« La croissance ne peut être infinie dans un monde fini. » C’est l’argument massue des partisans de la décroissance. Croire que la technologie nous sauvera du désastre climatique est une utopie dangereuse. Nos sociétés doivent impérativement rompre avec leurs addictions consuméristes et s'orienter vers une économie plus sobre, voire une « société de décroissance ». Le statu quo n’est pas tenable. Economie et décroissance c’est d’abord un choc productif négatif. Sur le plan économique, cela signifie incorporer moins d'énergie, moins de temps machine, favoriser les circuits courts. [...]
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00:00La croissance ne peut être infinie dans un monde fini. C'est l'argument massue des partisans de la décroissance.
00:18Croire que la technologie nous sauvera du désastre climatique est une utopie dangereuse.
00:24Nos sociétés doivent impérativement rompre avec leur addiction consumériste et s'orienter vers une économie plus sobre,
00:31voire une société de décroissance. Le statu quo n'est pas tenable.
00:36Économie et décroissance, c'est d'abord un choc productif négatif sur le plan économique.
00:41Cela signifie incorporer moins d'énergie, moins de temps machine, favoriser les circuits courts.
00:50Cela implique de détricoter les chaînes d'approvisionnement mondiales qui sous-tendent l'efficacité actuelle des processus de production.
00:58Ce choc de productivité, inévitable pour réduire les impacts environnementaux, signifie produire moins de richesses,
01:05donc consommer moins, investir moins et moins d'échanges au niveau international.
01:11Pour les adeptes de la décroissance, c'était exactement l'effet recherché. C'est la fin d'un modèle centenaire.
01:18Depuis des siècles, la croissance est considérée comme un gâteau que l'on partage pour améliorer la prospérité de tous.
01:25Mais que se passe-t-il lorsque ce gâteau se réduit ?
01:29La décroissance remet en question cette logique.
01:31Si la richesse diminue, la fiscalité suit la même pente, ce qui pose des défis colossaux.
01:37Comment financer la santé, l'éducation, la sécurité ou encore la transition vers un mixte énergétique bas carbone ?
01:45La décroissance frappe de plein fouet la conception même du progrès traditionnellement associé à une technologie génératrice de productivité et donc de croissance.
01:56La croyance selon laquelle la technologie permet de fabriquer des produits toujours plus performants à des coûts toujours plus bas est ébranlée.
02:04Avec la décroissance, l'idée même de progrès est mise en cause.
02:09La promesse de consommer davantage et d'explorer de nouveaux territoires devient caduque.
02:13De plus, l'accumulation de capital, moteur du capitalisme, est sérieusement menacée.
02:19Pourquoi investir dans un capital qui, en décroissance, ne génère plus de plus-value ?
02:25Le marché financier, bâti sur l'idée implicite d'une croissance sans fin, vacille.
02:31Les adeptes de la décroissance ne manquent pas d'arguments.
02:35Pour eux, consommer autrement et travailler moins ne signifie pas forcément moins de bien-être.
02:40Le PIB n'est plus un indicateur de bien-être, mais le reflet des dépenses contraintes et addictives, tout en ignorant les dégradations environnementales et sociales.
02:50La décroissance cible avant tout les plus riches, ceux dont l'accumulation excessive de biens et de capital contribue massivement aux émissions de carbone.
02:59Redistribuer ces ressources pourrait financer des biens communs, même avec un PIB plus faible.
03:05Il ne s'agit pas ici de tanger ce débat, qui redonne une vitalité au vieux clivage qui oppose tenants du marché et partisans de formes plus ou moins douces de collectivisme.
03:16Mais qu'on le veuille ou non, le PIB n'est qu'une convention.
03:19C'est au fond la somme des coûts que nos sociétés sont prêtes à engager, que ces coûts soient vertueux ou non.
03:26Et si demain, il faut déclasser le capital polluant et isoler nos bâtiments ?
03:31C'est un appel d'air pour de l'investissement nouveau bas carbone, donc du PIB supplémentaire.
03:37S'il faut remplacer le parc automobile carboné, c'est une opportunité pour le secteur automobile de relancer sa production sur des biens à plus forte valeur ajoutée.
03:46S'il faut produire et manger bio sans être soumis à la concurrence de produits de basse qualité, c'est plus de coûts et plus de valeur ajoutée aussi.
03:55S'il faut revoir nos modes de loisirs et de tourisme, c'est un appel d'air à de nouveaux substituts.
04:01S'il faut adapter nos infrastructures face à la montée des eaux, idem.
04:06Nos sociétés se complexifient, démultiplient les astreintes et la recherche de nouvelles solutions.
04:12Cela s'appelle la croissance.
04:14Et quand la sphère matérielle est trop étroite, le capitalisme se déploie dans les champs du virtuel et ou la création de valeurs symboliques via les marques, le design, etc.
04:25Et prétendre vaincre ce processus dont complexification est un pari bien audacieux.