USA _ le nouvel apartheid _ Réel·le·s

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Ce film plonge dans cette Amérique coupée en deux en suivant la vie quotidienne de la Selma High School. En suivant des lycéens, leurs professeurs et leur entourage, nous découvrons les espoirs déçus, les peurs et le sentiment d’abandon qui gangrènent Selma, ville symbole d’une Amérique qui retombe dans ses pires travers racistes.

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Personnes
Transcription
00:00...
00:05Selma, Alabama.
00:07Une ville rurale typique du coeur des Etats-Unis.
00:11...
00:18Un lieu qui occupe une place particulière
00:21dans l'histoire du pays.
00:22C'est ici que, dans les années 60,
00:25s'est écrite une des plus grandes pages
00:27de la lutte contre la ségrégation raciale.
00:30...
00:32Selma est depuis intimement liée
00:34à l'histoire de l'émancipation des Afro-Américains.
00:37...
00:48Cette ségrégation, interdite par la loi,
00:51fait son retour à Selma.
00:54La ville est de nouveau coupée en deux.
00:59A l'est, ces quartiers défavorisés,
01:02habités par les Noirs.
01:05A l'ouest, les quartiers plus huppés,
01:08avec leur golf entretenu
01:09et leur maison fastueuse, habitée par les Blancs.
01:12...
01:21Cette fracture entre riches et pauvres,
01:23entre Blancs et Noirs, n'est pas propre à Selma.
01:26Mais ici, cette séparation s'est immiscée
01:29même là où personne ne l'imaginait.
01:31A Selma, les enfants sont désormais scolarisés,
01:35en fonction de leur couleur de peau.
01:37...
01:40Je pense, malheureusement,
01:42que notre système scolaire est plus séparé racialement
01:45aujourd'hui que par le passé.
01:47...
01:52A l'heure où le premier président Noir
01:54va quitter la Maison-Blanche,
01:56le mythe d'une Amérique où la couleur de peau
01:58n'est plus un sujet est en train de voler en éclats.
02:01...
02:17...
02:26Le fait d'avoir un président Noir
02:28a fait croire au monde entier
02:30qu'on avait résolu les problèmes raciaux.
02:33Mais ce n'est pas la réalité.
02:35...
02:36Cette nouvelle ségrégation est le fruit de préjugés tenaces,
02:40de haines anciennes
02:42et d'un clivage économique de plus en plus important.
02:45Je pense que c'est une des grandes maladies de notre nation.
02:49Nos enfants ne sont plus en mesure d'aller à l'école ensemble.
02:53...
02:58...
03:02Musique douce
03:04...
03:11Je m'appelle Sarah Crum.
03:14Je suis en terminale à Selma, dans l'Alabama.
03:16...
03:18Ma mère a eu six enfants,
03:20et la plupart sont aujourd'hui dans l'armée.
03:23Nous avons une longue histoire avec l'armée.
03:27Et je serai la première à aller à la fac.
03:29...
03:33Sarah Crum a 18 ans.
03:35Cela fait 4 ans que, tous les matins,
03:37elle se rend au lycée public de Selma.
03:39...
03:40Sarah est née ici et y a fait toute sa scolarité.
03:43...
03:48Sarah est une sainte, du nom des étudiants du lycée,
03:52héritée de l'époque de Martin Luther King.
03:55...
03:59Avec ses gardes armés dans tous les couloirs,
04:01ses portiques de sécurité aux entrées,
04:04le lycée de Selma a mauvaise réputation.
04:06...
04:08Ce serait, dit-on, un établissement violent
04:10et en échec que Sarah fréquente.
04:13...
04:18Pas mal de gens dans la ville pensent que les étudiants ici
04:21sont des dingues, parce qu'ils les voient grandir,
04:24et de plus en plus, ils bombent le torse.
04:27Mais dans ma classe, je ne suis pas dans les meilleurs,
04:30alors que j'ai 14 de moyenne.
04:33Beaucoup ont 15, 16 et même presque 20 de moyenne.
04:37Ils sont intelligents.
04:38Ils sont très intelligents, même s'ils n'agissent pas de la sorte.
04:44Quand vous les regardez de loin, oui, ils peuvent paraître dingues,
04:47mais quand vous les connaissez, quand vous connaissez les classes,
04:51les élèves, ils sont vraiment intelligents.
04:55...
04:58A première vue, et malgré cette réputation,
05:01ce lycée est semblable à la plupart des établissements des Etats-Unis.
05:05Un détail près.
05:10Je n'ai jamais eu un étudiant blanc dans une de mes classes
05:14de toute ma vie.
05:16Au lycée, au collège, à l'école élémentaire, de toute ma vie.
05:21Je n'ai jamais eu un camarade de classe blanc
05:23à qui parler quotidiennement.
05:27Ça a toujours été noir, noir, noir.
05:29Et pour nous, c'est normal. C'est normal.
05:32...
05:36Cette année, en terminale, c'est la première fois
05:39que je vois deux blancs, deux étudiantes blanches au lycée.
05:43C'est la première fois que je vois quelqu'un de blanc
05:46dans cette école, en fait.
