Au CESE, la troisième Chambre de la République Française, il n'y a pas d'élus politiques mais des représentants de la société civile, qui conseillent le gouvernement et le parlement dans l'élaboration des lois et des politiques publiques.
Ici, des personnes différentes aux intérêts parfois contradictoires cherchent à construire une voix commune. À l'heure où les forces politiques sont contraintes de travailler ensemble, cette troisième Chambre pourrait jouer un rôle important pour rétablir le lien entre les pouvoirs publics et les citoyens.
Ici, des personnes différentes aux intérêts parfois contradictoires cherchent à construire une voix commune. À l'heure où les forces politiques sont contraintes de travailler ensemble, cette troisième Chambre pourrait jouer un rôle important pour rétablir le lien entre les pouvoirs publics et les citoyens.
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00:00J'ai découvert le Conseil économique, social et environnemental en 2019.
00:28Je ne connaissais pas cette institution inscrite dans la Ve République.
00:34Le rôle du CESE, c'est de conseiller les pouvoirs publics.
00:37Ils produisent des études sur des sujets qui nous concernent tous
00:41et leurs travaux se nourrissent régulièrement de la parole de citoyens et d'experts.
00:47Ici, pas d'élus politiques, mais des gens de la société civile.
00:52Ici, on n'écrit pas les lois,
00:54on essaie de s'accorder sur ce qu'elles pourraient ou devraient être.
01:16Bonjour.
01:17Alors, bienvenue. Merci d'être là.
01:19Je vous fais tirer au son le numéro de table à laquelle vous allez vous asseoir aujourd'hui.
01:23Merci.
01:27C'est le 6.
01:28Merci.
01:43Bonjour à tous.
01:44Je souhaite vraiment un bienvenu chaleureux au sein du Conseil économique, social et environnemental.
01:50Le CESE est composé d'organisations de la société civile.
01:53Donc, vous avez un certain nombre de représentants qui sont là aujourd'hui et vous allez pouvoir les identifier.
01:58Donc, des organisations syndicales, des organisations d'employeurs, des associations,
02:04des organisations représentant, défendant l'environnement, la famille, la jeunesse.
02:11Tous ces corps de la société civile sont représentés ici.
02:14Et vous le savez peut-être, depuis l'année dernière, cette maison se veut aussi la maison de l'accueil de la participation citoyenne.
02:23Nous, ce qu'on appelle parfois les corps intermédiaires, des représentants organisés de la société,
02:28on s'ouvre régulièrement aux citoyens en direct et qu'ils puissent venir avec nous échanger, discuter, porter des points de vue.
02:37Et donc, c'est le cas aujourd'hui.
02:40Les métiers du social, en règle générale, il n'y a pas beaucoup de budget.
02:45Il y a beaucoup de débrouilles et beaucoup d'idées.
02:47Et tout ce qui est débrouilles et idées, ça ne fait pas partie du temps de travail.
02:51C'est pas reconnu par l'employeur, c'est pas payé.
02:54C'est fait le soir, le matin, entre deux trucs.
02:58En fait, on produit beaucoup de choses entre deux portes.
03:02Et tout ça, en fait, on n'a pas le temps non plus de forcément le formaliser, de le faire reconnaître.
03:08C'est de l'indécis, c'est de l'immatériel.
03:10Il y a forcément des choses que tu vas faire qui ne sont pas notées dans ta fiche de poste.
03:14Il y a prise en charge des usagers au quotidien.
03:17Enfin, c'est dit d'un point de vue assez global.
03:19Et le quotidien, en fait, ça englobe tout.
03:21Ça englobe faire un petit peu de cuisine, aider le gamin.
03:25Par exemple, quand on connaît son enfant, c'est arranger sa chambre, lui dire de faire comme ci, plutôt comme ça.
03:28De lasser ses chaussures, de les délasser, etc.
03:31Donc, tu peux pas détailler chaque action qui est faite, c'est impossible.
03:35Et du coup, c'est tout ça, tout ce qu'on fait spontanément, sans se poser de questions,
03:39qui prend trois secondes.
03:40Mais trois secondes plus trois secondes plus trois secondes, ça fait partie du...
03:43Mais c'est pas concret.
03:45Oui, parce que qu'est-ce que ça apporte ?
03:49De pouvoir échanger sur ses pratiques avec des collègues.
03:56Se sentir moins seule, du coup.
04:00Ça nous permet aussi d'assurer un peu de veille sociale.
04:03Quand on a des infos, on se les échange aussi.
04:08Ça nous permet aussi, peut-être un peu, parfois, de relâcher un peu.
04:11Quand il y a des situations, vous le disiez, parfois de violences,
04:14des situations difficiles, humainement, à gérer, de pouvoir en parler un petit peu.
04:22Tout simplement.
04:27D'avoir des conseils aussi des collègues, d'intervention.
04:31L'échange de bonnes pratiques, aussi.
04:33Nous, ça influe dans notre dynamique d'équipe, parce qu'on est sur des missions différentes.
04:38Et il y a peu de temps où on échange sur le fond.
04:41On est toujours sur des choses, sur les réunions d'équipe.
04:44Il y a lui qui part, il y a lui qui vient.
04:47Il y a telle info.
04:51Grâce au groupe d'analyse de pratiques, je trouve qu'il y a une belle dynamique
04:55qui se met en place entre collègues.
04:57Je vous propose.
04:58Ah, c'est super, groupe d'analyse de pratiques.
05:00Oui, c'est génial.
05:02Oui, parce que, ne serait-ce que la semaine dernière, je me suis fait agresser
05:07verbalement par un usager.
05:10Normalement, je suis quelqu'un qui échange beaucoup avec les usagers.
05:13Durant l'intervention, je ne lui ai pas parlé.
05:16Il y a eu un blocage et je n'ai pas pu lui parler après.
05:21Souvent, on fait face à cette violence et on n'a pas d'espace pour déposer, justement,
05:26cette violence-là, cette...
05:29Donc là, c'est le rapport où vous avez...
05:32C'est comment tu débriefes, toi, en tant que professionnelle ?
05:34Oui.
05:35À qui je parle ?
05:36Oui.
05:37À qui je parle, tout ce que je prends, moi, à qui je donne ?
05:40À qui je donne.
05:41Je me rappelle qu'il y a ces années...
05:43Ça s'appelait la supervision, ça, avant ?
05:45Normalement, oui.
05:46Ça n'existe plus, ça n'existe plus ?
05:48Ça dépend des institutions et c'est pareil, en fait.
05:50Il y a la question budgétaire, les lignes budgétaires.
05:53La question de l'analyse de pratiques, aussi.
05:55Ça se fait, mais pas forcément dans toutes les institutions.
