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On le surnomme le « Tarzan français ». Star des réseaux, Léo Urban raconte dans un premier livre les étapes de sa métamorphose en « Humanimal » ! Il est ce matin l'invité de Mathilde Serrell.

Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes

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Transcription
00:00Place aux nouvelles têtes Mathilde Serrel, ce matin un invité passe 90% de son temps pieds nus.
00:06Léo Urban est dans notre studio.
00:09Oui, ça c'est le cri de Tarzan alias Johnny Westmuller dans le film Tarzan l'homme singe de 1932.
00:21Vous avez le vôtre de cri, on peut vous dire bonjour comme ça ?
00:24Bonjour, comment allez-vous ? Merci de m'avoir invité.
00:28Merci pour ce cadeau. Je précise que le Tarzan du film Johnny Westmuller, c'est pas son cri.
00:33C'est un mélange entre le chant d'un yodel autrichien et le cri d'une hyène américaine
00:38qui a été fabriquée par un ingénieur du son, c'était le point culture G.
00:41On l'apprend tous les jours.
00:43Il était champion de natation Westmuller, c'était notre Léo Marchand un peu à l'époque.
00:47Et vous, on vous surnomme le Tarzan français.
00:49Avant la forêt, vous avez commencé par escalader les tours à mains nues,
00:53inspiré par le Spiderman français, cette fois Alain Robert.
00:56Vous êtes progressivement devenu une star des réseaux, plus de 2 millions d'abonnés sur Instagram,
01:00350 000 sur Youtube.
01:02Et puis vous êtes parti dans la nature, en Afrique, en Ouganda, en Amazonie profonde,
01:06en Indonésie, à Sumatra, dans les forêts d'Europe aussi.
01:09Escalader les arbres, mais surtout sauter de branche en branche
01:12et entamer votre métamorphose en hume animal.
01:15C'est le livre que vous publiez chez Grasset.
01:18Alors, est-ce que vous vous sentez à combien de % animal, combien de % humain ce matin, Léo Urban ?
01:24Je pense qu'on est à un petit 38%.
01:26Sur de quel côté ?
01:28Du côté animal.
01:29Je pense qu'il y a encore énormément de recherches, de skills, de métamorphoses encore à avoir.
01:36Parce que pour l'instant, je suis né à Paris, je suis né dans un environnement qui m'a façonné,
01:42qui est quand même relativement urbain, ce que tout le monde connaît.
01:45Et c'est que ces dernières années de ma vie où je me suis consacré à me ré-ensauvager d'une certaine manière.
01:52En Europe, dans d'autres pays où il y a des gens qui sont intouchés, qui sont primaires,
01:57qui sont la véritable face de notre planète.
02:01On est dans les villes aujourd'hui et on est complètement paumé.
02:05Parce que derrière ça, il y a le véritable monde qui s'offre à nous, qui disparaît.
02:10Et de pouvoir le voir, de le sentir et d'observer les animaux qui m'ont toujours fasciné,
02:15c'est une chance aujourd'hui pour un être humain qui est né à Paris, en tout cas je pense.
02:19Oui, qui est né à Paris et qui ensuite est allé en Andorre.
02:22Ça a été décisif dans votre parcours de vie, le déménagement de vos parents du côté des Pyrénées.
02:27Là, vous allez escalader votre premier monument.
02:30C'est un émetteur radiophonique.
02:33C'est vrai, vous avez 12 ans.
02:35Vous allez grimper quand même, je pense à votre mère à chaque fois, jusqu'en haut.
02:38C'est là que ça commence à arriver, cette envie de grimper ?
02:43Si vous voulez, j'avais la maison, on était juste en bas.
02:47C'était un restaurant de montagne, il n'y avait pas de voisins.
02:50Il y avait la végétation de montagne d'altitude, un lac.
02:54C'était l'endroit parfait et je la voyais tous les jours, cette tour.
02:57Il n'y avait personne, il n'y avait rien.
02:59Je me suis dit qu'il faudrait peut-être qu'un jour j'aille voir ce qui se passe là-haut.
03:03J'étais attisé par la curiosité de savoir ce qu'il y avait comme point de vue là-haut.
03:08J'ai commencé progressivement à grimper le premier étage et j'avais peur.
03:12Mais ça a exorcisé, petit à petit, par étapes, cette peur du vide que j'avais.
03:18Comme tout le monde, comme 99% des gens.
03:21Il y a quelques fous qui n'ont pas peur du vide, mais ils sont plus de l'ordre de l'inconscient.
03:25Il y a des neurologues qui ont fait des examens, il y a des zones qui peuvent être désactivées.
03:28Chez certains grands escaladeurs, il y a la zone de la peur qui ne marche pas.
03:31Et moi, je n'ai pas du tout ça.
03:33Je suis allé étape par étape et c'était un entraînement comme un autre.
03:38Comme pour devenir plus fort en tennis, en cuisine ou peu importe.