05:48C'est pour ça, quand on voit un étudiant blanc dans les couloirs,
05:51on se regarde comme ça.
05:55C'est pas normal.
05:57Alors on blague. Pourquoi elle est ici ?
06:00Elle nous infiltre pour le compte du Ku Klux Klan ?
06:03Parce que c'est pas normal.
06:06...
06:14À Selma, je pense que vous ne voyez pas de blancs
06:19dans l'école publique à cause de la perception,
06:22en certaines familles blanches, de la qualité de l'enseignement ici.
06:25...
06:28Beaucoup de nos élèves vivent dans une grande pauvreté.
06:33Et ils peuvent parfois avoir des problèmes pour étudier.
06:39Néanmoins, nous avons 89 % de diplômés
06:43et le niveau de l'Etat tout entier est de 90 %.
06:47Nous sommes donc proches du niveau moyen de l'Etat d'Alabama.
06:53...
07:05Certains parents décident de scolariser leurs enfants
07:08dans des écoles privées.
07:14Pour être très clair,
07:15c'est dû au fait qu'ils veulent que leurs enfants soient séparés.
07:19Ils veulent que leurs enfants soient séparés d'une autre race.
07:23Voilà le vrai problème.
07:26Malheureusement, en agissant de la sorte,
07:30en les séparant de la sorte,
07:32on perpétue les stéréotypes de génération en génération.
07:39Dans la terminologie américaine,
07:41on dit de ce lycée qu'il est ségrégué.
07:45Au quotidien,
07:47Sarah ne prête pas vraiment attention à ce clivage racial.
07:50Vivre entre Noirs est devenu la règle.
07:54Dans quelques jours,
07:55les terminales recevront leur diplôme de fin d'études
07:58lors d'une grande cérémonie.
08:00Sarah devra chanter devant ses camarades et toutes les familles.
08:06J'ai toujours chanté depuis que je suis toute petite.
08:10J'ai toujours fait partie des chœurs de l'école,
08:12depuis l'âge de 6 ans jusqu'à maintenant.
08:15J'espère continuer à la fac.
08:34Je viens du Nevada et j'ai grandi dans des écoles mixtes.
08:38Venir ici, dans le Sud, et voir cette ségrégation de retour,
08:42c'est vraiment démoralisant.
08:45Parce que la société américaine, ce n'est pas ça.
08:48Tout le monde travaille avec tout le monde.
08:51Et je pense qu'on ne rend pas service à nos enfants
08:54en perpétuant ces stéréotypes, ces divisions,
08:57et en séparant les enfants de cette manière.
09:07Aussi étonnante puisse-t-elle paraître,
09:09la situation de ce lycée
09:11est à l'image de ce qui se passe à travers tout le pays.
09:15...
09:19A l'Université d'Alabama,
09:21le phénomène fait même depuis peu l'objet d'études.
09:25Professeure de sociologie de renom,
09:28Nirmala I. Reveles étudie les ressorts
09:30qui poussent son pays
09:32vers une reségrégation, de fait, de ses écoles.
09:45...
09:48En venant enseigner ici,
09:51j'ai réalisé que la ségrégation raciale
09:55était un phénomène qui progressait partout aux Etats-Unis,
10:01et pas que dans le sud du pays.
10:04Le sud a changé, oui, des progrès ont été faits,
10:08mais il y a encore une forme de ségrégation raciale,
10:12et ce n'est pas si différent ailleurs dans le pays.
10:16Une des choses intéressantes en enseignant ici,
10:19c'est que les élèves assument et vous disent
10:22que leur grand-père est raciste,
10:24et ce que vous dites est vrai.
10:26Ils peuvent être en désaccord,
10:28mais ils sont honnêtes pour reconnaître
10:31que nous vivons dans une société racialement divisée.
10:34...
10:37Pour moi, c'est ridicule.
10:38Je ne comprends pas pourquoi on ne voit pas de blancs ici.
10:43Certains parents disent qu'ils veulent la mixité,
10:46que tout le monde soit ensemble, réuni dans ce lycée.
10:49J'aimerais voir tout le monde ensemble,
10:51et ce, quelle que soit la religion,
10:54quelle que soit la couleur de peau,
10:56et qu'on se mélange les uns les autres,
10:58mais on n'a pas cette chance.
11:01...
11:05Ca me brise le coeur.
11:07Parce qu'en réalité,
11:10ça démontre que depuis 51 ans,
11:12la mentalité à Selma est restée la même.
11:15...
11:20La mentalité dont parle Sarah, c'est celle qui a prévalu
11:24pendant une grande partie du XXe siècle
11:26dans le sud des Etats-Unis.
11:28Une mentalité que tout le monde pensait révolue.
11:31...
11:34Les Etats appliquaient ici ce qu'on appelait les lois Jim Crow,
11:37des lois qui organisaient la société
11:40en fonction de votre couleur de peau.
11:42Les Noirs n'avaient pas les mêmes droits que les Blancs.
11:45Ils vivaient à l'écart, séparés et inégaux.
11:49...
11:51Les écoles ne dérogeaient pas à la règle.
11:54Au contraire, il s'agissait d'un des bastions
11:57de la ségrégation raciale.