05:59Dans l'institution dans laquelle j'étais en stage,
06:01les professionnels étaient en train de mettre la pression sur le chef de service
06:04pour qu'il y ait une analyse de pratiques.
06:07T'as un camp, là, tu veux dire ?
06:08Oui, effectivement.
06:09Et la réponse du chef de service, c'est qu'on ne peut pas rajouter de lignes budgétaires.
06:14Il va falloir qu'on trouve un autre moyen.
06:15Donc, on va prendre sur les 10 % qui nous restent.
06:19Voilà.
06:26J'ai parcouru un long couloir aux nombreuses portes se faisant face.
06:29Chacune identifiée.
06:31FO.
06:32CFDT.
06:33Groupe des entreprises.
06:34Groupe environnement.
06:35Organisation étudiante.
06:37Je m'étonne.
06:38Et tous ces gens se parlent ?
06:42J'ai passé du temps avec eux
06:44et j'ai eu la réponse à ma naïve question.
06:46C'est-à-dire ?
06:47C'est-à-dire ?
06:48C'est-à-dire ?
06:49C'est-à-dire ?
06:50C'est-à-dire ?
06:51C'est-à-dire ?
06:52C'est-à-dire ?
06:53C'est-à-dire ?
06:54J'ai eu la réponse à ma naïve question.
06:57Oui,
06:58ces gens apparemment clivés parlent ensemble.
07:00Ces gens apparemment clivés écoutent et réfléchissent ensemble.
07:06J'ai eu envie de filmer leur travail.
07:08Filmer la construction d'une parole commune.
07:11Alors,
07:12j'ai passé un an avec eux.
07:15On dit que cette campagne fera l'objet d'un financement dédié
07:18à l'insert de celui dont bénéficie le Ministère de la Défense.
07:21Moi, ce que j'entends, c'est que globalement,
07:23tous les ans, on va flécher un budget pour l'accum de ces métiers-là.
07:26Dans ce cas-là, on va faire ça pour tous les métiers, alors.
07:29Pourquoi pas ? Et l'argent, on le trouve où ?
07:31Point d'interrogation.
07:33Peut-être que dans 3 ans, 4 ans, 5 ans,
07:35d'autres secteurs auront besoin qu'on flèche des dépenses
07:39et que ce budget-là...
07:40Parce que ce secteur-là ira mieux,
07:42on pourra récupérer les budgets pour les flécher ailleurs.
07:46Récodisse,
07:49l'INCAT, le CESE, préconise en conséquence
07:51de supprimer toute limitation de durée, me pose un souci.
07:59Il faut modérer.
08:00Je veux bien que le groupe des entreprises
08:04nous explique quelles sont les limitations de temps
08:09qui, pour eux, seraient intéressantes de préserver.
08:12Je ne le sais pas.
08:14Je ne le vois pas.
08:16Je ne l'entends pas de cette oreille.
08:20Non, mais c'est une vraie question.
08:22Voyez-vous, dans le travail social,
08:25des temps d'intervention qui doivent être limités dans le temps ?
08:29Peut-être, mais je veux bien les connaître.
08:31Dans ce cas-là, on peut aussi imaginer
08:33que si on n'en met pas de limitation,
08:35demain, un travailleur du social
08:38va passer une semaine avec une personne sur une problématique
08:42et on sait tous autour de la table que ce n'est pas possible.
08:44Donc, je ne dis pas...
08:46Dans ce cas-là, c'est même cette notion de limitation de durée
08:49qui n'est pas bonne.
08:50Et je te suis dans ta réflexion.
08:52On met de supprimer toute limitation de durée.
08:55Si on parle de limitation de durée,
08:57c'est que vous, vous avez considéré qu'il en existait.
09:00Bon, il faut les supprimer.
09:02Donc, nous, en tout cas,
09:06on trouve que c'est trop excessif.
09:09Mais l'idée, c'est de ne pas avoir un temps illimité.
09:50...
10:08En fait, il me semble que sur la question du sens,
10:14ça revient à dire, quand on veut mesurer, évaluer,
10:18vous servez à quoi, travailleurs sociaux ?
10:21Et finalement, derrière, vous servez à quoi ?
10:24Vous changez quoi ?
10:25Et la question principale, c'est de dire, est-ce que vous faites
10:28de ce que j'ai connu dans beaucoup de pays du monde,
10:31ce qu'on appelle des pédagogies curatives ?
10:32C'est-à-dire, on va corriger des gens
10:34qui sont considérés comme déviants, qui ne vont pas bien,
10:37sans interroger le système global qui génère peut-être ça aussi.
10:40Donc, c'est toujours un débat un peu politique.
10:43Donc, je pense que les travailleurs sociaux,
10:45dans leur souffrance aujourd'hui,
10:46plus qu'hier, c'est dans cette perte de reconnaissance,
10:51de crédibilité, qui fait qu'accompagner des gens,
10:53c'est pas les corriger,
10:56c'est pas des redresseurs de torts, c'est les gens qui accompagnent.
10:58Et ça, je sais pas comment on fait pour le mesurer.
11:02Donc, quand on finance un programme d'aide aux femmes des rues à Abamako,
11:07on nous dit, mais vous faites quoi ?
11:08Ça sert à quoi ? Combien ça coûte ?
11:11Une femme qui devient une femme normale,
11:13elle rentre dans le rang, elle coûte combien ?
11:15Ça produit quoi ?
11:16Et dans le paysage français,
11:18puisque je navigue de l'un à l'autre en permanence,
11:19on est devant ces mêmes difficultés.
11:22C'est-à-dire, qu'est-ce que vous changez par votre travail ?
11:24Et je pense qu'être éducateur aujourd'hui,
11:27c'est être confronté à cette indicible mission
11:30qui n'est pas, à mon sens, recevable,
11:32parce que les bailleurs veulent avoir un retour sur investissement
11:36qui fait que les problèmes ont disparu
11:38ou en tout cas qui sont largement sous contrôle.
11:40Voilà, donc je suis dans cette confusion.
11:42Je suis pas sûr que ce soit très édifiant comme propos.
11:45Ce que je dis là, je compte sur vous
11:47pour le rendre édifiant dans la réponse.
11:51Merci.
11:52Comment est-ce qu'on va faire
11:53pour mesurer les effets d'un travail social
11:57dans des domaines où les choses ne peuvent pas se ramener à du monétaire ?
12:00Comment vous mesurez l'intensité du lien social dans un quartier ?
12:04Comment vous mesurez l'efficacité de l'aide aux devoirs
12:08des élèves d'un collège, etc. ?
12:11Il faut qu'on se mette d'accord sur ce qui compte,
12:13ce à quoi nous accordons de la valeur,
12:15c'est ce qui compte pour nous, ce à quoi nous tenons.
