Retour de terrain : la peur gagne le nord d'Israël

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00:00Pauline Goddard, vous vous rentrez tout juste d'Israël, où vous étiez notre envoyée spéciale.
00:05Vous avez couvert toute l'escalade dans la région, depuis notamment la frappe contre Hassan Nasrallah, le leader chiite du Hezbollah.
00:11Oui, c'est vrai qu'en l'espace de quelques jours, il s'est passé énormément de choses.
00:15Nous, on attendait de notre côté de savoir si cette opération terrestre menée par l'armée israélienne aurait lieu ou pas dans le nord d'Israël, à la frontière avec le Liban.
00:25On attendait, il y avait des rumeurs, ça a fini par arriver, mais entre temps, il y a eu cette frappe, cette frappe d'une intensité incroyable sur la banlieue sud de Beyrouth.
00:33Et puis les informations commençaient à arriver en compte-gouttes, et c'est vrai qu'on entendait la radio, la télé, les analystes israéliens qui disaient
00:41« Mais si Israël a mené une frappe d'une telle ampleur, c'est que forcément, il y avait quelqu'un d'important dedans ».
00:47Et ça a fini par être confirmé. Alors le lendemain, parce que c'est vrai que quand on demandait à l'armée israélienne, elle nous disait « On vous dira quand on saura ».
00:54Et quand ils ont su, en effet, ils l'ont dit, et ils ont dit, ils ont eu d'ailleurs ces mots « Hassan Nasrallah ne pourra plus terroriser le monde ».
01:01C'est ce qu'a dit, en fait, et c'est l'annonce qui a été faite tout de suite, et c'est ce qu'on a reçu, nous, comme communiqué sur nos téléphones portables.
01:08Les différents Israéliens avec qui on a pu discuter nous ont dit, eux, qu'ils étaient contents, en fait, d'apprendre cette nouvelle,
01:15que le Hezbollah soutenait, depuis ce qui s'était passé le 7 octobre, le Hamas, et que d'entendre que le chef du Hezbollah, qui avait été tué après 32 ans à la tête du Hezbollah,
01:25ça les a soulagés. Alors ce qui est plus compliqué, bien évidemment, c'est pour les familles des otages.
01:31Les familles des otages qui, elles, ont vu, finalement, les yeux se tourner vers le sud Liban, vers le nord d'Israël, et c'est vrai qu'on parle beaucoup moins de Gaza,
01:41beaucoup moins de ce qui s'y passe, il y a des bombardements encore tous les jours, il y a des Palestiniens qui décèdent tous les jours,
01:47et il y a toujours ces otages qui sont là-bas, une centaine, et ça, c'est très difficile, et ils reprochent énormément à Benyamin Netanyahou, ce qui est en train de se passer.
01:57Ils disent, vous êtes en train de mettre un mouchoir sur Gaza, et nous, on n'a toujours pas les otages qui sont là.
02:02Et vous pensez que le soutien reste large à l'offensive au Liban, parce qu'il y a quand même eu 8 soldats ou 9 soldats israéliens qui viennent d'être tués, là ?
02:08Alors, encore une fois, pareil, quand on est allé dans le nord d'Israël, on s'est rendu dans plusieurs villes, notamment Nahariya, qui se trouve à 7 kilomètres de la frontière,
02:17on est allé dans le kibouz de Saar, qui est encore plus près de Saar, on est allé à Mahalot aussi, même pas 7 kilomètres,
02:23et les gens avec qui on a discuté nous ont dit, en tout cas, au moment où on y était, il n'y avait pas encore eu l'incursion terrestre israélienne,
02:32mais eux étaient plutôt pour, parce qu'ils disaient que ça suffit, en fait.
02:36En fait, il faut bien comprendre que les gens qui ont été évacués, ils habitaient entre 1 kilomètre à 5 à 6 kilomètres de la frontière.
02:44Après, il y a quand même tous les gens qui habitent en dessous, donc il y a cette fameuse, celle qu'on appelle la ligne bleue, en fait, cette frontière entre Israël et le Liban,
02:51et les gens en dessous de ces 5-6 kilomètres n'ont pas été évacués, donc la plupart sont restés chez eux,
02:56il y en a certains qui nous disaient que c'était compliqué, parce que ceux qui ont été évacués, c'est financé par le gouvernement,
03:01par l'état israélien, mais eux, s'ils décident de partir, c'est avec leur propre denier.
03:05Et il y en a qui décident de rester, parce qu'ils n'ont pas les moyens de rester, mais c'est vrai qu'ils étaient plus pour cette incursion.
03:13Après, la plupart disaient, ce qui nous fait peur, c'est pour nos soldats, et ça, c'est vrai qu'ils finissaient toujours par dire ça.
03:19On a peur, et on sait que ça va être très compliqué pour nos soldats, et c'est vrai que là, on en est à au moins 8 soldats israéliens décédés pour l'instant.
03:26On verra si on va vers une occupation du sud de Liban, et l'opinion israélienne peut évoluer.
03:30Vous étiez à Jérusalem également, quand il y a eu l'attaque iranienne des 200 missiles balistiques.
03:35Oui, pareil, il y a eu encore des rumeurs sur le fait que l'Iran allait frapper, que ça allait avoir lieu le mardi soir.