11:58Ce racisme affiché et assumé
12:01prenait régulièrement une tournure tragique.
12:03Le Ku Klux Klan, l'organisation suprémaciste blanche,
12:07terrorisait les populations noires locales.
12:10Les assassinats étaient récurrents.
12:12...
12:15Cette mémoire est encore très vive à Selma.
12:18Les enfants qui ont vécu cette époque
12:20sont les grands-parents d'aujourd'hui.
12:22James Perkins, junior, pasteur et ancien maire de la ville,
12:26avait 12 ans en 1965.
12:29...
12:31Je me rappelle quand j'étais enfant du Ku Klux Klan,
12:34qui rodait dans nos quartiers.
12:37Mes parents et mes grands-parents nous disaient
12:40d'aller dans nos chambres, de nous cacher jusqu'à leur départ.
12:43Et je me souviens aussi comment, au bout d'un moment,
12:46des ados dont je faisais partie ont s'est mis à les caillasser.
12:51Les choses ont commencé à changer assez rapidement
12:54à partir de ce moment-là.
12:56...
12:59Musique rythmée
13:02...
13:12En 1965, la communauté noire de Selma,
13:15ulcérée par le racisme qu'elle subit,
13:17décide de manifester.
13:19Le 7 mars, des centaines d'habitants
13:21entament une marche pacifique
13:23pour réclamer le respect de leurs droits.
13:26Parmi eux, une majorité de femmes et d'enfants.
13:30Cette marche est réprimée avec une violence inouïe.
13:33Diffusée en direct,
13:35ces images provoquent un tournant historique.
13:38...
13:42En mars 1965, nous dînions avec mes parents
13:46qu'ils m'avaient interdit de sortir,
13:49car il y avait des rumeurs d'affrontements qui couraient.
13:52Ils m'ont dit que j'étais un peu trop jeune pour faire ça.
13:55Car il y avait des rumeurs d'affrontements qui couraient.
13:59Je pleurais,
14:01parce que j'avais fait les autres marches
14:04et je voulais vraiment y aller.
14:06Mais ils avaient dit non.
14:09Le soir, le téléphone a sonné.
14:12Ma mère a appris ce qui s'était passé sur le pont.
14:16J'ai décié mes parents
14:19et je suis parti à la Brown Chapel,
14:22où les marcheurs revenaient.
14:25C'était assez traumatisant.
14:30J'ai vu les adultes pleurer.
14:33Je sentais les gaz lacrymogènes.
14:36Ca a été un vrai choc.
14:44...
14:47Dans la foulée des marches de Selma,
14:49après des années de combat,
14:51les Noirs américains obtiennent enfin le droit de vote.
14:54Pour la première fois, les écoles publiques
14:56doivent obligatoirement intégrer des enfants Noirs.
14:59La résistance à ces nouvelles lois est telle
15:02que c'est à l'armée de protéger physiquement
15:05les premiers élèves à intégrer des écoles blanches.
15:08...
15:17A Selma, il a fallu encore attendre 5 ans
15:20pour que la 1re classe mixte voit le jour.
15:23En 1970, James Perkins Jr. en fait partie.
15:29...
15:31Je me souviens très bien de mon 1er jour au lycée de Selma.
15:37Quand on est arrivé au lycée, il y avait des graffitis partout.
15:42Sur les murs, sur le sol, les casiers.
15:44Les Nègres, rentrez chez vous.
15:48C'était écrit absolument partout.
15:50C'était notre 1re expérience.
15:54Ma classe, en fin de cursus, était 50 % blanches, 50 % Noirs.
16:01C'était pas simple, mais on n'y est pas revenus.
16:04Je sais, par exemple, les discussions qu'on a eues
16:07pour décider que notre mascotte serait un Saint.
16:11C'était difficile de décider quel groupe de musique
16:15jouerait à la fête de fin d'année
16:18quand vous avez 2 cultures différentes.
16:21Qui est le coach, qui est l'attaquant de l'équipe
16:25quand vous avez 2 supers attaquants ?
16:27Qui va avoir le ballon ?
16:31...
16:34Peu à peu, au cours des années 70,
16:37les élèves de couleur intègrent les universités et les écoles du pays
16:42sans que personne n'y prête plus vraiment attention.
16:44...
16:53Mais la résistance est telle en Alabama
16:56que le gouverneur lui-même s'oppose à cette mixité.
17:00George Wallace ne manque jamais une occasion de rappeler
17:03combien la ségrégation est ancrée dans la culture de l'Etat.
17:07...
17:16En réaction à cette intégration forcée,
17:19des centaines d'écoles ouvrent leurs portes à travers tout le pays.
17:23...
17:25À Selma, des familles fondent la John Tyler Morgan Academy.
17:29...
17:32John Tyler Morgan était un sénateur américain pro-esclavagisme
17:37et un membre éminent du Ku Klux Klan.
17:39...
17:41Dans cette ville du Sud, à cette époque,
17:44appeler une école ainsi est un message clair aux habitants noirs.
17:48Ils n'y sont pas les bienvenus.