12:18Et donc ça, sur un territoire donné,
12:21sur une thématique donnée, dans un champ professionnel,
12:24ça peut faire l'objet d'une délibération collective
12:26et on s'aperçoit dans la pratique que ce qui compte,
12:29au bout d'un moment, on parvient à se mettre d'accord sur ce qui compte,
12:33soit parce qu'on va exprimer une parole collective
12:37qui va faire émerger un système de valeur sur lequel on est d'accord,
12:40soit parce que, sur certains points, on négocie.
12:43C'est ça.
12:49Je voudrais revenir sur la réponse que vous avez formulée
12:52sur le néolibéralisme, sur la charge de travail.
12:55Un peu rapidement.
12:57C'est un peu cash, mais j'aimerais, en fait,
12:59comprendre plus précisément comment ça s'illustre.
13:02Comment ça s'illustre, c'est qu'en fait,
13:05le travail social, historiquement,
13:07c'est quand même issu de la sécurité sociale,
13:12c'est porté par l'État-providence.
13:15Donc, on est dans une logique qui s'inscrit
13:19sur des logiques d'égalité et de solidarité nationale, en fait.
13:22On s'inscrit.
13:23On est la représentation de la solidarité nationale, normalement,
13:26dans le travail.
13:27Donc, c'est un secteur qui était, jusqu'à présent,
13:30préservé volontairement des logiques de marché,
13:33puisque, justement, c'était reconnaître
13:35que les logiques de marché créaient de l'exclusion
13:37et créaient des difficultés,
13:39ou, en tout cas, ne permettaient pas non plus à certains,
13:41comme les personnes en situation de handicap, etc., de s'en serrer.
13:44Donc, l'idée du travail...
13:45Enfin, je dis ça en raccourci,
13:47Sylvain parlera beaucoup mieux que moi, il est sociologue,
13:49mais c'était, justement,
13:51d'avoir un espace préservé de ces logiques-là,
13:54en reconnaissant que ces logiques-là
13:56mettaient à mal aussi une partie des souhaits.
13:58Et aujourd'hui, on a des structures
14:02comme le groupe SOS, etc., qui arrivent
14:04et qui, en fait, sont dans une logique
14:07qui est complètement à revers de celle-là,
14:08puisque, eux, ils se disent,
14:09ben tiens, il y a de l'argent là,
14:12donc, on va pouvoir...
14:13En fait, il y a de l'argent qui reste, pour l'instant,
14:15uniquement entre les contrib...
14:17Enfin, qui passe des contribuables aux associations, etc.,
14:21mais qui ne transite pas sur les marchés financiers.
14:23Donc, il faut absolument qu'on récupère ce fric-là, voilà.
14:27Du coup, on voit arriver des logiques d'entreprise
14:30dans un secteur
14:31qui n'était pas du tout sur des logiques d'entreprise
14:34et qui ne correspondent absolument pas, en fait,
14:36aux besoins et au travail qu'on fait.
14:40Donc, ça dénature complètement.
14:42Alors, évidemment, les logiques entrepreneuriales,
14:45elles veulent faire du profit.
14:46Donc, elles sont beaucoup plus sur des logiques
14:48de prestations de services, de rentabilité,
14:51et, en fait, elles se préoccupent absolument pas
14:54de nous, ce qu'ils font de notre pratique
14:56autour du temps, autour de la relation,
14:58autour de l'équipe.
15:00Et donc, c'est une culture qui n'est pas la nôtre,
15:04qui se revendique d'être meilleure que la nôtre,
15:06alors qu'ils ne connaissent rien, personne.
15:08En plus, c'est des gens qui viennent d'un secteur
15:09qui n'ont rien lu,
15:10mais qui n'ont rien lu du travail social,
15:12de toute la pensée qui a été développée dans ce secteur.
15:15Enfin, c'est un mépris.
15:16Et qui, parce qu'ils ont fait des écoles de commerce,
15:18se pensent être capables de nous dire
15:22ce qu'on doit faire avec les gens.
15:23C'est aberrant.
15:25Au revoir.
15:26Au revoir, merci.
15:38...
16:01Doris m'invite aux archives.
16:04Les textes, les échanges produits par les commissions,
16:07ils sont conservés,
16:08et il faut les trier pour les numériser.
16:12A l'issue des mois de travail de chaque commission
16:14résulte un texte, un avis,
16:16qui est voté en assemblée plénaire
16:18par l'ensemble des membres du CESE.
16:21Une fois voté, il pourra être publié.
16:38La commission Travail et emploi commence la rédaction de leur avis
16:42après avoir recueilli la parole des citoyens
16:44et écouté des experts.
16:48A chaque séance, se dessine le chemin d'une parole commune.
16:52Et je les vois se déplacer un peu, à chaque fois,
16:56pour arriver à écrire un texte ensemble, sur un même sujet.
17:00Il faut qu'on fasse attention à la façon de l'écrire
17:04et la façon de l'écrire.
17:05Il faut faire attention à la façon de l'écrire,
17:07et là, je pense à certains titres,
17:10pour ne pas dévaloriser encore davantage ces métiers,
17:14et notamment les gens qui sont dans cette profession.
17:17Moi, clairement, quand j'ai lu hier la table des matières...
17:21Alors, j'étais peut-être fatiguée,
17:23j'avais passé une mauvaise journée,
17:24mais j'avais envie de me pendre, quoi.
17:26Donc je...
17:28Non, mais je caricature volontairement,
17:30mais je pense que...
17:31Tu vois, par exemple, de la très grande difficulté de recrutement
17:34face à des besoins d'accompagnement,
17:35forte augmentation à la dégradation du travail réalisé.
17:37Oui, mais on peut peut-être le tourner autrement,
17:39sous forme de questions, je n'en sais rien,
17:41pour le rendre moins schlack.
17:44Et puis, dernier point.
17:46Sur la page 3, parler de maltraitance,
17:49je trouve que c'est peut-être un peu fort,
17:51parce qu'on a le sentiment qu'on fait passer les gens,
17:54aujourd'hui, qui travaillent dans ces métiers, pour des bourreaux.
17:57Est-ce qu'il ne vaudrait mieux pas parler
17:59de comportements non adaptés,
18:00que ça entraîne des comportements ou autre chose ?
18:03J'en sais rien.
18:04Mais je trouve qu'il y a vraiment cette notion...
18:08Je vois ce que tu veux dire,
18:09mais je trouve que c'est peut-être un petit peu fort.
18:12À des moments donnés, il faudra aussi qu'on se dise
18:15qu'édulcorer du vocabulaire et des sentiments et des pratiques,
18:21ça participe à banaliser aussi des choses
18:25et à ne pas dire et à ne pas voir.
18:27Et donc à ne pas lutter contre ces choses-là.
