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Ils ont vendu aux enchères la première toile générée avec une intelligence artificielle… avant même d’être artistes ! Le trio « Obvious » est ce matin l'invité de avec Mathilde Serrell.

Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes

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Transcription
00:00 Nouvelle tête avec vous Mathilde et ce matin elles sont trois ces nouvelles têtes des
00:03 artistes de l'intelligence artificielle.
00:06 Le trio Obvious est dans notre studio.
00:09 Portrait sonore !
00:10 Ils sont nés tous les trois en 1993, à l'époque où Adawea trône en tête du hit parade,
00:26 où l'eurodance est un horizon politique, où les jeunes artistes comme Damien Hirst
00:30 découpent des requins dans du formol.
00:32 Ils sont deux amis depuis l'enfance et rencontrent le troisième au lycée avec une passion commune,
00:37 la science-fiction.
00:38 Quand on s'installe dans un champ qui est celui de la science-fiction, à comprendre
00:42 vraiment fiction à partir de la science, le plus important aujourd'hui c'est de montrer
00:46 comment la technologie vient impacter la façon dont l'homme se réinvente.
00:50 Donc ce qu'il faut montrer c'est l'impact que cette technologie a sur nos rapports humains,
00:53 sociaux, politiques.
00:54 La zone du dehors d'Alain Damasio et l'un de leurs livres de chevet.
00:59 Ils ont fait leurs études, deux du commerce et le troisième des mathématiques et vivent
01:03 maintenant en coloc.
01:04 C'était vrai !
01:08 Et on était à l'époque entre la série Friends et The Big Bang Theory, sauf qu'il
01:16 n'y a pas de fille avec eux et un seul chercheur en science spécialisé dans l'intelligence
01:21 artificielle.
01:22 Un soir de 2016, ils découvrent cette technologie qui permet de créer avec des algorithmes.
01:27 Ils décident de se lancer à trois sous le nom d'Obvious.
01:30 C'est un portrait d'homme du 18e siècle avec en guise de signature une formule mathématique.
01:37 A New York, la mise en vente aux enchères d'une oeuvre d'art entièrement issue d'une
01:41 intelligence artificielle.
01:43 C'est une première mondiale et un choc en 2018, leur portrait d'Edmond Bellamy, généré
01:49 avec une intelligence artificielle, se vend 432 500 dollars aux enchères chez Christie's,
01:57 coté au départ à 10 000 dollars.
02:00 Et maintenant, il va falloir devenir artiste.
02:02 Pierre Fautrel, Hugo Cazel Dupré et Gauthier Vernieux, les Obvious, sont avec nous.
02:08 Bonjour !
02:09 Bonjour !
02:10 Vernieux, vous vous appelez The Obvious, vous auriez pu monter un groupe de musique
02:14 ou une start-up quand même ?
02:15 C'est juste Obvious, il n'y a pas le « the » avant.
02:18 Donc ça fait moins start-up.
02:20 Vous y aviez pensé plutôt que de l'intelligence artificielle ?
02:23 Pas vraiment.
02:24 Nous, l'idée c'était vraiment de pouvoir faire quelque chose de créatif ensemble.
02:28 Et on a toujours été un peu déçus de ce qu'on pouvait faire après nos études.
02:33 Et on a vraiment saisi l'opportunité de faire quelque chose ensemble qui soit vraiment
02:39 différent et qui nous permette de jamais vraiment travailler.
02:41 C'est votre côté Alain Damasio qui a été un ancien étudiant de l'ESSEC, la grande
02:45 école de commerce, et qui cherchait justement la zone du dort.
02:49 Justement, on cherche…
02:51 Gauthier, sur Damasio.
02:53 Tout le monde te regarde.
02:56 Sur la zone du dort, oui.
02:58 Parce que Gauthier est face au Damasio.
02:59 Oui, c'est mon livre préféré.
03:01 C'est un de mes auteurs préférés pour la manière dont il écrit et pour le fond
03:06 de ce qu'il écrit évidemment.
03:07 C'est un auteur qui nous passionne parce que nous aussi on a à cœur de traiter de
03:12 la relation qu'on a à la technologie et d'essayer de voir un peu le futur qui nous
03:17 attend.
03:18 Donc oui, c'est quelqu'un qui est très inspirant pour nous.
03:21 Alors, vous avez une mission.
03:23 Rapidement, vous devez nous expliquer, Hugo, puisque c'est vous le docteur en intelligence
03:27 artificielle de la bande, comment vous créez ? Prenons le portrait d'Edmond Bellamy par
03:31 exemple.
03:32 Alors par exemple, pour le portrait d'Edmond Bellamy, on utilise un type d'algorithme
03:35 de génération d'images qui prend en entrée beaucoup, beaucoup d'images.
03:39 Donc en l'occurrence pour Edmond Bellamy, 15 000 portraits.
03:42 Et l'objectif de l'algorithme, c'est un peu de créer le 15 000 1e portrait ou
03:47 le 15 000 2e portrait.
03:48 Donc ni de créer une moyenne ou une copie, mais de créer un nouvel exemple.
03:51 Et donc ça, c'est un type d'algorithme qui était très important entre 2017 et 2020.
03:56 Aujourd'hui, c'est beaucoup des algorithmes qui prennent du texte en entrée et qui sont
03:59 entraînés sur des grosses bases de données où il y a des textes et des images associées
04:03 et qui maintenant peuvent, on leur donne du texte et ils peuvent créer des images à
04:07 partir de ça.
04:08 Ça, c'est la base, mais après, il y a plein de manières de l'utiliser différemment,
04:11 de les combiner, etc.