17:51Sur la 1re page de leur livre d'honneur, on pouvait lire
17:54« À la Morgan Academy, loin des pressions politiques,
17:57les étudiants pourront recevoir le meilleur de la modernité
18:00et des traditions éducatives,
18:01sans être sujet aux lubies éducationnelles éphémères
18:04ou aux expériences sociologiques. »
18:07...
18:1750 ans plus tard, la Morgan Academy existe toujours.
18:22...
18:24Cette conception de la ségrégation, qui sévissait à l'époque,
18:27serait-elle encore et toujours à l'origine
18:30de la séparation des deux communautés ?
18:32...
18:41En 2007, une fondation du nom de Something New
18:45s'est installée à Selma dans le but précisément
18:47d'encourager la mixité raciale
18:49par le biais de la culture et de la danse.
18:52...
18:54Thaïlissa Black est arrivée dès les 1ers jours
18:56avec sa fille Shenai, 5 ans à l'époque.
18:59Au cours des activités mises en place
19:01par la fondation, la petite fille se lie d'amitié
19:04avec des enfants blancs et demande à sa mère
19:06d'intégrer leur école, la Morgan Academy.
19:09...
19:11...
19:15Dès lors qu'on a remis en cause la situation locale,
19:19pour nous, les choses ont radicalement changé.
19:23...
19:26Avant cela, les gens étaient accueillants avec nous,
19:29ils aimaient notre fondation.
19:31Et d'un coup, il fallait qu'on parte de la vie
19:34et ce qu'on faisait provoquait des problèmes.
19:37Ils disaient, c'est notre héritage
19:40et elle n'a pas à venir dans notre école.
19:43Ça a vraiment changé à partir du moment
19:45où nous avons voulu l'inscrire dans l'école
19:48avec ses amis blancs.
19:50Les gens étaient très en colère.
19:52Il y a eu des émissions de radio m'accusant
19:54d'avoir fait passer ma fille pour une blanche
19:57pour pouvoir l'inscrire à l'école.
19:59...
20:27...
20:33Il y a eu des graffitis,
20:37où on la devinait tendue à un arbre.
20:41Les maisons des enfants qui venaient ici ont été taguées.
20:43On pouvait lire, rentrez chez vous.
20:46Une maman qui accompagnait Shanaï à l'école le matin,
20:49alors qu'il roulait en voiture,
20:51des jeunes leur ont fait des signes obscènes
20:54et les ont traitées d'amoureux des nègres.
20:57D'un seul coup, tout avait changé.
21:00...
21:04Elle ne se souvient de rien. Elle n'avait que 5 ans.
21:08Et rien ne lui arrivait directement.
21:10Cela aurait été un racisme évident.
21:13Ils s'en prenaient à ses amis, blanches,
21:16parce que là, on ne pouvait pas dire que c'était du racisme.
21:20Ils ont créé une page Facebook intitulée
21:22« Rentre chez toi », tout un tas de trucs du genre.
21:26...
21:27Deux ans plus tard, Shanaï quitte la Morgan Academy.
21:31Mais la tension est-elle autour de la fondation
21:34dans laquelle travaille Thalyssa,
21:36que sa présidente fait l'objet de menaces de mort ?
21:39Gwen Brown était notre présidente, à l'époque.
21:43Et elle a reçu des menaces d'un homme qui vivait ici.
21:47Et qui fabriquait des bombes dans son appartement.
21:51Et de ce que je sais, le FBI a envoyé des agents fédéraux
21:55pour s'assurer que personne ne l'approcherait.
21:59On en est arrivés à ce stade.
22:01...
22:05Musique sombre
22:07Se pose alors une question.
22:09Que pensent les familles blanches de cette reségrégation des écoles ?
22:13Dans un des quartiers historiques de la ville,
22:16comme tous les matins,
22:18Suzanne et Maddy se préparent à aller au lycée.
22:21Elles sont toutes les deux scolarisées à la Morgan Academy
22:25et n'ont jamais mis les pieds dans les écoles publiques de la ville.
22:29...
22:30Vos premiers jours de vacances approchent.
22:33Qu'est-ce que vous avez prévu ?
22:35Je crois que je vais pas faire grand-chose.
22:38OK, ça, c'est le premier jour. Mais le deuxième jour ?
22:41Dormir.
22:43Et après, dormir.
22:47Jessica Hope, leur mère, a fait toutes ses études dans l'école publique.
22:51Mais elle considère qu'aujourd'hui, pour ses filles,
22:54les choses ont changé.
22:56Elles vont à la John Tyler Morgan Academy.
23:00...
23:02Elle a fait un étudiant de l'université.
23:06L'école a un très bon niveau.
23:10Et par ailleurs, la décision de scolariser vos enfants
23:14dans une école où ils sont les seuls à avoir une certaine couleur de peau,
23:19c'est une décision difficile à prendre.
23:25Prendre cette décision pour soi
23:28et l'assumer, quoi qu'il arrive,
23:31c'est une chose.
23:33Mais quand il s'agit de vos enfants,
23:36c'est une toute autre paire de manches.
23:41Qu'est-ce que ça vous fait que cette école s'appelle John T. Morgan ?
23:47Hum...