18:32Pour être dans un boulot qui ne fait pas partie
18:34des métiers de la cohésion sociale,
18:36mais qui participe à de la cohésion sociale,
18:38tous les lundis et les vendredis,
18:39je peux vous assurer que mes collègues
18:41et moi-même, à des moments donnés, si je ne fais pas gaffe,
18:44je fais de la maltraitance avec les clients de La Poste,
18:46notamment ceux les plus fragiles,
18:49parce que je n'ai pas les moyens de faire autrement.
18:52Et ça, c'est terrible,
18:53parce que même les collègues, ils s'en rendent compte.
18:55C'est-à-dire qu'ils font de la maltraitance,
18:57ils en sont conscients.
18:58Donc à un moment donné, si on ne met pas les mots là-dessus,
19:00on n'arrivera pas à décortiquer
19:02ce qui fonde ce résultat et ces effets-là.
19:06Comment on s'occupe des personnes en situation fragile,
19:09comment une société s'en occupe,
19:11c'est une question hautement politique.
19:14Après, l'économique, les moyens de financement et tout ça
19:17font qu'on règle cette question politique.
19:20Et on se donne les moyens de la régler, si c'est pas...
19:23Et c'est ça qui...
19:24Pour moi, on part de là, voilà.
19:27C'est la révélation
19:28de ce qui développe la gouvernance par les nombres,
19:31de tout vouloir quantifier, de tout vouloir savoir,
19:34de tout vouloir contrôler,
19:36qui, en fait, étouffe,
19:38et qui tue l'initiative,
19:41qui tue la créativité,
19:44qui fait perdre la tête,
19:47mais à tous les métiers.
19:49C'est le rapport au travail.
19:53Ce qui est très intéressant, c'est que...
19:55ça surgisse avec cet avis-là,
19:58mais c'est une réinterrogation aussi
20:01pour le syndicalisme d'être,
20:04on va dire, en harmonie avec ceux qui savent et ceux qui font.
20:09Et ceux qui font, c'est ceux qui savent,
20:12et ceux qui savent, c'est quand même ceux qui font.
20:15Oui, enfin bon...
20:17Dans tous les...
20:19Non, mais c'est le rapport...
20:21C'est le travailleur qui sait.
20:23C'est le travailleur qui sait.
20:26Et peut-être que les organisations syndicales
20:28ont perdu la réalité de ce qui est,
20:32elles-mêmes déconnectées
20:34et dans les mêmes travers que ceux qu'elles disent combattre,
20:37mais ont intégré dans leur mode de fonctionnement,
20:40je veux dire, des modes qui leur empêchent de comprendre
20:43et d'entendre cette réalité-là.
20:46C'est pourquoi on parle de choc du réel,
20:49parce que c'est un retour à la réalité pour tout le monde.
20:52Et c'est le sens de tout ce qui est développé,
20:55tout ce qu'on a travaillé les uns et les autres autour du travail,
20:58c'est la question de la fierté.
21:00Et c'est le choc entre cette fierté du bien travailler,
21:04cette recherche de bien faire,
21:06et le choc qu'on nous impose de mal faire,
21:09qui fait souffrance,
21:11et qui va jusqu'à...
21:13Enfin, toutes les études
21:16qui ont été menées sur les suicides,
21:18c'est les plus engagés.
21:21C'est pas...
21:23Sois médiocre et tais-toi et tu seras bien considéré.
21:26Quand tu es dans la médiocrité et que tu l'assumes,
21:29parce qu'on te demande d'assumer d'être médiocre,
21:33j'ai presque envie de dire que t'as la belle vie,
21:36c'est quand tu es engagé que tu souffres.
21:39Et ces métiers-là sont des métiers d'engagement.
21:42Et donc l'empêchement de bien travailler est à la source du mal-être.
21:46Mais nous, on ne peut pas avoir une parole
21:49où, quand on a dit ça,
21:52il faut qu'on ait une parole de dépassement
21:55et des préconisations de...
21:57Sinon, on est aussi dans le...
21:59Enfin, on va cultiver le repli, on va cultiver la désespérance.
22:03Mais le but, c'est pas de... Voilà.
22:19...
22:44175 conseillers sont répartis en 19 groupes
22:47et nommés par leur organisation.
22:49Ils élisent le président pour 5 ans.
22:52Thierry Baudet, l'actuel président du CESE,
22:55réunit les représentants de chaque groupe en bureau
22:58deux fois par mois.
23:01Je considère que le CESE,
23:04dans le contexte qui s'ouvre,
23:07doit marcher sur deux jambes.
23:10Deux jambes.
23:12Naturellement,
23:15les corps intermédiaires,
23:18les 82 organisations représentées au CESE,
23:21les 19 groupes, nos travaux,
23:23et la participation citoyenne.
23:26Bien sûr qu'associer les citoyens
23:29et marcher sur les deux jambes,
23:33l'enjeu des corps intermédiaires, je partage.
23:36Mais moi, c'est plus quelle redevabilité
23:39du résultat, des expressions
23:42de ces participations citoyennes.
23:45Combien de fois le CESE a-t-il été saisi
23:49pour que derrière l'exécutif s'assoie
23:52sur les avis du CESE ou s'en sert pour caler les meubles ?
23:55C'est une réalité.
23:57C'est trop facile de dire que le CESE,
24:00qui s'est quand même réformé,
24:04ne répond pas à ce qu'on attend de lui,
24:07alors que l'exécutif en tête...
24:10Je passe sur le fait que l'exécutif
24:13saisit le CESE en lui demandant de rendre un avis
24:16dans les 15 jours, 3 semaines,
24:20pour ne rien faire des avis appris.
24:23Après, ça a été évoqué.
24:25La première réponse qui est apportée,
24:28qu'une connotation politique dans mes propos,
24:31notamment sur la réforme des retraites,
24:35c'est de dire que je n'écarte pas un référendum.
24:38Une somme d'individualité n'a jamais fait du collectif.
24:41Et trop souvent, sans refaire le débat,
24:44trop souvent, l'appel aux citoyens,
24:47la participation citoyenne,
24:50a été trop souvent utilisée,
24:54trop souvent vécue, notamment dans l'entreprise,
24:57comme étant un moyen de contourner la démocratie participative
25:00et les représentants des personnels.
25:03Et ça, ce n'est pas une réponse.
25:08...
25:11...
25:14...
25:17...
25:20...
25:24Jean-Pierre ?
25:27...
25:30Jean-Pierre ? Je te confirme que je viens à la caméra 1.
25:33Merci.
25:37...
25:40...
25:43...
25:47...
25:50...
25:54Est-ce que le public est prêt ?
25:57...
26:00Est-ce que le public est prêt ?
26:03C'est où le public ? Parce que là, nous, on n'entend pas aucun son.