03:42La peur du vide, je l'ai exorcisé comme ça.
03:44Vous êtes arrivé à 150 mètres sur cette antenne, puis vous avez continué.
03:48Je parlais de la Tour Montparnasse tout à l'heure.
03:50Il y a aussi la Tour Totale, où vous étiez avec Alain Robert, le spiderman français.
03:54Qu'est-ce qui a fait que vous n'avez plus envie de grimper de l'urbain ?
03:58L'urbain, ça a été quelque chose d'extraordinaire.
04:02Une aventure exceptionnelle que j'ai pu partager avec Alain Robert et d'autres grimpeurs urbains
04:06comme Alexis Lando.
04:08On avait un ami polonais aussi qui faisait ça.
04:10Mais ça a fait partie d'une étape de ma vie où j'étais dévoué corps et âme pour faire avancer cette discipline.
04:16Parce que j'étais sur Paris.
04:18Parce que ça s'est aligné avec mon chemin de vie à ce moment-là.
04:20Mais aujourd'hui, c'est plus ce qui m'attire.
04:23Même s'il y avait un côté très sauvage, même avec ce truc-là d'illégalité.
04:29J'en avais marre déjà de me faire arrêter par les flics en haut.
04:33Et de faire de la garde à vue pour ça.
04:35Mais c'est vrai qu'en fait, j'ai réalisé au fond de moi que c'était la forêt qui m'attirait.
04:39C'était la forêt qui m'appelait.
04:42Et j'avais besoin de renouer avec ça.
04:44Avec l'enfant que j'étais, qui passait énormément de temps dans cette forêt.
04:48Et c'est cette forêt qui m'a donné la force.
04:51La force de devenir qui je suis.
04:53Cette force des éléments, cette force de l'arbre, ce contact en permanence.
04:58C'est ça qui m'a rendu qui je suis dans ma solitude et dans ma différence.
05:03Vous vous entraînez en regardant énormément de documentaires animaliers pour reproduire.
05:08Ce sont vos maîtres, les grands singes, pour apprendre à maîtriser tous ces gestes.
05:13Vous êtes parti en Amazonie profonde, vous étiez tout nu dans la jungle.
05:17Il y a une vidéo très drôle où il y a des kikis à l'air.
05:20Et cette immersion se reconnecte dans le livre avec ce que vous étiez enfant.
05:25C'est ça que je trouve très touchant.
05:27Enfant, vous n'aviez pas de place possible dans le monde.
05:31C'était compliqué dans un système scolaire.
05:34Je parle du système scolaire parce que ça a été une expérience assez compliquée pour moi.
05:38J'avais vraiment deux bras, deux jambes comme tout le monde.
05:41Sauf que j'avais une énergie qui était débordante.
05:44Ma mère m'a éveillé très tôt aux mathématiques, à la lecture.
05:48Je suis arrivé en CP, j'étais complètement paumé.
05:51Ça m'a castré finalement parce que j'étais plein de vie.
05:56J'avais envie de découvrir plein de choses.
05:58On me dit qu'il va falloir s'asseoir, écouter et poser des questions en levant la main.
06:02Moi j'avais envie de poser des questions tout le temps.
06:04J'avais soif d'apprendre.
06:07Et ça a été très compliqué.
06:09On va écouter votre maman.
06:11Je sais que c'est l'unique façon pour lui d'exister.
06:14Ou d'aimer vivre.
06:16Ou de vivre ce qu'il a envie.
06:18C'est de faire exactement ce qu'il est en train de faire maintenant.
06:21Elle est extrêmement émue dans ce documentaire.
06:23Parce qu'elle sait les risques que vous prenez à chaque fois malgré tout.
06:27Vous avez décidé d'avancer main dans la main avec la mort.
06:31Je pense qu'on vit dans une société dans laquelle la mort est complètement mise de côté.
06:38Elle est taboue alors que la mort fait partie de la vie.
06:40Et on a omis le risque qu'il nous arrive quelque chose alors qu'elle est peut-être au coin de la rue.
06:46La mort est en train de nous attendre.
06:48Quand notre heure doit venir, ce n'est pas à nous de le décider.
06:52C'est comme ça.
06:54Les risques qui sont au-delà de ce que nous essayons d'avoir sous contrôle.
06:58Qui nous prendront le moment où elles doivent nous prendre.
07:02Quand on fait quelque chose de compliqué comme ce que je fais.
07:05Et qu'on a une mère qui nous accompagne malgré la douleur et malgré les difficultés.
07:09Et une femme aussi qui vous filme.
07:11Tout à fait.
07:13Je pense qu'on apprend à cohabiter avec la mort.
07:18Et on apprend à cohabiter avec ces personnes-là.
07:20D'un mot, vous allez devenir singe ? C'est votre projet ?
07:24J'aimerais beaucoup voir jusqu'où les capacités d'un être humain peuvent aller.
07:32Et ça c'est ma quête du primal.
07:34Léo Urbane, vous allez peut-être vous renommer.
07:36C'est une animale.
07:38C'est publié chez Grasset.
07:39Bonne route à vous dans les arbres.

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