23:52C'est...
23:58Ce n'est pas très agréable.
24:02Quand vous réfléchissez aux choses,
24:06personnellement,
24:09je me concentre sur le fait que c'est une école.
24:15Et que beaucoup d'écoles portent le nom de gens
24:19qui ont fait des choses horribles, parfois pire que ça.
24:25Mais ça ne définit pas les étudiants qui y sont.
24:29Et ça ne définit pas ce qu'est l'école, aujourd'hui.
24:35Les mentalités ont-elles vraiment évolué à la Morgan Academy,
24:39comme l'affirme Jessica ?
24:41Y a-t-il aujourd'hui une mixité dans cet établissement ?
24:45En route pour leur lycée,
24:47Suzanne et Maddy ont accepté de nous raconter
24:50le quotidien des rares élèves noirs dans leur école.
24:54N'espère pas voir dans un univers
24:57une quelconque diversité.
24:59Il n'y a presque que des Blancs.
25:02Si tu es différent,
25:04la seule chose qui peut t'arriver,
25:07c'est que tes camarades de classe t'agressent.
25:10Malheureusement, une de nos amies, Krishna,
25:13quitte l'école l'an prochain.
25:15Oui, c'est si triste.
25:17Il y a aussi Terence, qui va visiblement partir.
25:20Non !
25:22Si, il sera plus là l'an prochain.
25:27Récemment, il y a eu du vandalisme sur les casiers de l'école.
25:31Ils ont écrit des choses très blessantes
25:34sur le casier et les affaires de Terence.
25:37Ça m'a rendue dingue.
25:39Ils ont écrit « On espère que tu vas mourir »
25:42et d'autres choses aussi.
25:51Ils ont écrit « négro ».
25:58La Morgan Academy a catégoriquement refusé
26:01que nous filmions dans l'école
26:04ou que nous interviewions leurs élèves.
26:07En 2015, d'après les statistiques officielles,
26:10il n'y avait que deux Afro-Américains
26:13dans tout l'établissement pour 500 élèves.
26:16Et les deux auraient quitté l'école
26:19avant la fin de leur cursus.
26:22Je pense que c'est une des choses
26:25les plus grandes maladies de notre nation.
26:28Nos enfants ne sont plus en mesure d'aller à l'école ensemble.
26:32Ils ne peuvent pas se mélanger et apprendre ensemble,
26:36jouer ensemble et vivre ensemble dans un environnement scolaire.
26:40Pour être certain d'échapper à cette mixité raciale,
26:44des centaines de familles blanches
26:47ont préféré quitter la ville.
26:50En 25 ans, Selma a perdu 10 000 habitants
26:53avec des conséquences économiques terribles.
26:56Le taux de chômage y a explosé,
26:59faute de main-d'oeuvre qualifiée.
27:02Et ici, les Noirs gagnent 70 % de moins en moyenne que les Blancs.
27:07Un écart plus important qu'en Afrique du Sud
27:11du temps de l'apartheid.
27:15En clair, la ségrégation raciale a des effets économiques,
27:19sociaux, culturels.
27:21Cela provoque aussi du chômage.
27:24Cela implique des tensions raciales.
27:27Comment voulez-vous construire une communauté ?
27:35Il y a la colère.
27:37Et cette colère, vous ne pouvez pas la contenir en permanence.
27:41Elle grandit et s'exprime.
27:43Dans les 3 derniers jours, nous avons eu 3 meurtres.
27:47Un homme est derrière les barreaux ce soir
27:50pour un homicide commis la nuit dernière.
27:53Le jeune homme de 21 ans est accusé d'homicide volontaire.
27:57Cette affaire survient alors qu'un rapport vient de classer Selma
28:01parmi les villes les plus dangereuses du pays.
28:04À mesure que la ségrégation reprend ses droits à Selma,
28:08comme en réponse, la criminalité explose.
28:11La plupart des jeunes qui échouent à l'école
28:14rejoignent les gangs locaux
28:16et exhibent leurs armes dans des clips ultra-violents.
28:20Avec un taux de criminalité 4 fois supérieur à la moyenne américaine,
28:25la ville figure parmi les 10 plus dangereuses du pays.
28:29La plupart des Noirs vivent ici,
28:32dans cette partie de la ville qu'on appelle Smoky City.
28:36Quand vous regardez dans ce quartier,
28:38vous ne voyez que des Noirs qui traînent et les gens les ignorent.
28:42Personne ne cherche à les aider.
28:44Les gens se disent que les pauvres gosses noirs sont fous,
28:48mais ils ne font rien pour que ça change.
28:51J'espère ne pas faire ma vie ici. Vraiment pas.
28:54Rien ne m'attache à cette ville.
29:07Je crois que c'est dévastateur pour notre pays.
29:10Je crois que nous créons un pays où les gens deviennent fous.
29:17Je pense que nous créons une situation
29:20où les parents noirs et leurs enfants sont stigmatisés
29:25et traités comme des citoyens de seconde zone.
29:30C'est terrible et tragique en termes d'impact
29:34sur ces familles aujourd'hui.
29:39Nous savons que le niveau d'éducation
29:42est inversement proportionnel au temps passé en prison.