27:04Ces métiers du lien social nous concernent tous,
27:07nous-mêmes ou nos proches,
27:09en ce qu'ils incluent et relient les plus défavorisés à la société.
27:14Leurs missions sont au cœur d'une démocratie sociale comme la France.
27:19Et pourtant, les assistants familiaux,
27:22les accompagnants d'élèves en situation de handicap,
27:25les animatrices et animateurs socio-éducatifs,
27:27les éducateurs spécialisés, pour ne citer que cela,
27:30connaissent une crise de sens,
27:32des conditions de travail dégradées
27:35en raison d'une déshumanisation croissante
27:38de la relation aux personnes accompagnées.
27:40Il n'est plus que temps de prendre connaissance de cet avis.
27:44La parole est à présent à Evan Jenrose,
27:47qui animera une table ronde avant de nous présenter l'avis.
28:00Cher collègue, cet avis a donné la parole à des professionnels
28:03qui disent ne plus pouvoir réaliser le travail
28:05que la nation leur demande.
28:07Il s'agit d'abord de résoudre la dette
28:09que nous avons tous à l'égard des plus vulnérables.
28:12Selon le Credoc, 2 Français sur 3
28:14vivent au moins une source de vulnérabilité au quotidien.
28:17Notre République sociale,
28:19telle qu'elle est définie au sein de notre Constitution,
28:21se doit d'y répondre par l'action.
28:24Ces professionnels assurent un filet de relations humaines,
28:27humains et protecteurs à tout instant de la vie.
28:30Ils sont souvent la dernière présence de la République
28:33quand les services publics reculent,
28:35disparaissent ou se dématérialisent.
28:38Ces professionnels de l'action sociale et éducative
28:40ne sont pas seulement des métiers du prendre soin,
28:42éducaire, comme on l'entend trop souvent.
28:44Ils sont d'abord des professionnels
28:46du développement social et citoyen.
28:48C'est là leur deuxième mission, et elle est éducative.
28:51Mais c'est une mission qui va plus loin
28:53en cherchant à faire évoluer la société elle-même,
28:56pour la rendre plus inclusive,
28:58en contribuant à transformer ce qui doit l'être,
29:01pour que chacun y ait sa place
29:03et soit réellement l'égal de l'autre.
29:05Merci.
29:26...
29:51Le vote est clos.
29:54122 votants.
29:58122 pour.
30:00...
30:29...
30:58...
31:12Ça s'appelle « Présentation Cannabis CSE ».
31:15Merci, monsieur.
31:17Quand on lit les médias, on a toujours l'impression
31:19qu'on a un camp des très pours
31:21et des très camps qui sont opposés.
31:23Mais dans la réalité, c'est pas du tout le cas.
31:25La majorité des Français ne savent pas,
31:27ne se posent des questions.
31:29Je pense qu'un élément très important
31:31à retenir au niveau politique,
31:33c'est la nécessité d'améliorer l'information
31:36des Français sur la question du cannabis.
31:40On manque en France d'une approche globale.
31:44L'approche française a tendance
31:47à être centrée sur l'individu.
31:50L'individu consommateur de cannabis
31:52qui va être arrêté par la police
31:55s'il a du cannabis sur lui.
31:57Ce qu'on va lui proposer maintenant
31:59avec la question de l'amende forfaitaire,
32:01c'est qu'il va se retrouver face à un policier
32:03qui va décider
32:05de ce qui doit être fait pour cette personne.
32:08Au Portugal, par exemple,
32:10quand les personnes sont arrêtées en possession de cannabis,
32:12elles passent devant une commission
32:14qui s'appelle la Commission de Dissuasion de la Toxicomanie.
32:16Elles vont voir un médecin,
32:18un assistant social,
32:20un juge.
32:23La première porte d'entrée, c'est la police.
32:26Mais ensuite,
32:28il va y avoir tout un tas de professionnels
32:30qui vont être amenés
32:32à être en contact avec cette personne.
32:34Je pense que ce qui manque en France aujourd'hui,
32:36c'est vraiment cette approche
32:38pluridisciplinaire de premier contact.
32:52Lundi dernier, j'ai reçu deux coups de fil.
32:54Le premier,
32:56d'un ami apiculteur,
32:58peu importe,
33:00en Normandie,
33:02qui m'appelle
33:04parce qu'un ami à lui
33:06avait passé le week-end chez lui
33:08et avait fumé le samedi soir
33:10chez eux.
33:12La réalité est de la situation
33:14de beaucoup de monde en France.
33:16Cette personne,
33:18boulanger de métier,
33:20qui commence à bosser
33:22à 2-3 heures du matin tous les jours,
33:24le lundi après-midi,
33:26a fait l'objet d'un contrôle
33:28et s'est retrouvé positif.
33:30Immobilisation du véhicule,
33:32perte de son permis,
33:34impossibilité d'aller travailler tous les matins.
33:36Pour lui,
33:38dans une situation extrêmement compliquée
33:40où il ne peut plus travailler,
33:42il n'y a pas de solution,
33:44personne ne peut l'emmener,
33:46il n'y a aucun transport en commun qui existe.
33:48Il faut se rendre compte de la réalité de la situation
33:50et des drames que ça génère tous les jours.
34:00Le périmètre, à mon sens,
34:02du CESE, c'est de dire
34:04qu'il faut que les pouvoirs publics
34:06incitent à un débat public.
34:08On ne peut pas passer à côté du débat public
34:10pour la mise en place
34:12de la régulation du cannabis.
34:14Il faut associer les citoyens, etc.
34:16Aller dans le détail
34:18de ça doit passer par une participation citoyenne,
34:20par un référendum, etc.
34:22Ce n'est pas notre sujet.
34:24Je pense que ce n'est pas notre sujet.
34:26Notre sujet, c'est d'inciter au débat public
34:28pour la mise en place de la régulation du cannabis.
34:30Puisqu'on part quand même tous du constat
34:32qu'il va falloir changer quand même les choses.
34:34Donc on n'est pas sur une libéralisation
34:36des Pays-Bas,
34:38mais bien sûr une légalisation et une dépénalisation.
34:40Les termes sont assez clairs.
34:42Mais pour la mise en place de la légalisation,
34:44il faut passer par un débat public.
34:46Si nous, on ne fait que
34:48les préconisations de dire on légalise
34:50et qu'on laisse les pouvoirs publics
34:52faire une loi sur la légalisation
34:54sans avoir un débat public
34:56avec les citoyens et les usagers,
34:58on va encore faire une loi
35:00qui ne va pas être une bonne loi,
35:02qui va se tromper.
35:04D'ailleurs, on a des exemples d'autres pays
35:06qui l'ont fait et qui se sont trompés.
35:08Donc je pense que la partie 2,
35:10c'est inciter le débat public.