04:12 Et c'est ça qu'on explore.
04:13 Que vous explorez aujourd'hui.
04:14 Mais vous auriez pu vous arrêter.
04:15 Vous avez fait deux premières dans l'histoire de l'art d'un coup à 25 ans.
04:19 Vendre aux enchères un tableau généré avec une intelligence artificielle, c'était
04:22 jamais arrivé.
04:23 Et le vendre si cher, donc 432 500 dollars à 25 ans, vous auriez pu vous arrêter là.
04:28 Bah non, justement pas.
04:31 En fait, ce qui est cool, c'est que...
04:32 Mais vous avez eu peur quand même.
04:33 Oui, le statut d'art.
04:34 Ça a failli vous dissuader de continuer quand vous avez vu que ça se vendait si cher.
04:37 Forcément, quand on est si jeune et qu'on a un si gros succès, le syndrome de la posteur
04:41 arrive très vite.
04:42 Et ce qui est important, c'est le deuxième album finalement.
04:45 Et je crois qu'on a réussi à...
04:47 C'est une blague qui est dans le documentaire qu'il aurait consacré.
04:50 C'est assez bon.
04:51 C'est ça l'enjeu.
04:52 Et donc, pour ce deuxième album, ce qu'on a décidé de faire à l'époque, c'est d'essayer
04:55 de tout faire mieux avec justement le budget qui nous était alloué, de réfléchir plus,
04:59 d'augmenter la production, d'augmenter les textes, etc.
05:03 Donc, ça nous a vraiment permis d'avoir une liberté artistique qui est très rare
05:06 pour des jeunes artistes finalement.
05:08 Vous aviez donc deux ans à peu près de salaire payé pour pouvoir continuer vos recherches.
05:13 Et là, vous avez donc dû devenir artiste.
05:15 On vous prend comment ? On vous prend pour qui dans le monde de l'art quand vous arrivez
05:18 tous les trois ?
05:19 Alors, on a été accueillis du coup au début à bras ouverts par Christis, grâce à cette
05:25 enchaire.
05:26 Et ensuite, il y a de la construction à faire.
05:29 Donc, dans le monde de l'art, on est un peu vu comme des ovniers.
05:32 On est jeune, on a un nouvel outil que très peu de gens comprennent et que beaucoup de
05:37 gens redoutent.
05:38 Donc, c'est assez compliqué de se faire une place.
05:41 L'avantage, c'est qu'on a beaucoup de temps devant nous, on est assez bien entouré.
05:45 Et du coup, pas à pas, série par série, on finit par doucement se faire une place.
05:51 On a aussi une communauté de gens qui nous suivent dans le numérique.
05:55 Vous êtes quand même exposé, il faut le dire, dans les plus grands musées du monde.
05:58 Vous vous êtes vendu en galerie, mais vous avez notamment fait une exposition chez Magda
06:03 Danitz qui a été un record d'affluence à Paris.
06:05 Vous avez présenté les merveilles du monde sur lesquelles vous avez retravaillé.
06:10 Vous nous expliquez ce projet.
06:12 Et puis, on voit dans le documentaire, ça ne passe pas toujours bien auprès du public.
06:15 On parle de croûte, de tableau cucu.
06:19 Vous en prenez un peu la figure au vernissage.
06:21 Alors, cette série des sept merveilles du monde, c'est quelque chose qui nous est
06:27 venu parce que justement, on avait ces nouveaux algorithmes qui pouvaient passer du texte
06:31 à l'image.
06:32 Et donc, du coup, ça nous a inspiré pour faire une réinterprétation des sept merveilles
06:36 du monde qui est un sujet d'études classiques des artistes.
06:38 Donc, nous, on est aussi dans une période de formation, gérée entre guillemets, une
06:41 cadre.
06:42 Le portrait, ensuite vous faites les grands classiques.
06:44 Et vous vous sentez artiste ?
06:47 En 2018.
06:48 Vous êtes ingénieur, c'est ça que je veux dire.
06:51 On fait les deux.
06:52 Et c'est ce qu'on défend.
06:53 Nous, on n'aime pas l'opposition.
06:54 Est-ce qu'on est artiste ou est-ce qu'on est scientifique ?
06:56 On a pour logo l'homme de Vitruve qui est la quintessence de ça.
07:01 Léonard de Vinci, donc, qui est aussi ingénieur et artiste.
07:04 Ce qu'on aime à dire, nous, c'est qu'on ne se retrouve pas dans l'image de l'artiste
07:06 maudit du 19e et du 20e.
07:08 On n'a pas besoin de souffrir pour créer.
07:09 Par contre, ce qui nous inspire, c'est la Renaissance italienne, c'est l'atelier
07:13 de la Renaissance, la Bottega, où art et science sont intimement liés, où la technique
07:17 aide à être plus créatif.
07:18 C'est vraiment dans ça qu'on est.
07:19 Et c'est la raison pour laquelle on ouvre un laboratoire de recherche où on veut inventer
07:22 nos propres algorithmes pour notre création artistique.
07:24 On n'a absolument aucun complexe là-dessus et on cherche justement à pouvoir allier
07:28 science et art aujourd'hui et sans force.
07:31 Vous auriez dû arriver plus tôt et en parler à Xavier Niel !
07:33 En tout cas, il y a un de vos collectionneurs qui a acheté une de vos œuvres ?
07:37 Il y a une de nos œuvres, oui.
07:38 Il a quoi comme œuvre ?
07:39 Une œuvre qu'on avait faite pour l'anniversaire de l'École 42.
07:43 Alors, l'École 42, école de code, dès qu'elle est la première, vous avez exposé
07:47 Merci Obvious, sans eux.
07:49 Hackers de l'art, un documentaire de Thibault Sef, c'est diffusé ce soir sur Canal+.
07:54 Coucou Xavier Niel et bonne route !

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