29:46Éducation et prison sont toujours inversement proportionnels.
29:53Mais je pense que c'est aussi dévastateur
29:56pour l'ensemble de notre pays.
29:58Et pas seulement pour la communauté noire
30:01ou les autres minorités.
30:07Ce débat sur une société à deux vitesses
30:10a fait irruption dans la course à la Maison-Blanche.
30:14Avec la nomination de Donald Trump comme candidat républicain,
30:18les tensions raciales sont apparues au grand jour.
30:21Le candidat a joué de tous les stéréotypes
30:24pour opposer les communautés,
30:26notamment les plus jeunes.
30:56...
31:14Insidieusement, Donald Trump a utilisé tout au long de sa campagne
31:18un double discours faisant référence à la ségrégation,
31:21allant jusqu'à légitimer une certaine forme de violence.
31:26...
31:57A Selma, la population noire regarde ces débats de loin.
32:01Les habitants n'attendent plus rien à des politiques américains
32:05et préfèrent se tourner vers Dieu.
32:08...
32:15Sarah passe le plus clair de son temps libre
32:18avec les chœurs de sa paroisse.
32:20...
32:30Son père, pasteur, y officie tous les dimanches.
32:35...
32:43Il tente régulièrement de faire passer un message
32:46à ses paroissiens.
32:48...
33:18...
33:47On a besoin de changements, et vite,
33:50sinon l'histoire va de nouveau se répéter.
33:53D'autres personnes vont mourir.
33:56Il faut que ça change, maintenant.
33:59Sinon, cette génération va influencer
34:02les générations à venir.
34:04...
34:11...
34:15L'histoire des Etats-Unis est faite de paradoxes.
34:18Celle de la mixité raciale aux Etats-Unis n'y échappe pas.
34:22Car les lycéens d'aujourd'hui sont les enfants
34:25de la seule génération qui a réellement connu
34:28la mixité dans les écoles.
34:30Scholarisés dans la fin des années 70 et dans les années 80,
34:34ils ont bénéficié des acquis du mouvement des droits civiques
34:38et des droits humains.
34:40Terri Sewell a fait toutes ses études
34:43dans le système scolaire public de Selma.
34:46En 1982, elle est diplômée dans une classe complètement intégrée.
34:50...
34:54Elle est devenue, depuis,
34:56la première femme noire représentante de l'Alabama
34:59au Congrès des Etats-Unis.
35:02...
35:04Ma classe était à 55 % noire et à 45 % blanche.
35:08Aux réunions d'anciens élèves,
35:11c'est encore aujourd'hui très mélangé quand on se retrouve.
35:16Au lycée, j'ai eu la chance de grandir dans un environnement
35:20avec des parents qui me poussaient pour étudier.
35:24Mais par ailleurs, j'ai senti
35:27que leur enseignement était enrichi par d'autres.
35:32Blanc et noir.
35:37Que ce soit ma prof de pom-pom girl,
35:40que ce soit ma prof du dimanche,
35:43que ce soit ma prof de rhétorique,
35:46que ce soit ma maîtresse de CP, qui était blanche,
35:50ou ma maîtresse de 6e, qui était noire.
35:53Ca fourmillait et ça permettait aux gens d'avoir des opportunités.
35:57On nous disait qu'on était intelligents,
36:00qu'on pouvait être tout ce que l'on voulait.
36:03Et j'y ai cru.
36:05Je crois que c'est le plus beau cadeau
36:08que la société puisse offrir à un enfant.
36:11A l'époque où Terry Sewell était scolarisé au lycée de Selma,
36:16sa mère y travaillait comme bibliothécaire.
36:20A cette époque, nous nous pensions complètement intégrés.
36:25Et ça marchait. Ca marchait vraiment.
36:30Ca bénéficiait à tout le monde. Ma fille en est un exemple probant.
36:34On avait réussi parce que les enfants apprenaient les uns des autres.
36:38C'était le meilleur des mondes.
36:41J'aimais littéralement ces enfants.
36:44Je ne regardais pas leur couleur.
36:47Et je sais que ces gosses m'aimaient. Ils me le disaient.
36:52J'étais leur charge d'orientation, leur bibliothécaire.
36:56J'étais proche d'eux, blanc et noir.
37:00Je pensais vraiment qu'on y était arrivés.
37:10A l'époque, tout le monde pensait
37:13que l'intégration était une réussite complète.
37:17Les balles de fin d'année des lycées
37:20démontraient le chemin parcouru depuis le combat de Martin Luther King.
37:36Jessica Hope faisait elle aussi partie de cette génération dorée.
37:42Tout était absolument normal.
37:45Tout le monde vivait ensemble.
37:48Il n'y avait pas d'antagonisme, de dissension.
37:52On était juste des mômes. On n'avait pas d'arrière-pensée.
37:56T'es mon ami, t'es mon ami. Personne n'avait d'arrière-pensée.
38:00C'était comme ça devait être.
38:03Ce qui est bizarre à Selma et dans tout l'Alabama dans les années 80,
38:08c'est que c'était un pic d'intégration,
38:12dont je me réjouissais.