35:12J'attire votre attention sur le fait
35:14que je ne suis pas opposé à ce qu'on dépénalise.
35:16Au contraire, je suis favorable.
35:18Donc ce n'est pas le problème.
35:20Je pense qu'aujourd'hui, proposer une dépénalisation
35:22avant même que le débat ait lieu,
35:24les gens qui vont nous dire
35:26qu'est-ce qu'on va poser comme question
35:28si on organise une convention citoyenne ?
35:30On va leur dire quoi ?
35:32Faut-il ou pas dépénaliser
35:34ou légaliser ?
35:36C'est la question qu'on va poser.
35:38Et si oui, comment réguler ?
35:40Si on a déjà dépénalisé
35:42avant même qu'on ouvre la convention citoyenne,
35:44vous voyez ?
35:46Qu'on est en ligne de Mirsa
35:48et que ça fasse partie
35:50des préconisations de dépénaliser, oui,
35:52mais pas forcément dans les mesures d'urgence
35:54avant l'année.
35:56J'ai du mal, je ne comprends pas
35:58que je n'arrive pas à me faire comprendre là-dessus.
36:00Ce n'est pas que tu n'arrives pas à te faire comprendre,
36:02c'est qu'on n'est pas d'accord.
36:04C'est pas grave, il faut trouver un terrain d'entente.
36:06J'ai dit tout à l'heure que ce n'était pas contradictoire
36:08pour moi, je ne vais pas le refaire.
36:10On pourrait, par exemple, les familles proposent
36:12ne plus...
36:14ne plus sanctionner pénalement.
36:16Peut-être que c'est un chemin qu'on peut trouver collectivement
36:18parce que dépénaliser dans nos têtes, ça veut peut-être dire ça.
36:20Ne plus sanctionner pénalement.
36:22Déjudiciariser, je suis d'accord avec ce que
36:24disait Josiane depuis le début, on ne peut pas l'écrire
36:26parce que la justice des mineurs, etc.
36:28On pourrait déjuridictionaliser
36:30si on faisait vraiment du juridique.
36:32Mais je plaisante,
36:34mais peut-être que c'est... Voilà, je plaisante.
36:36Donc ça, c'est sur le fond.
36:38Moi, je suis pour qu'on laisse ça, mais je comprends
36:40qu'il y a des accords, il faut les lever pour voir
36:42s'ils sont profonds ou pas sur... C'est toujours cette
36:44histoire d'urgence ou pas en fait, hein Michel ?
36:46On est d'accord, on est d'accord.
36:48On est tous d'accord. Non, on n'est pas tous d'accord avec
36:50Michel. Michel, il dit qu'on ne peut pas changer
36:52la loi, dont pas dépénaliser avant
36:54le grand débat national.
36:56Et moi, je ne suis pas d'accord avec lui. C'est pas grave.
36:58On n'est pas d'accord.
37:00Il ne faut pas oublier qu'on a aussi nos groupes et que
37:02je ne trahirai personne en disant
37:04que les débats dans les groupes
37:06sont des vrais débats et que si on n'a
37:08pas un minimum de temps pour pouvoir se mettre
37:10d'accord, ça va être très compliqué pour
37:12nous qui sommes ici pour s'exprimer
37:14au nom de nos groupes, surtout ceux qui sont tout seuls.
37:16Ça nécessite, si l'on
37:18veut le faire bien,
37:20de décaler. Moi, je ne vois pas comment,
37:22mais je ne le souhaite pas,
37:24donc je
37:26ne travaille pas contre les uns
37:28les autres. Je suis vraiment essayée d'être
37:30constructive, mais je me demande si là, on n'est pas au pied
37:32du mur.
37:46Ils finissent les votes
37:48des amendements,
37:50si tout se passe bien, et pourquoi ils ont demandé
37:52un mois et demi après ?
37:54Parce que du coup, il faut qu'ils revotent
37:56le temps.
37:58Il faut qu'ils revotent le texte.
38:00Je pense qu'ils ont quand même des
38:02craintes ou des doutes sur leur capacité à...
38:04C'est très, très lent.
38:06Je pense que ça se passe bien, personne
38:08s'engueule, mais l'examen des amendements est très, très lent.
38:10Entre le fond du sujet, entre l'histoire
38:12de la
38:14demande d'une convention citoyenne là-dessus,
38:16il y a beaucoup de sujets qui prêtent à
38:18discussion.
38:20Beaucoup, beaucoup.
38:22Sérieux, ça avance. D'ailleurs, on a gardé
38:24le rendez-vous, la présentation de l'avis que tu avais cette
38:26mercredi, je crois, avec les rapporteurs
38:28et Jean-François Naton,
38:30pour que tu commences à te mettre le
38:32truc en tête, qui est bien, honnêtement.
38:34Moi, je trouve qu'il y a eu un boulot remarquable de faire
38:36entre la première et la deuxième lecture.
38:38C'est équilibré, ça attaque par les
38:40bons...
38:42C'est étayé, c'est vraiment bien.
38:44Qu'eux-mêmes reconnaissent tous.
38:46Notamment
38:48Michel, il serait intéressant qu'il t'en parle, parce que
38:50Michel, qui était quand même...
38:52Tous les héroïnomanes, c'est ceux qui ont
38:54commencé avec du cannabis, c'est ce qu'il disait au début.
38:56Et maintenant, lui, il est plutôt pour
38:58la légalisation.
39:00Face aux faits,
39:02avec le travail de délibération, il a
39:04beaucoup à évoluer.
39:06Et il le dit lui-même.
39:08Donc ça, c'est quand même intéressant.
39:10Mais le trajet
39:12qu'ont fait les membres de la commission, on n'est pas sûr que
39:14les membres de l'engroupe l'aient fait.
39:16C'est intéressant, c'est que c'est la même mécanique que les conventions citoyennes.
39:18Les gens, tu les mets dans le pack, donc eux, ils avancent.
39:20Les gens que tu es censé
39:22représenter, etc.
39:24Comment ils arrivent à s'embarquer,
39:26à avoir ce rapport de confiance qui fait que si moi, j'ai fait
39:28cette évolution-là...
39:30Et là, dans les groupes,
39:32t'en as plein qui n'ont pas suivi
39:34tout ce process-là, donc ils vont rester campés sur leur position
39:36initiale, donc c'est juste qu'on mesure ça.
39:54...
40:14Un des points
40:16importants, à mon sens,
40:18et qui peut
40:20d'ailleurs provoquer des réactions
40:22diverses et dévariées, c'est que le mot
40:24consensus n'est pas un mot qui a bonne presse
40:26dans le langage commun.
40:28On l'a sorti souvent des trois
40:30lettres pour dire consensus.
