèmes qui n'étaient pas dans ce même moule, tout simplement.
19:53Et je pense que c'est ça qui a freiné chez nous.
19:55Alors que dans d'autres pays, c'était beaucoup plus ouvert, on va dire.
19:58Et ce qui est terrible, c'est que ce métier n'a pas de case, en quelque sorte.
20:03Vous n'êtes pas reconnu par le ministère de l'Agriculture.
20:06C'est-à-dire ? Expliquez-nous.
20:07Ça, c'est un vrai problème.
20:08L'État a bien fait en classant l'aquaponie comme métier émergent.
20:12Oui.
20:13C'est très bien.
20:14Mais il n'a pas été jusqu'au bout de la logique.
20:16Il n'a pas créé une case comme plombier, électricien.
20:19Et du coup, quand on est dans le système administratif, il est perdu.
20:25Donc, vous ne bénéficiez d'aucune subvention de l'État ?
20:28Rien.
20:29Mais c'est incroyable.
20:30Alors vous, il faut le dire quand même, vous êtes président de la Fédération française de l'aquaponie.
20:36À ce titre, quelles actions vous menez pour que ce métier soit reconnu ? Parce qu'il le faut.
20:41Laurent Benveniste.
20:43Oui.
20:44C'est la caractéristique de toute activité émergente.
20:48Donc, elle doit trouver son cadre, son régulateur, etc.
20:51Donc, c'est un fait.
20:53Ce que je voulais juste souligner, c'est que ce projet, comme tous ceux accompagnés par le réseau, sont possibles.
20:59Parce qu'il y a des acteurs qui les accompagnent.
21:01Parce qu'ils arrivent à créer un écosystème autour d'eux.
21:03Vous pourrez d'ailleurs tous les rencontrer si vous êtes intéressé.
21:08Le 11 octobre, puisqu'on organise une manifestation en Vendée au Ludilab.
21:13Ces projets sont possibles qu'à partir du moment où ils trouvent des investisseurs tôt.
21:18Des investisseurs qui comprennent les enjeux, qui veulent avant tout être utiles.
21:21Et qu'ensuite, un écosystème se bâtit pour que, bien sûr, les gens, nous tous, soient en mesure d'accepter les changements
21:29qui permettent de conduire à l'ensemble de ce qu'a évoqué Jean-Michel de Germain.
21:33Dans le terme de perspective, manger mieux, pouvoir produire localement.
21:38Tout ça est une affaire qui passe par un minimum d'organisation collective et d'implication de chacun.
21:45Alors effectivement, le Ludilab, c'est en Vendée.
21:48Si vous voulez plus d'informations, participez à cet événement qui réunit investisseurs innovateurs.
21:54Ne ratez pas cet événement.
21:56Si on veut s'inscrire, sur quel site ?
21:58Vous pouvez vous contacter à contact.sidnetwork.fr
22:03Sidnetwork, S-I-D-N-E-T-W-O-R-K
22:06Laurent Baveniste et Jean-Michel de Germain, merci d'être venus sur Sud Radio.
22:11Chers auditeurs, si vous souhaitez en savoir plus sur l'aquaponie, rendez-vous sur aquaponiste.fr.
22:17A la semaine prochaine sur Sud Radio.
22:19D'ici là, vous pouvez réécouter l'épisode de Génération Innovation en replay, en podcast, sur l'appli Sud Radio.
22:26Bon week-end à l'écoute de Sud Radio.

Recommandations