38:15C'était la meilleure expérience de toute ma vie,
38:19y compris plus tard, à la fac.
38:22C'était juste fabuleux comme environnement.
38:29Au cours des années 80, insidieusement,
38:32les choses ont changé.
38:35Un peu partout dans le pays,
38:38des juges ont considéré que l'intégration raciale
38:42était une réussite.
38:44De leur point de vue, les lois instaurées dans les années 60
38:48pour obliger à la mixité n'étaient plus nécessaires.
38:52A Selma, comme ailleurs, la loi est abrogée,
38:56sans que personne n'y prête réellement attention.
39:01Les écoles savaient qu'une fois qu'elles étaient considérées
39:05comme mixtes, elles n'auraient plus à aller devant un juge
39:09pour obtenir le droit d'assigner les élèves noirs
39:13dans une école exclusivement noire.
39:20Ils peuvent désormais le faire.
39:23Ils n'ont plus besoin de l'accord d'un juge.
39:28Et maintenant, si les parents veulent s'y opposer,
39:32ils doivent relancer de nouvelles procédures judiciaires,
39:36où il sera bien plus difficile de démontrer
39:40qu'il y a effectivement discrimination raciale.
39:47A Selma, en 1990, un incident a priori sans gravité
39:51va raviver ces tensions raciales.
39:54Après le licenciement du 1er recteur noir,
39:58les lycéens afro-américains se mettent en grève.
40:02Aussitôt, les familles blanches décident
40:05de retirer leurs enfants de l'école,
40:08comme si une partie de la ville n'attendait que cela.
40:12La communauté noire a manifesté pour contester le fait
40:16que le rectorat majoritairement blanc
40:19n'avait pas renouvelé le contrat du 1er recteur afro-américain.
40:24À partir de ce moment,
40:26ça a été un départ massif des élèves blancs
40:29vers d'autres écoles de la région, toutes blanches.
40:33Ils sont tous partis du lycée public de la ville.
40:37Tous.
40:41À partir de là, les groupes de jeunes n'étaient plus mélangés.
40:45Je me rappelle d'un jour, j'avais appelé un copain.
40:49On va en ville ? Super, on se retrouve.
40:53Quand on s'est vus,
40:56je suis allée vers lui pour le prendre dans mes bras.
41:00Il a fait...
41:02Et je ne pouvais pas l'enlacer dans mes bras.
41:06Il m'a expliqué qu'il ne pouvait pas m'approcher comme ça.
41:10Ce serait mal vu.
41:12Qu'il ne voulait pas d'ennuis, pas d'histoires.
41:17Qu'il ne voulait pas prendre de risques.
41:22C'était si bizarre pour moi.
41:25Si étrange.
41:29Ça n'existait pas auparavant.
41:32On allait à l'école ensemble depuis le CM1.
41:36Je n'y croyais pas.
41:39Que les blancs nous quitteraient ainsi ?
41:42Et aujourd'hui encore, 25 ans après, j'y crois pas.
41:50L'histoire des relations raciales à Selma
41:53est emblématique de ce qui se passe dans tout le pays.
41:57Les données officielles américaines
42:00démontrent qu'en un peu plus de 20 ans,
42:03à mesure que la loi n'impose plus la mixité raciale,
42:07cette nouvelle ségrégation gangrène tous les États.
42:12La resegrégation des États-Unis
42:14est quelque chose qui touche tout le pays.
42:17Ce n'est pas juste le problème de Selma.
42:20Selma est un petit microcosme révélateur
42:23de ce qui se passe globalement.
42:26Certains utilisent le terme d'apartheid scolaire
42:30pour décrire ces écoles
42:33où au moins 99 % des étudiants sont noirs.
42:38Il est vrai qu'il n'y a pas de lois qui disent
42:42tel enfant doit aller dans une école de blancs,
42:46tel enfant dans une école de noirs.
42:49Mais pour autant, je ne crois pas
42:52que ce soit exagéré d'employer un tel terme.
43:07...
43:16Ce qui me dérange vraiment, c'est qu'aujourd'hui,
43:20des générations de gosses pensent
43:23que la mixité raciale n'existe pas.
43:26Ma fille, dans son école,
43:28elle est en 6e,
43:30ils sont pratiquement complètement ségrégés.
43:35...
43:37Seuls 178 rectorats à travers les USA
43:40resteraient sous le coup d'une loi qui oblige à la mixité raciale.
43:45Ailleurs, officiellement, l'intégration serait un succès.
43:50...
43:58Dans les années 70,
44:01on disait que la ségrégation, c'est mal.
44:05Aujourd'hui, les gens disent
44:08que nous sommes ségrégés, mais les gens l'ont choisi.
44:12C'est comme ça.
44:14...
44:17Être scolarisé dans un établissement
44:20exclusivement noir n'est pas que discriminant.
44:23C'est aussi et surtout pour ces jeunes
44:26des opportunités d'études supérieures
44:29à l'université.
44:31L'orientation vers l'université est toujours un événement
44:35dans les lycées américains.
44:37Les élèves se retrouvent pour une cérémonie
44:40au cours de laquelle ils vont apprendre
44:43quelles universités les acceptent
44:46et le montant de la bourse qui leur est octroyé.