40:32Donc ce qui pourrait
40:34donner l'apparence
40:36d'une forme de vigueur
40:38au dissensus, à contrario.
40:40Et moi, j'aurais envie d'utiliser
40:42un mot qui a encore plus mauvaise presse.
40:44C'est le compromis.
40:46Parce que
40:48je trouve que, et tu le
40:50décrivais toi-même en disant que
40:52la fureur était à nos portes, on est trop
40:54dans une culture, dans la société française, une culture de
40:56l'affrontement, pas assez dans une culture du compromis.
40:58Le compromis n'est pas négatif, c'est que
41:00on confronte des avis, et on essaye
41:02dans le papier qui nous était proposé,
41:04on parlait de plus petit commun déliminateur, moi j'aurais
41:06aimé lire plutôt plus grand,
41:08des vieux souvenirs mathématiques, le plus grand
41:10commun multiple.
41:12Plutôt que le plus petit commun déliminateur.
41:14C'est-à-dire qu'il faut que
41:16la façon
41:18avec laquelle on va arriver à une position
41:20qui sera plus ou moins commune, nous permette
41:22d'aller plus loin plutôt que de réduire les positions
41:24les unes des autres. Alors, une fois que j'ai dit ça,
41:26cette recherche
41:28du compromis dans le sens noble du terme,
41:30il me semble pour qu'elle soit
41:32mise en valeur, il faudrait que dans la façon
41:34dont nos avis, nos résolutions, etc.
41:36sont rédigées et présentées,
41:38on puisse trouver le moyen,
41:40sans faire un truc très long, parce que sinon ça serait
41:42encore plus illisible, mais
41:44de montrer le cheminement, c'est-à-dire que
41:46il y a eu des différences,
41:48on ne les a pas gommées, il y a eu des apports
41:50divers et variés,
41:52on ne les a pas édulcorés, on ne les a pas
41:54affadis, mais on a réussi
41:56à trouver une position
41:58commune qui est celle de ce que nous
42:00représentons ici, qui est la société civile organisée.
42:02Moi, je préfère que le CESE
42:04soit dans son rôle, non pas de dire, voilà ce que
42:06la société civile organisée pense, parce que la société
42:08organisée n'est pas
42:10quelque chose d'autonome et qui a un avis.
42:12Je préfère que le CESE soit
42:14là pour éclairer les décideurs publics
42:16et le débat public sur
42:18les points sur lesquels des différents organismes
42:20présentant d'intérêt ou autre
42:22ont des points de convergence, et la société
42:24est prête à aller plus loin sur ce
42:26sujet-là, à faire ça, et les points
42:28sur lesquels il n'y a pas de convergence
42:30pour l'instant, et pourquoi il n'y en a pas.
42:32Et c'est ça qui aide le décideur public, et c'est
42:34pas autre chose. Le sentiment que
42:36je peux avoir sur mon premier mandat, c'est
42:38que la recherche systématique
42:40de consensus
42:42fait que nos documents
42:44qui peuvent sortir de nos avis sont
42:46très lisses,
42:48peu d'aspérités, peu de points saillants
42:50qui peuvent éventuellement faire qu'un jour
42:52les avis qu'on aimait n'aient
42:54plus vraiment d'intérêt vers l'extérieur.
42:56Et ne pas oublier à qui on s'adresse
42:58et qui on représente. Qu'il y ait du dissensus,
43:00ça me paraît normal. Et tout à l'heure, j'entendais
43:02un collègue qui disait, on est ici, on est au CESE
43:04justement pour faire consensus.
43:06Mais attention que le consensus, à un moment donné,
43:08ne devienne pas l'élément qui va
43:10faire perdre la crédibilité au CESE.
43:12Tout récemment, l'avis sur
43:14la démocratie et les jeunes,
43:16donc il y avait un dissensus
43:18sur le droit de vote à 16 ans,
43:20qui était quand même repris dans une préco,
43:22et qu'est-ce que je vois en regardant un reportage
43:24sur la guerre en Ukraine ? Pouf !
43:26Un bandeau sur, je sais plus, LCI ou je sais pas quoi,
43:28le CESE favorable au vote
43:30à 16 ans. Et donc en fait,
43:32ce dont s'emparent les médias,
43:34c'est de ce qui est un petit peu,
43:36vous allez dire, inhabituel
43:38ou qui est quand même,
43:40voilà, c'était un scoop
43:42d'annoncer ça. C'est rare
43:44que les avis du CESE aient une préco
43:46extraite au journal de 20 heures,
43:48enfin bon. Et pouf !
43:50Précisément, c'est une préco qui a fait
43:52l'objet d'un dissensus.
43:54– Et nous savions tous, attends Manuel,
43:56pour avoir participé à la commission
43:58de démocratie, nous savions tous
44:00que 16 ans,
44:02c'était ceux qui feraient le buzz en fait.
44:04Donc si tu veux faire le buzz,
44:06tu choisis
44:08ceux qui vont faire le buzz.
44:10Sur Cannabis, je sais pas comment on va,
44:12en décembre.
44:14Mais moi je sais déjà
44:16que si tu veux faire le buzz sur Cannabis,
44:18je te fais des préconisations
44:20pour faire le buzz.
44:22Mais le CESE, c'est pas ça.
44:24On n'est pas là pour faire
44:26de la com et du buzz.
44:28On est là pour éclairer
44:30les pouvoirs publics.
44:32On n'est pas là au service de,
44:34on n'est pas là aussi au service
44:36de nos organisations.
44:38Nous représentons nos organisations,
44:40mais on n'est pas au service de servir
44:42nos organisations. On est au service
44:44de produire du commun
44:46à partir des différences.
44:48C'est ça notre but.
44:50– Comme toi,
44:52je trouve que l'intérêt
44:54du CESE,
44:56parce que sinon
44:58c'est ici comme dehors,
45:00et donc on voit pas très bien l'intérêt.
45:02Voilà, c'est-à-dire que si
45:04on se frite avec la CGT
45:06sur tous les débats, parce que...
45:08– Pourquoi nous ?
45:10Il y en a d'autres !
45:12Il y en a d'autres, là !
45:14– Parce qu'on est...
45:16Parce qu'on n'est pas d'accord
45:18sur certains trucs.
45:20Si ici, on refait les débats
45:22d'ailleurs de la même façon,
45:24et la conclusion est la même,
45:26à quoi ça sert ?
45:28C'est l'intérêt de ça, d'édifier.
45:30La qualité des débats
45:32qu'on a dans cette société civile,
45:34c'est y compris qu'on débat avec des gens,
45:36chacun de nous, qu'on ne voit jamais dehors.
45:38Voilà, c'est aussi ça l'intérêt,
45:40et dont on ne connaît pas la pensée.
45:42Moi, les agriculteurs,
45:44je sais pas,
45:46je connais rien.
