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00:00Voilà, pour ce discours délivré à l'instant par Emmanuel Macron, depuis Villers-Cotterêts,
00:05une prise de parole que nous avons suivie ensemble, Stéphane Ballon, rédacteur en chef ici au Service Afrique.
00:10Il y a d'abord l'utilisation de cette langue française et puis il y a aussi la francophonie politique,
00:14on va y revenir, mais il y a déjà cette formule à laquelle je voudrais vous faire réagir,
00:18la langue française ancestralement jeune et instrument d'unité et de pouvoir.
00:23Qu'est-ce qu'il veut dire par là, Emmanuel Macron ?
00:24Absolument. En fait, j'ai compris que dans ce discours, Emmanuel Macron était en quelque sorte
00:31dans le prononcement de celui qu'il avait prononcé à Dierba en 2022,
00:37à l'occasion du dernier sommet de la francophonie. En gros, l'enjeu, c'est quoi ?
00:42Il avait reconnu à cette époque-là que la langue française était en perte de vitesse.
00:48Et là, dans ce discours, il s'est attelé à rendre un hommage à la langue française,
00:53à rappeler le fait que la langue française actait autrefois à une langue de réussite,
01:00quand il parle d'éducation, quand il parle de commerce, quand il dit aux jeunes
01:05« vous n'avez pas forcément besoin d'apprendre l'anglais ».
01:09Ne pensez pas qu'à l'anglais, c'est comme ça qu'il l'attendait.
01:12Ne pensez pas qu'à l'anglais pour commercer.
01:14Là, il est complètement dans la droite ligne de ce qu'il a commencé en 2022 dans son discours.
01:20Et le fil conducteur, c'est ça, c'est la langue française.
01:23C'est un bel hommage. Il a cité des auteurs des quatre coins de l'espace francophone
01:29pour rappeler que la langue permet à la fois de faire des choses sur le plan culturel,
01:35sur le plan éducationnel, sur le plan diplomatique.
01:39Il a adressé quelques mots à l'égard, vis-à-vis de la situation au Liban
01:48et dans d'autres pays.
01:50Donc, la langue française, c'est finalement le fil conducteur.
01:53C'est cette langue qui unit les pays membres de cet espace-là
01:57et qui leur permet de faire plein de choses, de l'éducation, de la culture.
02:03Et aujourd'hui, désormais, dans l'économie, dans l'innovation, dans l'intelligence artificielle,
02:09un sujet qui lui tient particulièrement à cœur,
02:11parce que là aussi, il a en tête cette jeunesse francophone.
02:16On voit qu'elle est bouillonnante, qu'elle est pleine d'énergie et qu'elle est fortement révendicatrice.
02:22On voit ce qui se passe au Kenya, ce n'est pas dans l'espace francophone,
02:26mais on a vu le rôle majeur qu'ont joué les jeunes au Sénégal dans la dernière présidentielle.
02:31On voit ces mêmes jeunes qui risquent leur vie à monter sur des pirogues
02:35pour traverser l'océan pour aller chercher une vie meilleure ailleurs.
02:40Donc, il était dans cette démarche-là, quand on écoute son discours,
02:44de rappeler que la langue française, facteur d'unité, peut être aussi une langue source d'opportunité.
02:49On rappelle que le français est parlé par 320 millions de personnes sur la planète.
02:55Ce chiffre, ce qui en fait la cinquième langue la plus parlée au monde,
02:58et ce chiffre pourrait doubler d'ici 2050.
03:01En même temps, il y a cette perte de vitesse, ce français qui régresse.
03:05Est-ce que c'est pour tenter aussi de contrecarrer l'influence de la Chine, de la Russie,
03:09notamment, qui tient ce type de discours ?
03:10Emmanuel Macron pourrait aller en 2022 de reconquête, ce sont ses propres mots.
03:18Et à cette occasion, il reconnaissait, par exemple, en citant les pays du Maghreb,
03:22comme le Maroc et la Tunisie, que c'est des endroits où l'utilisation de la langue française a reculé.
03:29Il disait qu'on parle moins français en Tunisie et au Maroc qu'il y a 20-30 ans.
03:35Pas plus tard que ces derniers jours, je crois qu'hier ou avant-hier,
03:39Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie
03:44qu'on écoutait sur ce plateau, disait la même chose.
03:47Et qu'on écoutera tout à l'heure.
03:48Exactement, le français était autrefois la langue des relations internationales,
03:54la langue de la diplomatie, mais on constate ces derniers temps
03:58qu'elle est en perte de vitesse, notamment dans des institutions comme l'ONU.
04:04Elle rattache cela, elle explique cela par le fait qu'autrefois,
04:07l'influence de la France qui allait aussi avec l'utilisation de la langue française,
04:15cette influence-là a fortement baissé, notamment dans des régions comme l'Afrique subsaharienne,
04:24précisément dans la région du Sahel.
04:27Il y a cet aspect-là, je veux dire les relations entre États,
04:33entre la France et certains États qui est devenu compliqué,
04:35mais on peut ajouter aussi à cela l'offensive de certaines puissances,
04:40vous en parliez, la Chine, on a vu ces dernières années la Chine investir,
04:46certes massivement dans l'économie, dans les économies africaines,
04:52mais cette offensive économique est accompagnée d'une offensive culturelle,
04:56d'une sorte dont on parle mieux.
04:58On a vu fleurir sur le continent des instituts confucius
05:03qui proposent l'apprentissage du mandarin aux jeunes Africains et gratuitement.
05:10D'ailleurs, il a été très habile dans son propos Emmanuel Macron
05:13quand il a à un moment évoqué ces langues-là,
05:16sans les mettre en confrontation avec le français.
05:19Mais plutôt en complémentarité.
05:21Exactement, c'est-à-dire que le français doit permettre aussi de s'ouvrir,
05:26verser ces langues-là par des traductions.
05:30Et voilà, c'est-à-dire que le français peut finalement coexister
05:35avec d'autres langues sans être en concurrence.