44:50...
44:58...
45:06...
45:26Pour certains, comme pour Sarah, ce jour a un goût amer,
45:30car leur orientation est bien souvent choisie par défaut.
45:34Faute de moyens financiers
45:36ou de propositions de la part des grandes universités américaines.
45:40Je voulais aller dans une école d'art et de design.
45:44C'est une école supérieure privée et leur niveau est très élevé.
45:49Mais comme mon lycée ne nous a jamais vraiment présenté
45:53de tels établissements, la façon dont ils fonctionnent,
45:57je n'avais aucune connexion avec eux.
46:00Habituellement, les coûts d'inscription
46:03c'est environ 20 dollars.
46:05Là, c'était 40 dollars.
46:07Je ne voulais pas dépenser cet argent
46:10sachant que ça pourrait ne pas marcher.
46:13Mais ils avaient tout ce dont je rêvais.
46:16Ca m'a un peu brisé le coeur,
46:18mais je me suis dit que je trouverais autre chose.
46:21J'ai bien songé à m'engager dans l'armée,
46:24mais je me suis dit qu'il fallait que je développe ma fibre artistique.
46:28Finalement, Mme Paisley Calhoun !
46:33On n'a pas tous les débouchés scolaires dans ce lycée
46:37parce que seules certaines facs viennent,
46:40toujours les mêmes.
46:42Les facs situées plus loin préfèrent aller ailleurs
46:46parce qu'ici, on est majoritairement noir.
46:49Seules les universités historiquement noires
46:52viennent ici parce qu'on est un lycée de noirs.
46:57Vous n'avez pas d'universités majoritairement blanches.
47:08On ne pense pas à ce que les enfants noirs,
47:11dans le sens large du terme,
47:13dont les Latinos et les autres,
47:15ressentent à l'école et combien ils souffrent.
47:20On accepte que les enfants souffrent.
47:23On banalise leur souffrance.
47:27Et je le vois tous les jours
47:29parce que ma fille, qui est une des privilégiées, le vit.
47:33Les gosses ont les mêmes rêves que tous les autres
47:36au sujet de leur vêtement, de leur musique,
47:39des choses superficielles.
47:42Mais vous voyez aussi comment, petit à petit,
47:45leurs rêves diffèrent, se transforment.
47:56Les quartiers noirs de Selma sont calmes.
47:59La plupart des familles se préparent pour l'événement de l'année.
48:03C'est aujourd'hui que les lycéens reçoivent officiellement
48:07leur diplôme.
48:09Une fierté pour toutes ces familles.
48:17Je sais que mes parents seront là,
48:19ainsi que mes frères et sœurs.
48:21J'espère vraiment que la famille de mon petit copain sera là aussi
48:25parce que je les adore et il m'adore aussi.
48:29Je crois qu'ils sont tous fiers de moi.
48:32Ils m'ont dit qu'ils étaient fiers.
48:35...
48:51J'étais un peu nerveuse au début de la cérémonie.
48:55J'avais peur d'oublier quelque chose.
48:58Mais j'étais fière de représenter ma classe.
49:02Et je crois que les gens ont aimé.
49:05...
49:22Faire ses études et obtenir son diplôme
49:25dans une école exclusivement noire
49:28aura des conséquences durables pour ces jeunes.
49:32D'après une étude récente du gouvernement américain,
49:35les étudiants comme Sarah gagneront globalement 15 % de moins
49:39dans toute leur vie professionnelle
49:42que les élèves noirs des lycées mixtes.
49:45A l'heure de célébrer une nouvelle étape de leur vie,
49:49les enfants de Selma, tout à leur joie,
49:52ne pensent pas à ce genre de choses.
49:55Ce qui compte, c'est de profiter de l'instant présent.
49:59...
50:13Acclamations
50:16...
50:21...
50:26Acclamations
50:29...
50:37...
50:46L'an prochain, Sarah rejoindra une université de Floride
50:50dans laquelle elle continuera d'étudier le chant.
50:54Une université où, sur les 4000 étudiants inscrits,
50:58plus de 3900 sont noirs.
51:00...
51:04Les vieilles batailles sont de retour.
51:07Nous devons rester vigilants
51:09et nous battre pour conserver les acquis obtenus.
51:12Et si nous ne sommes pas vigilants
51:15et qu'on ne se bat plus pour davantage de progrès,
51:19il y aura des régressions.
51:22Et c'est ce qu'on voit.
51:24Je crois que c'est la grande ironie de notre démocratie.
51:29...
51:32La communauté noire de Selma
51:34vit cette nouvelle ségrégation comme résignée.
51:38Elle regarde la fin du mandat Obama désabusée,
51:41face à l'impuissance de leur président
51:44à régler ses problèmes.
51:46De plus en plus de leaders de la communauté
51:49appellent à une crise de conscience nationale.
51:52Une obligation à leurs yeux
51:54pour que les futures générations d'enfants noirs
51:57puissent encore rêver d'être un jour, eux aussi,
52:00présidents des Etats-Unis.
52:02...
52:06...

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