45:48Et donc, voilà,
45:50ça joue quand même,
45:52ça aussi,
45:54cette mosaïque.
45:56– J'aime la phrase de Jean-François.
45:58« On est là pour construire du commun
46:00à partir de nos différences. »
46:02Je me demande quelle place il y a
46:04pour cette parole aujourd'hui.
46:06Comment donner les moyens
46:08d'écouter, de regarder,
46:10de réfléchir,
46:12pour construire ensemble
46:14des pensées collectives ?
46:16Comment donner les moyens
46:18d'écouter, de regarder,
46:20de réfléchir,
46:22pour construire ensemble
46:24des pensées collectives ?
46:44– Il faut voir ce que ça signifie.
46:46Là, il parle de grande...
46:48La formule, j'ai...
46:50– Grand débat permanent.
46:52– Il faut quand même que,
46:54dès la réélection,
46:56il lancerait ce process, quoi.
47:00Donc aller chantier comme école,
47:02santé, réforme institutionnelle.
47:08Surtout si Macron ramène
47:10la question de la réforme institutionnelle
47:12sur le tapis, ça va fleurir.
47:18Et puis, c'est...
47:20Il faut aller aux gens, quoi.
47:22Il faut aller aux gens organisés.
47:24Sinon, il refera la même erreur
47:26qu'au début du...
47:28Je veux dire, avoir 4 millions de contributions
47:30individuelles sur un site, c'est jamais
47:324 millions de contributions individuelles.
47:34– Ils ne peuvent pas évacuer comme ça
47:36les corps intermédiaires.
47:38Ils font comme si ça n'existe plus.
47:42– Des fois, ils ne l'évacuent pas
47:44s'ils considèrent que leur place,
47:46c'est la démocratie sociale.
47:50Je ne sais pas si c'est ce que lui défend,
47:52mais c'est un acte qui dit qu'on ne l'évacue pas
47:54puisque vous voyez bien que les négociations
47:56dans le monde du travail, etc.,
47:58elles partaient dans le corps intermédiaire.
48:00Ils ne sont pas zappés, ils ont leur Seine à eux.
48:02– Quelques mois après,
48:04le président de la République
48:06annonce le lancement du Conseil national
48:08de la refondation.
48:10Une instance dont l'émission
48:12ressemble à s'y méprendre à celle du CESE.
48:14– Recording in progress.
48:16– Le 7 juin 2022,
48:18le sujet s'impose en bureau.
48:20– Bonjour à toutes et tous.
48:26– Je dirais comment le président de la République
48:28arrive à se débarrasser
48:30de l'état de droit
48:32et c'est ça qui nous gêne le plus.
48:34On a un état de droit
48:36avec plusieurs assemblées.
48:38On peut les faire travailler mieux,
48:40on peut les faire travailler ensemble
48:42d'une façon différente,
48:44mais on ne doit pas réinventer
48:46quelque chose
48:48qui viendrait au-dessus des autres
48:50quand on est dans un pays démocratique
48:52où les élections
48:54se passent
48:56et où on a la chance de vivre.
48:58Et c'est ça, je pense,
49:00que nous devons exiger
49:02de sa part pour ne pas
49:04être en dehors
49:06de ce potentiel Conseil
49:08de la refondation
49:10qui sera peut-être appelé tout à fait différemment
49:12ou qui n'existera peut-être pas
49:14dans les prochaines élections législatives.
49:16– Moi, il me semble que l'annonce du président de la République
49:18ne doit pas être utilisée
49:20surtout pour contourner
49:22le Parlement ou le CESE,
49:24donc il va falloir quand même qu'on soit vigilant.
49:26Par exemple, pour ce qui concerne
49:28le dialogue social,
49:30il doit rester à la main des organisations syndicales,
49:32ça me semble impératif.
49:34Pour le reste, moi, je partage
49:36complètement le communiqué qui a été fait,
49:38c'est-à-dire que si le président de la République
49:40cherche un lieu qui associe
49:42la société civile organisée et les citoyens
49:44tirés au sort, celui-là existe,
49:46c'est le CESE.
49:48Donc il va falloir qu'on reste bien vigilant
49:50sur les conséquences
49:52de ce Conseil national
49:54de la refondation
49:56en fonction de son évolution,
49:58de ses conséquences potentielles
50:00sur le CESE.
50:02– Est-ce qu'on continue cette discussion
50:04et qu'on en intervient auprès du gouvernement
50:06lui-même, pour en savoir un peu plus ?
50:08Je ne sais pas si Thierry, tu as eu des contacts ?
50:10On va discuter un peu plus avec le gouvernement
50:12sur ce qu'ils ont derrière la tête,
50:14ce qu'ils veulent faire, comment on discute avec les forces politiques,
50:16et du coup, comment on discute nous
50:18à l'interne du CESE.
50:20Ça c'est une question de stratégie
50:22pour défendre,
50:24non pas le CESE en tant que tel,
50:26mais cette idée qu'il y a une chambre de la société civile
50:28et que sans passer, la contourner,
50:30la doubler, ce serait
50:32à la fois stupide et
50:34nous faire perdre beaucoup de temps.
50:36– Merci, Sébastien ?
50:38– Derrière cette annonce, on peut l'interpréter
50:40de plusieurs façons, soit une volonté
50:42de réformer la constitution, soit une
50:44volonté de réformer ou de créer
50:46un dialogue citoyen, mais moi je suis
50:48quand même assez persuadé que dans la tête du président
50:50de la République, il veut le faire
50:52mais pas en s'appuyant sur le CESE.
50:54Et que sa volonté c'est de le faire, comme l'a dit Kenza,
50:56avec une organisation à sa main
50:58et qu'il ne considère pas que le CESE
51:00est à sa main et que peut-être qu'on
51:02pourra revenir à ce qu'il le fasse avec le CESE
51:04mais que sa volonté première, c'est sûrement pas celle-là.
51:08– Sous-titrage Société Radio-Canada
51:38– Sous-titrage Société Radio-Canada
52:08– Bonjour messieurs. – Bonsoir messieurs.
52:14– Bonjour.
52:16– Bonjour.
52:18– 96 et 95.
52:26– 95 c'est qui ?
52:32– C'est l'embryo, 95 c'est moi.
52:36– 95 et 96 c'est moi.
52:38– Voilà, parfait.
52:40– C'est 143, merci.
52:48– 143, merci.
53:06– Et 108, s'il vous plaît.
53:08– On vote avec ? – Oui.
53:10– Merci.
53:14– 17.
53:16– 146.
53:20– C'est combien ?
53:22– 146.
53:24– Merci.
53:36– 61, s'il vous plaît.
53:54Sous-titrage Société Radio-Canada
54:24– Sous-titrage Société Radio-Canada