03:44Après, on a vu petit à petit que c'était les Américains qui commençaient à donner des informations.
03:50Ça a circulé, c'est vrai, l'après-midi.
03:52Les Israéliens disaient, on réduit les rassemblements dans le centre d'Israël, restez quand même à côté de vos abris.
03:58Il y avait quand même plein d'indications, et tout d'un coup, en effet, on a reçu sur nos téléphones portables une alerte.
04:05Alors, tout le monde en Israël a des applications qui permettent de savoir quand il y a des alertes et quand il faut aller aux abris.
04:12Là, c'était encore une alerte différente.
04:14Je ne sais pas si on va le voir à l'antenne, il y a ces petits points rouges qu'on voit et qui me disent que c'est ça, tout à fait.
04:21Donc ça, ça fait partie des applications qu'on a.
04:23Et ça, c'était le jour où Israël a été frappé par l'armée israélienne.
04:29Et on a reçu, nous, en plus, une autre alerte.
04:32J'avais mon téléphone dans les mains.
04:34En fait, il s'est mis à vibrer avec un énorme triangle jaune avec le « attention » dedans.
04:39C'est écrit en hébreu, mais on a bien compris qu'il se passait quelque chose de grave.
04:42Et ça vibrait, ça vibrait.
04:43Et ça, ça veut dire, en gros, c'est un message du commandement intérieur qui dit « allez vite vous mettre à l'abri ».
04:49Et dix minutes après, on a commencé à voir.
04:52On a vu ces salves de missiles qui arrivaient au-dessus d'Israël, au-dessus de Jérusalem.
04:58Le ciel qui s'illuminait.
05:00On voyait, par moments, des impacts.
05:03Et le ciel s'illuminait encore plus parce qu'on voyait que le dôme de fer, la défense antiaérienne israélienne étaient rentrés en action.
05:10En tout cas, autour de l'hôtel où on se trouvait, les rues étaient assez vides.
05:14Les gens avaient plutôt suivi les recommandations faites par l'armée israélienne de rester surtout à côté des abris.
05:20Il est vrai que Tel Aviv a été touché encore de façon plus proche et qu'il y a eu plus de dégâts.
05:28Jérusalem, ça s'est relativement bien passé, on va dire, si je puis dire.
05:33Par contre, il y a quand même un Palestinien, un Gazaoui, qui a été tué en Cisjordanie, qui a reçu un débris sur lui.
05:41Ce qui est important aussi de noter, c'est que l'armée israélienne a très peu communiqué.
05:47Le soir, elle a dit, ça y est, vous pouvez sortir de vos abris, vous pouvez rentrer chez vous.
05:50Pour l'instant, il n'y a plus de menaces.
05:52Et puis après, ils ont dit qu'il y avait des bases, en effet, qu'il y avait des bases militaires israéliennes qui avaient été touchées.
05:58Mais encore une fois, pareil, sans entrer dans les détails, ils ont dit, en gros, non, non, mais il y a eu quelques petites choses de cassées, mais pas grand-chose.
06:04Et c'est vrai que c'est très compliqué, en fait, de savoir exactement est-ce que les Iraniens ont réussi ou pas à frapper ce qu'ils voulaient.
06:12En tout cas, ils avaient dit qu'ils frappaient des zones militaires, ce qui a été fait aussi.
06:16Mais il y a toujours des roquettes qui se perdent.
06:18Et il y a eu quand même aussi quelques blessés légers.
06:22Vous étiez également dans le nord d'Israël.
06:24Qu'est-ce que vous avez pu là-bas constater sur place ?
06:27Alors, quand vous arrivez dans le nord d'Israël, et c'est ce qu'on a vu dans toutes les villes que je vous ai citées tout à l'heure,
06:33les rues sont vides, les gens restent chez eux, ils ont peur, ils restent à côté de leurs abris, ils travaillent de chez eux, les enfants font l'école à la maison.
06:41Et c'est ça dans toutes les villes du nord.
06:44C'est vraiment ce qu'on a pu constater.
06:47D'ailleurs, on a vécu, nous, on était à Safed, donc encore une fois, Safed, il faut se rappeler, c'est une ville du nord d'Israël.
06:54Autour, il y a plusieurs bases militaires.
06:56Et elle est frappée quotidiennement.
06:58Dans le nord d'Israël, il n'y a pas forcément...
07:01Donc ça, c'était en direct, on a couru, parce qu'il y a eu deux alertes en moins de 30 minutes.
07:06On a couru très rapidement se mettre à l'abri.
07:09Par exemple, à Safed, il n'y a pas beaucoup d'abris.
07:11La plupart des maisons après 93 ont été construites avec un abri.
07:15Mais à Safed, vous avez quelques abris par-ci, par-là.
07:18Et sinon, ils nous ont expliqué aussi, dans la vieille ville,
07:20qu'ils vont se mettre à l'abri dans des tunnels qui ont été construits il y a des centaines d'années.
07:26Mais en tout cas, encore une fois, la population, elle, est effrayée, a peur.
07:30Mais il y en a certains qui nous ont dit, si jamais il faut qu'on reste pendant des heures et des heures dans nos abris,
07:34mais qu'on puisse enfin, même dans plusieurs semaines, avoir la paix, on le fera.
07:39Merci beaucoup Pauline Goddard. Merci à vous de retour d'Israël.

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